Angelo Tonelli, Chants du plus grand fleuve (extraits)

Ces poèmes font partie d'un échange prévu par Marilyne Bertoncini entre l'auteur et Georges de Rivas, organisateur du Festival de Solliès-Pont,  annulé cette année. En lien avec les poèmes de Georges de Rivas publiés dans ce numéro et la thématique de l'orphisme, les poètes auraient dû s'entretenir avec l'aide de la traductrice, à l'occasion d'une vidéo conférence organisée pour évoquer ce sujet, mais aussi la Poésie, bien sûr. Cet échange entre le poète et celle qui est le lien entre lui et la Francophonie n'a pas eu lieu. Ce travail démontre combien nombre de ceux qui défendent et illustrent la Poésie avaient préparé les manifestations qui auraient dû avoir lieu. Malheureusement, tout comme le Marché de la Poésie de Paris, il a fait l’objet d’un arrêté préfectoral et a été annulé au dernier moment. Nous avons  voulu honorer le travail de son organisateur Georges de Rivas, et de tous ceux qui avaient prévu de venir pour certains de très loin, afin de porter témoignage de ce qu'est vive la Poésie, et porter sa parole. Nous ne sommes qu’un modeste relais, et nous remercions l’auteur pour sa contribution.

 

Canti del fiume più vasto

Traduction de Marilyne Bertoncini

II

Il tempo dell’abisso è rosa mistica
e il tempo delle cose è suo riflesso.
La colonna di marmo che precipita
dall’alto sprofonda nella cenere
sottomarina del Golfo-Meraviglia.
Ascolta rombi assorti di conchigilia
ronzare in pieno etere quando le ciglia
la Grande Dea dischiude che si erge
ridente, gigantesca, ineludibile
in controcielo, la Sorgente
delle cose visibili : la spiga
mietuta nel silenzio allora a Eleusis
e adesso rotearta in pieno sole
intona il mantra cieco ma rovente
della vita sorgiva, la morente
mai. Ho visto
la Nave dei Morti scivolare
lungo il Nilo e intanto stormi
di pellicani blu accoccolarsi
nella Baia dei Delfini tutti d’oro.
Tende l’arco
un Apollo distratto e già ci sfiora
sibilando in controluce il dardo aureo.

 

II

Le temps de l'abîme est une rose mystique
et le temps des choses son reflet.
La colonne de marbre qui s'écroule
du sommet s'engloutit dans la cendre
sous-marine du Golfe des merveilles.
Écoute la méditation vrombissante des coquillages
qui bourdonne dans l'éther lorsque les cils
ouverts, la Grande Déesse  se dresse
riante, gigantesque, incontournable
à contre- ciel, Source
des choses visibles: l'épi
récolté dans le silence jadis  à Eleusis
tournoie désormais en plein soleil
entonnant le mantra aveugle mais brûlant
de la vie jaillissante, la mourante
jamais. J'ai vu
la Nef des Morts glisser
le long du Nil tandis que des nuées
de pélicans bleus se blottissaient
dans la Baie des Dauphins toute d'or.
Il tend  son arc
l'Apollon distrait dont nous effleure
le  bruissement en contre-jour  du dard doré.

 

III

Il mare è sterminato, sterminato
il computo delle viventi e delle morte
creature : pullulano
infinità di mondi a ogni sguardo : è questa
la prima certezza. La seconda
il lampo di sangue nella cornea
della Dea : ogni fiorire
nasconde uno sfiorire, ogni bellezza
un orrore, ogni cosa
si converte nel contrario, non riposa
mai ; La terza certezza
è il sole allo zenith,
fermo, nel suo splendore.

 

 

III

La mer est illimitée, illimité
le nombre des vivants et des morts :
les créatures pullulent
et une infinité de mondes à chaque regard : voici
la première certitude. La seconde
est l'éclair de sang dans la cornée
de la Déesse: chaque fleurir
cache un  défleurir, chaque beauté
une horreur, toute chose
devient son contraire, sans répit
à jamais ; La troisième certitude
est le soleil à son zénith,
fixe, dans sa splendeur.

