Narges Mohammadi remporte le prix Nobel de la paix

La militante des droits humains, journaliste et auteure iranienne, Narges Mohammadi a reçu le prix Nobel de la paix 2023 le vendredi 6 octobre, pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et de la liberté d’expression pour tous.

Vice-présidente du Centre des défenseurs des droits de l’Homme fondé par Shirin Ebadi, qui avait reçu ce même prix Nobel en 2003, Narges Mohammadi a de nombreuses fois condamnée et emprisonnée depuis 25 ans.

C’est dans une geôle de la République islamique à Evin où elle est captive depuis avril 2022, que la lauréate a appris sa nomination.

Après l’attribution de cette distinction, l’ONU a demandé sa libération, mais l’Iran a dénoncé « une décision partiale et politique ». « Nous constatons que le Comité Nobel a attribué le Prix de la Paix à une personne reconnue coupable de violations répétées des lois et qui a commis des actes criminels », a réagi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué relayé par le journal Hamshahri.

Cette distinction du comité norvégien s’adresse aussi à un vaste mouvement de protestation déclenché par le décès le 16 septembre 2022 à Téhéran  de Mahsa Amini, il y a un peu plus d’un an.

Narges Mohammadi, © Reuters.

L’étudiante iranienne d’origine kurde de 22 ans, arrêtée par la police pour « port de vêtements inappropriés ». Plusieurs témoins accusent la police d'avoir violemment battu la jeune femme, entraînant sa mort. Des images de l'hôpital montrent en effet des blessures, et amènent une partie de la population iranienne à conclure que Mahsa Amini est morte d'une hémorragie intracérébrale causée par des violences policières. Cette version est contestée par les autorités, qui donnent deux versions, celle d'un « problème cardiaque soudain » et celle d'une maladie au cerveau.

L'annonce de son décès provoque de nombreuses manifestations, au Kurdistan iranien, mais également dans le milieu universitaire. La répression de ces manifestations est très violente et cause la mort de plusieurs centaines de personnes ainsi que l'arrestation de plusieurs dizaines de milliers.

Narges Mohammadi qui avait publié en 2022 des entretiens avec d'autres prisonnières sous le titre White Torture avait déjà reçu en janvier dernier le prix Olof-Palme pour les droits de l'homme, en même temps que Marta Chumalo et Eren Keskin.

Elle est la 19e femme à remporter le Nobel de la paix, vieux de 122 ans.

Dans une lettre écrite en juin derrière les murs de la prison d’Evin et publiée dans ces colonnes à la veille du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, Narges Mohammadi en faisait le constat. « Si vous regardez attentivement la société iranienne, vous verrez que chaque individu, à tout moment de sa vie et en tout lieu, est coupable du désir de vivre » aux yeux du régime, écrivait-elle, convaincue pour autant que le combat des Iraniens pour leurs libertés ne s’éteindra pas.

Séparée de sa famille, qui est réfugiée à Paris, elle suivra la remise de son Prix de sa cellule. Espérons que l’espoir qu’offre cette distinction l’aideront à garder espoir et à avancer vers une libération que nous souhaitons imminente. Elle est une reconnaissance pour toutes celles qui luttent contre l’obscurantisme.

 




Christian Bobin dans Un silence sans contraire

Christian Bobin nous a quittés le 24 novembre 2022 au Creusot, ville qui le vit naître le 24 avril 1951. Il avait 71 ans. 

Je cherche le dieu sans barbe, le dieu sans dieu, sans grande musique, sans reliure cuir, sans effets. Le dieu du Rien écrit Christian Bobin, dans Très-Bas (1992), un livre consacré à François d'Assise qui l'avait fait connaître auprès du grand public et lui a valu le Prix des Deux Magots en 1993 et Grand Prix catholique de littérature..

Fidèle à la région qui l'a vu grandir, il y étudie la philosophie et travaille pour la bibliothèque municipale d’Autun, à l’Écomusée du Creusot, puis comme rédacteur à la revue Milieux.

Ses premiers textes, marqués par leur brièveté datent des années 1980. Ils sont publiés aux éditions Brandes, Paroles d’Aube, Le temps qu'il fait, chez Théodore Balmoral, et surtout chez Fata Morgana (où il publie notamment Souveraineté du vide et Lettres d'or).

Christian Bobin présente son recueil Un bruit de balançoire paru aux éditions L'Iconoclaste. Rentrée littéraire automne 2017. Librairie Mollat.

