Rouge contre nuit (1) : Béatrice Marchal, La Cloche de tourmente

Isabelle Lévesque offert cette rubrique à Recours au poème de novembre 2014 à novembre 2016.

∗∗∗

« La bougie brûlait, sa flamme se tordait, s’élevait dans une tension, un effort ininterrompus. »

 

Pour renouer

En italiques, des lignes en prose pour présenter celle qui apparaît comme origine. Tout commence « dans un silence troué de sanglots » où la jeune fille de quatorze ans voit sa grand-mère morte et, près d’elle, la flamme d’une bougie qui semble s’efforcer de monter...

Alors, le poème. Des vers longs d’abord comme cette flamme dans la nuit du chagrin, puis des vers courts, fragiles, suspendus qui malgré tout éclairent :

 

            Source du sourire
            fontaine de force
            forme de la joie
            lumière ! 

Dernier vers : chute sur une prière exaucée qui fait naître dans le présent une capacité à retrouver, à travers les mots, celle qui initia une forme de perception :

On m’a dit que tu passais à travers
les mots de ceux qui longuement contemplent
le monde […] 

Le vers, déployé sur une durée nécessaire, accueille le souvenir devenu « rose / après tant de bleu ». Vers le soleil et le ciel, entre terre et mer, une présence. Trait d’union d’un regard qui éclaire le puits (nul danger). Lumière, devenue anaphore sur le seuil des vers du poème IV, comme on appelle ou reconnaît ce qui, plus grand que soi, ne peut être réduit. Texte après texte, ronde autant que prière, le poème consacre cette présence « devenue invisible » pour un « chant perceptible », associant « lenteur » et « ferveur » dans un hommage à Glenn Gould.

Long vers, à l’escalade du ciel, « arbre » devenu inaccessible pour que de nouvelles feuilles sur « des branches plus rares » se nourrissent de cette lumière captive du ciel.

Charme du passé « où poudroient d’indestructibles pépites », un frère « troué de vide ». En automne, même les fruits arrondis et les dahlias entonnent leur propre chant « en adieu tranquille ». Nuages blancs, échos de neige, la couleur ou son absence et la lecture personnelle du monde : les feuilles d’érable et leur « taches noires », maladie qui les apparente aux « crêpes bien cuites ». Fête de partage et de saison, régal de vie où l’ombre présente son attrait dans un retournement qui fait percevoir une douceur malgré la menace.

Cela retrouvé en l’adulte qui se souvient de l’enfant qu’elle fut dans « le crépuscule d’automne ». Un autre enfant le lui rappelle (Gabriel), il réclame un poème d’automne qui réveille Apollinaire, Lamartine rejoignant « [t]ant de beauté fragile » ou « un poème comme une flaque ». Mélancolie douce et heureuse dans la lecture d’un reflet qu’elle offre : alors l’automne n’est plus l’adieu.

La Cloche de tourmente, qui est aussi le titre de l’un des poèmes proche de la fin du recueil, ne sonne plus la menace terrible, elle s’accompagne d’un instrument de vent qui secouait les ombres, fidèle au rôle à elle dévolu depuis le XIXème siècle. Elle guide celui (celle) qui, dans la tourmente, a perdu « tout repère », tel un phare pour les marins, elle « redonne force ». Ce repère, sonore, voisine le poème, le chant. Traverser les bourrasques, les tempêtes de neige, retrouver le nord ou l’âme, ce qui permit de percevoir la lumière pour encore.

chaque coup résonne
comme des mots d’homme
au secours de l’autre

et devient poème. 

 

Vertu protectrice d’un son clair de roche, La Cloche de tourmente. Tel est le sens du titre : après la traversée reste le repère – lumière ou son pour renouer avec la vie.

Présentation de l’auteur

Béatrice Marchal

Béatrice Marchal, née en 1956, a passé sa jeunesse dans les Vosges, qui ont marqué son imaginaire. Etudes de lettres, qu’elle a enseignées jusqu’en 2011, du collège aux classes préparatoires. Ses recherches sur Cécile Sauvage, la mère d’Olivier Messiaen, l’ont restituée dans sa vérité de femme et de poète.

Auteure de nombreux articles, elle collabore à différentes revues (Diérèse, Friches, Arpa, le Journal des poètes) et a rédigé plusieurs préfaces, dont celle du Poésie/Gallimard consacré, en 2015, à Richard Rognet.

Elle est présidente du Cercle Aliénor depuis janvier 2013.

