Les per­si­ennes font mienne
L’ombre des siestes

 

Un rêve naît strié de banderilles
Avec ses gradins de collines
Son or et son arène
 

Un rêve de tauromachie
Avec ses fla­mands roses
Et ses noirs flamencos
Leurs noces de sang
Et ce long rituel
Qui fait couler le rim­mel de l’été

 

 

**

 

 

À CELLES

 

 

À celle qui
Verse l’eau fer­tile sur les sables de la nuit

Qui barre la route aux vaines encyclopédies
À celle des
Restanques lézardées sous l’effort de mémoire
Celles des
Vil­lages per­chés jeunes filles ou grand-mères loquaces
Leurs collines en marche vers des golfes rutilants
À celle des
Oiseaux prénom­més de couleurs
Des ravines cal­cinées et leur bouche plus grave
Celle des
Por­traits d’anonymes sous la plume désennuyée
Quand la pen­sée en panne se cherche un vocabulaire
Celle qui
Souligne les crêtes arpégées d’une glo­rieuse brume
À celle des
Para­pluies emmurés qui désamorce les malheurs
Qui rap­a­trie dans leur brousse 
Les taxis aux cœurs embouteillés
Celle qui
Rive les ciels noc­turnes de réver­bères-pleines lunes
Pour tous les mécréants qui craignent 
Un jour de les voir s’écraser
À celle des
Abris-bus aux sans-abris par­a­sités de matins clairs
Par­a­sités du luxe de l’espoir
À celle qui
Revêt le vent de par­dons jaunissants
Quand sous la porte il glisse paupières mi-closes
Celle qui
Garde-bar­rière se soulève 
Quand passent les soleils couchants
À celle des
Volon­tés puis­santes, des bar­rages défi­ant les montagnes
Celle des
Gar­rigues hiérar­chisant les par­fums les heures
Celle des
Après-midi incendiés de crépite­ments d’insectes
À celle qui

Écosse les jours et les délie de leur fil spatio-temporel
Celle des
Balustrades-belvédères où s’arrête la parole
Où le regard vient à nou­veau tout uni­fi­er tout simplifier
Pour mieux partager l’éternité ain­si retrouvée
À celle qui
Coule l’horloge de cire dans nos cerveaux flottants

 

 

**

 

 

Que de visions effeuillées
Avant de te trouver

Dans les pris­ons du hasard
Dans les ray­on­nages du mensonge
Dans les accrocs qu’on se fait
Aux har­pons du vent
Qui donc a voulu cadenasser
Les vagues ?
Fer­mer de la longue avenue
Les mil­liers d’yeux ?

 

 

**

 

 

Je con­nais l’heure arpen­tée au sur­plomb d’azur
L’iris irisé de ses yeux tail­lés en barque,

Tout en bas, l’envie forte de plonger
Dans cet ombil­ic de limbes océanes
 

C’est comme un amour qui t’appelle
Et la mort aus­si, avec ses xylo­phones d’algues.
Dans le fra­cas du rêve finit le saut de l’ange
Et le sen­tier aux sen­teurs de passé,
Pau­vre gar­rigue au fond des saladiers

 

 

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FILM CLASSÉ Z POUR UNE INCONNUE NOMMÉE X

 

 

J’ai Zoomé sous la jupe
D’une belle amaZone. 
Elle pas­sait, lumière Zodi­a­cale dans la Zone
Zeste de cré­pus­cule dans la ZUP
 

Elle pas­sait et sans scrupule
J’ai Zieuté dans sa cage de soie. Zieuté
L’ascenseur pour l’échafaud
Le Zinc des alcools verts. Zieuté
Les aliZées illusoires
Du haut des tours Zébrés
Comme un Zouave joueur de Zour­na. Zieuté
La danse rouge de son ventre.

C’est une Zone sans limite…
Celle des ter­rains où l’on divague
C’est une Zone sans limite…
Celle de ses reins et de leurs vagues
 

Pau­vre ZoZo Zèle brisé
Il faut Zap­per cette gaZelle des allées de ta cité
Pau­vre Zom­bie délais­sé par ta prêtresse
Retourne à ta tombe à ton mausolée
Pau­vre Zigue per­du dans les ZigZags
De tes pen­sées Zoomorphes
Un dessous de jupe dans la ZUP et Zou !
C’est le trou­ble la ZiZanie dans ton cœur Zen
Un Zéphyr qui d’un seul Zip fait le plein
Et porte au Zénith tout ton désir
Dans un Zeppelin !

C’est une Zone sans limite…
Celle des ter­rains où l’on divague
C’est une Zone sans limite…
Celle de ses reins et de leurs vagues

Mais c’est fini pau­vre ZoZo
Elle est passée
Oublie ton film classé Z
Ton incon­nue nom­mée X.
Dans le ciel de la Zup
Bois ce qui te reste
Bois sans scrupule ce dernier Zeste
Ce petit rien de crépuscule

 

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Mar­seille
Une treille au-dessus de la mer

Illu­miné d’ombre
Ton corps sar­rasin per­le de sueur

 

 

 

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