Claude Albarède, Buissonnières

Claude Albarède est le poète de la fidélité au terroir. Il sait d’où il vient, où il va et pourquoi. Fort d’une œuvre écrite sur le motif dans les grands espaces du Causse, il poursuit un travail essentiel de veilleur, dont il rend compte ici avec des itinéraires en terrain connu, dans la lumière d’une méditation poétique de haute tenue.

C’est la vie passante qui a voix au chapitre, la lente respiration du vent, l’ondulation coiffée / du paysage. L’écriture s’accomplit au tournant du chemin et nulle part ailleurs. Elle prend note du temps, de la vie et de la mort, avec la patience des entreprises qui ont du temps devant elles. Se hâter n’est pas de mise. Il faut avant toute chose se rendre disponible, ralentir, s’arrêter. Reprendre souffle pour ne pas brusquer ni repousser / ces voix éteintes qui parlent encore néanmoins au silence qui suinte du paysage. Les mots sont rares, précis. Mesurés. La page est une mise en ordre, une ode à ce qui est. Un hommage au pays calciné par la solitude et l’abandon, mais qui fait face à ce qui s’annonce et menace, debout dans le soleil. La poésie résiliente de Claude Albarède aide à voir la vérité de la vie en face. Il s’agit d’être dans sa distance / au plus près de soi-même. En pleine conscience. Comme si l’heure était venue enfin de vivre dans la liberté retrouvée des berges de mots et de patiences / qui contredisent / tout ce qui meurt.

Claude Albarède, Buissonnières, aquarelles de Joseph Orsolini, éditions L’Herbe qui tremble, 2020, 104 p, 14€.

Présentation de l’auteur

Claude Albarède

Claude Albarède, né à Sète en 1937, retraité de l'enseignement, vit en région parisienne. Sa poésie, marquée par ses racines languedociennes et son enfance au Larzac, se développe en une quinzaine de recueils, tous parus à compte d'éditeur, dont les 2 derniers, Résurgences aux éditions Folle Avoine (2009) et Un Chaos Praticable aux éditions L'Herbe qui Tremble (2011). Saluée par Luc Bérimont comme "une oeuvre de premier plan, avec son arrière goût de pierre-à-feu et la retenue d'une eau secrète" (Le Figaro Littéraire 1981), l'oeuvre poétique de Claude Albarède a obtenu le prix François Villon en 1980, le prix du Lion's Club International en 1984, la Bourse de Poésie Guy-Lévis-Mano en 1985, le prix A. Murat en 2004, le prix Aliénor d'Aquitaine en 2009. Elle a fait l'objet d'attentions dans le cadre de manifestations culturelles diverses (Printemps des Poètes, Poésie en lycée, expositions en médiathèques, Chemin des poètes de la ville d'Yerres, articles de presse, publications à la N.R.F et autres revues telles que l'Arbre à Paroles, Diérèse, Arpa, Traces etc... ainsi que dans diverses anthologies - comme Visages de poésie - Jacques Basse 2009, et sur le net : Printemps des Poètes, l'Arbre à Paroles, Thau-Info.

Poèmes choisis

Autres lectures

Claude Albarède sur le Causse

Un homme arpente son pays. En quête de signes, d’empreintes d’un temps révolu. Des mots surgissent : « source », « vent », « garrigue », « sentier », « buisson », « village », « herbes », « pierres »… Nous sommes sur le Causse du Larzac, le pays [...]

Claude Albarède, Le Dehors Intime

C'est au plus près du silence de la réflexion qu'écrit Claude Albarède. Non parce qu'il se réfère au silence et ce, dès le début de Dehors Intime ("Marcher à pas lents / pour [...]

Claude Albarède, Buissonnières

Claude Albarède est le poète de la fidélité au terroir. Il sait d’où il vient, où il va et pourquoi. Fort d’une œuvre écrite sur le motif dans les grands espaces du Causse, [...]

Claude Albarède, Buissonnières

Claude Albarède est le poète de la fidélité au terroir. Il sait d’où il vient, où il va et pourquoi. Fort d’une œuvre écrite sur le motif dans les grands espaces du Causse, [...]




Claude Albarède, Buissonnières

Claude Albarède est le poète de la fidélité au terroir. Il sait d’où il vient, où il va et pourquoi. Fort d’une œuvre écrite sur le motif dans les grands espaces du Causse, il poursuit un travail essentiel de veilleur, dont il rend compte ici avec des itinéraires en terrain connu, dans la lumière d’une méditation poétique de haute tenue.

C’est la vie passante qui a voix au chapitre, la lente respiration du vent, l’ondulation coiffée / du paysage. L’écriture s’accomplit au tournant du chemin et nulle part ailleurs. Elle prend note du temps, de la vie et de la mort, avec la patience des entreprises qui ont du temps devant elles. Se hâter n’est pas de mise. Il faut avant toute chose se rendre disponible, ralentir, s’arrêter. Reprendre souffle pour ne pas brusquer ni repousser / ces voix éteintes qui parlent encore néanmoins au silence qui suinte du paysage. Les mots sont rares, précis. Mesurés. La page est une mise en ordre, une ode à ce qui est. Un hommage au pays calciné par la solitude et l’abandon, mais qui fait face à ce qui s’annonce et menace, debout dans le soleil. La poésie résiliente de Claude Albarède aide à voir la vérité de la vie en face.

