Voici un recueil de haïkus, mais pas seulement de haïkus. Les tercets de Cécile A.Holdban sont fidèles à l’esprit et aux règles du fameux genre poétique japonais mais s’en échappent aussi très souvent. Ainsi, l’auteure ne néglige pas la métaphore (« Les pavots du vent/dressent leur cœur échevelé/à toucher le ciel »), peu usitée dans le haïku classique. Il lui arrive également de s’exprimer au passé, loin d’une conception du haïku qui entend d’abord figer l’instant présent.
Mais finissons de chipoter et retenons surtout de son recueil que l’esprit du haïku est bien là. Et c’est le plus important. Il l’est dans cet art de saisir une émotion, une sensation, aussi bien au cœur de la nature qu’auprès des êtres aimés (« La vieille église/son clocher de bois abrite/des nids d’hirondelles ».
Elle nous ramène aussi, par le truchement de ses propres encres de Chine, qui parsèment le recueil, vers l’univers végétal ou animal des grands maîtres du haïku. Voici la grenouille, la fourmi, le héron, le papillon, le pin, le magnolia, l’iris, l’arbre aux mille écus… Sans compter que Cécile A.Holdban va souvent jusqu’à respecter le classique découpage du poème en 5 syllabes, 7 syllabes, 5 syllabes. « Tu ouvres les yeux/parmi les ombres de la chambre/la lune endormie ».
Malgré tout, on l’a dit, Cécile A.Holdban se joue le plus souvent des lois du genre. Elle le fait avec bonheur, ne dédaignant pas de verser ponctuellement dans la sentence ou la notation d’allure philosophique. « Ta main petite/prendra toute la mesure/du monde à connaître ». Ou encore ceci : « Quand les cerfs-volants/ne se dressent plus dans le vent/un cœur s’assombrit ».
Comme le note avec justesse l’éditeur, « La langue épurée de Cécile A.Holdban se fait l’écho de la tendresse vigilante qu’elle témoigne aux paysages qui l’entourent et à ceux qu’elle porte en elle ». Ainsi ce poème qui donne son titre au recueil et résume bien sa démarche de poète : « Ta main sur mon cœur/un nid dans les ronces rougies/pour l’oiseau craintif ».