Né le 25 avril 1931 à Marseille, France, Henri Deluy (dont les grands-parents maternels émigrèrent du Piémont en France pour des raisons économiques, avant la Première Guerre mondiale), passa son enfance dans une ville très cosmopolite, où différentes langues et cultures se mêlaient. Le goût de l’aventure l’amena très tôt à voyager à travers l’Europe, et notamment en Italie et aux Pays-Bas, de 1948 jusqu’à la fin de l’année 1951. Henri Deluy rencontra à cette occasion sa future épouse, Ans, d’origine néerlandaise (dont il apprit la langue).
© Le Temps des Cerises
Instituteur, journaliste au quotidien La Marseillaise, engagé alors au Parti Communiste, il fit ses débuts littéraires, en publiant ses premiers poèmes dans la revue marseillaise Action Poétique en 1954, dont il devient le directeur en 1955, et qu’il a menée pendant plus de 50 ans. Dés ses débuts, Action Poétique se proposait de rester l’« organe de combat d’un groupe de jeunes poètes, le lieu d’expression et de rassemblement de la jeune poésie », tout en affichant l’ambition de pallier, grâce à une chronique régulière, l’ignorance du public français à l’égard des poésies étrangères.
Henri Deluy fut également le fondateur, en 1990, de la Biennale internationale des poètes en Val-de-Marne, qu’il dirigea pendant quinze ans. Ce festival permettait surtout l’échange entre différents poètes venus du monde entier.
Co-directeur, avec Jacques Roubaud, de la collection Versus chez Stock, il est également membre du comité de rédaction de la revue If, créée en 1992 par quatre poètes (Henri Deluy, Jean-Charles Depaule, Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton) et qui se distingue notamment par la place particulière accordée aux littératures étrangères. Henri Deluy traduisit et fit connaître des poètes allemands et néerlandais.
Au printemps 2005, Henri Deluy avait reçu la Légion d’honneur, distinction qu’il aurait refusée 1https://maitron.fr/spip.php?article22160
C’est donc autant au passeur qu’au poète que nous rendons hommage — et à l’engagement d’un poète qui ne considère pas que la poésie ait le devoir d’être engagée, et dont le message ne peut qu’être éloquent aux poètes confrontés à la situation actuelle de crise économique, sanitaire et sociale dans laquelle le monde se débat ; « Dire qu’un poète écrit ce qu’il veut, c’est faux. Il écrit ce qu’il peut. Mais il écrit avec ce qu’il est. », même si « Il y a des périodes où les poètes sont immergés dans une telle situation qu’ils ne peuvent pas ne pas écrire en tenant compte de leur environnement social ».
bibliograhie (tirée de wikipedia)
Poésie
- Images, Éditions de La Revue Moderne, 1948
- Nécessité vertu, 1957.
- L’Infraction, Seghers, 1974
- La psychanalyse mère et chienne (avec Élisabeth Roudinesco), 10/18, 1979.
- L ou T’aimer, Orange Export Ltd, 1980.
- Les Mille, Seghers, 1980.
- Peinture pour Raquel, Orange Export Ltd, 1983.
- Première version la bouche (gravures sur bois et eau-forte de Frédéric Deluy), ENSAD, 1984.
- Vingt-quatre heures d’amour en juillet, puis en août, Ipomée, 1987.
- Le temps longtemps, Messidor, 1990
- Premières suites, Flammarion, 1991
- La Répétition, autrement la différence, fourbis, 1992
- L’Amour charnel, Flammarion, 1994
- Da Capo, Flammarion, 1998
- Pronom, Phi, 1998
- Je ne suis pas une prostituée, j’espère le devenir, Flammarion, 2002
- A l’étrangère, éditions Virgile, 2006
- Les arbres noirs, Flammarion, 2006
- Manger la mer, bouillabaisses et soupes de la mer autour du monde, Al Dante, 2011
- L’heure dite, Flammarion, 2011
- Imprévisible passé, Le Temps des Cerises, 20122
Traductions
- Adriaan Roland Holst, Par-delà les chemins (traduit du néerlandais par Ans et Henri Deluy, Dolf Verspoor), Seghers, 1954.
- Dix-sept poètes de la RDA (traduit de l’allemand avec Paul Wiens, Andrée Barret, Jean-Paul Barbe, Alain Lance, Lionel Richard), Pierre Jean Oswald, 1967.
- Laco Novomesky, Villa Tereza et autres poèmes (traduit du slovaque avec François Kerel, présentation), Pierre Jean Oswald, 1969.
- Prague poésie Front gauche, Change no 10 (traduit du tchèque et du slovaque, en collaboration), Seghers-Laffont, 1972.
- Jaroslav Seifert, Sonnets de Prague (traduit du tchèque), in Action poétique/Change, 1979, réédition augmentée, Seghers, 1985.
- Fernando Pessoa, 154 quatrains (traduit du portugais), Unes, 1986.
- Fernando Pessoa, Quatrains complets (traduits du portugais, présentation), Unes, 1988.
- Quatre poètes soviétiques (traduit du russe avec Charles Dobzynski, Hélène Henry, Léon Robel, présentation), Éditions Royaumont, 1989.
- Alexandre Tvardovsky, De par les droits de la mémoire (texte français, présentation), Messidor, 1989
- Vladimir Maïakovski, De ça (1923), ouverture, traduction et notes, Inventaire/Invention, 2008.
- Vladimir Maïakovski, L’amour, la poésie, la révolution, choix, traductions et présentations, Illustrations d’Alexandre Rodtchenko, Le Temps des Cerises, 2011, traduction qui remporte une Mention Spéciale au Prix Russophonie 2012
- Ossip Mandelstam, Voronej, Choix suivi de Sur Staline, éditions Al Dante, 2014.
- Anna Akhmatova, Le Requiem & autres poèmes choisis, éditions Al Dante, 2015
Direction d’anthologies
- L’Anthologie arbitraire d’une nouvelle poésie. 1960–1982. Trente poètes, Flammarion, 1983.
- Troubadours galégo-portugais, une anthologie, POL, 1987.
- Tango, une anthologie (traduit de l’espagnol avec Saül Yürkievich, présentation finale), POL, 1988.
- Poésie en France, 1983–1988, une anthologie critique, Flammarion, 1989.
- Une autre anthologie, Fourbis, 1992
- Poésies en France depuis 1960, 29 femmes, une anthologie, Stock, 1994
- Une anthologie de circonstance, Fourbis, 1994
- Une anthologie immédiate, Fourbis, 1996
- Noir sur blanc, une anthologie, Fourbis, 1998
- L’Anthologie 2000, Farrago, 2000
- Une anthologie de rencontres, Farrago, 2002
- Autres territoires, une anthologie, Farrago, 2003
- Potlatch[es], une anthologie, Farrago, 2004
- Poètes du tango, Gallimard, 2006
- En tous lieux nulle part ici, une anthologie, Le Bleu du Ciel, 2006
- Poètes néerlandais de la modernité, Le Temps des Cerises, 2011
Présentations
- Serge Trétiakov, Dans le front gauche de l’Art (présentation), Maspero, 1977.
- A. Bogdanov, La science, l’art et la classe ouvrière (avec Dominique Lecourt et Blanche Grinbaum, présentation), Maspero, 1977.
- Youri Tynianov, Le Vers lui-même (avec Léon Robel et Yvan Mignot, présentation), 10/18, 1977.
Notes