Ayant toujours vécu à l’écart du monde, il s'installe en 2005 dans une maison isolée à la lisière du bois du Petit Prodhun, à une dizaine de kilomètres de son Creusot natal, avec sa compagne, la poétesse Lydie Dattas. Il reçoit le Prix d'Académie 2016 pour l'ensemble de son œuvre.

Auteur contemplatif, ses textes d’une prose poétique stupéfiante de pureté invitent au recueillement et à la méditation. Abordant des thèmes universels, comme l’enfance, la mélancolie et l’absence, ses ouvrages sont comme des fragments de vie qui, entre essai et poésie, témoignent de sa préférence pour la brièveté. Ses livres prennent ainsi parfois la forme d’un journal intime, comme dans Autoportrait au radiateur (1997), ou d’une suite de lettres, comme dans Un bruit de balançoire (2017).

Il laisse une œuvre immense, d'une importance incontournable, non pas parce qu'il est l'auteur d'une soixantaine d’ouvrages mais parce que sa voix était l'une des plus remarquables que ces deux siècles agonisants aient connu. Il restera irremplaçable.

Recours au poème partage la douleur et la tristesse de ses proches, ainsi que de tous ceux qui aiment l'or quand il s'agit de celui que l'ont trouve rarement, ainsi qu'il avait le secret de le faire, dans les mots.

 Le 19 avril 2014, Alain Veinstein recevait le poète français Christian Bobin pour son roman La grande vie (Gallimard), dans son émission Du jour au lendemain animée par Alain Veinstein diffusée  sur  France Culture..

Christian Bobin sur Recours au poème

Christian Bobin L'Homme joie par Jane Hervé.

Trois poètes du divin : Bobin – Lemaire – Bocholier par philippe Leuckx.

Christian Bobin, Noireclaire par Pierre Perrin.

Image de Une © Télérama.




Les Prix Apollinaire 2022

Le Prix Apollinaire 2022 est attribué à Denise Desautels pour son recueil Disparaître, L’herbe qui tremble.

Le Prix Apollinaire Découverte 2022 est attribué à Quentin Dallorme pour son recueil Plein sud, Éditions de l’Aire.

La Mention spéciale du jury du Prix Apollinaire revient à Célestin de Meeûs pour son recueil Cavale russe, Cheyne éditeur.

Denise Desautels, la lauréate du Prix Apollinaire

Née à Montréal, Denise Desautels a publié une trentaine de recueils de poèmes et de nombreux livres d’artiste autant au Québec qu’à l’étranger. Elle a reçu, entre autres, le Prix du Gouverneur général du Canada (Le saut de l’ange, 1993, L’Arbre à paroles & Le Noroît), le Prix Athanase David et le Prix de Littérature francophone Jean Arp, ces deux derniers lui ayant été remis pour l’ensemble de son œuvre. Vice-présidente de l’Académie des lettres du Québec, de 1996 à 2002, membre du comité d’organisation de la Rencontre québécoise internationale des écrivains, de 1997 à 2012, et membre de nombreux jurys littéraires, elle s’est vu attribuer en 2005-2006, par le Conseil des arts et des lettres du Québec, une bourse de carrière pour sa « contribution exceptionnelle à la culture québécoise ».

Parmi ses publications les plus récentes figurent notamment Disparaître (L’herbe qui tremble, 2021), l’ouvrage que récompense cette année le Prix Apollinaire, et L’angle noir de la joie (« Poésie / Gallimard », 2022). « Dans Disparaître, les mots de Denise Desautels sont nourris de nuit,/ du pire de la nuit. Ils se nourrissent, avec une lucidité dévorante, de la mémoire de nos disparus et de tous les autres/ harnachés à nos dos

Denise Desautels, Disparaître, éditions L'herbe Qui Tremble, 2021, 18 €.

Écrire dit ainsi pour elle notre finitude toujours actualisée et disséquée sur la page blanche ; écrire revient à renouer les mots en une chaîne lacrymale qui nous fend le cœur, les yeux et la joue. Mais dans cet écho mémoriel encastré dans le cœur et le vers, il y a toujours chez Denise Desautels une illumination. Dans la disparition, il y a les germes de l’apparition, il y a sa poésie qui ne nous ébranle que pour mieux nous rebâtir dans son halo. » (Linda Maria Baros).

