Claude-Raphaël Samama est un universitaire qui, outre ses travaux d’études et de recherches en anthropologie culturelle et en philosophie, a publié très tôt – en parallèle à d’autres ouvrages – des livres de poésie. Au poème isolé, individuel, circonstanciel, il a souvent préféré de larges compositions poétiques au service d’une grande thématique ou d’une visée élargie.
- Désarmer la nuit aux Editions Saint- Germain-Des-Près, fondées par Jean Orizet et Jean Breton, est son premier recueil.
- Savoirs ou les jeux de l’Oir, sous-titré Quantiques chez Galilée (1980), fut un livre remarqué de déconstruction sémantique et phonologique de la langue, mais pour forcer sa poéticité.
- Le Livre des lunes, Intertextes (1992) est un ouvrage de chants poétiques – précédés de Haïku pour saluer la lune – qui font écho au foisonnement symbolique lié à l’astre lunaire et ouvrent à ce qu’une lecture poétique peut engendrer sur le registre de l’imaginaire, à partir d’un tel analogon et au-delà de ses métaphores traditionnelles.
- Les poèmes du soi — Variations sur le thème de l’unité, La Présence et l’Exil — Proses poétiques et En regard des jours (2012), tous trois chez L’Harmattan, Collection Poètes des cinq continents, ont suivi. Plusieurs des textes de ces derniers recueils ont connu d’abord une publication dans la revue Phréatique, où Gérard Murail, Georges Sédir et Maurice Couquiaud ont, tout au long, été attentifs au travail poétique de l’auteur. Jacques Eladan, critique de poésie et auteur d’une Anthologie des poètes juifs de langue française, – où il figure –, Courcelles édition (2ème édition, 2010), a souvent soutenu aussi sa démarche et son inspiration.
- Around circles. Autour des cercles, Editions Caractères (2000), écrit directement en anglais puis traduit en français pour servir à l’expérience d’un contrepoint de langue et de « tonalité », constitue un « exercice spirituel » de dépaysement et de découplage de la réalité entre ses composantes familières et son essentialité poétique.
- 105 essais de Miniatures spirituelles, Maisonneuve et Larose (2005) se compose d’une série de textes courts extrêmement condensés – l’idée ayant d’abord été de concevoir des poèmes sur les poètes (…) – où l’écriture poétique est mise cette fois au service d’un « méta-discours » dont le thème est une œuvre et son auteur, poète ou non. Ces derniers se voient alors rapportés autant aux « images » laissées à une postérité, qu’à une complicité révérente ou critique avec chacun. On y trouve Valéry, Gongora, Donne, Auden, Rimbaud, Daumal, Borges, Keats, Stendhal, Laforgue, Perse, Dickinson, Proust, Pessoa, Basho ou Ibn’Arabi… Ce livre original, hors des sentiers battus académiques, reste dans l’attente d’une réception à sa hauteur. A son propos, Julien Gracq a pu déclarer : « …et peut-être cet essai ouvrira-t-il un chemin. ». D’autres « miniatures » ont été écrites depuis et paraissent parfois en revue, lire par exemple, Goethe in L’Art du Comprendre n°14, Giordano Bruno, in Europe n° 937, Octave Mirbeau, dans Poésie /première n° 61.
La poétique de Claude-Raphaël Samama a pu être qualifiée de « poésie métaphysique » et sa manière comme alliant la « densité » du sens à une visée de l’être, approfondi à partir de son infini questionnement. Son écriture, à contre courant des poésies trop attachées à la première personne, des textes portés à mettre à mal les structures de la langue, observe plutôt le respect de celle-ci en travaillant à sa beauté sonore (Mallarmé, Apollinaire, Reverdy…), sa profondeur cachée (Valéry, Char, Hölderlin, Trakl…), au dépaysement de la pensée (Novalis, Nerval, Perse, Ungaretti, Cavafy, Seféris, Brodsky, Szymborska…). La poésie aurait pour fonction de créer un espace réflexif et révélateur, une demeure hospitalière et emplie d’échos. Le poème, s’il aboutit, ouvre alors un chemin pour pleinement y accéder.
Outre des articles et des nouvelles parus ces trois dernières années, Claude-Raphaël Samama a donné en 2015, chez L’Harmattan, un travail de recherche et d’intentions intitulé Le spirituel et la psychanalyse. Il doit faire paraître prochainement la traduction de plusieurs dizaines de poésies de William Butler Yeats dont certaines sont inédites en langue française.
Son prochain recueil poétique s’intitulera : Ce qui là se trouve, où le poème, pour mieux exister, s’essaye parfois à des formes nouvelles de saisie dans une langue toujours tenue. Le poème comme récit éphémère de ce qui « est », la poésie comme condensation du sens, les deux libérant des lourds appareils du “romanesque”.
La musique n’est pas étrangère à la quête poétique et l’environnement créatif de l’auteur, qui compose aussi.
Site : www.claude-raphael-samama.org
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