Cédric Demangeot nous a quittés le 28 janvier 2021, à l’âge de 46 ans. “Né en 1974, Cédric Demangeot s’obstine sans trop savoir pourquoi, dans un monde qui n’en demande pas tant, à publier des livres de poésie”. C’est ainsi que le présentent les éditions Fissile, qu’il a créées en 2001, avec la revue Moriturus (2001–2005).
Poète, il a publié une quinzaine de recueils, auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs autres textes, il était également le traducteur de l’Espagnol Leopoldo María Panero ou encore de l’écrivain mexicain Alberto Ruy-Sánchez. Préfacier, il signe notamment le texte qui accompagne les poèmes de Guy Viarre dans ce recueil posthume, Tautologie une, paru chez Gallimard.
En février 2010, la Maison de la Poésie avait accueilli La Tête de Philoctète et l’Homme Ravachol, mis en scène par Patrick Zuzalla et interprété par Damien Houssier.
Une parole, une voix, et Le Poème, s’en sont allés.
Écrire est donc, pour finir, ou pour ne pas en finir, une expérience de la dislocation. Dislocation du corps le plus intime – au cœur de ce qui fait du monde une guerre.
Écrire est une famine – une faillite intérieure et politique – une peur quotidienne de la peste partout – et l’impossible-à-vivre des derniers hommes rampant debout d’une terre occupée, démembrée par ses massacreurs.
Écrire est une palestine.
Cédric Demangeot, Le poudroiement des conclusions, L’Atelier contemporain, 2020.
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L’été me tue, me tète, me tait.
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Le silence
est une densité.
Est une faille.
Est une perte
de qualité.
Un mot
de trop.*
Pulvérisé, on se sent mieux.
On ne se porte pas mieux.
Au contraire.*
Cédric Demangeot, Pour personne, éditions L’Atelier Contemporain 2019.
Marilyne Bertoncini lit un extrait de Corps confisqué de Cédric Demangeot, un poème extrait du recueil Un Enfer, éditions Flammarion, 2017