S’ATTENDRE A TOUT…
Je dois être très honnête : je ne suis pas spécialement stoïcien, et, dans l’Antiquité, ce ne sont jamais Epictète ou Marc-Aurèle qui ont retenu mon attention. Encore que j’aie toujours fait un cas à part pour Sénèque dont, à lire soigneusement son théâtre, j’ai sans cesse mis en avant qu’il était d’abord ibérique. Mais enfin, il a fait carrière à Rome, et l’on ne peut pas l’ignorer !
Toujours est-il que, dans la même collection où étaient déjà parus des extraits choisis de Thérèse d’Avila et de maître Eckhart (quelle meilleure compagnie que celles-là ?), les Editions Arfuyen nous proposent un Ainsi parlait Sénèque, dont le sous-titre latin est bien évidemment un Ita loquebatur, traduit et présenté par Louis Gehres, — dans une version bilingue, s’il vous plaît !
Et je reconnais bien volontiers que, si je ne crois pas en l’ekpyrosis
Malgré tous les référents mythologiques que celle-ci peut avoir, j’ai été frappé par des textes que je n’avais jamais lus, et qui, hélas ! rendent bien compte de notre humaine condition… A témoin, par exemple, celui-ci, tiré de la Consolation à Polybe (Ad Polybium de consolatione) : « C’est pour cela qu’on nous élève tous : quiconque reçoit la vie est destiné à la mort. ( …) le destin saisira l’un plus tôt, l’autre plus tard : il n’oubliera personne. Que l’âme se tienne prête au combat, que jamais elle ne craigne l’inévitable et toujours s’attende à l’incertain. » (AP, 11, 3).
Mon âme ne se tient pas vraiment prête au combat, mais là gît bien la seule différence réelle : nous savons très bien que nous ne vivons que pour mourir à la fin, et si je pense que c’est un destin normal et que tout le problème est de l’admettre sans barguigner (mais je sais bien que c’est de l’ordre de la croyance personnelle), je n’en ai pas moins de l’admiration sur la manière dont Sénèque, plus ou moins sur l’ordre de Néron empereur, s’est ouvert les veines dans sa baignoire…
Au total, un livre à lire et sur lequel beaucoup réfléchir !