 

 

Œuvre poétique :

Aux éditions Les Lieux-Dits, Cahiers du Loup bleu, Inquiétude de l’autre et des mots, 2020
Aux éditions Al Manar, L’ombre pour berceau, 2020
Aux éditions Le silence qui roule, Élargir le présent, suivi de Rue de la source, 2020
Aux éditions L’herbe qui tremble, Au pied de la cascade, 2019 ; Un jour  enfin  l’accès suivi de Progression jusqu’au coeur, 2018 (Prix Louise Labé 2019) ; Résolution des rêves, 2016, Aux éditions Delatour France, D’Absence et de lumière, 2016
Aux Cahiers de Poésie Verte, La Cloche de tourmente, (Prix Troubadours 2014)
Aux éditions Editinter, Équilibre du présent, 2013
Aux Editions de l’Atlantique, Une Voix longtemps cherchée, 2011, La Remontée du courant, 2010, L’Epreuve des limites, 2010
Aux Editions La Porte, La Baguette de coudrier (2010), Tant va le regard  (2007)

 

Livres d’artiste : 

Un poème extrait  D’Absence et de lumière, illustré par cinq gravures sur bois d’ Eva Gallizzi,
Buchgestaltung, Holzschnitte und Künstlerisches Konzept : Eva Gallizzi, Zürich 2010.
Où va la route, illustré par quatre gravures de Dominique Penloup, Le Galet bleu, décembre 2013.
La neige comme un appel, livre pauvre Béatrice Marchal/Dominique Penloup
Bannières de mai, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup
Insaisissables messages, Béatrice Marchal/ Agnès Delatte, Revue Ce qui reste, janvier 2017
Quelque chose d’enfoui, Béatrice Marchal/ Sarah Wiame (éd. Céphéides, mai 2017)
Tout un monde, Béatrice Marchal/ Maria Desmée (octobre 2017)
Lumière préservée, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup (éd. du Galet bleu, 2018)
Oser la chute, Béatrice Marchal/ Dan Steffan (Bandes d’artistes, Les Lieux-Dits, 2018)

 

Poèmes choisis

Autres lectures




Béatrice Marchal, Élargir le présent suivi de Rue de La Source

De tous les temps, le présent est sans doute le seul qui vaille. C’est celui de l’instant sans détour. Ici, maintenant. Celui du poème et des poètes, qui se conjuguent à leur propre temps, sur la page en cours. Présent.

Ce qui est. Car avant n’est plus et demain n’est pas encore ou ne sera jamais. Peu importe, quoi qu’il advienne, Béatrice Marchal fait bonne garde, ne serait-ce qu’en relevant la trace de tout ce qui passe pour en habiter l’instant. Ce n’est pas une pose ou une entreprise hasardeuse mais bel et bien une discipline féconde, une attention portée à la nature, aux signes qu’elle nous envoie. À la vie et à la mort, à la disparition des choses et des êtres, sans pour autant s’y opposer outre mesure. Béatrice Marchal regarde. Elle s’arrête sur elle-même, dans le cours de ce présent qui n’est autre que sa propre existence. Elle s’adresse à ce qui a disparu, déjà, et à ceux qui ont disparu, surtout, dont elle approche mot à mot, en oubliant la tyrannie de l’absence. Elle écrit dans un élan définitif vers la vie, non pas celle des temps vulgaires qui font le lit d’un monde voué à l’inquiétude, mais celle qui chemine à travers les choses. Lesquelles ? Les saisons, la pluie de printemps, le dernier automne, mais aussi les flaques du chemin, l’herbe verdoyante des jardins, les chants d’oiseaux dans les arbres, les aubes éblouies et les couchers flamboyants.

Béatrice Marchal, Élargir le présent, suivi de Rue de La Source, Le Silence qui roule, 2020, 104 p, 15 €.

Elle écrit non à ce qui brille mais à ce qui éclaire sa page avec patience, comme autant de sentiers de lenteur et d’effort. Les êtres chers veillent le long de la route avec cette bienveillance que restitue la fidélité du cœur et de la mémoire. C’est sans doute la meilleure voie pour élargir le présent aux dimensions d’un exil intérieur dont les frontières s’effondrent d’elles-mêmes à mesure qu’on fait du poème la chair du monde et qu’on donne une âme à ses propres mots, avant de s’en remettre à leur seule présence. Je me suis approchée, écrit Béatrice Marchal. Des morts, des vivants, des lieux et des horizons. Mais avant tout d’elle-même. Pour vivre en dehors comme au-dedans de soi, avec le modeste et grandiose espoir de contribuer à ce que s’intensifie la lumière.

Présentation de l’auteur

Béatrice Marchal

Béatrice Marchal, née en 1956, a passé sa jeunesse dans les Vosges, qui ont marqué son imaginaire. Etudes de lettres, qu’elle a enseignées jusqu’en 2011, du collège aux classes préparatoires. Ses recherches sur Cécile Sauvage, la mère d’Olivier Messiaen, l’ont restituée dans sa vérité de femme et de poète.

Auteure de nombreux articles, elle collabore à différentes revues (Diérèse, Friches, Arpa, le Journal des poètes) et a rédigé plusieurs préfaces, dont celle du Poésie/Gallimard consacré, en 2015, à Richard Rognet.

