Arnaud Beaujeu, Pas d’animosité

2017-12-30T01:00:31+01:00

 

La grande chèvre blanche apparue dans le bois m’observe un long moment, depuis la nuit des âges et s’en va

 

            Mésanges hup­pées, sitelles, fau­vettes et loriots
            chardon­neret, verdiers, nonettes, grimpereaux
            le chant de la forêt m’appelle et le jardin s’est embrasé
            de ces jolis bruisse­ments d’ailes
            Mésanges hup­pées, sitelles, fau­vettes et loriots

 

‘J’aime aller brouter dans le pré les herbes sèch­es au soleil, je n’ai pas d’animosité même si je sais qu’un jour pareil on vien­dra me tuer. Je reste par­mi mes pareils, à brouter par le pré l’herbe dorée dans le soleil : ma douceur, ma docil­ité offertes aux cruels’ 

 

            Gorge bleue, tête rouge, huppe orange et dos bleu
            Ven­tre blanc, aile grise, jabot noir, œil de feu
            Bec orange, pattes rouges, huppe jaune et col bleu
            plume jaune, gorge rouge, ven­tre orange, aile bleue

 

Quand la huppe s’envole, c’est comme si une image d’école était dev­enue réal­ité. La tourterelle en croix vole au-dessus des blés. La chauve-souris se colle au mur pour se chauf­fer. Le cri de l’épervier, comme un sig­nal d’été, une volée de moineaux dans les haies. L’aile noire et bleutée du cor­beau pas­sager des silences

 

            Une che­nille, un frelon, un bruit d’aile, une abeille
            Un mulot, un gril­lon, une guêpe, un papillon
            Une sauterelle, un bour­don, une araignée, un scorpion
            Un orvet, une sitelle, un lézard, un hanneton
 

Quand l’orage men­ace les four­mis s’agitent, les geck­os ren­trent dans la pierre. Un pic épe­iche tape tape sur le tronc vert. La sil­hou­ette assise d’un chat sous le muri­er, oreilles découpées sur le fond bleu nocturne

 

            L’épine vinette et l’églantier
            abri­tent le mer­le et la grive
            Le pin d’alep et l’olivier
            offrent leurs bras comme une rive
            à la pie grièche et au geai

 

Mais sur la passerelle, par­mi sentes et pins, des cail­loux et mer­veilles, une chapelle au loin, deux écureuils à course-pour­suite sur le tronc d’un pin blanc, une four­mi géante, des gril­lons stridulants

 

Le mou­ve­ment fur­tif dans le sous-bois d’automne d’un renard fauve et argenté

Présentation de l’auteur

Arnaud Beaujeu

Agrégé de let­tres mod­ernes, doc­teur en langue et lit­téra­ture français­es, rat­taché au CTEL, Arnaud Beau­jeu a pub­lié en 2010 et 2011 deux ouvrages :

  • Matière et lumière dans le théâtre de Samuel Beck­ett, Peter Lang ;
  • Samuel Beck­ett : triv­ial et spir­ituel, Rodopi.

Mem­bre du comité de rédac­tion de la revue Nu(e), il a pub­lié plusieurs suites de poèmes dans cette même revue :

  • « D’un regard blanc », n°36 (« Michel Steiner ») ;
  • « La lumière et les mots », n°42 (« Anthologie ») ;
  • « L’été », n°45 (« Pierre Dhainaut ») ;
  • « Bleu ciel », n°48 (« Jean-Michel Maulpoix ») ;
  • « De pierre et d’eau », n°49 (« Bernard Noël ») ;
  • « Autre enfance », n° 52 (« Jokari »))

Et prin­ci­pale­ment dans les revues Arpa : « Le pays des en-allés », n°102, « la ton­nelle », prochaine­ment) ;  Thαumα : « Frères d’amour », n°5 con­sacré aux oiseaux ; « Autodafé », n°6 con­sacré au feu ; « En patience » n°10 con­sacré à la patience ; « même au-delà du raisonnable », (prochaine­ment) et Ser­ta  : « Les mots blancs ».

Il a égale­ment pub­lié des arti­cles et entre­tiens sur et avec les poètes con­tem­po­rains Bernard Var­gaftig, Jean-Pierre Lemaire, Pierre Dhain­aut, Marie-Claire Banc­quart, Charles Juli­et, François Cheng, Béa­trice Bon­homme-Vil­lani, etc.

Arnaud Beaujeu
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