Claude Albarède, Buissonnières, aquarelles de Joseph Orsolini, éditions L’Herbe qui tremble, 2020, 104 p, 14€.

Il s’agit d’être dans sa distance / au plus près de soi-même. En pleine conscience. Comme si l’heure était venue enfin de vivre dans la liberté retrouvée des berges de mots et de patiences / qui contredisent / tout ce qui meurt.

Présentation de l’auteur

Claude Albarède

Claude Albarède, né à Sète en 1937, retraité de l'enseignement, vit en région parisienne. Sa poésie, marquée par ses racines languedociennes et son enfance au Larzac, se développe en une quinzaine de recueils, tous parus à compte d'éditeur, dont les 2 derniers, Résurgences aux éditions Folle Avoine (2009) et Un Chaos Praticable aux éditions L'Herbe qui Tremble (2011). Saluée par Luc Bérimont comme "une oeuvre de premier plan, avec son arrière goût de pierre-à-feu et la retenue d'une eau secrète" (Le Figaro Littéraire 1981), l'oeuvre poétique de Claude Albarède a obtenu le prix François Villon en 1980, le prix du Lion's Club International en 1984, la Bourse de Poésie Guy-Lévis-Mano en 1985, le prix A. Murat en 2004, le prix Aliénor d'Aquitaine en 2009. Elle a fait l'objet d'attentions dans le cadre de manifestations culturelles diverses (Printemps des Poètes, Poésie en lycée, expositions en médiathèques, Chemin des poètes de la ville d'Yerres, articles de presse, publications à la N.R.F et autres revues telles que l'Arbre à Paroles, Diérèse, Arpa, Traces etc... ainsi que dans diverses anthologies - comme Visages de poésie - Jacques Basse 2009, et sur le net : Printemps des Poètes, l'Arbre à Paroles, Thau-Info.

Poèmes choisis

Autres lectures

Claude Albarède sur le Causse

Un homme arpente son pays. En quête de signes, d’empreintes d’un temps révolu. Des mots surgissent : « source », « vent », « garrigue », « sentier », « buisson », « village », « herbes », « pierres »… Nous sommes sur le Causse du Larzac, le pays [...]

Claude Albarède, Le Dehors Intime

C'est au plus près du silence de la réflexion qu'écrit Claude Albarède. Non parce qu'il se réfère au silence et ce, dès le début de Dehors Intime ("Marcher à pas lents / pour [...]

Claude Albarède, Buissonnières

Claude Albarède est le poète de la fidélité au terroir. Il sait d’où il vient, où il va et pourquoi. Fort d’une œuvre écrite sur le motif dans les grands espaces du Causse, [...]

Claude Albarède, Buissonnières

Claude Albarède est le poète de la fidélité au terroir. Il sait d’où il vient, où il va et pourquoi. Fort d’une œuvre écrite sur le motif dans les grands espaces du Causse, [...]




Claude Albarède, Le Dehors Intime

C'est au plus près du silence de la réflexion qu'écrit Claude Albarède. Non parce qu'il se réfère au silence et ce, dès le début de Dehors Intime ("Marcher à pas lents / pour prononcer / la solitude et le silence"), mais bien parce qu'il sait que "…la poésie / si confuse de loin / et de près si troublante" se laisse toujours saisir. Le poème parfois n'a pas de fin grammaticale (p 21) ou bien le lecteur se demande-t-il s'il s'agit d'un long poème ou de poèmes qui se côtoient… À moins que ce ne soit la question posée de pure forme qui n'appelle pas de réponse (p 22)… La poésie est un flux ininterrompu, comme la marche dans la campagne ou alors il s'agit d'une "invention de mémoire". Le ton est élégiaque à souhait, l'approche du réel circonstanciée. Seul semble compter le paysage naturel ou bâti par les hommes ; même un poème dédié "à la mémoire des copains disparus" glorifie-t-il sans ambages le paysage. Peut-être la raison est-elle à chercher dans la volonté d'Albarède à traquer l'absence dans ses poèmes ; n'écrit-il pas (p 31) "Si le poème nous échappe / Présent d'absence est un beau titre". C'est que le poète avance "vers des formes sans corps" (p 37). Les mots trajet, marche, passage, arpenter sont fréquents tout comme l'obsession de "l'échec de dire" qui transparaît, mine de rien, dans chaque poème du recueil.

Claude Albarède, Le dehors intime,
L'Herbe qui tremble éditeur, 128 pages, 16 €
Peintures de Marie Alloy.