Elle est présidente du Cercle Aliénor depuis janvier 2013.

 

 

Œuvre poétique :

Aux éditions Les Lieux-Dits, Cahiers du Loup bleu, Inquiétude de l’autre et des mots, 2020
Aux éditions Al Manar, L’ombre pour berceau, 2020
Aux éditions Le silence qui roule, Élargir le présent, suivi de Rue de la source, 2020
Aux éditions L’herbe qui tremble, Au pied de la cascade, 2019 ; Un jour  enfin  l’accès suivi de Progression jusqu’au coeur, 2018 (Prix Louise Labé 2019) ; Résolution des rêves, 2016, Aux éditions Delatour France, D’Absence et de lumière, 2016
Aux Cahiers de Poésie Verte, La Cloche de tourmente, (Prix Troubadours 2014)
Aux éditions Editinter, Équilibre du présent, 2013
Aux Editions de l’Atlantique, Une Voix longtemps cherchée, 2011, La Remontée du courant, 2010, L’Epreuve des limites, 2010
Aux Editions La Porte, La Baguette de coudrier (2010), Tant va le regard  (2007)

 

Livres d’artiste : 

Un poème extrait  D’Absence et de lumière, illustré par cinq gravures sur bois d’ Eva Gallizzi,
Buchgestaltung, Holzschnitte und Künstlerisches Konzept : Eva Gallizzi, Zürich 2010.
Où va la route, illustré par quatre gravures de Dominique Penloup, Le Galet bleu, décembre 2013.
La neige comme un appel, livre pauvre Béatrice Marchal/Dominique Penloup
Bannières de mai, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup
Insaisissables messages, Béatrice Marchal/ Agnès Delatte, Revue Ce qui reste, janvier 2017
Quelque chose d’enfoui, Béatrice Marchal/ Sarah Wiame (éd. Céphéides, mai 2017)
Tout un monde, Béatrice Marchal/ Maria Desmée (octobre 2017)
Lumière préservée, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup (éd. du Galet bleu, 2018)
Oser la chute, Béatrice Marchal/ Dan Steffan (Bandes d’artistes, Les Lieux-Dits, 2018)

 

Poèmes choisis

Autres lectures




L’eau bleue du poème de Béatrice Marchal

L'Ombre pour berceau

Qu'y puis-je si c'est le sous-bois, ce qui respire
dans l'ombre jalouse de ses secrets
qui m'appelle et m'attire ? ... Qu'y puis-je si
la lumière la plus précieuse
a l'ombre pour berceau ?

Ce qu'écrit la poète, dans la fragilité de l'espace du poème, est une eau limpide et silencieuse, peut-être comme les larmes, peut-être comme le filet de lumière qui perce un ciel couvert. Béatrice Marchal se tient dans l'espace d'une parole hors du temps, observatrice d'une vie qui passe, est passée. L'autrefois, fil d'Ariane des propos de la poète, s'échappe d'une linéarité pesante pour offrir une évocation kaléidoscopique des souvenirs. Avec une pudeur extrême, percent des touches d'existence transfigurées par l'écriture. Est-ce que pour autant ces éléments trouvent sens ? Non, et c'est là toute la beauté de la poésie de Béatrice Marchal. Il semble que comme le calme de l'arbre dont les branches se reflètent dans le miroir d'eau d'un lac paisible, elle restitue les images d'autrefois sans laisser sa subjectivité en troubler le reflet. C'est, cela fut, ça sera peut-être, mais dans tous les cas c'est avec une telle sérénité que les instants du passé quelle qu'en soit la substance heureuse ou malheureuse sont reçus, comme la nature accueille le dénuement de l'hiver et regarde le printemps comme un trésor inestimable, qu'aucune attente ne se dessine, qu'aucun jugement ne perce, mais qu'aucune résignation non plus n'est perceptible.

Béatrice Marchal, L'Ombre pour berceau, Al Manar, Poésie, 2020, 46 pages, 16 €.

Grandir, devenir libre, grâce à la transmutation offerte par les mots, dont Béatrice Marchal convoque la puissance réflexive et illocutoire pour les mettre en demeure d'ouvrir les dimensions d'un présent apaisé, est ce qui occupe l'acte d'écrire. Car dans cette poésie écrire est un acte, est agir, est se saisir des dimensions de l'expérience pour en dévoiler la substance, et l'offrir au partage du poème.

Il n'y a pas de résignation, pas plus qu'il n'y a de désespoir, ni de joie démesurée. Je dirais alors que la sagesse est ce qui constitue la posture de la poète, qui laisse transparaitre peu à peu l'édification de son être, de la solidité, et de la grandeur de celle qu'elle devient, tout entière dans l'instant qui alors devient un présent qui absorbe toutes les temporalités. 

