Boleslaw Leśmian

Bolesław Leśmian (Bolesław Lesman, 22 janvier 1877 à Varsovie- 5 novembre 1937 à Varsovie), est un écrivain polonais d'origine juive, poète de l'époque du modernisme polonais (Młoda Polska).

Leśman est né dans une famille de l'intelligentsia juive polonaise. Son père, Józef Lesman, est d'une famille de vendeurs de livres. Sa mère, Emma Sunderland, est d'une famille de juristes. Son cousin germain Jan Brzechwa lui donne le pseudonyme de "Leśmian" (en polonais: qui s'appelle le bois ou qui vient du bois ).
 

Sa jeunesse se déroule en Ukraine, à Kiev. Il y étudie le droit à l'université saint Vladimir. À partir de 1901 il habite à Varsovie. Après, il voyage en Allemagne et en France. Son premier amour, apparentée avec la peintre Celina Sunderland, refuse de l'épouser. Il épouse alors Zofia Chylińska. Plus tard il aime encore Dora Lebenthal, à qui il dédie le cycle de poèmes érotiques W Malinowym Chruśniaku.

Dans le contexte du modernisme polonais, grâce à son ami Zenon Przesmycki, il commence à collaborer avec la revue Chimera. En 1911, il crée le Théâtre Artistique, à Varsovie. Dans les années 1912-1914, il séjourne en France. Après la Première Guerre mondiale, à l'automne 1918, il déménage pour Hrubieszów, où il travalle comme notaire, puis, en 1922, à Zamość, dans le même emploi. En 1929, le remplaçant de Leśmian vole 20 000 zlotys en fric-frac et disparaît. Malheureusement, Leśmian doit règler cette somme, et les arriérés d'impôts. Sa femme offre ses bijoux et sa maîtresse Dora Lebenthal vend son appartement et son cabinet médical à Varsovie pour sauver le poète. Mais cela ne suffit pas et les Leśmian vivront désormais dans un grand dénuement. En 1933, Leśmian devient membre de l'Académie polonaise de littérature. En 1935, il déménage avec sa femme et leurs deux filles à Varsovie.
 

Il meurt le 5 novembre 1937 à Varsovie. Il est enterré au cimetière Powązki.

Les poèmes de Bolesław Leśmian sont peu nombreux (384) quatre volumes d'œuvres originales, à relier au modernisme polonais. Sa patrie, qui ne comprend pas ses buts esthétiques, le méconnaît. Inspiré par la philosophie d'Henri Bergson, il éprouve l'idée d'élan vital. Pour illustrer cette conception, il utilise les formes mythologiques anciennes slaves, typiques pour la spiritualité de Kresy (les confins orientaux de la Pologne- aujourd'hui Ukraine, Biélorussie et pays baltes). Le sujet principal de ses poèmes est l'amour maudit, exprimé par sa relation avec la mort, les démons, les forces magiques et Dieu. Le sujet le plus inquiétant est justement la divinité, parce que le poète suggère ce qui n'existe pas. Le silence dans les cieux et dans les enfers est la grande innovation de Leśmian, une philosophie proche de l'existentialisme. La forme poétique choisie est surtout la ballade, oubliée partout dans le modernisme, mais il s'intéresse aussi aux chants, aux poèmes d'amour. Il crée sa propre mythologie dans des ballades régulières, reprenant des éléments de contes, des concepts macabres dans le style de Charles Baudelaire, de l'occultisme ancien slave et chrétien, avec beaucoup d'êtres métaphoriques, allégoriques, et psychologiques, repris des ballades fiabesques. Pour cela, Leśmian est souvent considéré comme l'hériter du baroque polonais. La bizarrerie du monde leśmianien ne s'illustre pas seulement par la virtuosité du syllabotonisme, qui exprime le rythme de la danse et l'élan vital du monde, mais encore par les néologismes poétiques, spécialement créés, pour cette poésie, à partir de radicaux de mots d'ancien polonais et de russe. Czesław Miłosz considérait Leśmian comme un des plus grands phénomènes dans la littérature européenne moderne et l'éminent critique Jerzy Kwiatkowski le qualifia de Dante du néant, de la non-existence et de manque d'existence, découvreur de territoires qui s'étendent entre l'être et le néant (...), un excentrique du vécu religieux (...) un visionnaire et penseur sur la vie posthume qui ne ressemble à aucun autre dans la littérature.
 
Leśmian a aussi écrit trois volumes de contes Przygody Sindbada Zeglarza [Aventures de Sindbad le Marin], Klechdy sezamowe [Légendes de Sésame] et Klechdy polskie [Légendes de Pologne] encore populaires en Pologne. Il est également auteur de trois œuvres dramatiques: Pierrot i Kolombina [Pierrot et Colombine], Skrzypek opętany [Le violoniste envoûté], contes mimiques en trois visions, et Zdziczenie obyczajów pośmiertnych [Ensauvagement des mœurs posthumes], d'essais et des traductions d'Histoires insolites de Edgar Allan Poe.