Le maigre bosquet n’a pas fleuri, le tilleul non plus.
On cherche plutôt les arbres jeunes – mais pas trop :
avec leur tronc en sueur, on se fait des arcs.
À la lisière, les bûcherons sont passés à l’acte.
Bientôt on se perd dans la nécropole rousse.
Où se dressent les solides branches ? Sur la carcasse mammouth.
Les tiges légères, on en fait des flèches.
Ce sont les arbres qui nous fournissent en armes,
car il y a toujours quelqu’un qui nous menace.
Mais vite, nos traits à peine biseautés, on se dégonfle.
On ne joue plus, il faut passer à table,
et ravaler sa colère et sa peur avec la soupe.
(extrait de D’une craie qui s’efface, 2008, L’Harmattan)