L'Ombre pour berceau est un très beau livre. Les poèmes sont accompagnés d'aquarelles de Caroline François-Rubino. Les camaïeux des bleus dont la qualité d'impression est remarquable construisent des lieux imaginaires, des paysages indéfinis et profonds. Les mots, des poèmes entiers, même, s'immiscent dans chaque interstice de ces aplats de couleur, comme l'être visite le lieu de soi-même à travers le souvenir, avec une immense force qui  alors n'est plus une lutte, mais une certitude, celle qu'exister est là, dans cet instant du regard, et dans le présent démesuré du poème. 

 

Comme un château en ruine envahi par les herbes
où l'on flâne au premier soleil parmi les chants d'oiseaux
en quêtant, sans regret des traces d'une histoire
oubliée, d'inexplicables signes de joie. 

-ce qui reste à vivre quand il se fait très tard.

Béatrice Marchal, L'Ombre pour berceau, lecture à la libraire L'Autre livre, le 23 octobre 2020, vidéo de Sanda Voïca.

 

Inquiétude de l'autre et des mots

Béatrice Marchal, Inquiétude de soi et des autres, couverture de Sylvie Villaume, Lieux-Dits éditions, collection Cahiers du Loup bleu, 2020, 7€.

Béatrice Marchal, Inquiétude de soi et des autres, couverture de Sylvie Villaume, Lieux-Dits éditions, collection Cahiers du Loup bleu, 2020, 7€.

Bleu encore, le Loup  de Sylvie Villaume qui constitue la couverture1 d'Inquiétude de l'autre et des mots, publié dans la collection Les Cahiers du Loup bleu, aux éditions Les  Lieux-Dits. Une trentaine de poèmes pour un livre doux et léger, d'un belle facture, dont le titre qui pourrait être celui d'un manifeste. Titre  qui énonce  tout ce qui façonne le poème, tout ce qui constitue écrire, titre qui résume toute une vie de tentatives réitérées pour mener les mots à l'expression d'une fraternité aboutie c'est à dire d'une unification de tous sous la bannière de l'Humanité qui reste encore à inventer.

Le paysage une fois de plus révèle des espaces inédits de l'intimité du sujet. L'enfance, l'amour, la solitude, la mort, tout est évoqué avec une telle pudeur que le lecteur comprend à demi-mot, et ressent ce qui participe de l'existence, les déceptions et les attentes, les instants qui ponctuent une vie, restitués comme des moments assimilés à l'expérience vécue toujours avec cette conscience que les jours passés sont comme les feuilles d'automne emportées par le vent, jamais vains, jamais occultés, et constitutifs de l'épaisseur de l'instant, donc du poème : "tandis que sur l'arbre s'attardent / quelques feuilles d'un jaune de plus en plus vif / qui brillent jusque dans la nuit comme des mots / retenus à travers les mailles de l'esprit / et du cœur - les mots d'un poème en forme / d'éternité".

 

Vos mots sont les cellules d'une chair 
qu'on ne peut toucher, capable pourtant
de susciter des frissons,
ils poussent à l'intérieur, de plus en plus lourds
jusqu'à pouvoir sortir au jour, y résonner
à la place assignée,

poèmes, pourquoi craindre votre désertion ?
votre existence ne dépend, je le sais à présent,
ni du savoir ni de la force, seulement
de quelque chose de la taille d'une gaine
comme une étincelle d'amour,

...

Il faut encore 
qu'un météore
traverse mon ciel, qu'il creuse au fond
du bleu, un espace vidé
d'étoiles éteintes où le feu ne prend plus

et que ne reste
rien qui empêche
au fond des yeux
la bonté d'exploser
contagieuse    en milliers d'étincelles

 

 

Note

  1. La couverture de cette brochure est toujours  illustrée à l'identique,  d’une bande verticale de forme variable sur la première de couverture, et d’un loup, bleu, dont les traits sont dus à différents artistes, un pour chaque auteur. 

Présentation de l’auteur

Béatrice Marchal

Béatrice Marchal, née en 1956, a passé sa jeunesse dans les Vosges, qui ont marqué son imaginaire. Etudes de lettres, qu’elle a enseignées jusqu’en 2011, du collège aux classes préparatoires. Ses recherches sur Cécile Sauvage, la mère d’Olivier Messiaen, l’ont restituée dans sa vérité de femme et de poète.

Auteure de nombreux articles, elle collabore à différentes revues (Diérèse, Friches, Arpa, le Journal des poètes) et a rédigé plusieurs préfaces, dont celle du Poésie/Gallimard consacré, en 2015, à Richard Rognet.

Elle est présidente du Cercle Aliénor depuis janvier 2013.