 

 

L’isola non ha nome, né memoria
di grappoli, licheni e balaustre
macchiate di mirtillo o profumate
distillano parole di sapienza
gli dei dell’autunno, da oltre le foglie
rosse, oro che separano lo sguardo dalle acque
torbide dentro, lucenti in superficie
del fiume, nel crepuscolo incipiente.
Gli argini sussurrano di amori
un tempo rifulgenti, voli
di falene incontro a luci
non divine come quelle che brillavano negli occhi
accesi della Ninfa mattutina. L’anima
vuole guizzi notturni e gesti rarefatti,
per vie poco battute dagli umani. La città
diviene Ade trasparente
e dolce, ma esiziale
come ogni Ade, quando il tempo
si chiude su se stesso, e spezza il volo
dei gabbiani in controcielo. Miete foglie
e anima, novembre, se Lucina
si apparta oltre il sole, e la collina
diventa un monte nero, nella sera.
restiamo accovacciati nella vita
che la Morte ci insegna con la falce,
la Mietitrice, da sempre
sulle nostre tracce, anche nel culmine
della forza giovane, dell’amore,
che già spiava da dietro la porta socchiusa
al primo ingresso del seme nel solco
genitale della mater, al primo
vagito del nascente, sempre presente
al fianco del vivente, da sempre :
conviene abbandonarsi al suo fendente
rapido o infinitamente
lento, come l’argine
cede al fiume in piena, la foglia
d’oro dell’autunno al vento
forte di tramontana che si slancia
dalle fole spigolose della Apuane
verso la valle tenera della Magra, fiume
benevolo, quasi Eden
dell’anima. Poesia
è sapienza martoriata, sguardo fermo
o tremante sull’abisso della vita
che sempre cova in sè la dipartita
per dischiudere le soglie dell’altrove :
restiamo accovacciati nell’attesa
e cogliamo i fiori della sera
e del giorno, come bimbi
che la madre li sveglia, e ancora un poco
si attardano nel caldo del lettino
consacrato dal sonno, ancora un poco…

il fiume è generoso, il dio del fiume, che distilla
una quiete da aurora primordiale
quando il sole trionfa, nell’estate
serena delle ali dispiegate
in piena libertà tra acqua e cielo,
azzuri, conciliati in perfezione
di anima e di spirito, musica
vivente
creature delle altezz e degli abissi.
Il fiume è generosoo, il dio del fiume,
con il poeta che soggiorna ore e giorni
a contemplare il flusso senza fine
che trabocca, all’orizzonte, in altre acque.
Guizzano uccelli blu cobalto in controsole.
Già si placano
le grida dei gabbiani, si avvicina
dalle gole dei monti la notturna
madre dei viventi, golfo sacro
per il palpito lontano delle stelle.
e si occulta nella tenebra anche il falco
sguardo diritto, tragitto silenzioso,
contro l’ultimo sole. Potente
è vita, potente sara morte
come fiume che scorre in piena luco e poi si ingorga
in vertigini notturne, botri, abissi
graditi a Kronos, agli dei
della materia disfatta, che è riverbero
della luce primigenia. Perfino la latrina
del corpo marcescente è vasta musica
di obeo barbarici, accordati
al deforme, all’inumano.
Ogni corpo vivente, infulgidito
dalla linfa del sangue che trascorre
ha meta nel vento che ne scortica
l’involucro di carne, libera le ossa
per lo sguardo calcinante della luna.

 

