118 jeunes poètes 

Avec son for­mat 15X29.5 cette antholo­gie menée à bien par Lydia Padel­lec, qui dirigea la regret­tée Mai­son d’édition de La Lune bleue, présente ici des auteurs nés après 1970,  dont certain(es) sont devenus des étoiles mon­tantes de la poésie francophone….

Mal­gré tout, même si nous devons saluer le tra­vail d’anthologiste effec­tué, le choix  n’échappe pas aux oub­lis et à la non-exhaus­tiv­ité de tout livre de ce type.

Comme toute antholo­gie, et sans doute là est leur intérêt, au côté d’auteurs con­nus et pour cer­tains con­fir­més (citons Albane Gel­lé, Murièle Mod­e­ly, Antoine Mou­ton, Thomas Vin­au, Mor­gan Riet, Aurélia Las­saque, Saman­tha Barend­son, Yan­nick Tor­li­ni, Stéphane Batail­lon, Cécile A.Holdban, Aman­dine Marem­bert, Vin­cent Motard-Avar­gue, Ade­line Bal­dacchi­no, Mar­lène Tis­sot, Jean-Marc Fla­haut, Sabine Huynh, Sami­ra Negrouche, James Noël, Guil­laume Siaudeau..et j’en oublie) les pages de 118 jeunes poètes per­me­t­tent de décou­vrir des auteurs un peu plus en retrait, et quelques trésors…

Au nom­bre des décou­vertes  Arnaud Bour­ven : « avec la mer/je peux lutter/contre ton vis­age » dans un poème épuré. Emi­lien Ches­not : « croulent d’intime/avec le lierre natal ». Yann Miralles « Le jour qui suit/l’après/de lire/la chan­son de nos gestes » Flo­rence Valero « Ces visages/en avez-vous gardé/l’envie sans la vie ». Nico­las Gré­goire « Ratures pour laiss­er vivre » dans un poème très dépouil­lé. Tout comme celui de Geneviève Boudreau : « je rac­com­mode mes peaux/lisse du doigt la cou­ture »… Yek­ta, dans sa prose poé­tique : « la faible pul­sa­tion d’une conscience/dont la flamme pour­tant se refuse à l’extinction »…

118 jeunes poètes de langue française né(e)s à par­tir de 1970, Bac­cha­nales N°59, Revue de la Mai­son de la poésie Rhône-Alpes, Cler­mont-Fer­rand, mars 2018, 148 pages, 22€.

Cette antholo­gie dresse le panora­ma d’une jeune généra­tion d’auteurs fran­coph­o­nes con­tem­po­rains et réus­sit son pari qui est « d’ouvrir des chemins »,  pour repren­dre les mots de la pré­face. Elle nous présente des poètes aux voix divers­es qui ont dépassé les écoles de pen­sée de même que les fron­tières, « comme une mul­ti­tude d’étincelles ». 

 

*

Esprit d’arbre

Les arbres enrac­inés dans la terre et dont les ram­i­fi­ca­tions caressent le ciel sont par­fois les témoins depuis des mil­lé­naires du pas­sage des saisons où de celui des hommes.

« Esprit d’arbre »,  antholo­gie  de 17 auteurs d’époques dif­férentes, est un hom­mage vibrant à cette échelle de rêve qui a inspiré bien des poètes et artistes…

On peut citer « L’arbre de vie » de Norge, cet « arbre frater­nel qu’ensemble nous por­tons » (Guy Gof­fette),  « dans ces bois pen­sifs » vivent encore les morts » (Mar­i­lyne Bertonci­ni), ce « Feuil­lu au dia­pa­son entre un champ et la lune » (Car­ole Mes­ro­bian) qui a par­fois « dis­paru dans les inon­da­tions, dis­paru dans les fos­s­es séparant les épo­ques » (Jovan Zivlak).  « Les bois ont donc aus­si leur façon de se taire » (Sul­ly Prud’homme) « dans l’azur de l’avril, dans le gris de l’automne (René Vivien) :  « Arbres religieux, chênes, mouss­es, forêt, Forêt ! c’est dans votre ombre et dans votre mys­tère, C’est sous votre bran­chage auguste et soli­taire, Que je veux abrit­er mon sépul­cre, ignoré » (Vic­tor Hugo)

Esprit d’arbre Edi­tions pourquoi viens-tu si tard ? Nice Octo­bre 2018 96 pages 12€

 

 

*

De l’humain pour les migrants 

« Nous autres, écrivains [ ..]. Nous devons savoir […] que nous ne pou­vons nous évad­er de la mis­ère com­mune, et que notre seule jus­ti­fi­ca­tion, s’il en est une, est de par­ler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peu­vent le faire » dis­ait Albert Camus. Et c’est exacte­ment ce qu’ont fait les auteurs et  les plas­ti­ciens qui fig­urent au som­maire de cette belle anthologie.

 

Cette antholo­gie pleine d’empathie et d’humanité, retrace le tra­jet chao­tique d’une human­ité à la dérive, de ces vies plurielles qui marchent vers l’inconnu sur des chemins de hasard, pour fuir la mis­ère ou  la guerre.

Les mul­ti­ples langues d’hommes et de femmes de tout hori­zon se croisent dans la séman­tique du dés­espoir, mais aus­si de l’espoir… Car pour toutes ces vies en sus­pens demeure la soif de vivre par-delà les fron­tières du toc­sin, demeure le souf­fle de l’espérance d’une lumière.

C’est cela que por­tent les mots et les œuvres pic­turales des auteurs réu­nis ici. Tous les artistes que compte cette antholo­gie ont don­né un peu de leur art pour que les  exclus du cœur, des lueurs, qui ne con­nais­sent que les rav­ages, les plaies du déracin­e­ment, pren­nent corps sous nos yeux.

 

« Les chercheurs de quelque chose » comme dit Alain Aban­da ont en eux « des frag­ments de tant d’histoires, ni poing fer­mé, ni main ten­due, récip­i­ent à la dérive » (Flo­rence Noel) « loin de l’hospitalière/de l’étrange tendresse/il y a un mate­las gris (Sophie Bras­sart) pour « tant de peuples/fourmis calcinées/des his­toires sans buts (Olivi­er Robert) pour eux « com­bi­en de labyrinthes/combien de sépultures/et de siè­cles la feinte/pour attein­dre l’azur » « A l’abri des rideaux tirés, des per­si­ennes clos­es » (Marie-José Pascal).

Dans une pein­ture d’Alain Nahum il y a ces naufragés d’un par­adis per­du d’une autre pein­ture de Maria Giannakaki.

De l’humain pour les migrants témoigne d’une époque de boule­verse­ments, de déchire­ments, de déracin­e­ments…  mais les rêves dépassent les frontières.

 

image_pdfimage_print