L’actualité des médias les plus diffusés était certainement trop dense pour rendre hommage à Lorand Gaspar - décédé le 9 octobre dernier. Cet intellectuel et humaniste européen méritait pourtant toute leur considération dans les temps troubles et régressifs que nous vivons — et c’est avec soulagement que l’on peut voir finalement fleurir les hommages du Monde, de Médiapart, de NouvelObs — sans oublier de signaler l’article que lui consacre Paul Farellier dans Les Hommes sans épaules.
Né en 1925 en Transylvanie — terre autrefois hongroise, aujourd’hui roumaine, au carrefour des frontières mouvantes, des langues, des cultures et des religions, Lorand Gaspar est mobilisé en 1943 à sa sortie de l’école polytechnique de Bucarest. Déporté dans un camp de travail, il s’échappe et gagne la France où il étudie la médecine — qu’il sentira toujours liée à son activité poétique. Il exercera comme chirurgien en Israël de 1954 à 1970, puis en Tunisie, jusqu’en 1995 et représente une autorité en matière de neurosciences.
S’il publie chez Maspero, en 1968, une “Histoire de la Palestine”, il publie parallèlement des poèmes chez Flammarion (1966 — “Le Quatrième état de la matière”, récompensé du Prix Apollinaire), suivi de bien d’autres, repris chez Gallimard.
Outre une importante correspondance avec Georges Perros, Jean Grenier, Jean Paulhan, Brice Parain, Michel Butor, Jean Roudaut .. (citée par Jérôme Garcin dans l’Obs), Lorand Gaspar est aussi photographe1un article consacré à cette facette de son activité ici, et infatigable passeur de culture, génial traducteur de poètes hongrois, mais aussi de D. H. Lawrence, Rilke, Séferis…
Patrick Kéchichian, dans le monde, écrit :
ce qui retenait immédiatement l’attention et l’affection, c’était au contraire l’unité, le rassemblement de la personne. Tout convergeait, la poésie et la photographie, la médecine, l’histoire et la curiosité scientifique, le nomadisme et l’attachement à certains espaces géographiques du monde.”
Le lieu visible de ce rassemblement, comme il le souligna avec force à plusieurs reprises, c’était la langue française.
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On renverra le lecteur désireux d’en savoir davantage aux textes de Lorand Gaspar, au numéro de la revue Europe qui lui consacra un beau dossier, et au numéro 17 de la revue Nunc.
extrait du sommaire de la revue Europe
Notes