Les radeaux bleus
Il est des heures, Il est des cris,
Il est des jours, Il est des nuits
Où le sang revient à ses rêves de mer,
A ses sèves célestes enfouies,
Pour nous offrir des parchemins
Qui redonnent leurs couleurs
A nos baisers, à nos cœurs, à nos mains
Et, à nos caresses, leurs fruits
De pinceaux en fleurs,
En échos d’appels à nos amours bleuies,
En rouleaux d’immenses cieux
Tantôt joyeux, tantôt meurtris,
Tantôt radieux, tantôt gris
Où se retrouvent les pleurs
Et les rires de nos yeux,
Entre enfer et paradis,
Entre agonie et tableaux bleus,
Radeaux de survie !
Il est des heures, Il est des cris,
Il est des jours, il est des nuits
Où le sang revient à ses rêves de mer,
A ses sèves terrestres enfouies,
Où les couleurs, pour le grand bleu,
De mille feux, rechantent la vie !
in ” Le souffle des ressacs ”
***
Morte étoile
Ce jour-là,
Les vagues rejetèrent la palette.
Seule la dune bougea,
Offusquée.
Les barbares rirent
Et crachèrent
Les dernières étoiles
Comme des dents ensanglantées.
Les rivières des souvenirs
Charriaient leurs mort-nés
Enveloppés de haine et de couteaux.
Les leçons des méandres reprirent
Sous les mottes des glaises
Et les mots d’amours suspendues
Aux hanches de nuits
Aux origines des pas
Reprirent les couleurs des regrets,
Squelettes sifflant d’azurs las
Et d’ouragans fanés.
Lunes écossées,
Jours déshabillés de solaire solitude,
L’incarcération de l’incinérée toile,
Morte étoile !
in ” Le souffle des ressacs ”
***
Fusion
Je marche vers toi,
Sur le tapis de cendres
Des pigeons sacrifiés.
Je tends ma main avec toi
Vers le nombril éteint de la lune éclatée.
Je viens à toi
Pour fondre dans les flammes de nos soleils
Grimpant
Jusqu’à la dernière goutte de sang de nos rosées.
in ” Arpèges sur les ailes de mes ans ”
***
Femmes !
L’impossible ne peut être femmes!
Nous aurons toujours la taille de nos rêves !
Nous rejoindrons, de notre florale impatience,
Dans la lumière de nos espérances,
Le suc flamboyant des étoiles
Et le rire assourdissant des dansantes comètes !
Nos fièvres habillées des houles des naissances
Nous offriront, comme toujours, tout ce temps
Pour tisser, dans nos profondeurs ailées,
Tous ces fruits volants de l’amour
Qui naissent et s’abritent au creux de nos reins,
En amples saisons tracées au miel des matins,
S’élevant des caresses de nos mains !
Femmes !
Flammes d’amour et de paix!
Ecrites par tous les éléments,
Nous réchauffons, de nos racines,
Toutes ces tiges d’or qui poussent
Couronnées, dans la mousse de nos rêves,
Par les ascendantes douces gerbes ailées de notre sève!
Femmes!
Le possible est aussi femmes!
in ” Le souffle des ressacs ”
***
Arbre !
Tu es toujours là où se confondent
En verticalité sonore,
En horizontalité ailée, ton or
Et l’air donné à la feuille de vie nécessaire,
Extension vitale pour les pas de nos envols,
Fraîcheur de tapis déployée en arcs d’accueils
Où médite l’oiseau
En ses retours stellaires de danses
Pour que l’eau puisse encore germer,
Dans ses silences multicolores,
Au parfum de nos rencontres.
Arbre ! Tu nous offres toujours
Le sang de tes souvenirs
Et tes nerfs dans les cieux de tes soupirs !
in ” Le souffle des ressacs ”
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La symphonie errante
Je cherche mes rallonges telluriques,
Mes incommensurables sphères
Dans les dilatations de l’exil,
L’ombre ivre de ma soif
Dans la sècheresse de l’arôme somnambule.
Je cherche mes imprécations
Creusant les sillons du retour
Contre les serres des vautours,
Ton ombre aux aguets
De cet éveil cinglant
Erection du soleil
A la symphonie errante du dromadaire !
