Avis de naissance ! Carabosse, une nouvelle revue de poésie
Ce numéro #1, Nos corps manifestes, est beau ! Ne nous perdons pas dans des périphrases stériles, tout comme ce fascicule ne prend pas de gants pour montrer l'épaisseur du monde poétique. Toute vêtue de noir et blanc, ce bébé déjà grand ne perd pas une miette de la place que proposent ses pages remplies de textes et d'illustrations.
Revue au féminin, "Revue à sensibilité féministe et poétique", qui problématise la place et l'identité des femmes, et particulièrement des femmes créatrices, et Dieu sait qu'il y a encore tant à dire, et à faire, Elisa Darnal et Adeline Miermont-Giustinati se sont entourées de la photographe Jeanne Guerrier et de la conceptrice graphique Aurore Chapon. Cela donne 34 pages de pur bonheur, pensé comme
...un laboratoire poétique, c'est à dire un espace à habiter, qui se compose en permanence et témoigne de pratiques diverses.
Ouverture donc, servie par une présentation qui explicite le choix du nom de la revue, Carabosse, le fée glauque et glam ? suivi par un édito tissé de prose poétique entrecoupée de vers d'Adeline Miermont-Giustinati.
Ce tout premier numéro met donc l'accent sur le corps des femmes, sur ces archétypes pesants qu'elles portent encore aujourd'hui, et qui façonnent malheureusement toujours leur inscription dans le monde.
Revue Carabosse, #n°1, Nos corps manifestes, 37 pages, 8 €, https://www.carabosse.online
Pour ce premier numéro, nous commencerons par explorer un territoire sensible, celui d’un corps féminin loin de la muse ou du fantasme. Longtemps dépossédées de leur image, les femmes s’émancipent encore difficilement de la dictature orchestrée par l’industrie et la publicité. L’obsession de l’apparence réduit à des représentations hypersexuées et truquées et le cantonne à être un objet de désir.
Besoin absolu et présence nécessaire de l’intime ! Dire la relation complexe qui s’instaure avec son propre corps, fait se rejoindre le littéraire et le politique.
Corps écrit, puisqu’on parle de lui, corps écrivant puisqu’il se dit. Générateur et producteur d’une parole poétique, comment le corps des femmes est-il pris en charge par les voix de poétesses aux accents multiples ? Nous ne ferons que poser quelques jalons dans le foisonnement d’une langue poétique qui se redéfinit sans cesse et cherche à dessiner les contours du sujet-corps, chair féminine éprise, mais refusant de se laisser accaparer au détriment de son désir propre.
Au féminin, donc, des Notes de lecture, une Causerie avec Laure Limongi, et de la poésie, visuelle aussi, car il faut saluer la qualité des illustration qui rythment les textes, se superposent, haussent le ton en même temps que les mots pour dire que la poésie, la littérature, et l'art, au féminin, n'a rien de plus ni de moins que tout ceci au masculin, juste pareils, semblables, les identités disparaissent là où exister s'énonce.