 

 

Œuvre poétique :

Aux éditions Les Lieux-Dits, Cahiers du Loup bleu, Inquiétude de l’autre et des mots, 2020
Aux éditions Al Manar, L’ombre pour berceau, 2020
Aux éditions Le silence qui roule, Élargir le présent, suivi de Rue de la source, 2020
Aux éditions L’herbe qui tremble, Au pied de la cascade, 2019 ; Un jour  enfin  l’accès suivi de Progression jusqu’au coeur, 2018 (Prix Louise Labé 2019) ; Résolution des rêves, 2016, Aux éditions Delatour France, D’Absence et de lumière, 2016
Aux Cahiers de Poésie Verte, La Cloche de tourmente, (Prix Troubadours 2014)
Aux éditions Editinter, Équilibre du présent, 2013
Aux Editions de l’Atlantique, Une Voix longtemps cherchée, 2011, La Remontée du courant, 2010, L’Epreuve des limites, 2010
Aux Editions La Porte, La Baguette de coudrier (2010), Tant va le regard  (2007)

 

Livres d’artiste : 

Un poème extrait  D’Absence et de lumière, illustré par cinq gravures sur bois d’ Eva Gallizzi,
Buchgestaltung, Holzschnitte und Künstlerisches Konzept : Eva Gallizzi, Zürich 2010.
Où va la route, illustré par quatre gravures de Dominique Penloup, Le Galet bleu, décembre 2013.
La neige comme un appel, livre pauvre Béatrice Marchal/Dominique Penloup
Bannières de mai, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup
Insaisissables messages, Béatrice Marchal/ Agnès Delatte, Revue Ce qui reste, janvier 2017
Quelque chose d’enfoui, Béatrice Marchal/ Sarah Wiame (éd. Céphéides, mai 2017)
Tout un monde, Béatrice Marchal/ Maria Desmée (octobre 2017)
Lumière préservée, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup (éd. du Galet bleu, 2018)
Oser la chute, Béatrice Marchal/ Dan Steffan (Bandes d’artistes, Les Lieux-Dits, 2018)

 

Poèmes choisis

Autres lectures




Béatrice Marchal, Au pied de la cascade

Requiem ne s’écrit pas au pluriel, / à chaque mort un monde s’évanouit…

Béatrice Marchal va dresser deux tombeaux dans ce recueil où douleurs et deuils se suivent, semblables et différents.

« Tombeau de l’amie », de la sœur, d’abord, « tombeau de la mère » ensuite. C’est toute une vie de sentiments, d’affection, d’amour  qui se déroule à nouveau au chevet des moribonds, des mourants, des morts.

 

On apprend au fil des ans à connaître 
l’autre, empathie, patience,…

 

 

Béatrice Marchal, Au pied de la cascade, L’Herbe qui tremble, 13 €.

Il reste de la première une lumière, évoquée par trois fois : où l’étrange persistant éclat de la lune / se fait rappel d’une présence singulière. Plus loin, il est question d’une unique étoile et encore : un noyau de lumière

Pour la seconde, l’auteure questionne : un même mystère interroge le temps. / Quels fruits laisse-t-il mûrir dans l’ombre / d’un corps d’un esprit vaincus ? Il y a l’accompagnement final dans la tristesse, la misère et l’horreur de la fin : Derrière les portes meurent de vieilles femmes / édentées… et l’inconvenance superbe des petits-enfants dans leur splendide insouciance.

Béatrice Marchal, même si elle parle d’un monde de sanie, sait rapporter aux gens qu’elle aime toutes sortes de fleurs et de plantes qui tendent à métamorphoser les êtres qui disparaissent. Et c’est la métaphore aquatique qui achève le recueil. Il ne s’agit pas de craindre la noyade dans cette traversée difficile du temps, au contraire, c’est la cascade qui vient de si loin en amont et qui va si loin, avec son cours tumultueux qui nous dépasse et qui rappelle la vie et nous rappelle à la vie…

 

Ceux qui sont partis  après beaucoup d’amour on les retrouve 
en soi…

 

Présentation de l’auteur

Béatrice Marchal

Béatrice Marchal, née en 1956, a passé sa jeunesse dans les Vosges, qui ont marqué son imaginaire. Etudes de lettres, qu’elle a enseignées jusqu’en 2011, du collège aux classes préparatoires. Ses recherches sur Cécile Sauvage, la mère d’Olivier Messiaen, l’ont restituée dans sa vérité de femme et de poète.

Auteure de nombreux articles, elle collabore à différentes revues (Diérèse, Friches, Arpa, le Journal des poètes) et a rédigé plusieurs préfaces, dont celle du Poésie/Gallimard consacré, en 2015, à Richard Rognet.

Elle est présidente du Cercle Aliénor depuis janvier 2013.

