A Celles, et autres poèmes
Les persiennes font mienne
L’ombre des siestes
Un rêve naît strié de banderilles
Avec ses gradins de collines
Son or et son arène
Un rêve de tauromachie
Avec ses flamands roses
Et ses noirs flamencos
Leurs noces de sang
Et ce long rituel
Qui fait couler le rimmel de l’été
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À CELLES
À celle qui
Verse l’eau fertile sur les sables de la nuit
Qui barre la route aux vaines encyclopédies
À celle des
Restanques lézardées sous l’effort de mémoire
Celles des
Villages perchés jeunes filles ou grand-mères loquaces
Leurs collines en marche vers des golfes rutilants
À celle des
Oiseaux prénommés de couleurs
Des ravines calcinées et leur bouche plus grave
Celle des
Portraits d’anonymes sous la plume désennuyée
Quand la pensée en panne se cherche un vocabulaire
Celle qui
Souligne les crêtes arpégées d’une glorieuse brume
À celle des
Parapluies emmurés qui désamorce les malheurs
Qui rapatrie dans leur brousse
Les taxis aux cœurs embouteillés
Celle qui
Rive les ciels nocturnes de réverbères-pleines lunes
Pour tous les mécréants qui craignent
Un jour de les voir s’écraser
À celle des
Abris-bus aux sans-abris parasités de matins clairs
Parasités du luxe de l’espoir
À celle qui
Revêt le vent de pardons jaunissants
Quand sous la porte il glisse paupières mi-closes
Celle qui
Garde-barrière se soulève
Quand passent les soleils couchants
À celle des
Volontés puissantes, des barrages défiant les montagnes
Celle des
Garrigues hiérarchisant les parfums les heures
Celle des
Après-midi incendiés de crépitements d’insectes
À celle qui
Écosse les jours et les délie de leur fil spatio-temporel
Celle des
Balustrades-belvédères où s’arrête la parole
Où le regard vient à nouveau tout unifier tout simplifier
Pour mieux partager l’éternité ainsi retrouvée
À celle qui
Coule l’horloge de cire dans nos cerveaux flottants
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Que de visions effeuillées
Avant de te trouver
Dans les prisons du hasard
Dans les rayonnages du mensonge
Dans les accrocs qu’on se fait
Aux harpons du vent
Qui donc a voulu cadenasser
Les vagues ?
Fermer de la longue avenue
Les milliers d’yeux ?
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Je connais l’heure arpentée au surplomb d’azur
L’iris irisé de ses yeux taillés en barque,
Tout en bas, l’envie forte de plonger
Dans cet ombilic de limbes océanes
C’est comme un amour qui t’appelle
Et la mort aussi, avec ses xylophones d’algues.
Dans le fracas du rêve finit le saut de l’ange
Et le sentier aux senteurs de passé,
Pauvre garrigue au fond des saladiers
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FILM CLASSÉ Z POUR UNE INCONNUE NOMMÉE X
J’ai Zoomé sous la jupe
D’une belle amaZone.
Elle passait, lumière Zodiacale dans la Zone
Zeste de crépuscule dans la ZUP
Elle passait et sans scrupule
J’ai Zieuté dans sa cage de soie. Zieuté
L’ascenseur pour l’échafaud
Le Zinc des alcools verts. Zieuté
Les aliZées illusoires
Du haut des tours Zébrés
Comme un Zouave joueur de Zourna. Zieuté
La danse rouge de son ventre.
C’est une Zone sans limite…
Celle des terrains où l’on divague
C’est une Zone sans limite…
Celle de ses reins et de leurs vagues
Pauvre ZoZo Zèle brisé
Il faut Zapper cette gaZelle des allées de ta cité
Pauvre Zombie délaissé par ta prêtresse
Retourne à ta tombe à ton mausolée
Pauvre Zigue perdu dans les ZigZags
De tes pensées Zoomorphes
Un dessous de jupe dans la ZUP et Zou !
C’est le trouble la ZiZanie dans ton cœur Zen
Un Zéphyr qui d’un seul Zip fait le plein
Et porte au Zénith tout ton désir
Dans un Zeppelin !
C’est une Zone sans limite…
Celle des terrains où l’on divague
C’est une Zone sans limite…
Celle de ses reins et de leurs vagues
Mais c’est fini pauvre ZoZo
Elle est passée
Oublie ton film classé Z
Ton inconnue nommée X.
Dans le ciel de la Zup
Bois ce qui te reste
Bois sans scrupule ce dernier Zeste
Ce petit rien de crépuscule
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Marseille
Une treille au-dessus de la mer
Illuminé d’ombre
Ton corps sarrasin perle de sueur