Je cherche le râle éclaté
De mes vertèbres lyres en délire,
S’étouffant de leurs notes déportées,
Mes soupirs tonnant de bleus fuyants
Dans l’inatteignable voyage
De ce papillon qui s’éreinte
En poursuites trébuchantes,
Au-delà de ses rêves brisés !
Je rêve de comètes,
D’astres flamboyants,
De méduses lunes
Ouvertures transparentes
Des inextinguibles profondeurs !
Je rêve, muet,
Dans la soif de tes pas,
Sur les sables du voyage
Auquel je t’invite vers les prairies rouges
Et leurs feux bleus !
Ô muse de mon départ !
Astre scintillant
Sur les lèvres ouvertes des vagues !
Il n’y a plus de toits !
Pluie d’encens rouge
Sur tes seins embaumés
Dans le linceul de l’extase des rencontres crépusculaires !
Viens de mes reviens fatigués !
Je te prêterai les ailes immaculées
De mes Icare exilés.
Je te montrerai
L’axe de l’impact pluriel,
L’agonie du cogito carnivore,
Ce manteau d’erreurs spectrales !
Viens !
Accroche-toi aux tiges sans amarres
De cette forêt éclatée !
Reviens de mes viens
Qui valsent dans l’aube
Des intraduisibles fermentations !
Nous écrirons la grandeur du menu moineau
Echeveau des sens triangulés !
Cet azur qui nous appelle
Nous retrace dans nos fibres de nouveau-nés !
Reviens
Au commun des immortelles mésanges assoiffées.
Je te composerai,
Sur le clavier des escaliers,
Une symphonie qui te mène
Jusqu’à mon perchoir d’exilé.
in “Arpèges sur les ailes de mes ans”
***
Promesse
De mes veines,
Mon ami l’oiseau,
Je te construirai une cage
Sans porte ni barreaux
Où, librement, tu chanteras
Tes chaudes mélodies !
Je t’offrirai de vastes champs fleuris
Arrosés de douces flambées de soleil
Qu’aucune serre de vautour n’effraye
Et tu passeras,
Libre, fier et fort,
Sous l’arc-en-ciel multicolore,
Pour danser, jusqu’à l’aurore,
Sur les rythmes de mes veines-lyres
Qui t’apprendront à rire
De tous les tyrans et leurs sbires !
in “Arpèges sur les ailes de mes ans”
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Roses des bivouacs
Sauras-tu être ce pont de lumière
Où étincellera l’étoile des amis,
Pour réveiller en chant
Ce feu d’amour qui, sans cesse, en toi, luit
Mais que, toujours, hélas, tu fuis ?
Jette donc cette horrible chaîne de haine
Qui te souille, à la rouille de l’oubli !
Tu ne t’envoleras jamais, ami,
Si tu ne sais qu’être ennemi !
Sauras-tu libérer les roses des bivouacs en rires
Pour laisser les anges de l’aube fertile frémir
Et planter les champs solaires
De milliers d’arbres frères ?
Leurs racines ont soif de danses.
Chante leurs fruits en transe,
Apprends, de leurs longues nuits,
Comment offrir, à la paix, les nids
D’où s’élèveront, radieuses à la vie,
Les sèves des plus belles symphonies.
Ecoute-les dans le vent te libérer, toutes ravies,
Des épines de la haine qui te crucifient !
in «Le souffle des ressacs»
***
Les obscurs
Paix aux âmes des victimes de l’obscurantisme
Ils ont cousu des linceuls aux mots
Et tendu leurs pièges aux chants des oiseaux
Passeurs de lumière.
Ils ont coupé les ailes des étoiles,
Pour en faire des fouets
Contre les cris vrais.
Ils ont taillé les ronces les plus folles
Pour ensanglanter, avec, l’aube des voyageurs
Et crucifier leurs danses d’amoureux.
in “Le souffle des ressacs”
***
Retisser mon cri
Ton absence !
Mon éternel destin ?
Comment déchirer le miroir
Pour réunir nos deux rives ?
Quelle étoile
Saura retisser mon cri
Pour te dire mon visage
Et toutes les questions de mon voyage
Vers toi ?
Quand cueillerons-nous ensemble
Cette fleur céleste
Qui nous nourrira de son lait vrai ?
Ton absence !
Quand nous réveillerons-nous
Au creux de la même barque,
Sur la vague d’un même rire sans fin ?
in “Le souffle des ressacs”