Albarède est un mystique sans dieu qui se laisse envahir par le paysage campagnard dans lequel il vit. Il note au début d'un poème : "On ne sera emporté / que par le paysage / vers des confins vertigineux". Le vertige naît du paysage (et de sa contemplation), non d'une quelconque transcendance. Et pour faire bonne mesure, quelques pages avant (p 58), il dit son goût de la chair dans un texte dédié à Christiane à mots retenus, un poème qui désigne les rondeurs du corps dans la chambre haute. Mais le plus captivant est de constater combien l'écriture poétique est "contaminée" ( ? ) par le paysage : le poème attend "que retombe l'essor / […] // pour pierrer son silence / et serrer l'écriture / d'un caillou dans la main" (p 76). Albarède est l'homme d'un lieu, d'un paysage ; il s'identifie au pays natal à tel point que, parfois, le lecteur hésite à mettre un nom sur le JE qui prend la parole dans le poème : le poète ou le Causse (p 81) ? C'est là qu'on se souvient du déraciné que fut Albarède qui dut quitter son Causse pour exercer dans la grande ville. Comme on connaît son amour pour ses ancêtres vignerons ; comment s'étonner alors de ces paysans qui montent à la vigne "avec le rêve à gagner // pour en faire / au goulot / cet automne / le contre-poids / du sang d'encre" (p 83) ? Faut-il le rappeler, le sang d'encre, c'est le souci, l'inquiétude, voire l'angoisse…

Albarède n'oublie pas ses racines, il ne condamne pour autant la modernité. Et il continue à peupler ses poèmes de villageois(e)s qui les traversent et qui sont atypiques par les temps qui courent. Ces êtres ont trouvé leur juste place entre les pierres et les sources, entre les ronces et les orfraies "et murmure(nt) trois mots / sans rompre le silence". Belle contradiction : Albarède n'en finit pas pas d'explorer l'intime au moyen de vers comptés (le plus souvent) et non rimés (tout aussi souvent), de regroupements strophiques menés irrégulièrement. L'ancien et la modernité réconciliés ?




Claude Albarède sur le Causse

Un homme arpente son pays. En quête de signes, d’empreintes d’un temps révolu.

Des mots surgissent : « source », « vent », « garrigue », « sentier », « buisson », « village », « herbes », « pierres »… Nous sommes sur le Causse du Larzac, le pays intime du poète Claude Albarède (80 ans).

« Bois tombé branches mortes/un fagot plein de souvenances/mais le feu ne prend pas », écrivait le poète en 2009 dans le recueil Résurgences publié en Bretagne par Yves Prié (Editions Folle Avoine). Le même chant lancinant s’élève de son nouveau livre, si bien nommé Le dehors intime. Car le dehors exprime – inexorablement – ce que l’auteur ressent au fond de lui-même.

Le temps erre et ne passe pas
nous partons, revenons, tentons d’atteindre
parmi les ruines la vie qui dure
Leur pauvreté nous dépossède
elles n’ont d’intime que le dehors perdu.

 

Claude ALBARÈDE, Le dehors intime, éditions L’herbe qui tremble (4e trimestre 2016), 125 pages, 16 euros, avec six peintures de Marie Alloy

Voici les villages fossiles, les espaces retournés à la friche. Voici les « copains disparus » à qui Claude Albarède dédie l’un de ses poèmes. « A peine sommes-nous congédiés/que nous nous attablons à la même mémoire/tisonnant l’amitié/réanimant les mots ». Mais il y a – de ci de là – tous ces signes d’une vie cachée qui ne rend pas les armes.

Maisons en ruines
leurs petits jardins
continuent de pousser.

Plus loin : « En hiver/près des sources/des retours de violettes ».

Ce n’est donc pas une nostalgie béate qui parcourt ce recueil. Le propos du poète n’est pas de faire une simple lecture dans le rétroviseur. S’il persiste à arpenter ce pays aux grands espaces et porteur de tant de mémoires, c’est pour mieux distiller – l’âge venu –  quelques graines de sagesse.

Ne pas souiller
ni ajouter
trop de poids
au silence
.

Ou encore : « Gagner le large/du plus secret/nicher l’immense/au plus intime ». Comment ne pas penser, ici, à la définition que donnait de la poésie Giuseppe Ungaretti : « Elle consiste, disait-il, à convertir la mémoire en songes et à apporter d’heureuses clartés sur le chemin de l’obscur ». Sous la plume de Claude Albarède, on peut lire – comme en écho – ces trois vers : 

Heureuse clarté
que la chair donne aux rêves
dans la lumière du soir !

Mais le poète n’est pas dupe. Pour révéler les mystères enfouis d’un pays (et l’homme à lui-même), pour témoigner d’un temps qui engloutit les demeures et leurs habitants, se laisser gagner par l’émotion ne suffit pas. « Le poème attendra/que retombe l’essor/et que l’énigme/pénètre un peu ». C’est cette énigme, grâce au pouvoir des mots, que le lecteur est invité à déchiffrer tout au long d’un livre qui nécessite aussi, de sa part, une forme d’effort et d’abnégation.