IV

L'île est sans nom, ni mémoire
de grappes, de lichens et de balustrades
tachées de myrtille ou parfumées
ils distillent des paroles de sagesse
les dieux de l'automne, par-delà les feuilles
rouges, or qui séparent le regard des eaux
troubles en profondeur, brillantes en surface
du fleuve,  au naissant crépuscule.
Les berges  bruissent  d'amours
jadis  resplendissants, vols
de phalènes vers des lumières
non divines  comme celles qui brillaient dans les yeux
vifs de la Nymphe matinale. L'âme
veut des éclairs nocturnes , des gestes raréfiés,
le long de voies peu fréquentée des humains. La ville
devient un Hadès transparent
et doux, mais funeste
comme chaque Hadès, quand le temps
se referme sur lui-même et brise le vol
des goélands à contre- ciel.  Moissonne feuilles
et âme, novembre, si Lucine
s’éloigne par-delà le soleil, et  la colline
devient, le soir, une montagne noire, le soir.
nous restons blottis  dans la vie
que la mort nous enseigne de sa faux,
la Faucheuse, toujours
sur nos pas, même au plus haut
de notre jeune force, de l'amour,
qui déjà derrière la porte entr’ouverte guettait
la première entrée de la graine dans le sillon
génital de la mater, le premier
vagissement du naissant, toujours présente
au flanc du vivant, depuis toujours:
mieux vaut s'abandonner à son tranchant
rapide ou infiniment
lent, comme la digue
cède à la rivière en crue, la feuille
d’or de l’automne au vent
puissant de tramontane qui se précipite
des gorges  anguleuses des Alpes Apuanes
vers la tendre vallée de la Magra, fleuve
bienveillant, presque un Eden
de l’âme. La Poésie
est sagesse torturée,  regard ferme
ou tremblant sur l'abîme de la vie
qui toujours en soi couve le trépas
pour dévoiler les seuils de l’au-delà :
nous restons blottis dans l’attente
cueillant les fleurs du soir
et du jour, comme des enfants
que leur mère réveille, et qui encore un peu
s'attardent dans la chaleur du lit
consacré par le sommeil, encore un peu ...

le fleuve est généreux, le dieu du fleuve, qui distille
un calme d’aube primordiale
quand le soleil triomphe, dans l'été
serein des ailes déployées
en pleine liberté entre l'eau et le ciel,
azurs réconciliés dans la perfection
de l’âme et de l’esprit, musique
vivante
créatures des cimes et des abîmes.
Le fleuve est généreux, le dieu du fleuve,
pour le poète qui des heures et des jours demeure
à contempler le flux sans fin
qui se déverse, à l'horizon, dans d'autres eaux.
Des oiseaux bleu cobalt scintillent à contre- soleil.
Déjà se calment
les cris des goélands s'approche
des gorges des montagnes la nuit
mère des vivants, golfe sacré
pour la lointaine palpitation des étoiles.
et se cache dans les ténèbres le faucon même
regard droit, silencieux trajet,
vers le dernier soleil. Puissante
la vie, puissante sera la mort
comme un fleuve qui coule en pleine lumière puis s’engorge
en  vertiges nocturnes, fossés, abîmes
qui plaisent à Kronos, aux dieux
de la matière défaite, réverbération
de la lumière primitive. Même le cloaque
du corps en décomposition est une vaste musique
de  barbares haut-bois, accordés
au difforme, à l'inhumain.
Chaque corps vivant, resplendissant
de la lymphe sanguine qui le parcourt
trouve destin dans le vent qui écorche
son enveloppe de chair, libère les os
sous le regard calcinant de la lune.

 

Final musical de la lecture des Canti del Fiume più grande,
festival du Fiume Magra (août 2020), organisé par Angelo Tonelli,
musique de et par Daniele Dubbini : pour écouter, 
cliquer ici

Présentation de l’auteur

Angelo Tonelli

Angelo Tonelli, né à Lerici en 1954,  poète, metteur en scène, performeur, est l’un des plus importants spécialistes et traducteurs italiens de la Grèce antique. Formé à Pise, la rencontre avec Giorgio Colli a été déterminante et a orienté toute sa recherche. Il dirige depuis 1960 la Compagnia Teatro Iniziatico avec laquelle il a mis en scène les principales tragédies grecques, et un grand nombre de créations originales.

Parmi ses principales publications :

- des recueils de poèmes dont Canti del Tempo (finaliste du prix Eugenio Montale (Crocetti, 1988), et Frammenti del perpetuo poema (Campanotto, 1998) dont nous publions des extraits sur le numéro 199. Nombre de ses poèmes ont été publiés dans des revues internationales.

- de nombreux essais, dont :  Per un teatro iniziatico (2006) qui retrace les 10 premières années du théâtre et du genre qu’il a fondés,  et Sulle tracce della sapienza (2009), dans lequel il fait la synthèse sur 30 ans de recherche sur la sagesse en Grèce et en Orient. Parmi ses traductions éditées, Eraclite, Parménide, Eleusis et l’orphisme, les mystères de la tradition initiatique grecque… ainsi que les tragédies d’Eschyle (primé en 2002) et d’Euripide.

