Béatrice Machet, BEST IF USED BY, et autres poèmes

Une série de poèmes publiés en août 2013.

∗∗∗

Mind you

here you are

kernel-hearted

 

bran germ and endosperm

 

by all means by whole means health benefits

 

 

antioxydants and vitamins sound great against breakdowns

 

 

broken pea and tree nuts unequal halves

 

unequalled sorrows heartrooted uprooted minerals

brown rice syrup in the eyes molasses turning evaporated cane juice

 

down the cheeks nervous drizzle chilly weather

to keep fresh

fold inner bag over and push down to level of

cereal

original

organicaly grown

 

saturday sounds like saturated

fatty acids and radicals

recommend that you up-date

bonds at room temperature

single or double it makes a big difference

solid melting to liquid

point-less sugar

 

continue beating

mixture must be slightly lump-ish .... liebe Dich

 

I loved you kernel-hearted

 

best if used

before breakfast.

 

 

 

A consommer avant ....

 

 

Imagine

tu es là

le coeur au complet

le son le germe et l'endosperme

 

tous les moyens tout signifie des bénéfices pour la santé

 

antioxydants et vitamines seront parfaits contre la déprime

 

cassées noisettes et branches  noix   moitiés inégales

 

chagrins inégalés dans le coeur enracinés minéraux déracinés

sirop brun dans les yeux molasse devenue jus de canne évaporé

 

traces le long des joues bruine nerveuse temps maussade

pour la conservation

replier le rabat supérieur par dessus le sac et pousser

jusqu'au niveau des

céréales

authentiquement

biologiques

 

 

samedi jour de Saturne ça sonne saturé

acides gras et radicaux

conseillaient une mise à jour

des liaisons à température ambiante

simples ou doubles c'est une différence énorme

solide fondu au liquide

conclue à une diminution des glucides

 

continue de battre

le mélange doit être légèrement épais-si je crois

je t'aimais coeurcomplet

 

 

meilleur si consommé avant

le petit déjeuner 

on a shelf
a lonely vase
in it
a lonely flower

a solo sorry love
wobbling
a slow evening

a loss
what else could it be

a self less loved

woebegone
a Penelope
musk-scented white rose
sending vowels to ask

who sells vows
who solves owes

I just don't know                     I just wove

14 février, Saint-Valentin, bouquet de mots

sur une étagère
un vase esseulé

dedans
une fleur solitaire

solo branlant
d'amour désemparé
dans la lenteur du soir
une perte sinon
quoi d'autre
un soi moins aimé

vieillissante
une Pénélope
blanche rose musquée
lance ses senteurs
pour demander

qui vend les voeux
qui solde les dettes

je n'en sais rien                  je ne fais que tisser

He says black and white are death
so the sun never shines when he shots

he says the colored ones are always taken with/
under overcast skies
in order the colours are silenced are
muted by all kind of greys
he says
Germany is this land where photographs speak for him
he says black people against blue and red and yellow walls appear
as burnt
he says
a cap on his head is the only artefact he needs
to work successfuly

the more he speaks the more growing is
her thumbprint on his camera
the only thing she would give
a round of life
a web symbol of a plain reservation's spider-woman

a last flash
a last shot
of memories

once upon a time there was a shield
it was a spidershield
her great grandfather's personnal flag
her great grandmother's vision
beyond its appearance you find the deepest being the
warrior's meditation
- the woman's love so close to the sun at dawn
when its beams are spread abroad from the horizon
look at it
the sun is drawing a web
and the shield is the sun and the web as well as long as his lungs draw breath

years later
she saw him on a TV program
an international cultural channel
he was the well-known photographer
and foreboding foreshadowing was the shield on the screen
her spider's work her woman's love spread abroad from the horizon

look at it

BOUCLIER sacré

Il dit noir et blanc sont la mort
donc le soleil ne brille jamais quand il photographie
il dit les gens de couleur sont toujours pris avec/ sous
des ciels couverts
de telle sorte que les teintes soient réduites au silence
par toutes sortes de gris
il dit
l’Allemagne est le pays où les clichés parlent pour lui
il dit les personnes à la peau noire contre un mur bleu ou rouge ou jaune paraissent
brûlés
il dit
une casquette sur la tête c'est tout ce dont j'ai besoin
pour bien travailler

le plus il parle le plus
ses empreintes digitales sur l'appareil
s'incrustent la seule chose qu'elle puisse lui donner
un anneau de vie
un symbole réticulé de la femme-araignée sur une réserve indienne

un dernier flash
une dernière prise

il était une fois un bouclier
représentant une toile d'araignée
c'était la bannière personnelle de son grand-père
la vision de sa grand-mère
au delà de son apparence vous y trouviez la méditation la plus profonde
l'être profond du guerrier
à savoir l'amour d'une femme complice du soleil de l'aube
quand ses rayons s'etalent généreusement sur l'horizon
regardez
le soleil dessine une toile
et le bouclier est le soleil et la toile aussi bien
aussi longtemps que les poumons du guerrier respireront

Des années plus tard
elle le vit à la télévision
un programme international
il était devenu un célèbre photographe
et son pressentiment au premier plan envahissait l'écran
le bouclier son œuvre de femme son amour distribué généreusement
au delà de l'horizon

regardez

Here she is

had she always been there

occupying the same room ....

The only way to see her

is eyes wide open going to water

when things are about to blur

run your arm through her body

feel her

so hot

not solid

torrents of days torrents of nights

that never wanted to be flesh

physical world in her spirit

is just pulsing-colors-beating-sounds constantly running

a noumenal voice in a near phenomenon

substantial is not the word but slight touch

tender fog leaning on white sheets

she's not inert

she’s strong

her will won't flinch

a volcano's inside her

torrents

deluging you in her glance

rains drumming against your skin to make you understand

she will be in

a steam

of thoughts and feelings

you won't forget

ANOREXIA

Et la voici ...

a-t-elle toujours été là

dans cette même pièce ....

La seule façon de la voir : yeux grands ouverts

au bord des larmes

dans le flou débutant

des choses

                       enfoncez votre bras dans son corps

ressentez sa chaleur

brûlante

déjà fluide

des torrents de jours et de nuits

qui n'ont jamais désiré être chair

le monde physique dans son esprit pulse des couleurs

des sons battants sans cesse traversent

une voix nouménale pour un presque phénomène

substantiel n'est pas le mot mais touche légère

tendre brouillard penché sur des draps blancs

elle n'est pas inerte

elle est forte

sa volonté ne flanchera pas

un volcan en elle

dans son regard des torrents

vous inondent

des pluies tambourinant contre votre peau

vous font comprendre

qu'elle sera jet de vapeur

un courant de pensées

de sentiments

que vous n'oublierez pas

Présentation de l’auteur

Béatrice Machet

Vit entre le sud de la France et les Etats Unis. Auteure de dix recueils de poésie en français et deux en Anglais, traductrice des auteurs Indiens d’Amérique du nord. Performe, donne des récitals poétiques en collaboration avec des danseurs, compositeurs et musiciens. Publiée entre autres chez l’Amourier (Muer), VOIX (DER de DRE), pour les ouvrages bilingues ASM Press (For Unity, 2015) Pour les traductions : L’Attente (cartographie Cherokee), ASM Press (Trickster Clan, anthologie, 24 poètes Indiens)… Elle est membre du collectif de poètes sonores et performatifs Ecrits - Studio. Par ailleurs elle réalise et anime chaque deuxième vendredi du mois une émission de 40 minutes sur les ondes de radio Agora à Grasse.

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