Quentin Dallorme, le lauréat du Prix Apollinaire Découverte

Quentin Dallorme, né en 1989, a suivi un cursus de sciences politiques à Lyon. Il travaille auprès des élus dans une communauté d’agglomération. Sa passion pour la littérature et le sport, dont l’aviron, le conduit à écrire Le Cœur sur l’eau, roman publié, en 2021, aux Éditions de l’Astre Bleu. Inspiré par l’actualité sociale, il rédige en parallèle plusieurs articles et fictions pour différentes revues littéraires ou politiques. Après plusieurs voyages dans le Sud de la France et en Italie, il publie, en 2022, aux Éditions de l’Aire son premier recueil de poèmes – Plein sud, qui se voit décerner le Prix Apollinaire Découverte 2022.

« Au fil des poèmes, le je délie ses veines, ses muscles, ses pensées pour accueillir en lui l’écorce des arbres, les rochers acérés, la terre craquelée et les brèches qu’ouvre la lumière. Cette fusion dit le moi qui se cherche, qui cherche au dedans de lui-même le monde et l’autre. Mais elle dit, avant tout, la manière dont le mot s’extrait de son écorce pour entamer l’aventure poétique de Quentin Dallorme que le recueil Plein sud annonce expansive et saisissante. » (Linda Maria Baros)

Célestin de Meeûs, Mention spéciale du jury du Prix Apollinaire

Célestin de Meeûs est né à Bruxelles en 1991. Après avoir fait ses débuts littéraires en avril 2018 avec Écart-type (Éditions Tétras Lyre, Prix Émile Polak), il publie, quelques mois plus tard, Cadastres (Cheyne éditeur, Prix de la Vocation). Cavale russe, le recueil qui reçoit cette année la Mention spéciale du jury du Prix Apollinaire, paraît, toujours chez Cheyne éditeur, en 2021, suivi, en 2022, par Atlantique, aux Éditions Tétras Lyre. Depuis 2018, Célestin de Meeûs anime les Éditions de l’Angle Mort, dont il est cofondateur.

« La mythologie du voyage s’est effondrée sous les désastreux bilans carbone et les zooms inquisiteurs de Google Earth. L’auteur de Cavale russe le sait, bien sûr. Cavale, jument de race, dit Wikipédia. La cavale qui s’accouple au cheval de fer, on aura compris que de Meeûs s’engage sous les couleurs poétiques du plus célèbre manchot de la littérature avec Cervantès. » (Jean Rouaud)

Le Prix Apollinaire

Le Prix Apollinaire, fondé en 1941, couronne chaque année « P n dehors de tout dogmatisme d’école ou de technique un recueil caractérisé par son originalité et sa modernité ». Il est considéré comme un Goncourt de la poésie – en partie parce que certains membres du jury ont été ou sont jurés Goncourt, comme Hervé Bazin, Robert Sabatier ou Tahar Ben Jelloun. Présidé par Jean-Pierre Siméon, le jury est composé de personnalités du monde de la poésie : Marc Alyn, Adeline Baldacchino, Linda Maria Baros (secrétaire générale), Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, Philippe Delaveau, Guy Goffette, Jean Portante et Jean Rouaud.

Les mécènes

Le Prix Apollinaire et le Prix Apollinaire Découverte sont dotés grâce à la générosité de Catherine Mathivat, présidente des Deux Magots.

La cérémonie de remise des Prix est organisée avec la participation amicale de Richard Vins & Domaines.

Avec la complicité active du Printemps des Poètes.




Annie Ernaux Prix Nobel de littérature 2022

L'écrivaine Annie Ernaux, figure incontournable de la littérature française, est lauréate du prix Nobel de littérature, attribué jeudi 6 octobre. Son œuvre romanesque, largement autobiographiques, à la frontière de la sociologie, est unique et remarquable.

Première femme française à obtenir cette prestigieuse récompense, le jury salue ""le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle".

A 82 ans, Annie Duchesne est née le 1er septembre 1940 à Lillebonne  en Seine-Maritime. Elle a grandi à Yvetot, en Normandie, dans un milieu social modeste. Ses parents, ouvriers, sont devenus commerçants après avoir acheté le café-épicerie du village. Après des études de lettres à l'université de Rouen puis de Bordeaux, elle obtient une agrégation et enseigne à Annecy notamment.

La romancière a puisé dans sa propre vie la matière de ses livres, construisant pierre par pierre une œuvre littéraire en même temps qu'elle témoignait de sa classe d'origine, des hontes qui s'y attachent, de son désir d'extraction, et de tous les sentiments ce désir qui accompagnent l'ascension sociale.