Angelo Tonelli a également participé à des programmes culturels de la RAI : Tutti dicono poesia (Rai 1) notamment avec une performance mystico-apocalyptique en décembre 2000,  et  Provincia capitale (2017, RAI 3).

 Depuis 1998, Il préside l’Association Culturelle Arthena et l’Ecole des Arts et Métiers homonymes. Il est aussi directeur artistique d’ Altramarea, Rassegna Nazionale di Poesia Contemporanea et d’ Argonauti nel Golfo degli Dei.

Son œuvre importante a été récompensée par de nombreux prix. En septembre 2019,  lui a été décerné le Premio Communicare l’Antico aux Giardini Naxos, pour son travail de divulgation de la culture grecque à travers mythe et logos.

 

© Crédit photo mbp

 

Bibliographie :

Opere di poesia

 Canti del Tempo (finalista premio Eugenio Montale), Crocetti 1988; Frammenti del perpetuo poema, Campanotto 1998; Poemi dal Golfo degli Dei/Poems from the Gulf of the Gods, Agorà 2003. Sue poesie sono state tradotte per importanti riviste e ricerche universitarie in America, Irlanda, Germania, Ungheria.

Edizioni di classici e saggistica

Zosimo di Panopoli, Coliseum 1988, Rizzoli 2004; Oracoli caldaici, Coliseum 1993 - Rizzoli 1995 – Bompiani 2016; Eraclito, Dell’Origine, Feltrinelli 1993 e ristampa riveduta 2005; Properzio, Il libro di Cinzia, Marsilio 1993 (4 edizioni); T. S. Eliot, La Terra desolata e Quattro Quartetti, Feltrinelli 1995 (15 edizioni, con ristampa riveduta per il 2005); Apokalypsis, pensieri intorno all’ apocalissi in atto nel pianeta Terra. E altro (Abraxas 2009); Il dio camaleonte (Abraxas 2009); Seneca, Mondadori 1998; Eschilo, tutte le tragedie, Marsilio 2000 (vincitore Premio Città dei Trulli per la traduzione); Empedocle, Origini e Purificazioni, Bompiani 2002; Sofocle, tutte le tragedie, Marsilio 2003. Euripide, tutte le tragedie, Marsilio 2007. I lavori sui tragici sono raccolti in un unico cofanetto di 1750 pagine: Tutta la tragedia greca, Marsilio 2007. Sulle tracce della Sapienza (Moretti e Vitali editore 2009), un libro in cui sintetizza trenta anni di ricerche sulla sapienza presso i Greci, in Oriente, in Jung e in Eliot; Le parole dei Sapienti: Parmenide Zenone, Melisso, Senofane (Feltrinelli, 2010); Sperare l’insperabile. Per una democrazia sapienziale (Armando 2010); l’edizione Bompiani con testo greco a fronte di Tutta la tragedia greca già pubblicato con Marsilio (2011): per la prima volta al mondo un unico Curatore insieme filologo drammaturgo e poeta pubblica edizione con testo a fronte, introduzioni, note  di tutti e tre i tragici greci; Le lamine d’oro orfiche con Tallone editore (2012); Eleusi, Orfismo. Misteri e tradizone iniziatica greca (Feltrinelli 2015); Seminare il possibile: democrazia e rivoluzione spirituale (Alboversiorio 2015); Guardare negli occhi la Gorgone: piccolo vademecum per attraversare le paure (Agorà 2016); Sulla Morte: considerazioni sul possibile Oltre (Le parole 2017); La degenerazione della politica e la democrazia smarrita: una nuova etica per la sopravvivenza della civiltà (Armando, 2018)

