« Françoise Hàn n’est plus par­mi nous depuis ce 1er juil­let. Je la croy­ais immortelle, femme le jour, mais renarde à la tombée de la nuit. Sa poésie tenait tête au vide. Son écri­t­ure : la plus obstinée recherche du blanc niché dans la voix d’une soli­tude trois fois plus vaste que la Terre » a écrit la roman­cière Maria Mailat (La Grâce de l’ennemi, Quitte-moi, Avant de mourir en paix).

Col­lab­o­ra­trice de  la revue Europe, ain­si que des Let­tres français­es, elle a égale­ment été mem­bre du Comité de rédac­tion de La Tra­duc­tière, de la revue du Fes­ti­val fran­co-anglais de poésie et de la revue mul­ti­lingue de poésie aux États-Unis. Mais le plus remar­quable est l’œu­vre que la poétesse laisse comme un cadeau après son pas­sage sur cette Terre. 

Née à Paris en 1928, Françoise Hàn laisse der­rière elle un héritage impor­tant. Son pre­mier recueil Cité des hommes, parait en 1956 aux Édi­tions Seghers. Puis elle pub­lie  Le temps et la toile (Édi­tions Rougerie, 1977), Le désir, l’inachevé (Édi­tions Rougerie, 1982), Le réel le plus proche (Édi­tions Rougerie, 1981), Même nos cica­tri­ces (Édi­tions Rougerie, 1993), Let­tre avec un frag­ment de bleu (Édi­tions Jacques Bré­mond, 1996), Le dou­ble remon­té du puits (Édi­tions Jacques Bré­mond, 2011), Lan­gage, lib­erté (La Porte, 2009) et Scarabée en attente pub­lié aux édi­tions La Porte, 2014.

 

Françoise Hàn il n’y a plus d’étoiles à atteindre

 

        Un été sans fin                                                                       

        Je ne t’écrirai plus 

        le sol­stice est brisé
        nos paysages 
        ensevelis 
        je n’écrirai pas notre mémoire

        je m’adresse à d’autres 
        au-delà des coulées de lave 
        hautes de plusieurs siècles 
        au-delà des étoiles éteintes 
        dont la lumière parvient encore 
        à la main qui écrit 

        je m’adresse à ceux qui s’aimeront 
        bien plus tard quand les jours 
        seront devenus plus longs 
        pour qu’ils recom­men­cent notre histoire 
        sous un autre soleil 

        leurs ombres seront les nôtres 
        ils auront notre voix peut-être 
        nos silences 
        sur les mains le pollen des fleurs 
        que nous n’avons pas coupées 
        qui sait même la rosée d’un matin

        in Un été sans fin, édi­tions Jacques Bré­mond, 2008

Sur Recours au poème : 

Brisures de mots : la poésie de Françoise Hàn, par Véronique Elfakir

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