 

 

Œuvre poétique :

Aux éditions Les Lieux-Dits, Cahiers du Loup bleu, Inquiétude de l’autre et des mots, 2020
Aux éditions Al Manar, L’ombre pour berceau, 2020
Aux éditions Le silence qui roule, Élargir le présent, suivi de Rue de la source, 2020
Aux éditions L’herbe qui tremble, Au pied de la cascade, 2019 ; Un jour  enfin  l’accès suivi de Progression jusqu’au coeur, 2018 (Prix Louise Labé 2019) ; Résolution des rêves, 2016, Aux éditions Delatour France, D’Absence et de lumière, 2016
Aux Cahiers de Poésie Verte, La Cloche de tourmente, (Prix Troubadours 2014)
Aux éditions Editinter, Équilibre du présent, 2013
Aux Editions de l’Atlantique, Une Voix longtemps cherchée, 2011, La Remontée du courant, 2010, L’Epreuve des limites, 2010
Aux Editions La Porte, La Baguette de coudrier (2010), Tant va le regard  (2007)

 

Livres d’artiste : 

Un poème extrait  D’Absence et de lumière, illustré par cinq gravures sur bois d’ Eva Gallizzi,
Buchgestaltung, Holzschnitte und Künstlerisches Konzept : Eva Gallizzi, Zürich 2010.
Où va la route, illustré par quatre gravures de Dominique Penloup, Le Galet bleu, décembre 2013.
La neige comme un appel, livre pauvre Béatrice Marchal/Dominique Penloup
Bannières de mai, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup
Insaisissables messages, Béatrice Marchal/ Agnès Delatte, Revue Ce qui reste, janvier 2017
Quelque chose d’enfoui, Béatrice Marchal/ Sarah Wiame (éd. Céphéides, mai 2017)
Tout un monde, Béatrice Marchal/ Maria Desmée (octobre 2017)
Lumière préservée, Béatrice Marchal/ Dominique Penloup (éd. du Galet bleu, 2018)
Oser la chute, Béatrice Marchal/ Dan Steffan (Bandes d’artistes, Les Lieux-Dits, 2018)

 

Poèmes choisis

Autres lectures




Béatrice Marchal et Richard Rognet, Richard Jeffries, Olivier Domerg

Béatrice MARCHAL : « R. Rognet ou l’ailleurs qui veut vivre  »
suivi de Richard ROGNET  : « Lutteur sans triomphe »
.

Livre double donc : Béatrice Marchal signe un essai où elle essaie de voir clair dans l’œuvre de Richard Rognet « Ce n’est donc pas moins de vingt-cinq années de poésie, soit une quinzaine de livres, dont la présente analyse va tenter de dégager les lignes de force essentielles… » (p 13).

«  Non qu’il veuille dissimuler sa propre homosexualité » (p 14)… Le mot est lâché ; Rognet est homosexuel, non qu’il le revendique ou qu’il le proclame : il n’est pas un partisan… Le nœud central semble être atteint quand Béatrice Marchal écrit : « Une femme intérieure au poète, le Transi auquel il s’identifie, six filles venues de la mythologie antique ou de grandes œuvres littéraires… tout se passe comme si, par le recours à ces figures essentielles dans la quête d’une identité perçue comme plurielle, l’insaisissable moi avait besoin d’être saisi, partiellement, temporairement, pour redevenir insaisissable et ainsi de suite. Richard Rognet revendique ainsi l’importance majeure de la métamorphose dans son œuvre… »  (p 55). Et le second livre qui suit l’essai de Béatrice Marchal, est un recueil de poèmes de Richard Rognet, « Lutteur sans triomphe » ; mais pas n’importe lequel puisqu’il fut édité en 1997, obtint le prix Apollinaire et demeura  épuisé jusqu’à nos jours.

Béatrice MARCHAL & Richard ROGNET : «Richard Rognet
ou l’ailleurs qui veut vivre »
et « Lutteur sans triomphe ». 
L’herbe qui tremble, éditeur ; 282 pages ; 18 euros. 

Revenons à l’essai de Béatrice Marchal. C’est à une véritable traque qu’elle se livre, son étude est exhaustive, sa lecture minutieuse : moi multiple, émiettement douloureux de sa personne semblent être les caractéristiques qui se dégagent de l’œuvre… La seconde partie de l’essai, intitulée Une identité liée à l’espace et au temps prétend aller plus loin des caractéristiques précédentes. Béatrice Marchal déclare : « De façon générale, l’incapacité du poète à  coïncider avec  lui-même correspond avec une conception de l’espace et du temps » (p 77). Dès lors la démarche de Béatrice Marchal va se confondre avec une lecture exhaustive de livres de poésie de Richard Rognet comme Le Transi, Je suis cet homme, Recours à l’abandon, Seigneur Vocabulaire, La jambe coupée d’Arthur Rimbaud, Juste le temps de s’effacer et de Ni toi ni personne  Soit des livres de poèmes remontant en terme de publications à un laps de temps qui va de 1985 à 2002 (sauf un inédit à ce jour). Il est sans doute difficile, voire impossible de résumer en quelques mots ce que les livres mettront plus de quinze ans à élaborer comme réflexion car cette dernière aura pu évoluer durant cette période… La troisième partie de l’essai est intitulée « La poésie comme accès au réel », là encore, la lecture de Béatrice Marchal est minutieuse. L’écrivaine commence par un paragraphe ayant pour titre (p 115) « La dénonciation d’une poésie coupée du réel » ; elle est convaincante.  Elle relève dans  « Lutteur sans triomphe » ces vers : « contente-toi d’un monde mort, / parle sans peur, sans effroi, / de décombres, de clef perdue » (p 135) : c’est que la poésie est morte, victime des attaques répétées du poète contre des conceptions « de la poésie comme ornement et artifice » ( p 118). C’est ainsi qu’elle aboutit à une tentative de redéfinition de la poésie comme énigme (p 138) caractérisée par l’hermétisme, le besoin d’une vision nouvelle, la nécessité des mots pour se construire une identité,  la dérision anti-dogmatique à l’égard des procédés stylistiques… La difficulté de cette conception de la poésie réside dans le fait qu’elle est le refus de la quête de l’éternité pour le remplacer par le perpétuel devenir (p 171). Mais je n’aurai rien dit de cette  foudre sur laquelle se tient en équilibre Richard Rognet…

