Benjamin Demeslay, Bivouac, extraits

Par |2019-03-12T14:36:58+01:00 3 mars 2019|Catégories : Benjamin Demeslay, Poèmes|

Atomes et secret

 

Son essence – tu ne sauras la saisir et peux-tu,
« T’en approcher ? » Ques­tion s’attise :
Tends l’or­eille au secret, tres­sant les mus­cles de ton corps 
Con­tre les molécules qui te cou­vrent en man­teau de souverain : 
Il s’irise con­tre toi, encore faible de ta nuit
Sous les appels solaires et les enveloppes de brume.

Saine s’ap­proche – la ten­dre vivifiante, 
La réponse en l’aurore.

Elle s’ap­proche ; dans la danse primitive. 
Tech­nique. Évanes­cente des atomes
Te forgeant la couronne de sub­tiles étincelles
Sans couleur et véri­ta­bles comme ton but
Désor­mais dans la bru­ine te louant, de le quêter ainsi : 
Choc de matière – et globe de vie

Dans l’af­fron­te­ment de la ques­tion, et ses mur­mures dans les gouttes 
D’eau écla­tant sur la peau blanche et rose.

Telle ; elle est la réponse du chantre au chœur et
Déploie la liturgie et l’a­verse – où gît le dernier mot Amen ! – mille fois encore 
Dans la terre meu­ble, et la fugue de tes atomes
Se résor­bant dans le bruit blanc
De ton sacre au secret ô

Migra­teur.

 

A Space Odyssey

 

Ne les regarde pas ! Il n’est pas à fix­er, leur nombre.
Si tu dois les son­der depuis le puits : les étoiles
Écoute seule­ment comme tinte, le mono­lithe lui qui déjà se réverbère
Le mono­lithe. Et la vue de ta vue, se réfrac­tant en tes mil­liers, l’in­finité de tes instants ? 
Com­po­si­tion-décom­po­si­tion de ta scène

Il provient ton regard, iden­tique à l’é­toile : il a des branches
D’une autre époque de râles de fis­sures d’ex­plo­sions jusqu’à la sus­pen­sion ; l’ab­sence du son le noyau :

Le temps – se tour­nant sur lui-même en l’at­tente de ta prunelle.
Com­bi­en de rota­tions, lors que tu nais et meurs en psychédélismes ? 
Lors que tu nais et meurs, Dans la répéti­tion d’autre que le rêve, sous les étoiles ouvertes :

Mauves les out­ils de ta crainte, que t’of­fre la lumière
Les par­tic­ules élé­men­taires, seuils et départs de tes faisceaux 
D’ex­plo­ration plus rapi­des au regard, que le tissage
Des Par­ques au défi ; de ta pupille et des photons.

 

Bivouac et entrailles

 

Les vête­ments : lourds de la sueur froide.

Ils pèsent encore, quand les espèces vac­il­lent comme la flamme et crépi­tent et craque­nt vertes comme le bois,

Mis à nu s’en­volant en cen­dres et couloirs et spi­rales dans l’âtre

La plus vaste où l’homme est indis­tinct, de ces tisons de plumes et d’écailles.

De la peau lisse, ici – et par la grâce insen­si­ble à sa pro­pre extinc­tion. Qu’e­spères-tu du « savoir », et de l’existence ?

Il n’y aura, rien qu’au-tra­vers le foy­er de ces flammes et la cer­ti­tude impos­si­ble :Sois bête sub­lime maintenant.

Et com­bi­en d’ères pour nous ? Il fal­lut se sur­vivre, aux temps du gel et des éclipses, résorp­tions des lignées d’autres en toi et :

Des étoiles en visions ; par les regards de feu pareils au verre ; à la glace fine. C’est par quoi se lisent les entrailles.

De ceux qui doivent venir depuis le feu,

Depuis le bleu de la flamme où y ils pour­ront se porter à leur point d’avène­ment, de com­bus­tion ; presque entre les paumes des deux mains

Au milieu de la nuit et du matin le moment

Où la chair ploie comme le creuset de choré­gra­phies chaudes du fixe et du sou­ple et des courants.

Bleu-jaune-noir hyp­no­tique.

Les paupières sont lour­des et les pas les futurs .jusqu’au repos de la chair se peu­vent comme le feu – oscillant.

 

Chien de bât

 

Et tous espèrent. A‑t-il tou­jours des crocs ?.Et peut-il mor­dre encore ?
Réminis­cences vien­dront : de la serre chaude au monde,

De sa pre­mière nature et du mot ; l’i­nac­ces­si­ble – on l’a caché sous la lime :
Primordial.

Revêts-le, le domes­tique de ses ban­des syn­thé­tiques :.il porte enfin la charge des sauts, 
Par­mi les souch­es les ronces et les tail­lis.– Vitesse rend grave alors
Sa gueule liq­uide et blanche et pour seule expres­sion : pal­pite­ments et rien d’autre que 
Sim­plic­ité ; l’apparente.

Les épaules lour­des et con­trac­tées – les san­glées de sa force
Ain­si la flèche en accom­plisse­ment de la joie
Sans le con­cept et les dilemmes : par-dessus et par-dessus, cette branche encore
Lors qu’il marche et court et persiste,
De cer­cles en cer­cles se meut, dans le sil­lage de sa pro­pre chair, et heurte
Les sacs de bât ou les sceaux de mémoire,.contre le tronc d’un frêne, la jeunesse des noisetiers lorsque 
Le ray­on perce déjà les sur­faces de l’averse.

Arti­fice : tu es à l’o­rig­ine de l’in­stinct ainsi

Que la mémoire des pistes, les traîneaux sur la neige qui coule dans leur 
Grande Chas­se au temps de l’homme du sauvage ;

Intraduis­i­ble Wild en sa recherche des fardeaux contraintes
De la source que taille, encore tes mains et :2 x 5 pha­langes de gants, pous­siéreuses ces œuvres des longues

heures, généra­tions.
Elles frô­lent encore les houx.

 

Présentation de l’auteur

Benjamin Demeslay

Ben­jamin Demes­lay est né en 1987 entre la plaine de Cîteaux, le vil­lage sur l’éper­on rocheux de Flav­i­gny-sur-Ozerain et la « mon­tagne bour­guignonne ». Père de famille, il est essay­iste et jour­nal­iste, ain­si que diplômé en sci­ences des religions.

Ses textes cristallisent des influ­ences apparem­ment épars­es : la lit­téra­ture spir­ituelle chré­ti­enne, les sci­ences naturelles et des mythes con­tem­po­rains à l’ex­em­ple de l’ex­plo­ration spa­tiale ; dans une per­spec­tive kaléi­do­scopique inspirée d’Ernst Jünger.

 Bivouac, son pre­mier man­u­scrit, est né d’une con­fronta­tion avec l’ex­péri­ence de Jack Lon­don, telle que con­cen­trée dans Mar­tin Eden. Car­togra­phie d’une année 2017 vécue sur le mode de l’ex­plo­ration, la pra­tique du trek y rejoint les exer­ci­ces avec l’en­fant, la décou­verte de la grotte Chau­vet, les sta­tions dans les cafés et les friches.

benjamindemeslay@aol.com

 

 

 

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