Yves Boudier, En vie/intra-foras

Par |2023-09-07T12:57:43+02:00 5 septembre 2023|Catégories : Critiques, Yves Boudier|

Sur une page, trois poèmes en quin­conce se par­lent. Trois poèmes ou bien est-ce le même ? Un poème sur chaque page ou bien le même, tout au long du recueil ? La ques­tion à la fois se pose et ne se pose pas. Tout dépend du besoin qu’on a du sig­nifi­ant. Tout dépend de sa pro­pre res­pi­ra­tion. En pous­sant le découpage — ou le découpe­ment  — plus loin encore, le lecteur peut s’ar­rêter aux stro­phes de deux, trois ou cinq lignes.

Dolente san­guine
le ruban
délie

                                           un filament
                                           qu’une main 
                                           jumèle

                                          à l’avalée 
                                         du cœur

soupir
se ferme hors la bouche
qui enclôt
le vagir

bla­son de nuit
Cypris
per­le

Yves Boudi­er, En vie/in­tra-foras, illus­tra­tions de Léa Guern­chounow, Les Édi­tions du Paque­bot, 2023.

Quel que soit le mode de lec­ture, “on y trou­ve son compte” : l’ex­pres­sion n’est pas déplacée puisque si, per­son­nelle­ment je ne sais pas ce qu’est la poésie, je sais ce que sig­ni­fie le mot “poème”. Le poème, c’est le rythme, le souf­fle. Dans la com­po­si­tion, paus­es, déplace­ments et retenues sont essen­tiels. En vie (intra-foras) célèbre l’amour, la force de créa­tion, la mort et, donc, la poésie elle-même. Yve Boudi­er, avec son sens de la musique, évoque le silence, l’ab­sence et la vibra­tion. Entre plaisirs de la chair, rit­uels intimes, voy­ages, visions ou éclats de lumière, il appro­fon­dit ces minus­cules instants à gob­er avant qu’il ne soit trop tard. Les illus­tra­tions presque minérales, la mag­nifique mise en page et le grain du papi­er jouent en con­tre­point à cette sen­su­al­ité latente, ampli­fi­ant l’im­pres­sion du lecteur de se trou­ver en sus­pens. Par la pudeur de l’écri­t­ure et l’art de la mise en scène, ce recueil peut-être con­sid­éré comme une sorte de man­i­feste de la poésie contemporaine.

Présentation de l’auteur

Yves Boudier

Né en 1951 en Basse-Nor­­mandie. Vit à Paris. Pro­fesseur de Let­tres jusqu’en 2012 à l’université Cer­­gy-Pon­­toise, Iufm (Espe) de l’Académie de Versailles.

Prési­dent de l’association c/i/r/c/é — Marché de la Poésie. Admin­is­tra­teur de la Bien­nale inter­na­tionale des poètes (2006–2017), prési­dent de la Mai­son des écrivains et de la lit­téra­ture (2012–2015), mem­bre des comités de rédac­tion des revues Action poé­tique (1978–2012) et Pas­sage d’encres (1996–2014).

Pub­lie notes cri­tiques et poèmes en revues. Par­ticipe à des lec­tures et ren­con­tres publiques. Activ­ités radio­phoniques. Col­lab­o­ra­tions avec des musi­ciens et des plas­ti­ciens. Con­tribue à dif­férents col­lo­ques sur l’écriture et la poésie, en par­ti­c­uli­er au Col­lège Inter­na­tion­al de Philoso­phie et à la Mel.

Derniers livres parus

Van­ités Car­ré Mis­ère, « Pro­pos d’Avant » de Michel Deguy, L’Act Mem, 2009.

Con­so­la­tio, post­face de Mar­tin Rueff, La Mort au car­ré, Argol, 2012.

La Seule Rai­son Poème, ouver­ture de Lil­iane Giraudon, coll. « Action poé­tique », Le Temps des ceris­es, 2015.

Silen­ti­aire, pré­face de Pierre-Yves Soucy, La let­tre volée, 2020.

Crédit pho­to Fran­cois Flohic

Bib­li­ogra­phieDerniers livres parus

Van­ités Car­ré mis­ère, Pro­pos d’Avant de Michel Deguy, L’Act Mem, 2009.

Con­so­la­tio, post­face de Mar­tin Rueff, La mort au car­ré, Argol, 2012.

La seule rai­son poème, ouver­ture de Lil­iane Giraudon, coll. « Action poé­tique », Le Temps des Ceris­es, 2015.

Silen­ti­aire, pré­face de Pierre-Yves Soucy, La let­tre Volée, 2020.

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François Thiéry-Mourelet

François Thiéry-Mourelet est poète, romanci­er, auteur de livres de jeunesse et d’un théâtre poé­tique (Zoé et la fumée, Les Cynophiles, Opa­line, etc.). Il a été reporter au Liban, nav­i­ga­teur, cri­tique aux Nou­velles Lit­téraires, respon­s­able de la com­mu­ni­ca­tion puis jour­nal­iste spé­cial­isé dans la san­té et l’écologie. Son dernier roman La langue de tamanoir, est paru aux édi­tions Sans Escale. Chez le même édi­teur, Brise dans le miroir suit les errances d’un marin : le poète racon­te la quête d’un « écri­t­uri­er » et de son dou­ble. 89 chants pour dire les douceurs d’un lagon, les galbes d’un corps, les désas­tres d’une guerre, l’inexorable fin des pas­sions, l’impossible renais­sance ou la dis­pari­tion d’un monde.

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