Attends-moi, que j’arrive, je ne suis pas trop loin
et ta peine est trop près de moi pour que je puisse t’abandonner
ce qui sig­ni­fierait m’abandonner moi-même.
Attends-moi que j’arrive avec de la couleur et de belles pail­lettes pour jouer aux clowns 
et aux cracheurs de feu
dans le fes­ti­val de la belle et dérisoire et trompeuse
et humoris­tique vie !
Celle qui nous met au monde pour par­courir et sur­mon­ter le plus grand défi, le monde, 
notre monde qui me ver­ra un jour m’endormir en Paix, dans un monde tou­jours sans 
Paix.
Ô grand théâtre au ciel d’étoiles furtives !
Extra­or­di­naire spec­ta­cle universel !
Nous allons jouer à nous déguis­er de jour ou sim­ple­ment de nuit,
nuit de masques moqueurs et ten­dres, mélan­col­iques, mystérieux
ensor­ce­lant notre con­science ensoleil­lée entre dans­es et feux d’artifice dans un rite 
d’amour à la terre et au cos­mos fusion intérieur de goutte sacrée qui glisse par la force grav­i­ta­tion­nelle de la pensée 
auto bap­tisée « Larme constellée »
Attends-moi, cœur frag­ile, fine feuille nais­sante, attends-moi, je t’amène quelques fruits 
de ma loin­taine terre natale,
un morceau de neige éter­nelle de la cordil­lère des Andes, un bateau à voiles rempli 
d’épices qui s’appelle « La valse du paradis »
et une lune inven­tée et fleurie de «*copi­hues» par des autochtones aus­traux tatoués par 
les craintes au ter­ri­toire “De ne plus être ”
terre fer­tile née d’ado­ra­tions incon­nues d’un peu­ple de Foi, nour­rit d’espoir.
Tu ver­ras quelques rayons d’un cré­pus­cule aus­tral au fond de mes yeux et de mes 
cernes de peu­ple ances­tral, un reflet d’aigu­illes dans le corps d’un impos­si­ble, rendu 
vis­age d’ancien enfant
qui a su se bat­tre pour exis­ter au milieu de l’agression de l’inexistence.
Je sais que mes cadeaux ne répon­dront pas à tes inter­ro­ga­tions issues du grand volcan 
qui est l’e­sprit de vivre chaque instant avec des min­utes englouties par tant 
d’in­com­préhen­sion de soi et des autres.
Je voudrais te dire que j’ai appris l’alchimie de trans­former ma douleur orig­inelle en 
musique d’un beau rêve à moi pour com­mu­ni­quer avec des oiseaux sourds aux ailes cassées.
J’ai appris à trans­former ma plaie ouverte en fleur fraternelle.
Ensem­ble nous irons vis­iter, toi et moi l’innocence, celle que j’ai per­du dans les 
labyrinthes d’un temps capricieux et celle qui a per­cé mon âme reflet de ton âme.
Nous avons toi et moi, encore du temps a don­ner avec nos mains si jeunes et si 
anci­ennes, un petit émer­veille­ment de vie,
pour ceux qui ont oublié de chanter la vie.
Toi, tu iras bercer les nou­veaux héros blessés et moi, j’irai à la ven­dan­ge à sucer les jus 
divins des vignes bénies ou peut-être, j’i­rai à la récolte des olives penchées en haut des 
nuages.
Tu me racon­teras com­bi­en de temps tu as mis pour réus­sir à ouvrir tes yeux, moi, je te 
racon­terai com­bi­en de vie j’ai vécu pour appren­dre à ne pas m’étouffer de mon propre 
souf­fle libéré.
Com­bi­en de chemins inex­tri­ca­bles entre le bien et le mal j’ai dû tra­vers­er pour arriv­er à 
écrire ces mots frater­nels d’amour uni­versel que je t’écris aujour­d’hui en étant bercé 
par l’océan de l’île de la Guade­loupe en pen­sant à toi et tes jeunes ténèbres.
N’oublie jamais, ma jeune amie,
là où existe l’obscurité, existe for­cé­ment la lumière.
Con­tin­ue à marcher ! Ne regarde plus en arrière
Avance ! Avance vers ta lumière!

*** Copi­hue, fleur nationale du Chili.

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