Constant Tonegaru était le fils de l’officier de marine galicien, avocat et publiciste Constantin Tonegaro, et le petit-fils du procureur général de la Cour d’appel de Galati, Daniel Zorilă. La grand-mère du côté maternel, née Hangiof, était issue d’une famille aisée de Galati, qui possédait notamment l’hôtel Metropol. Le poète appartient à la “génération perdue” des écrivains qui n’ont pas réussi à se faire un nom, leur destin littéraire ayant été coupé par l’instauration du régime communiste. Propulsé dans le monde littéraire par Vladimir Streinu et son ami Barbu Cioculescu, il a été remarqué et retenu par tous les grands critiques littéraires qui se sont penchés sur son œuvre. Entre 1945 et 1949, il est membre, avec Vladimir Streinu, l’écrivain saint-gallois Iordan Chimet, Pavel Chihaia et L. Barral (secrétaire de la nonciature papale à Bucarest), de l’association “Mihai Eminescu”, une organisation clandestine de défense de la culture, un réseau de sauvetage de l’élite intellectuelle roumaine. Sa vie de bohème est brusquement interrompue en 1947, lorsqu’il est arrêté pour “conspiration contre la sécurité de l’État”. Le poète a résisté à la torture et au régime carcéral de la prison d’Aiud sans trahir ses amis, et n’a été libéré qu’en 1951. Un destin tragique qu’il traduit pleinement dans ses vers : ” Ainsi fut / un Ange rejeté et une malédiction : / “Tu seras gaspillé comme l’eau des sources…” “.
Pavel Chihaia évoque dans des pages d’une grande sensibilité le portrait physique et moral de l’écrivain : “d’une maigreur et d’une taille imposantes, couvert d’un béret serré et délavé sur une épaisse paire de lunettes, il traversait les chemins comme un mât, avec un but précis, imperturbable face aux adversités et aux tempêtes de la vie. Sa fantaisie sans fin, sa gaieté, sa non-conformité aux fausses valeurs qu’on lui imposait, sa pureté d’âme, ce romantisme allié à une ironie subtile mais tranchante, cachaient une intransigeance qui allait jusqu’au sacrifice”.
Dans une lettre suicidaire adressée à Vladimir Streinu, Constant Tonegaru s’est ouvert : “mon cœur… battait honnêtement pour quiconque s’en approchait…”. Je ne voulais pas la faire passer en contrebande par des convictions qui ne m’appartiennent pas, c’est-à-dire qu’il n’était pas dans ma nature de faire un cirque de la poésie pour gagner mon morceau de pain”. Ce “Peer Gynt de la poésie”, comme l’a appelé plus tard Ion Vartic, est mort peu après sa sortie de prison, ne laissant derrière lui qu’un seul volume de poésie sous le titre “Plantations”, publié en 1945 par la maison d’édition des Fondations royales. Ce volume a été suivi en 1969 par “L’étoile de Vénus”, dont le manuscrit a été confié à l’imprimeur par Barbu Cioculescu, et en 2003 par “La plantation de clous”, qui comprend l’ensemble de son œuvre littéraire.
Au sous-sol du Musée de la littérature roumaine, le masque mortuaire, le moulage de la main du poète et un buste réalisé par le sculpteur Ion Vlad restent des souvenirs. Le bâtiment de Bucarest où le poète Constant Tonegaru a vécu et créé entre 1932 et 1952 porte une plaque commémorative en souvenir de la disparition du poète.
Poèmes choisis
Poèmes choisis
Autres lectures
Autres lectures