Teatro

Nella primavera del 2005 ha pubblicato Per un teatro iniziatico,

Opere teatrali: Apokálypsis, 1995; Katábasis, 1996; Máinomai, 1997; Mysterium, 1998; Eleusis, 1999; Drómena, 2000; Alphaomega, 2002 (da Sette contro Tebe di Eschilo); New World Order, 2003; V.I.T.R.I.O.L.U.M. Alchimia per Edipo re 2004; Orghia, ovvero il trionfo della sapienza sul potere (da Baccanti di Euripide), 2005 e 2009; La terra desolata di T. S. Eliot, 2005; Orestea, 2006;  Alcestimysterium mortis mysterium amoris, 2007; Antigone, ovvero la legge del cuore contro la logica spietata del potere, 2008; Baccanti, 2009; Christus rediens, 2009. Baccanti, 2010, Orestea, 2011; Medea,  2012; Sette contro Tebe, 2013; Persiani 2014;  Troiane 2016;  Antigone 2017; Elettra di Sofocle 2018; Eleusis 2018; Ecuba, 2019.

 

Poèmes choisis

Autres lectures

Angelo Tonelli, Chants du plus grand fleuve (extraits)

Ces poèmes font partie d'un échange prévu par Marilyne Bertoncini entre l'auteur et Georges de Rivas, organisateur du Festival de Solliès-Pont,  annulé cette année. En lien avec les poèmes de Georges de Rivas [...]




Angelo Tonelli — extraits de Fragments du poème perpétuel / Frammenti del perpetuo poema

choisis et traduits par Marilyne Bertoncini

I (extrait)

Un punto non visibile tra il mare

e il cielo illividito di dicembre

ancora a rimirarlo in pieno sole

sempre quel punto, vuoto, inafferrabile

potesse persuaderci senza ebbrezza

qua morti, almeno noi rari superstiti

nell’aldilà del mare a questa vita

 

 

Un point imperceptible entre la mer

et le ciel blême de décembre

que la contemplation incessante en plein soleil

de ce point, vide, inaccessible,

puisse nous persuader d'entrer sans ivresse

ici morts, au moins nous rares survivants

dans l'outre-marin à cette vie

 

*

 

II (extraits)

 

Mi chiamo Angelo, così

mi hanno chiamato. Non ricordo

di essere nato, non credo

che morirò-il centro dei mondi

è cuore di luce, che racchiude

una piccola ombra-mi hanno chiamato

Angelo, forse sono nato

dal nulla, se è vero

che sono nato-raggi innumerevoli

filtrano il sangue di quel cuore

fuori di sé-non chiedetemi

cose certe : so

che mi hanno chiamato Angelo e deliro

me stesso tra gli umani

che mi sciàmano intorno, non intendo

se esistano o non esistano, soltanto

se chiudo gli occhi scompaiono, ritornano

se dischiudo le palpebre

 

Je me nomme Angelo, c'est ainsi

qu'on m'a nommé. Je n'ai pas souvenir

d' être né, je ne crois pas

que je mourrai – le centre des mondes

est cœur de lumière, qui recèle

une ombre minuscule- ils m'ont nommé

Angelo, peut-être suis-je né

du néant, s'il est vrai

que je suis né-des rayons innombrables

filtrent le sang de ce cœur

hors-de-lui -ne me  demandez pas

des choses avérées : je sais

qu'ils m'ont nommé Angelo et je délire

moi-même parmi les humains

qui chamanent autour de moi, je ne sais

s'ils existent ou non, je sais juste

qu'ils disparaissent si je ferme les yeux, reviennent

si j'ouvre les paupières

 

*

 

Noi corriamo, gli umani, ricorriamo

eventi, memorie, intensità

di cose. Non il gabbiano che si lascia andare

sul filo dell’aria, posa

sul nulla e plana e trova meta

e ristoro. Come ala

di gabbiano filassero i miei giorni, candida

piuma, occhio vigile sul mare

 

 

Nous courons, nous humains, nous poursuivons

les événements, les mémoires, l'intensité

des choses. Pas le goéland qui se laisse porter

sur le fil de l'air, posé sur

le néant il plane et trouve  destination

et repos. Que filent comme ailes

de goéland mes jours, blanche

plume, œil vigilant sur la mer

 

*

 

Il mio dio ha occhi di colomba

e aquila, si erge tra me e il mondo, gioca

con i miei pensieri. Poi sparisce. Ne resta

eco lunga in me, come vagìto

lontano o gemito di felicità, che mi confonde

a onde salendo, a fiotti, a mano a mano

che il sole matura dentro l’anno.

