Estelle Fenzy, Mon corps c’est ta maison
9 courts poèmes en deux parties constituent le recueil : Filles légères et Mon corps c’est ta maison ; cette deuxième partie, donne le titre au recueil. Des mots pour dévoiler la sensualité de la vie quand elle accueille la démesure, que l’insolence du désir habite en notre existence et que l’âme se met à nu, le corps est maison, abri ou terre de refuge. Une poésie qui fait écho aux vers de R G Cadou quand en la maison d’Hélène les oiseaux faisaient leurs nids. En ce corps de « terre insolente » « les oiseaux n’ont pas besoin de nid », tout est offrande. D’une ode à l’autre, la femme en son règne végétal, féconde et l’amour et la poésie.
Estelle Fenzy, Mon corps c’est ta maison, La Porte, 2018.
Extrait
Jours de liesse et nuits heureuses
semés de lampes sombres
Dans l’obscurité s’écrivent l’amour, les poèmes.
Valérie Canat de Chizy et Marie- Noëlle Agniau, Le poème correspondant
Qui de l’une ou de l’autre écrit ? Peu importe, les poèmes se succèdent en une ondulation poétique et végétale ; en écho les mots de l’une et de l’autre.
Des poèmes comme des tableaux impressionnistes, par petites touches des paysages intérieurs pour dire la vie qui s’écoule, qui fait son nid en des saisons d’ombre et de lumière. Au fil de l’eau, les poèmes nous emportent et se répondent, un mot ou deux de l’une et naît le poème de l’autre. On retrouve comme pour les duos poétiques d’Arlette Chaumorcel et Jean-Claude Coiffard, une même connivence poétique entre deux poètes dont l’écriture proche constitue l’unité du recueil.
Ecouter l’autre, lire l’autre et se promener dans ses paysages intimes puis écrire pour laisser aussi ses empreintes et entrevoir l’espace qui l’habite ; déployer ses souvenirs, être l’arbre, le sable, la feuille, la mer, le soleil…
Valérie Canat de Chizy et Marie- Noëlle Agniau, Le poème correspondant, La Porte, 2017.
Extraits (poèmes de l’une et de l’autre…)
Si tu es lettre que je guette La lettre dans la boîte
bien solide sur mes jambes porte plus que des mots
sache qu’elles tremblent sans l’ouvrir à distance
comme ombre dans le vent je devine sa présence
Quand paraît ton nom porteuse de pépites
si tu es quelqu’un d’autre grains de lumière
sache que je veux des livres réels c’est de cela
avec des pages réelles dont je dois me nourrir
et des mains réelles pour les tenir.
le papier est neutre
Si tu n’es rien mais empreint de bonté.
je peux rêver
et faire craquer dans mes dents
l’aigre-doux d’une voyelle.
Michèle Nosbaum, Poèmes
La poésie de Michèle Nosbaum est ode à la nature, à la douceur, au temps qui passe ; c’est une poésie qui appelle à la méditation, elle nous emporte sur des « chemins de traverse », elle est portée par une « mélancolie discrète » que la lumière ne cesse d’éclairer. Les mots comme des flammes jaillissent au cœur de la nuit, une poésie qui « célèbre la fragilité de l’instant ».
Extrait
Il faut allumer le feu
Avant de promettre
La lumière
Penser chaque note
Pour donner l’accord parfait.
La chorégraphie du paysage
Les ailes qui l’écrivent
Et ces petits pas
Qui rythment le temps
Entre ciel et terre.
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