Abdelhadi Saïd, Posthume

Nous regagnons la chambre oblique, établie à distance égale du roc et du fado, à mi-chemin d’une nuée de vignes rythmiques et de l’insistance brunâtre d’une falaise. Ta main se veut oiseau ad hoc, quand règne beau, à portée de songe, un récif à mes yeux lucratif et doux.

Et frappée d’une pénurie d’oubli flagrante, ta main – toujours elle – divulgue paradoxale le récit à peine estompé de nos dix vies communes, saupoudrant d’infini l’instant de notre disparition, et sur l’insensé tarmac du souvenir, faisant atterrir le char brûlé des ans à venir.

Adviendra notre sourire, armé de la fin de toute chose. Adviendront ces routes embrasées par nous jadis empruntées et ruminant au loin leur asphalte, routes rêvant de virages plus nets, d’arrêts brusques en plein coquelicot, rêvant de ponts courbes menant vers la posthume entente de nos folies désuètes.

Hier, tes cheveux bavarderont sur l’oreiller ivre, et moi serai là, à fumer à n’en pas finir le thym de tes joues.

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