E gioca e mi divora il dio di luce

e tenebra e mi ruba ai giorni limpidi

di questo primo autunno che si frange

contro rive di pietra, rupi ripide.

 

mon dieu a des yeux de colombe

et d'aigle, il se dresse entre moi et le monde, il joue

avec mes pensées. Puis disparaît. En reste

un long écho en moi, comme un vagissement

lointain, un gémissement de joie, qui me trouble

de flots d'ondes montantes, à mesure

que le soleil mûrit au cours de l'année.

Et il joue et me dévore le dieu de lumière

et de ténèbre et me dérobe aux jours limpides

de ce premier automne qui se brise

contre des rivages de pierre, des rochers escarpés.

 

 

*

 

VII (extraits)

 

Le parole galleggiano su un vuoto

colmo di luce, vacua plenitudino

lumine plena, e da questo vuoto

ora germina il mare, ora la notte

sorella del giorno, ora l’aurora.

È bene misurare le parole

attingerle alla fonte della luce

e donarle come quarzi trasparenti.

È bene commisurare le parole

alla forza profonda dell’umano

al suo nome segreto, e siano specchio

tra la goccia lucente e la sorgente

d’acqua che vibra e ride contro il sole

 

Les paroles flottent sur un vide

comble de lumière, vacua plenitudino

lumine plena, et de ce vide

parfois germe la mer, parfois la nuit

sœur du jour, parfois l'aurore.

Il est bon de mesurer les paroles,

Les puiser à la source de la lumière

et les offrir comme des quartz transparents.

Il est bon de comparer les paroles

à la force profonde de l'humain

à son nom secret, et qu'elles soient miroirs

entre la goutte luisante et la source

d'eau qui vibre et rit contre le soleil

 

*

 

Al Discepolo assente

 

Che cosa resterà di me ? chiedo

nel cuore della notte guardando

i tetti delle case, prima che mi colga

tra pensieri reiteranti, immagini

di passato e presente, il sonno… che cosa

resterà di me ? Certo, i miei versi

circoleranno. Ma io,

questa luce raccolta in me, forse qualcuno

accoglierà nell’anima, saprà qualcuno

reggere la mia essenza ? Questo

non mi è dato sapere. Ma posso

in versi spezzati e colloquiali dire

che cosa vorrei da te

uomo o donna che tu sia, erede

dei miei misteri, posso

dirti, io vorrei che fossi

te stesso in ogni attimo, vero

fino a confonderti con lo sguardo

del dio – se dio

posso nominare il principio vivente

di tutte le cose, loro essenza

presente in esse, eppure altrove

ridente – te stesso

altro da te, cielo

e terra, ombra

e luce. Vorrei

que la tua quiete

nascesse dagli armonici contrasti

di una totalità vibrante, sull’orlo

di traboccare nel pieno della vita

ogni momento. La tua sapienza

sia giocattolo delle mani di un dio-fanciullo

emotivo e veggente. La morte

riconosci come devastazione

di quello che sei, esplodere

di tempie, labbra, cuore ; abituarti

all’improvviso rovesciarsi delle forme

più belle.

Quando morirai

se morirai, sii morte sarai stato

gioia e dolore, forza

e squallore. Di questa sapienza

che all’umano concede di somigliare al dio

vai fiero, ma non troppo. Riconosci

il limite che ci costringe. Del piacere

di sognare, non privarti mai… La vita

considera come viaggio in solitudine

a tratti ravvivato dall’amore, ricerca

de Principio in tutte le forme, anche

le più insidiose : così

dio tra gli umani e questa grandezza

racchiusa nel cuore

ti basterà.

