Constant Tonegaru

2022-03-06T11:36:54+01:00

Con­stant Tone­garu était le fils de l’of­fici­er de marine gali­cien, avo­cat et pub­li­ciste Con­stan­tin Tone­garo, et le petit-fils du pro­cureur général de la Cour d’ap­pel de Galati, Daniel Zorilă. La grand-mère du côté mater­nel, née Han­giof, était issue d’une famille aisée de Galati, qui pos­sé­dait notam­ment l’hô­tel Metropol. Le poète appar­tient à la “généra­tion per­due” des écrivains qui n’ont pas réus­si à se faire un nom, leur des­tin lit­téraire ayant été coupé par l’in­stau­ra­tion du régime com­mu­niste. Propul­sé dans le monde lit­téraire par Vladimir Streinu et son ami Bar­bu Ciocules­cu, il a été remar­qué et retenu par tous les grands cri­tiques lit­téraires qui se sont penchés sur son œuvre. Entre 1945 et 1949, il est mem­bre, avec Vladimir Streinu, l’écrivain saint-gal­lois Ior­dan Chimet, Pavel Chi­ha­ia et L. Bar­ral (secré­taire de la non­cia­ture papale à Bucarest), de l’as­so­ci­a­tion “Mihai Emi­nes­cu”, une organ­i­sa­tion clan­des­tine de défense de la cul­ture, un réseau de sauve­tage de l’élite intel­lectuelle roumaine. Sa vie de bohème est brusque­ment inter­rompue en 1947, lorsqu’il est arrêté pour “con­spir­a­tion con­tre la sécu­rité de l’É­tat”. Le poète a résisté à la tor­ture et au régime car­céral de la prison d’Aiud sans trahir ses amis, et n’a été libéré qu’en 1951. Un des­tin trag­ique qu’il traduit pleine­ment dans ses vers : ” Ain­si fut / un Ange rejeté et une malé­dic­tion : / “Tu seras gaspillé comme l’eau des sources…” “.
Pavel Chi­ha­ia évoque dans des pages d’une grande sen­si­bil­ité le por­trait physique et moral de l’écrivain : “d’une mai­greur et d’une taille imposantes, cou­vert d’un béret ser­ré et délavé sur une épaisse paire de lunettes, il tra­ver­sait les chemins comme un mât, avec un but pré­cis, imper­turbable face aux adver­sités et aux tem­pêtes de la vie. Sa fan­taisie sans fin, sa gai­eté, sa non-con­for­mité aux fauss­es valeurs qu’on lui impo­sait, sa pureté d’âme, ce roman­tisme allié à une ironie sub­tile mais tran­chante, cachaient une intran­sigeance qui allait jusqu’au sacrifice”.
Dans une let­tre sui­cidaire adressée à Vladimir Streinu, Con­stant Tone­garu s’est ouvert : “mon cœur… bat­tait hon­nête­ment pour quiconque s’en approchait…”. Je ne voulais pas la faire pass­er en con­tre­bande par des con­vic­tions qui ne m’ap­par­ti­en­nent pas, c’est-à-dire qu’il n’é­tait pas dans ma nature de faire un cirque de la poésie pour gag­n­er mon morceau de pain”. Ce “Peer Gynt de la poésie”, comme l’a appelé plus tard Ion Var­tic, est mort peu après sa sor­tie de prison, ne lais­sant der­rière lui qu’un seul vol­ume de poésie sous le titre “Plan­ta­tions”, pub­lié en 1945 par la mai­son d’édi­tion des Fon­da­tions royales. Ce vol­ume a été suivi en 1969 par “L’é­toile de Vénus”, dont le man­u­scrit a été con­fié à l’im­primeur par Bar­bu Ciocules­cu, et en 2003 par “La plan­ta­tion de clous”, qui com­prend l’ensem­ble de son œuvre littéraire.
Au sous-sol du Musée de la lit­téra­ture roumaine, le masque mor­tu­aire, le moulage de la main du poète et un buste réal­isé par le sculp­teur Ion Vlad restent des sou­venirs. Le bâti­ment de Bucarest où le poète Con­stant Tone­garu a vécu et créé entre 1932 et 1952 porte une plaque com­mé­mora­tive en sou­venir de la dis­pari­tion du poète.

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Trad. Stéphane Lam­bion ∙ Édi­tions Abor­do ∙ mars 2022   Con­stant Tone­garu naît en 1919 à Galaţi, au sud-est de la Roumanie. Sa vie est mar­quée par une oppo­si­tion poli­tique per­ma­nente, d’abord […]

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