Béatrice Libert, Battre l’immense
Comme le dit l’argumentaire, ce recueil « réunit des pages écrites par une femme éloignée de l’homme qu’elle aime L’attente et la poésie deviennent sa nourriture spirituelle ». Le poèmes est court, le vers bref (parfois réduit à un seul mot : « L’enchantement », p 12). Cela ne va pas sans conseils quand s’ouvrent le poème et le jour : « Eteignez la lumière/Ouvrez votre visage/Laissez-les éclairer votre nuit » (p 15).
Béatrice Libert, Battre l’immense, Editions de Corlevour, 80 pages, 15 euros. Dans les bonnes librairies.
Parallèlement, la nuit naît une réflexion sur l’écriture du poème : « … un mot plus un mot/Plus un mot ne fait guère un poème/A peine une lettre d’amour//Juste un télégramme de survie » (p 17). Mais Béatrice Libert ajoute (p 24) : « Du texte inachevé/Lève un nouveau poème//Qu’inachève une langue/Où boîte un corps défait ». Il est vrai que Béatrice Libert se pose de nombreuses questions (p 26). Mais c’est pour mieux apporter des réponses : « Les pierres et les mots remplissent notre vie/Les unes pour la fermer les autres pour l’ouvrir » ou encore « Où le vent malgré sa surdité/Ranime quelquefois un semblant de poésie » (p 27). Les mots du poème servent à cicatriser, belle leçon de thérapie ! (p 30). La poésie se fait injonction au lecteur (?), à l’autre qu’aime Béatrice Libert : « Creuse/Dans le poème/Ma vie ! » (p 38). Mais qu’est cette huile essentielle de la miséricorde (p 41) ? Que vient faire l’âme dans le poème (p 44) ? Que sont ces invisibles versets (p 58) ? J’ai longtemps pensé, en lisant ce recueil, que l’italique employé marquait des citations (mots, vers ou titres), jusqu’à ce que, pages 22 et 47, les inscriptions Pessoa et Louis Aragon en bas de folio viennent me détromper. Il me faudra attendre la page 70 pour découvrir la raison de cet italique ! C’est un peu tard….
Mais c’est dans ses poèmes d’amour que je préfère Béatrice Libert…