Alexia Aubert, Je m’efface et autres poèmes
Je m’efface
Passe-temps, passe t’en !
Le temps passe, nous oublie,
La vie brasse du vent.
Le train passe à minuit,
Tu ne montes pas dedans.
Je m’efface, je m’efface,
De ton regard, m’habille.
Je ressasse, je rends grâce,
A ce ballon de nuit.
Passe-temps, passe-t’en !
Le temps chasse, les amours,
O serment de printemps.
Les vents tournent tout autour,
De ce vallon vert d’antan
Je m’efface, je m’efface,
De ton corps me vêtis.
Je me glace, je remplace
Les roses par les buis.
Passe-temps, passe-t’en !
Le temps casse et nous fuit,
Le givre se répand.
L’aile s’étend sur nos vies,
Battant comme un cœur souffrant.
Je retrace
L'allée de nos pas à suivre.
Je me lasse,
Sans toi je ferme le livre
Le fruit d’été
Mélancolie
Quai de Seine
Les passants s’y promènent,
Mêlant joli
Baie de peine
L’existant se gangrène,
Mélancolie
Corporelle
L’hiver s’habille de dentelle,
Mêlant folie
Violoncelle
Sentiments accidentels,
J’ai l’âme en colline,
Le fruit d’été,
Pensées divines,
Heures habillées,
Puis abusées.
Mélancolie
Meurtrière
Sur le pays des chimères,
Mais l’embolie
Pulmonaire
Sur l’abbaye des colères,
Mélancolie
Paquebot
La traversée du ruisseau,
Mais la polie
Nélombo
Aime-t-elle vivre sous l’eau ?
J’ai l’âme en colline,
Le fruit d’été,
Pensées divines,
Heures habillées,
Puis désabusées.
Deux cerfs en partance
Petits châteaux de bohème,
L’effraie des clochers,
La brume de Bargème,
La caverne de Lortet,
Où se miraient Jadis
Deux cerfs en partance…
Le clocher de Palisse,
L’automne d’un poème,
La trace d’un berger,
Le silence d’un « Je t’aime »,
Le Sancy enneigé,
Les roses qui s’ouvrent
Et nous, dans l’idéal.
Les perles de rosée,
Les forêts de rouvres,
Le lac du Bourget,
Les prémisses d’amour,
Les burons perchés,
La main de St Flour
Les chevaux au galop,
La fragrance oubliée,
Le râle de l’eau
Dans son lit débordé,
La lisière des cieux,
Les cénacles passés
Et nous, dans l’idéal.
Les yeux dans les yeux,
La forteresse d’aimer,
Les majuscules immenses
De lettres commencées,
La vraie quintessence
De nos lèvres emmêlées
Et nous, dans l’idéal.
Caussols
Sensible,
Passer
A la montagne.
Au crible,
Passer
En bas le bagne.
Souffler
Pardon
Sur les lumières.
Flatter
Le son
Du brame des cerfs.
Sur le plateau,
Sur la colline
Vois, tout là-haut,
L'oubli du spleen,
A Caussols,
A Caussols.
Le reste,
A penser,
Dans un panier.
Le zeste,
Insufflé,
D’amour épleuré.
Verser
L’ambiance,
Ne pas avancer.
Aimer
La danse
Dans le vert du pré.
Sur le plateau,
Sur la colline,
Vois, tout là-haut,
L'oubli du spleen,
A Caussols,
A Caussols.
L’auberge
A fermé,
De mars à mai.
Héberge
La forêt
Nos pas mêlés.
La route
S’est couverte
D’un tapis de neige.
Le doute
Se prête
A quelques arpèges.
Le clair de lune en soi
C'est dans vos pupilles
Que je me suis rencontrée
Pour la première fois.
C'est l'inassouvi,
Tressant parfois l'orée
Aux calanques de vos bras.
Puis bayer aux chimères,
Ouvrir le parapluie,
Adorer sans prétendre,
Regimber tête à terre,
Au col de l'hérésie
Parfilée de maux tendres,
Donner sa langue au chat,
Qu'il retombe sur ses pattes,
Sept vies ne lui suffisent.
Le clair de lune en soi,
Voyez-vous je me tâte,
Sur le gâteau, la cerise.
Vous dire ou ne pas dire,
Repenser mon amour,
A la courtepaille.
Vous fuir ou ne pas fuir,
Recenser les détours
Des Je t'aime en pagaille.