à Pierre Bourgeois
On est comptable et de tout et de rien
on est comptable irréversiblement
irrévocablement
de tous les mouvements divers de sa conscience
Tout nous assaille
tout nous meurtrit
nous circonscrit
tout nous concerne
nous cerne
nous emprisonne
nous désavoue
nous loue enfin pour mieux nous accuser
nous particularise
tout se nourrit de notre défaillance
En apparence à notre insu
un oiseau médite sur son aile brisée
et sur sa toile une araignée est triste
et sur le banc des accusés
un innocent s’efforce en vain de réfuter
l’interminable acte d’accusation
Demain tantôt qu’allons-nous faire
de cet instant précis qui déjà nous observe ?
(in Le grand cardiaque)