Elle explore également la question de la condition féminine, à travers des romans qui mettent en scène des éléments autobiographiques que le travail d'écriture, dans une œuvre située entre fiction et autobiographie, permet de restituer dans une langue unique et forte qui transcende l'anecdotique pour conférer au récit une portée universelle. Elle a raconté l'enfance, l'adolescence, la jeunesse dans Les Armoires vides (1974), ou dans Ce qu'ils disent ou rien (1977) ; elle a raconté sa famille, ses parents et son émancipation sociale dans La Place (1983), ou La Honte (1997). Faisant ainsi œuvre de sociologie, Annie Ernaux dessine les paysages intérieurs d'une femme autant que ceux, plus larges, de toutes les femmes, et au-delà, elle nous livre un puissant témoignage de la société française depuis l'après-guerre. 

Le prix Nobel de littérature récompense annuellement, depuis 1901, un écrivain ayant rendu de grands services à l'humanité grâce à une œuvre littéraire qui, selon le testament du chimiste suédois Alfred Nobel, « a fait la preuve d'un puissant idéal ». 

En remettant son prix à Annie Ernaux, c'est « une écriture d'une rare puissance », celle d'une « anthropologue d'elle-même » que les jurés du Nobel de littérature ont honoré. Troisième femme sacrée par le cénacle suédois, Annie Ernaux succède à Louise Glück et la Polonaise Olga Tokarczuk.

Conférence de presse d'Annie Ernaux au siège de son éditeur Gallimard après l'attribution du prix Nobel.




Prix Mallarmé et Prix Mallarmé étranger 2022

Le Prix Mallarmé 2022 revient à Christophe Mahy pour le recueil À jour passant paru aux Éditions Gallimard.

Christophe Mahy, le lauréat, est né en 1970 à Charleville-Mézières, réside actuellement en Touraine, dans le département du Loir-et-Cher. Il a publié plus d’une trentaine d’ouvrages, essentiellement de la poésie, mais aussi des chroniques, de la fiction, des livres d’artistes, des préfaces et des articles dans diverses revues. Il est également chroniqueur régulier pour Recours au poème et la revue ardennaise Maugis. Parmi ses recueils de poèmes les plus récents figurent notamment Le Vieil automne (L’herbe qui tremble, 2017), Arrière-plans (L’herbe qui tremble, 2020) et À jour passant (Gallimard, 2021) que récompense cette année le Prix Mallarmé.

Le Prix Mallarmé, l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses distinctions poétiques, récompense un auteur d’expression française pour un pour l’ensemble de son œuvre. Présidé par Sylvestre Clancier, le jury est constitué de l’ensemble des membres de l'Académie (trente membres). Le Prix est généreusement doté par la Ville de Brive, qui offre également au lauréat une résidence poétique d’un mois.

Il sera remis le samedi 5 novembre, à 15h00, dans le cadre de la Foire du livre de Brive, à l’Ouvroir (11, boulevard Jules Ferry, 19100 Brive), avec le soutien bienveillant de la Ville de Brive.

Christophe Mahy, A jour passant, Gallimard, 2022.

Le Prix Mallarmé étranger 2022 revient à Claude Le Bigot pour la traduction en français du recueil Par la vaste mer d’Andrés Sánchez Robayna paru aux Éditions Le Taillis Pré.

Claude Le Bigot, le lauréat, est  professeur émérite de l’Université de Rennes 2, est l’auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles publiés en France et en Espagne. Ses travaux portent essentiellement sur la poétique du texte, l’histoire de la poésie espagnole et l’histoire culturelle. Il a dirigé plusieurs ouvrages collectifs sur des poètes de langue espagnole (Pablo Neruda, César Vallejo, Miguel Hernández) et a également signé deux essais : Libro del frío de Gamoneda, Une poétique de la discontinuité (2009) et La precoz madurez poética de Miguel Hernández (2012). Son livre le plus récent, Un siglo de compromiso en la poesía hispánica (1898-2010), est paru aux Presses universitaires de Jaén en 2020.

Andrés Sánchez Robayna, né à Las Palmas en 1952, est poète, essayiste, traducteur et professeur titulaire de la chaire de littérature espagnole de l’université de La Laguna (Tenerife). Son œuvre poétique, qui réunit dix recueils, a été éditée sous le titre En el cuerpo del mundo. Obra poética (1970-2002) dans la collection « Galaxia Gutenberg » du Círculo de Lectores (Barcelone, 2004). Depuis, il a publié La sombra y la apariencia (2010) chez Tusquets. Plusieurs de ses recueils ont été traduits en français, notamment Sur une confidence de la mer grecque (Gallimard, 2008), dans la traduction de Jacques Ancet, ainsi que Le Livre, derrière la dune (Éditions du Murmure, 2012) et Par la vaste mer (Le Taillis Pré, 2021), dans la traduction de Claude Le Bigot.

