Adrien Montolieu, Nuit barbare
Et nous verrons l’aurore
plus haute que la nuit
hanter le retour des abeilles
dans le sucre des mots
et le vent dans les voiles
nos voix d’avant
crépitant comme un feu
dans les constellations
Vigne à la lèvre au grain levé du soir
l’ombre sommeille sous les palétuviers
Nous manierons l’arène errante
et les mots sans remords
levant le camp au cœur
des forêts palpitantes
sillonnant nos sentiers
de ronde et d’horizon
levant nos verres et des armées barbares
dans le métal inoxydé
de la civilisation
Et rire végétal
moissonnant au sillage
d’un navire aphasique
le reste de raison sous le couteau de soif
le varech impair
nous sera chevelure
et morsure d’écume
Nous aurons caressé tant de gouffres
et levé tant de graines en dormance
juste à parler sous l’œil putride
des résignations
juste à trembler sous les bétons
les bitumes la peau
lépreuse d’Occident
Nous verrons l’aube encore
plus large que nos mains
habiller nos saisons
de courbes capricieuses
et l’onde à peine
sous le soufflet chantant des dunes
Hommage à l’amitié qui reprendra la route
dans l’ivresse racine d’un matin nouveau