C’est une excellente idée que d’avoir réédité  «  Lutteur sans triomphe » dont il faut féliciter le professionnel du livre de poésie, car ce recueil était épuisé depuis de longues années. Fut-ce un effet du prix qu’il obtint ? Je note les nombreuses questions que le poète se pose (p 186). Je remarque le pronom on :  (p 187) qui désigne-t-il ? Le poète ou qui d’autre ? L’allitération lui sert aussi de moyen pour lutter contre les mots choisis (p 190). Je note de nombreux substantifs de genre féminin dans les vers de Richard Dognet (« la lutteuse », p 215 ; « ma provocante », p 210) ; mais je rapproche cette présence de l’introduction de Béatrice Marchal où je relève cette phrase : « De sa volonté de s’adresser à tous, le poète évite d’opposer systématiquement hétérosexualité et homosexualité » (p 16). J’aime ce ton de la conversation, j’aime cette faculté qu’a Richard Rognet de passer d’un poème à l’autre, j’aime ces pavés de prose de semblable longueur à un ou deux vers près, j’aime ces vers qui font sensiblement le même mètre (ah, ce ton de la conversation !), j’aime cette modestie : « et je dis que mes simagrées / qui m’apparentent aux galopins / valent bien mes poèmes, » (p 236). J’aime tout, quoi ! M’intéresse même le charabia du poète (p 252) et ses cris d’orfraie.

Ce livre est une vraie réussite : j’apprend beaucoup à sa lecture. Et je découvre un véritable poète… A lire le poème de la page 260 (et tant d’autres !), je m’interroge : l’homosexualité de Richard Rognet est-elle si vérifiée que cela ? Ou la citation de Béatrice Marchal à laquelle je me réfère est-elle avérée ? Ou je me projette ?

Richard JEFFERIES : « L’Histoire de mon coeur ».

Traduit de l’anglais et présenté par Marie-France de Palacio, celle-ci souligne dès les premières lignes de sa préface le manque de (re)connaissance de Jefferies en France. « L’histoire de mon cœur » est une auto-biographie spirituelle (p 8). Cette déambulation littéraire à travers l’œuvre de Jefferies ne serait rien sans les références  (nombreuses) à  Thoreau, à Thomas Hardy jusqu’à préciser que « le rapport complexe de la Nature et la culture, établie par l’homme, entre la Nature et le temps, est ainsi au cœur de L’Histoire de mon cœur, comme des écrits tardifs de Jefferies… » (p 12). 

Concernant Thoreau, elle souligne les ressemblances entre Thoreau et Jefferies dans lesquelles il faut compter la condition humaine, l’ordre établi, le fait de vivre retiré du monde, la solitude et l’indépendance. Thoreau et Jefferies (p 15) ont en partage « le même tempérament mystique, le même mépris des traditions et conventions, ou encore le même amour passionné des bois, des champs et des cours d’eau, ainsi que le même talent d’écriture pour consigner leurs observations ». Elle ajoute : « En fait, pourquoi ne pas concilier le réalisme de Jefferies, son matérialisme même et son  aspiration  à une forme diffuse de transcendance ? » (p 31). Mais Jefferies rejette absolument toutes les religions (p 37). Cependant, Jefferies pense que l’homme qui éprouve le changement autour de lui atteint en fait l’éternité en s’arrêtant au plaisir de la sensation présente (p 40). On le voit, le lecteur se trouve en plein  dans le problème de la permanence de l’être

Richard Jeffries, Histoire de mon coeur,
Arfuyen, paris.