Le Prix Mallarmé étranger, lancé en 2022, se propose de valoriser autant le travail des traductrices et des traducteurs qui œuvrent pour ouvrir de nouvelles perspectives littéraires que la poésie étrangère traduite en français.

Il sera remis le jeudi 8 décembre, à 18h00, à La Maison de Poésie Hôtel Blémont, 11 bis, rue Ballu, 75015 Paris.

 




Numéro d’été : Best off des pages que vous avez aimées durant cette année 2021/2022

Pour cette pause estivale, Recours au poème a choisi de remettre en ligne les articles et poèmes que vous avez consultés le plus durant cette année passée. Forte de ses bientôt 100 000 vues, offertes par des lecteurs de tous les horizons, toute l'équipe ne peut que vous remercier pour votre présence, et votre fidélité, et aborder la rentrée 2022 avec fierté et courage, pour que la poésie, lieu humain, et terre commune, vive encore des jours innombrables, nécessaires en ces temps si incertains. 

Il est très émouvant de constater que notre regretté Jean Migrenne, collaborateur et ami disparu en février 2020, nous a laissé des chroniques qui continuent à être très consultées, comme "John Donne, Lettres être amour" que nous avons remise en ligne, mais aussi des traductions d'une rare qualité, ici parmi vos poèmes favoris, William Blake et Dylan Thomas dans une version qu'il nous avait offerte il y a déjà cinq ans.

Des classiques, certes, très appréciés, tout comme Baudelaire, présent parmi les poètes et dans la rubrique Chroniques, lu par Marilyne Bertoncini mais aussi par Garielle Althen. Rainer Maria Rilke, Garcia Lorca, Tarkovski, et une autre traduction de William Blake par Jacques Darras, Eurydice et Orphée sous la plume d'Annie Pelouze, Thierry Metz, Yves Gasc, Jean Rousselot, pour des poèmes choisis par Christophe Dauphin, dont la Chronique "Trois poètes polynésiens" retient encore toute votre attention.

Nous avons aussi pu constater avec émerveillement que la poésie continue, avance, grandit, grâce aux pages très fréquentées de ces nouveaux  poètes : Victor Malzac, Camille Sova, Christophe Pineau-Thierry, Perrin Langda, Bilal Moullan... 

Photo © Marilyne Bertoncini.

Notre rubrique Revue des revues est elle aussi un passage que vous appréciez ainsi qu'en témoignent les articles remis en ligne pour ce numéro d'été... Les Focus quant à eux montrent votre plébiscite pour la poésie Syrienne, mais aussi  et surtout ils disent tout le souci que nous partageons ensemble pour nos frères ukrainiens à travers les poètes auxquels Marilyne Bertoncini   a passé un beau relai en  traduisant leurs poèmes, remis en ligne dans ce numéro ! 

Merci pour cette année passée ensemble, avec, par, pour, la poésie ! 

Photo de Une © Marilyne Bertoncini.




Enterre la parole de Gwen Garnier-Duguy prix Yvan-Goll 2020

Gwen Garnier-Duguy, fondateur du site Recours au poème, a reçu le prix Yvan-Goll 2020 pour son recueil Enterre la parole (Éditions de Corlevour). Le prix ne lui a été remis le vendredi 10 juin dernier, sur la grande scène du Marché de la Poésie. 

Gwen Garnier-Duguy publie ses premiers poèmes en 1995 dans la revue issue du surréalisme, Supérieur Inconnu, à laquelle il collabore jusqu’en 2005. En 2003, il participe au colloque consacré au poète Patrice de La Tour du Pin au collège de France, y parlant de la poétique de l’absence au cœur de La Quête de Joie. Fasciné par la peinture de Roberto Mangú, il signe un roman sur son œuvre, Nox, aux éditions le Grand Souffle. Ses poèmes sont publiés dans les revues Sarrazine, La Sœur de l’Ange, POESIEDirecte, Les cahiers du sens, Népenthès, Le Bateau Fantôme, La main millénaire, Nunc, Les hommes sans épaules, Phoenix, Siècle 21. Son poème Sainteté je marche vers toi a été publié dans L’année poétique 2009, aux éditions Seghers. Trois participations à des catalogues d’Art : – Auguste Chabaud, la ville de jour comme de nuit, paris 1907-1912, éditions Réunion des Musées Nationaux, 2003 – Roberto Mangù, Fuego, Editions Venti Correnti, 2006 – Roberto Mangù, Permanenza, Editions SHINfactory, 2007. En 2011, son premier livre de poésie Danse sur le territoire, amorce de la parole, paraît aux éditions de l’Atlantique, préfacé par Michel Host, prix Goncourt 1986. En mai 2012, il fonde le magazine en ligne www.recoursaupoeme.fr, exclusivement consacré à la poésie. Il est également l’auteur des ouvrages Le corps du monde, préface de Pascal Boulanger, Corlevour, 2014 ; Alphabétique d’aujourd’hui, L’Atelier du Grand Tétras, 2018, et Enterre la parole (Corlevour, 2020).

