Oh voyez com­bi­en ser­rés les bou­tons d’or
    Ornent champs et chemins,
Avec les pis­senl­its pour égren­er les heures
    Qui jamais plus ne seront dites.
Oh puis-je à tra­vers prés vous faire escorte
    Et cueil­lir de frais bou­quets pour vous ?
Il n’y pas de mal à me pren­dre le bras.
    « Vous pou­vez, jeune homme, vous pouvez. »

Ah, print­emps fut don­né aux filles et garçons,
   C’est main­tenant que leur sang d’or s’enfièvre,
Fille et garçon font bien d’être joyeux
   Avant que le monde soit vieux.
Ce qui fleu­rit ce jour peut refleurir demain,
   Mais jamais comme une pre­mière fois.
Et si j’arrondissais mon bras autour de vous…
« C’est très vrai, jeune homme, c’est vrai. »

Il est cer­tains garçons, on a honte à le dire,
   Qui font seule­ment leur cour pour voler,
Et une fois qu’ils ont la fleur dérobée
   Presque rien après eux ils ne laissent.
Adonc gardez vot’cœur pour hommes tels que moi
    Et ne le con­fiez à un gars équivoque.
Mon amour est fidèle et à vous tout entier.
   « Peut-être, jeune homme, peut-être. »

Regardez-moi bien dans les yeux, que craignez-vous ?
Voyons, un mile y a depuis la ville.
Que l’herbe est verte autour de nous !
    Nous feri­ons bien de nous asseoir.
Ah, qu’est ce la vie sinon une fleur ?
    Si on s’aime vrai­ment pourquoi soupirer ?
Soyez gen­tille, ayez pitié, chère charmante, -
    «  Au revoir, jeune homme, au revoir. »

 

Tra­duc­tion par Delia Mor­ris et André Ughetto

 

 

Oh see how thick the gold­cup flowers
  Are lying in field and lane,
                  With dan­de­lions to tell the hours
That nev­er are told again.
Oh may I squire you round the meads
   And pick you posies gay?
                  -‘Twill do no harm to take my arm.
‘You may, young man, you may.

Ah, spring was sent for lass and lad,
  ‘Tis now the blood runs gold,
And man and maid had best be glad
  Before the world is old.
   What flow­ers to-day may flower to-morrow,
     But nev­er as good as new.
                      – Sup­pose I wound my arm right round –
“Tis true, young man, ’tis true.’

      Some lads there are, ’tis shame to say,
         That only court to thieve,
     And once they bear the-bloom away
        ‘Tis lit­tle enough they leave.
       Then keep your heart for men like me
         And safe from trust­less chaps.
                        My love is true and all for you.
                           ‘Per­haps, young man, perhaps.’

           Oh, look in my eyes then, can you doubt?
       – Why, ‘tis miles from town.
            How green the grass is all about!
  We might as well sit down.
            Ah, life, what is it but a flower?
   Why must true lovers sigh?
           Be kind, have pity, my own, my pretty, –
   ‘Good-bye, young man, good-bye.’
 

image_pdfimage_print