Tout ce que l’on doit savoir sur Verso

 La technique d’impression !

Ver­so a été fondé en avril 1977 par Claude Seyve et moi-même. Nous com­po­sions les pages avec des com­posters et des polices Freinet et les tiri­ons à la main sur une presse à épreuves Freinet égale­ment. La reli­ure était faite avec du fil et une aigu­ille ! La revue n’était pas très épaisse. Nous tiri­ons 5 n° par an.

Plus d’un an après nous fîmes la con­nais­sance de Joseph Beaude qui nous pro­posa de taper Ver­so sur sa machine à boule élec­tron­ique. J’achetai ma pre­mière presse off­set d’occasion. Une vieille Rotaprint ! Le vendeur me fit con­naître le procédé Agfa Copy­rapid. Une feuille tapée à la machine à écrire, insolée repro­dui­sait son image sur un film qui à son tour se décalquait sur une plaque off­set spé­ciale, film et plaque pas­sant entre deux rouleaux presseurs dans un bain de révéla­teur. J’ai tra­vail­lé de cette manière jusqu’au n° 107.

Le n° 109 a été le pre­mier issu de films ou trans­par­ents tirés directe­ment à l’imprimante à par­tir d’un fichi­er infor­ma­tique. Ces films sont imprimés à l’envers de sorte que le côté émul­sion du film se trou­ve col­lé con­tre la plaque off­set au moment de son inso­la­tion par 6 lam­pes U.V. pen­dant 3 min­utes env­i­ron. La plaque est dévelop­pée dans une solu­tion proche de la soude caus­tique, puis rincée et gom­mée, c’est à dire enduite de gomme ara­bique pour la pro­téger de l’oxydation. Il suf­fit de la rin­cer à l’eau courante et de l’égoutter pour s’en servir, c’est à dire de la caler sur le cylin­dre porte-plaque de la presse offset.

Revue Verso

Ver­so, revue de poésie trimestrielle

Abon­nement : 22 € par an à l’or­dre de Verso 
Alain Wexler 547 rue du Genetay 
69480 Lucenay 
Prix du numéro : 6 €

Cette dernière pos­sède de nom­breux rouleaux encreurs dont un qui va dépos­er de l’encre sur la plaque. Celle-ci deviendrait toute noire si un rouleau revê­tu d’un man­chon tex­tile, genre servi­ette éponge, ne l’humectait régulière­ment. Cela s’appelle le mouil­lage. L’offset, c’est de l’encre et de l’eau. Le procédé d’imprimerie le plus sou­ple et le plus économique qui soit.

J’ai con­nu 3 press­es off­set avant la Hama­da 500 CDA que j’utilise depuis le n°108. Dans l’ordre : une Rotaprint, une Abdick et une Multilith.

La reliure

Ver­so a été agrafé jusqu’au n° 130. Ver­so devait s’agrandir. Il lui fal­lait un dos car­ré collé !

La relieuse manuelle Fast­bind, matériel fin­landais, allait le per­me­t­tre. Faire la reli­ure est aus­si pointu que d’imprimer. D’autant que cette relieuse laisse beau­coup de place à l’initiative per­son­nelle ! Dans la lim­ite des 7 sec­on­des dans l’absolu, temps de refroidisse­ment de la colle à par­tir du moment où elle est étalée sur le dos de la liasse et l’instant où la cou­ver­ture est rabattue dessus et mise en pres­sion. Vu comme ça, cela paraît sim­ple. Cela le devient après 10 ans de pra­tique ! Avec du papi­er bam­bou de 250 grammes il faut 23 sec­on­des de pres­sion sinon gare aux gri­maces divers­es ! 10 sec­on­des suf­fi­raient avec des cou­ver­tures de plus faible gram­mage. Par exem­ple 150 grammes. Je vous fais grâce de toutes les opéra­tions prélim­i­naires, les dif­férentes coupes des piles de liasses imprimées, de l’impression de la cou­ver­ture qui prend une journée de tra­vail. Du pliage des cou­ver­tures dont la réus­site de la reli­ure dépend totalement.