Gwen Garnier-Duguy, Enterre la parole, suivi de La nuit Phoenix, Lettre et postface de Jean Maison, 2019, 17 €.

À  l'occasion de la remise du prix, Gwen Garnier-Duguy a prononcé un discours que Profession Spectacle reproduit in extenso.




Italo Lanfredini – Piroghe-Mari – exposition à la villa Medici del Vascello

Italo Lanfredini, artiste  génial, auteur entre autres du célèbre Labyrinthe  d’Ariane de la Fiumara d’Arte à Castel di Lucio, en Sicile (dans la province de Messine, au-dessus des monts Nebrodi), expose sa nouvelle oeuvre PIROGHE-MARI dans le cadre d’une rétrospective de son travail.

L'oeuvre collective réalisée par le sculpteur italien Italo Lanfredini avec des poètes du monde entier, autour de la mer et des traversées - souvent tragiques désormais - qui la marquent, sera exposée dans la rétrospective de son travail, intitulée TRAVERSAMENTI à la villa Medici del Vascello, près de Crémone.

C’est dans la villa Medici del Vascello, prestigieuse construction du 15ème siècle dans laquelle vécut La Dame à L’Hermine de Leonard de Vinci, entre architecture militaire et palais nobiliaire, remaniée au cours des siècles, et au 19ème, parée d’un magnifique jardin à l’anglaise, que  les oeuvres monumentales de l’artiste trouvent la respiration qui correspond à l’esprit qui les a inspirées – oeuvres métaphysiques, écologiques, imbibées de mythes autant que tournées vers le futur, et profondément humanistes, elles parlent de nature avec la nature.

La nouvelle oeuvre exposée dans cette rétrospective,  pour laquelle Marilyne Bertoncini a créé un poème sur la mer et le poète, qu'elle aura le plaisir de lire sur le lieu même, le 28 mai, a été sculptée dans le tronc d’un peuplier du Pô (ces arbres, en effet, ont un long tronc lisse – et l’artiste les récupère quand on les abat). Tout le bois excavé a été conservé – les copeaux qu’on pourra fouler,  pour lire les poèmes, produisent un bruit marin ;  les blocs plus importants dans lesquels ont été taillés deux coffres, contiendront ces textes écrits par des poètes du monde entier, merveilleusement calligraphiés par l’artiste et que la poète a contribué à traduire pour l’installation et qui seront exposés au-dessus de la pirogue, symbole entre autres des tristes traversées  qui marquent la Méditerranée.

Italo Lanfredini, qui écrit chaque dimanche sur « la lavagna » à l’entrée de la villa, un vers extrait d’un poème, et dont le mur d’enceinte expose des phrases offertes par ses visiteurs,  travaille souvent avec des poètes. Il poursuit donc son travail avec cette oeuvre multiple, qui sera recueillie dans l’arche de bois.

Un grand nombre de ses oeuvres seront à découvrir in situ, ce qui n’empêche pas de visiter le site de l’artiste et son  portfolio




Lucien Wasselin, Puisque la lumière reste à créer

Nous apprenons avec une vive émotion le décès de notre ami et de ce grand poète et critique que fut Lucien Wasselin, décédé le 11 février à Plérin où il vivait depuis quelques années.

Né en 1945, Lucien Wasselin a vécu dans le Nord de la France. Poète, il a collaboré par ses articles et notes de lecture (poésie, littérature générale, arts plastiques, musique…) à plusieurs publications (revues, journaux généralistes…). Il a été un collaborateur de la première heure de recours au poème. Il a donné également  des articles régulièrement dans des revues "papier" comme Europe ou "en ligne" comme Texture, a été  membre des comités de rédaction de Faites Entrer L’infini (où il a publié plusieurs études), de la Revue Commune… 

Le Printemps des Poètes.

