Bénédicte Montjoie, Rumeurs

Le vent
épouse les balançoires
croise des oiseaux
bagués
esquive
les hommes

Un arbre hésite
à troquer
sève contre
pelures du langage

 La terre ne connaît pas le doute
elle abrite
celui des hommes

Laisse-moi juste
empoigner la vie
ausculter ses splendeurs
et planter ton sourire.

 

 Route

Un matin
on prendrait la route
braconnant la poussière
des chemins

laissant
les tristesses
matelassées
d'injonctions généalogiques
cloquées
sous la morsure
d'un crayon

On regarderait
les secondes
user les minutes
on quitterait le temps
la corrosion des heures

La parole de l'eau
étancherait nos peurs
on hésiterait
à douter.

 

Rumeurs

J’aime  entrer dans la nuit
graver mes pas sous la lune

écouter

l'éclosion des étoiles
mobiles et rebelles

tresser mon sang
à celui des galaxies
sangler
les sanglots
contempler les halos

écouter

le rythme orphelin
des rumeurs de l'horizon
le galop
d'une larme
quelques résidus cosmiques.

 

L'enfant

Derrière ses doigts
l'enfant
sans cabane
se cache

sans refuge
pour dévêtir sa peine

                 Le temps passe  comme un flocon planté
                 Le petit jour se greffe  sur la cime des syllabes

 Ses bras libres labourent l'espace
esquisse d'une seule caresse
boxée par l'absence
la pulpe du vent.

 

 

Présentation de l’auteur

Bénédicte Montjoie

Née à Paris en 1960, elle vit à Angers depuis 2003

Publiée en revues de poésie (Comme en poésie, Décharge, Poésie Première, Traction-brabant, Verso), elle anime également des ateliers d’écriture dans diverses structures. Elle propose régulièrement des lectures depuis 2013 ;  a créé l'association "et L'encrier danse" en 2015.

A participé à l’ouvrage collectif : " DEHORS - Ces milieux qui nous trans-forment " (autobiographies environnementales) sous la coordination de Dominique Cottereau ,
éditions L'Harmattan - mars 2017.

En 2019, elle a créé un DUO Poésie & Harpe, avec une jeune et talentueuse harpiste (Rose Pollier-Méliodon). Par l'écriture, elle se relie au Vivant, à tout ce qui chahute l'espace-temps, à l’infiniment ...

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