La poésie

Claude Seyve voulait appel­er la revue Louisa, allu­sion au passé ouvri­er anar­chiste de la ville des canuts : Lyon.  Je lui ai dit : on va ouvrir un dic­tio­n­naire au hasard plusieurs fois jusqu’au bon titre. Ce qui fut fait. Ver­so, l’envers des choses, de l’autre côté du miroir. J’éprouvais une véri­ta­ble pas­sion pour Lewis Car­oll. Je n’ai pas changé.

Nous choi­sis­sions Claude Seyve et moi les textes reçus par la poste. Plus tard, lorsqu’un comité de lec­ture fut insti­tué, nous fîmes la remar­que tous deux que les textes qui nous plai­saient été évincés.

Lorsqu’en 1998 je me suis retrou­vé tout seul pour réalis­er Ver­so j’ai renon­cé au comité de lec­ture et appliqué les règles qui étaient en vigueur les pre­mières années de Ver­so. C’est à dire pub­li­er les jeunes poètes ou moins jeunes ! Sur la base de la qual­ité de l’écriture seule­ment sans aucune référence à une mode quel­conque. Ce sont ces poètes-là qui seront con­nus demain. D’une manière plus générale j’affirme que c’est le poète ou l’artiste qui crée la nou­veauté ou l’idée du mod­erne. Pas des instances divers­es dont le pou­voir m’est de plus en plus insupportable.

Les textes sélec­tion­nés sont rangés dans des enveloppes datées et pub­liés par ordre chronologique.

Dans la revue je les dis­pose dans un ordre qui dépend du titre. Résul­tat d’une analyse presque sur­réal­iste ! Les pre­mières pages sont celles qui répon­dent au plus près du titre décou­vert. Les textes s’enchaînent grâce à des charnières : une idée, un mot suffisent.

L’organisation de la revue

Le pro­logue : L’analyse des textes qui aboutit à un titre comme si un appel à thème avait été lancé se pour­suit dans un pro­logue. C’est un méta-texte où je com­bine des idées rel­a­tives au titre et des extraits des textes pub­liés. Le pro­duit obtenu tend vers un texte autonome. Il doit en théorie mon­tr­er une forte unité. Le lecteur ne devra pas s’étonner si des petites scènes de la vie courante s’y glis­sent. Non sans rap­port avec les textes pub­liés ! Le sel de la revue !

Notes sur les auteurs :

Chaque auteur pub­lié a droit à une présen­ta­tion biobibliographique.

Les chroniques : 

Quelque­fois le lecteur a la chance de trou­ver la chronique lyon­naise de Marinette Ara­bi­an. J’ai habité pen­dant 15 ans le même quarti­er qu’elle dans le 3ème : Montchat. Ses chroniques dépassent de loin la rubrique de quartier.

Miloud Ked­dar assure une rubrique artis­tique mais tient à voir ses poèmes pub­liés dans ce cadre. Le point com­mun est une réflex­ion sur la création.

La revue des revues :

Chris­t­ian Degoutte la nomme : En salade. La plus impor­tante revue des revues en France. Je sais qu’elle est très lue.

Les lectures :

Valérie Canat de Chizy, Jean-Christophe Ribeyre et moi-même recensent un max­i­mum de livres. Gérard Paris aussi.

Notes, chroniques et lec­tures occu­pent env­i­ron 30 pages de la revue.

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Alain Wexler

Alain Wexler est né à Ambert dans le Puy de Dôme. Il dirige et imprime la revue Ver­so depuis 1977. Il vit dans le Beau­jo­lais et se partage entre le tra­vail pour la revue et les régions qu’il aime par­courir à vélo ou à pied (Grèce, Auvergne, val­lée de la Loire…).

Il ani­me régulière­ment des lec­tures de poésie à Paris et à Lyon.