Le dernier recueil de Philippe Mathy est de ceux qui font du bien. Nul effet, pas d’emphase. De la poésie et rien d’autre. Enfin, serais-je ten­té d’écrire car cette dernière est trop sou­vent absente du flot de pub­li­ca­tions dont maints édi­teurs nous abreuvent à jets qua­si continus. 

Il est ques­tion ici d’un print­emps, peut-être plus intérieur qu’il n’y paraît de prime abord. Une nais­sance au présent, serait-on ten­té de dire, une recréa­tion per­ma­nente au fur et à mesure que l’auteur nous fait part de son sincère éton­nement devant le spec­ta­cle de la vie. En dépit de l’inutile de nos vies, il s’agit avant tout de goûter à la saveur du chemin et de s’en remet­tre au hasard de ce qui vient à nous sans autre but que de vivre pleine­ment l’instant. Philippe Mathy s’étonne et déploie tout au long de ce livre une réelle et sincère capac­ité d’émerveillement qui entraîne sans peine le lecteur à sa suite.  À la manière des impres­sion­nistes, il prend note sur le motif des menus détails de ce qui s’offre au regard et qui passe avec le temps, les saisons, les arbres, les forêts et les fleuves. La lumière est omniprésente dans ces pages où le poète débusque la beauté qui nous assaille en dépit de la fureur du monde. C’est donc sans naïveté mais au con­traire avec une lucid­ité tout à fait per­ti­nente que Philippe Mathy s’en remet à la vie telle qu’elle est et à la saveur inédite de l’éphémère. L’économie de moyens qu’il s’impose donne toute sa saveur à un recueil placé sous le signe d’une matu­rité intérieure, à laque­lle les œuvres de Ramzi Ghot­baldin don­nent un écho des plus har­monieux. Regarder der­rière les maisons, certes, mais avant tout pour voir plus loin, bien au-delà d’un quo­ti­di­en par­fois bien sombre.

Philippe Mathy, Der­rière les maisons, pein­tures de Ramzi Ghot­baldin, édi­tions L’Herbe qui trem­ble, 2023, 126 p, 16€.

Présentation de l’auteur

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Christophe Mahy

Christophe Mahy est né en 1970 à Charleville-Méz­ières. Il réside actuelle­ment en Touraine, dans le départe­ment du Loir-et-Cher. C’est en 2001 qu’il intè­gre la revue Les Amis de La Grive (lit­téra­ture générale con­tem­po­raine) où il côtoie, entre autres, des auteurs tels que Franz Bartelt, Guy Gof­fette, Alain Bertrand, Alain Dan­tinne, Lam­bert Schlechter, Bertrand Degott et surtout Jean-Claude Pirotte, qui lui fait con­naître l’association des Amis d’André Dhô­tel et la revue La Route incon­nue. Pen­dant plusieurs années, il donne des poèmes, des arti­cles, des chroniques et des notes de lec­ture à ces deux revues puis il col­la­bore à Diérèse (poésie con­tem­po­raine) pour laque­lle il tient le rôle de chroniqueur réguli­er entre 2012 et 2014. Il noue des rela­tions avec plusieurs poètes au sein des édi­tions L’Arbre à Paroles et est invité en 2011 au Fes­ti­val Inter­na­tion­al de Poésie de Namur (Bel­gique). Son tra­vail d’écriture se con­sacre en pri­or­ité à la poésie libre ou en prose, mais aus­si au réc­it, à la chronique, la fic­tion et au spec­ta­cle vivant. Il a pub­lié à ce jour une trentaine d’ouvrages chez divers édi­teurs indépen­dants ou régionaux. Il est égale­ment l’auteur de plusieurs livres d’artistes, en tirages lim­ités ou hors com­merce, de pré­faces et de notices. Il est le lau­réat du prix du poème en prose Louis Guil­laume 2018 pour Paysages du vent, aux édi­tions Noires Terres.