 

Au Disciple absent

 

Que restera-t-il de moi ? Je pose la question

au cœur de la nuit en regardant

les toits des maisons, avant que ne me cueille

entre pensées qui reviennent, images

du passé et du présent, le sommeil... Que restera-t-il

de moi ? Certes, mes vers

circuleront. Mais moi,

cette lumlère blottie en moi, peut-être quelqu'un

l’accueillera dans son âme, quelqu'un saura-t-il

supporter mon existence ? Ceci,

Je ne puis le savoir. Mais je peux

en des vers brisés et familiers dire

ce que je voudrais de toi

homme ou femme que tu sois, héritier

de mes mystère, je puis te

dire, je voudrais que tu sois

toi-même en chaque instant, vrai

au point de te confondre avec le regard

du dieu – si dieu

je peux nommer le principe vivant

de toute chose, leur essence

présente in esse, et pourtant ailleurs

riant – toi-même

autre que toi, ciel

et terre, ombre

et lumière. Je voudrais

que ta sérénité

naisse des contrastes harmoniques

d'une totalité vibrante, sur le point

de déborder dans le plein de la vie

à chaque instant. Que ta sagesse

soit un jouet dans les mains d'un dieu-enfant

émotif et voyant. Que tu reconnaisses

la mort comme dévastation

de ce que tu es, explosion

de tempes, lèvres, cœur : t'habituer

à l'improviste renversement des formes

les plus belles.

                                                           Quand tu mourras

si tu meurs, sois mort tu auras été

joie et douleur, force

et misère. De cette sagesse

qui concède à l'humain de ressembler à dieu

sois fier, mais sans excés. Reconnais

la limite qui nous contraint. Du plaisir

de rêver, ne te prive jamais... Considère

la vie comme un voyage en solitude

parfois ravivé par l'amour, recherche

du  Principe en toutes les formes, même

les plus périlleuses : ainsi

dieu parmi les humains et cette grandeur

blottie en ton  cœur

te suffira.

 

 

*

 

Lo scoramento

è corpo morto del dio : venera anche quello

e anche incertezza :  incerto

è il dio, tra essere

e non essere, risplendere

e nascondersi. Semplicemente, compiutamente sii

alba al sorgere del sole, orizzonte

al suo tramonto, nube

quando piove, arsura

nell’estate, germoglio

in primavera, spoglio

nell’inverno. Non dimenticare

nulla, vivendo nell’oblìo

continuo, non perdonare

nulla, perchè non sarai mai lo stesso

che ha subìto torto : tutto muta

continuamente.

Ascolta

Il flusso del sangue, gli infiniti

moti delle cellule, che cosa

ci appartiene ? Sei ovunque

e in nessun luogo.

Ama

Il prossimo tuo come te stesso : con crudeltà

e dolcezza ; se ferirai

ferirai sempre te stesso, perché tu

sei il mondo, se tradirai

tradirai te stesso.

Ciò che non ti appartienne

considera cosa tua, pensa perduto

tutto ciò che ai.

E poi ?

Nascerà luce

dentro l’anima che guida

ad altri mondi. Nascerà

una Città di Luce

dentro l’anima, una candida

eterna città dove non è dolore

no ombra. Qui dimorano

e attendono gli dèi, nel limine

estremo della vita, che conducono

al cuore delle cose, al nucleo immobile

di una abbacinante eternità.

 

Le découragement

est le corps mort du dieu : vénère cela aussi

et l’incertitude : incertain

est le dieu, entre être

et non-être, resplendir

et se cacher. Simplement, complètement sois

aube quand paraît le soleil, horizon

quand  il se couche, nuage

quand il pleut, sécheresse

l’été, germe

au printemps, dépouille

en hiver. N’oublie

rien, vivant dans l’oubli

continu, ne pardonne

rien, parce que tu ne seras jamais le même

qui a subi un tort : tout change

continûment.

Ecoute

Le flux du sang, les infinis

mouvements des cellules, qu’est-ce

qui nous appartient ? Tu es partout

et nulle part.

Aime

ton prochain comme toi-même : cruellement

et tendrement ; si tu blesses

c’est toi que tu blesses toujours, car tu es

le monde, si tu trahis

c’est toi que tu trahis.

Ce qui ne t’appartient pas

considère-le comme ton bien, pense perdu

tout ce qui est à toi.

Et puis ?

Naîtra la lumière

dans l’âme qui guide

aux autres monde. Naîtra

une Cité de Lumière

dans l’âme, une pure

cité éternelle sans douleur

ni ombre. Là demeurent

et attendent les dieux, à la frontière

extrême de la vie, qui conduisent

au cœur des choses, au noyau immobile

d’une éblouissante éternité.