Arsalan Chalabi, poète et écrivain kurdophone, est né en 1987 à Boukan (Kurdistan Iranien). De 2007 à 2009 il publie des recueils de poésie et prend la responsabilité de la société littéraire de Boukan. Mais il est incarcéré en automne 2014 pour ses opinions politiques : il a participé à des manifestations et prend part à des actions politiques et civiques. Après sa libération il reste sous surveillance. En 2015, il est prié de quitter définitivement son pays natal. Il part pour le Kurdistan iraquien, et puis il émigre en Europe, au Danemark comme réfugié politique. Les poèmes de Arsalan Chalabi sont publiés et traduits en persan, en anglais, en français et même en danois.
À une révolution échouée au Kurdistan
Les Poème d’Arsalan Chalabi
Traduit de Kurade en français: Ako Abassi
Mais je pouvais parler avec toi
Je t’embrasse et te quitte de tout mon cœur
Mes mains dans tes poches je vole tes reins
Je mets le doigt sur ton nombril et donne au vent tes cheveux
Je mets la tempête de ton sourire dans la boîte aux lettres
Je brise les coquetteries de ton sourire
Nous pouvions ridiculiser la liberté à l’horizon
et boire notre sang devant la police
Mais je pouvais peigner tes cheveux
te tordre le cou et faire danser la rotule de ton genou
Nous parlions de vie partagée et des maux de ventre des autres
Nous pouvions devenir voleurs dans le métro introduire nos mains dans les poches des autres
Nous pouvions uriner sur le gazon à travers les fenêtres de la solitude
Ou bien à l’aube insulter l’horizon
Lancer des pierres sur le soleil et provoquer les nuages
Nous pouvions tuer la pluie comme un chien ou exécuter les flocons de neige !
Mais je pouvais aussi embrasser tes joues
Et le creux de ton cou
J’aurais dû désarmer tes seins comme deux pommes jaunes d’automne
Nous pouvions crier, couper les ceintures des autres,
Faire tomber le pantalon de notre maître
Aller dans les rues
Étouffer les slogans de ”Vive le Kurdistan”
Déchirer les affiches de tous les partis proches de nous!
Nous pouvions nous cracher au visages, nous empêcher
De brûler les drapeaux
Et dans la rue donner des coups de pieds aux tibias et aux poèmes de la révolution échouée !
Mais on peut domestiquer le front du sang
On peut infiniment aider la lumière
et dans nos coeurs préparer les rues pour la révolution.
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Remarque : le nom de ce poème est tiré d’un poème de “Walt Whitman” au nom d’une Révolution échouée en Europe”.