Il a coordonné des dossiers Ilse et Pierre Garnier, Max Alhau, Gérard Le Gouic et publié en revue des études sur Alin Anseeuw, Louis Aragon, René Crevel, Pierre Dhainaut, Eugène Guillevic, Ivar ch’Vavar, Léon Moussinac, Armand Olivennes, Jean Prévost… Co-fondateur d’OrpailleuR-éditions en 1991 (livres d’artistes et estampes originales), il a participé à l’animation de cette structure jusqu’en 2007. Essayiste, critique et grand poète, il avait également publié un grand nombre de très beaux recueils. 

Recours au poème lui rendra hommage dans son numéro de Mai/Juin. Toutes nos pensées vers ses proches.

Lucien Wasselin sur Recours au poème => toutes ses contributions

 

 

Bibliographie

Poésie  :

  • Balises, avec la reproduction de 12 peintures de Kijno, Éditions du Littéraire, 2014.
  • Poésie-Réalité, Rhubarbe, 2012.
  • Stèles lichens, Editinter, 2012.
  • Obscurément le cri, (édition complète et bilingue), Verlag Im Wald, couverture de Kijno, 2011.
  • Obscurément le cri, Airelles, (extraits), avec la photographie d’une sculpture de Michel Poix, 2008.
  • La rage, ses abords, Le Dé bleu, 2001
  • Voix obscure, (édition bilingue), Verlag Im Wald, préface de Pierre Dhainaut, 1999.
  • Le bleu, le noir, Moraines, interventions plastiques de Michel Joulé, 1996.
  • Lieux, moments, La Chemise Ouverte, 1995
  • Fragments du manque, édition complète, Le Dé bleu, 1988
  • Fragments du manque, extraits manuscrits avec 3 dessins de Patrick Fort, Le Pavé, 1985
  • Fragments, Le Pavé, avec 2 dessins de Jacques Pasquier, 1982.
  • La mour, l’Amort, Atelier Overdose, 1982
  • Mots, meute, Le Pied d’Argent, 1981
  • Sillages, Millas-Martin, 1971

    Livres d’artistes :

  • Chaînes, cordages, (photographies de Pierre Vandrotte), OrpailleuR-éditions, 2008.
  • Obscurément le cri, (gravures de Patrick Vernet), Editions du Prussien, 2008.
  • Le bleu, le noir et autres textes, A.M.I Productions 2004. Livre-CD sous forme de carnet à dessins. Tirage : 500 exemplaires.
  • Cycle obcur des Song, Au Pied d’Argent, 2004. Avec 3 gravures originales de J.G Gwezenneg. Tirage : 60 exemplaires.
  • Images du temps qui passe,Alain Benoît éditeur, 2002. Tirages : 90 exemplaires.
  • Le pérégrin immobile, Orpailleur éditions, 1996. Gravures de Francis Beaudelot. Tirage : 54 exemplaires
  • Louvoiements de l’inquiétude, Atelier du Prussien, 1995. Tirage : 40 exemplaires. Gravures de Patrick Vernet.
  • Le portulan des rêves, Atelier du Transvaal, 1991. Tirage : 55 exemplaires. Photographies et sérigraphies de Pierre Vandrotte.
  • En toutes lettres dans le texte, Ecbolade, 1987. Tirage : 20 exemplaires. Gravures/collages de Patrick Vernet.

    Prose

  • Le temps, la lumière éternelle (Hommage à I & P Garnier), L’herbe qui tremble, 2015.
  • Aragon : la fin et la forme, (essai), Recours au Poème éditions, (livre numérique), 2014.
  • Contre l’air du temps, (journal, fragments), Polder, 1995.

    Ecrits sur l’art (préfaces, textes divers pour catalogues, etc)

  • Kijno, une donation, introduction de Salah Stétié, Éditions du Littéraire, 2013.
  • Artoismarche, photographies de Nicolas Frémiot, Poursuite éditions, 2011.
  • Dans la mouvance d’Icare, gravures de Patrick Vernet, Médiathèque de Valenciennes, 2010.
  • Charbon, peintures de Robert Renard, sd (2008), Hors commerce.