L’essai de Richard Jefferies peut alors commencer. L’aspect cosmique n’est pas négligé que ce soit sur le plan spatial (« Me couchant dans l’herbe, je parlais en mon âme avec la terre, le soleil, l’air et la mer à distance… », (p 49) ou sur le plan temporel (« … je portais un regard rétrospectif …  jusqu’aux temps anciens des fougères  arborescentes,  du lézard volant dans les airs, du lézard-dragon se vautrant dans l’écume de la mer… », p 62). « J’ai vu si peu de bonne statuaire, c’est un regret pour moi ; néanmoins, ce que j’ai vu est au-delà de tout autre art » (p 67) : c’est là, tout simplement, que je pense toucher les limites de Jefferies ; que penserait-on de lui aujourd’hui, si on lisait sous sa plume, son goût pour l’art contemporain ? Mais le sens de l’écriture n’est jamais bien loin : « J’ai toujours envie d’écrire « psyché » à la place du mot « âme », mais le résultat est gauche » (p 48). Il me faut honnêtement dire que Richard Jefferies croit à l’immortalité de l’âme , même si je suis athée : « Au moins, pendant ma vie, je me suis réjoui à l’idée de l’immortalité et de propre âme » (p 79). Et ce ne sont pas les lignes qui suivent qui me feront changer d’avis !

Le temps n’existe pas, le temps est éternité, « maintenant est l’éternité » affirme Jefferies page 87. L’ordre chronologique  n’est pas respecté comme il l’écrit au début du chapitre 5. Page 127, il dit sa méfiance l’égard des systèmes de pensée, des philosophies prétendant cerner ou avoir pour sujet d’aller à la rencontre de chaque vie humaine, sinon ses doutes. Il semble maîtriser les écritures (ou leurs traductions)des peuplades les plus éloignées de son époque. J’aime ces lignes qui ouvrent le chapitre 8, « Si l’on voulait énumérer tout ce qui a été inutile, il faudrait énumérer  presque toutes recherches qui ont été menées jusqu’à maintenant » (p 155). Suit alors un développement  où la prudence le dispute à la notion de valeur. Ce qui prévaut, c’est qu’il n’y a pas « la moindre trace de dessein intelligent  dans la direction des affaires humaines » (p 167).

Il y aurait encore bien des faits et des déclarations à relever ! Globalement et en l’état, L’histoire de mon cœur est un excellent plaidoyer écologique et sur l’organisation du monde : c’est la grandeur de l’homme et de Jefferies. A nous de jouer contre le jeu politicien dont les politiques usent et abusent pour mieux berner nos semblables et protéger leurs petits intérêts… Une note biographique sur Jefferies et une note sur le présent ouvrage  complètent l’introduction de Marie-France de Palacio et l’essai.

 Olivier DOMERG : « Onze tableaux sauvés du zoo ».

Jamais titre n’a aussi peu indiqué le  contenu du recueil. Seul le chiffre « onze » y fait référence : onze compris dans le titre, onze comme le nombre de poèmes que comprend ce livre. L’auteur, Olivier Domerg, a consacré trois volumes à la montagne Sainte-Victoire, récemment, du point de vue de l’écriture et donne à reconsidérer généralement le relief et sa perception. 

Cela commence très fort : « Dans le fond - rebord, plinthe ou contremarche -, la blanche caillasse de  la chaîne de Vitrolles, long banc bicolore, bauxite et calcaire, ressort » (p 5). Et ça se termine (ou presque) par ces mots : c’est un bel « hommage consenti à la montagne et au paysage, en général » (p 100). En tout cas, la sensibilité au paysage n’est pas absente : « A midi, en pleine clarté, la montagne fumait  presque, en tout cas, donnait l’impression  d’une infime lévitation, voire d’une légère évaporation » (p 12).  Je me suis promené dans la montagne Sainte-Victoire, je suis même allé à Vauvenargues (p 19) et j’ai vu  « cette vague rousse surplombant » le château…Ailleurs, c’est le mélange des termes : «  ça caille et ça schlingue » (p 7) et le mot, étonnement poétique et rimbaldien, de flache et que penser d’ovalien  ? (p 11). Mais c’est un mélange de vers et de proses ! De sites industriels (l’étang de Berre, la Mède, Fos-sur-Mer) et de lieux préservés (le Pic des Mouches, la chaîne de Vitrolles).

Olivier Domerg : « Onze tableaux sauvés du zoo ».
En librairie ou sur catalogue  (prévoir le port dans
ce cas). Atelier de l’agneau, 108 pages, 16 euros.

Et je n’aurai rien dit de la justification à droite, à gauche, par le milieu ; comme je n’aurai rien affirmé de cette façon qu’a Olivier Domerg d’appeler familièrement cette chaîne montagneuse  la sainte, de Cézanne (incontournable quand on parle de la montagne Sainte-Victoire) : à la question  « A quoi sert le Sphinx ? », la réponse ne se fait pas attendre « A rien, comme Cézanne » (p 41), c’est extrait d’un poème intitulé  Dialogue des roches !