Requiem ne s’écrit pas au pluriel, / à chaque mort un monde s’évanouit…
Béatrice Marchal va dresser deux tombeaux dans ce recueil où douleurs et deuils se suivent, semblables et différents.
« Tombeau de l’amie », de la sœur, d’abord, « tombeau de la mère » ensuite. C’est toute une vie de sentiments, d’affection, d’amour qui se déroule à nouveau au chevet des moribonds, des mourants, des morts.
On apprend au fil des ans à connaître
l’autre, empathie, patience,…
Béatrice Marchal, Au pied de la cascade, L’Herbe qui tremble, 13 €.
Il reste de la première une lumière, évoquée par trois fois : où l’étrange persistant éclat de la lune / se fait rappel d’une présence singulière. Plus loin, il est question d’une unique étoile et encore : un noyau de lumière…
Pour la seconde, l’auteure questionne : un même mystère interroge le temps. / Quels fruits laisse-t-il mûrir dans l’ombre / d’un corps d’un esprit vaincus ? Il y a l’accompagnement final dans la tristesse, la misère et l’horreur de la fin : Derrière les portes meurent de vieilles femmes / édentées… et l’inconvenance superbe des petits-enfants dans leur splendide insouciance.
Béatrice Marchal, même si elle parle d’un monde de sanie, sait rapporter aux gens qu’elle aime toutes sortes de fleurs et de plantes qui tendent à métamorphoser les êtres qui disparaissent. Et c’est la métaphore aquatique qui achève le recueil. Il ne s’agit pas de craindre la noyade dans cette traversée difficile du temps, au contraire, c’est la cascade qui vient de si loin en amont et qui va si loin, avec son cours tumultueux qui nous dépasse et qui rappelle la vie et nous rappelle à la vie…
Ceux qui sont partis après beaucoup d’amour on les retrouve
en soi…