    Essai :

  • Fagots de mots (glose de François Laur), éditions Rafael de Surtis, 2009.
  • Aragon au pays des mines ; (en collaboration avec Marie Léger), Le Temps des Cerises, 2007 ; (avec 18 articles retrouvés d’Aragon)

Ses poèmes publiés sur  Recours au poème 

Présentation de l’auteur

Lucien Wasselin

Il a publié une vingtaine de livres (de poésie surtout) dont la moitié en livres d'artistes ou à tirage limité. Présent dans plusieurs anthologies, il a été traduit en allemand et collabore régulièrement à plusieurs périodiques. Il est membre du comité de rédaction de la revue de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, Faîtes Entrer L'Infini, dans laquelle il a publié plusieurs articles et études consacrés à Aragon.

A signaler son livre écrit en collaboration avec Marie Léger, Aragon au Pays des Mines (suivi de 18 articles retrouvés d'Aragon), au Temps des Cerises en 2007.
Il est aussi l'auteur d'un Atelier du Poème : Aragon/La fin et la forme, Recours au Poème éditeurs.

Lucien Wasselin

Autres lectures

Lucien Wasselin, Mémoire oublieuse et vigilante

Auteur de fragments, amateur de petits pays et de lichens sobres, spécialiste reconnu d’Aragon, collectionneur de mots et de chemins, Lucien Wasselin est fidèle à son nord natal, à ses premières lectures, à [...]




Le prix de traduction poétique Nelly-Sachs 2021

Le prix de traduction poétique Nelly-Sachs 2022 est décerné à Stéphane Michaud pour sa traduction d’attraction terrestre de Wulf Kirsten publié aux éditions La Dogana. Attraction terrestre est le second recueil de ce poète, après ses images filantes, parues en 2016. Wulf Kirsten excelle à évoquer avec humour son existence mouvementée en Allemagne de l’Est, de la guerre à la chute du Mur de Berlin.

Le Prix de traduction Nelly-Sachs est depuis plus de vingt ans, pour la langue française, le seul qui récompense exclusivement des traductions de poésie. Ouvert aux traducteurs de toutes les langues, il offre chaque année à son lauréat la somme de 1 000 euros. Ce Prix, étroitement lié dès le début aux travaux de l'association ATLAS, est décerné chaque année dans la ville d'Arles, en novembre, lors des Assises de la traduction littéraire. Depuis 1995 le lauréat s'y voit confier l'animation d'un atelier de traduction poétique.

Le jury initial se compose de Laure Bataillon, Claude Esteban, François Xavier Jaujard, Claire Malroux, Philippe Mikriammos, Anne Minkowski (présidente), Roger Munier, Lionel Richard et Céline Zins, Maurice Nadeau étant président d'honneur. Ces jurés, ainsi que ceux qui suivront, sont tous traducteurs de poésie. Par delà les goûts et la sensibilité propres de chacun, tous reconnaissent la nécessité de concilier, selon les termes de François Xavier Jaujard, « l'exigence de la fidélité et l'exigence d'un poème français ». Leur devise commune pourrait être, comme le dit Pierre-Jean Jouve : « Il faut à travers tout maintenir le chant ».

Après la disparition de Julia Tardy-Marcus, première donatrice et mécène permanente, le Prix Nelly-Sachs connaît des années difficiles. Il entre en sommeil de 2007 à 2009, avant de renaître grâce à la générosité de deux traducteurs : Bernard Banoun pour 2010 et José Kany-Turpin, ancienne lauréate, pour les années suivantes.

Kristen Wulf, Attraction terrestre, traduction de Stéphane Michaud, Editions La dragons, 2020, 29 €.

Il devient prix associé des Grands prix littéraires de Strasbourg, et tout particulièrement du Prix européen de littérature et de la Bourse de traduction qui l'accompagne, sans rien abandonner pour autant de son ancrage arlésien.

Suite au décès des uns et au départ des autres, le jury s’est largement renouvelé au cours des ans. Sont actuellement jurés : Laurence Breysse-Chanet, René de Ceccatty, Hélène Henry, Claire Malroux (présidente), Jean-Yves Masson, Jean-Baptiste Para, Patrick Quillier, Michel Volkovitch et Céline Zins.

La remise du prix aura lieu à la Maison de l’Amérique latine 217, boulevard Saint-Germain 75007 Paris le mercredi 13 avril 2022 à 19h30

Le jury du Prix tient également à saluer pour la qualité de leur travail Rachel Ertel (Avrom Sutzkever, heures rapiécées, Éditions de l’éclat), Irène Gayraud (Gabriela Mistral, Essart, Éditions Unes), Laurent Cassagnau (Anne Seidel, Khlebnikov pleure, Éditions Unes).