Eric Dubois, Nul ne sait l’ampleur
« Entre désir et désillusion, entre raison et espoir fou » (extrait de la préface de Pierre Kobel)
Un opus de 27 poèmes, le premier, un quatrain ouvre le recueil comme « un coup de poignard » pour dire la violence de la vie quand les mots ne suffisent plus, quand tout semble perdu, quand la vulnérabilité prend toute la place, quand l’ombre prend le pas sur la lumière.
Des images coup de poing pour exprimer un état de désespérance : « Ma tête est un reposoir. Un écho pris de vertige. Une flamme noire qui calcifie les oiseaux du paradis ». En ce recueil, une tonalité nervalienne et plane « le soleil noir de la mélancolie » ; une mélancolie que le poète nomme pudiquement nostalgie : « Nostalgie noces de la lumière / et de l’ombre qui agit comme/ une algue envahissante… » Alors, la tentation de l’alcool comme refuge quand il n’y a « Nul mots à l’endroit/ où saignent les larmes… » et que tout devient désert : « Je ne sais rien de la nuit/que les ombres furtives/ le long des rues désertes… ». La nuit est un thème central du recueil, elle abrite le silence, les silences « coupants / comme des couteaux ». La nuit est métaphore de cette mélancolie, une mélancolie qui rend perméable à la souffrance des autres, la souffrance dont « Nul ne sait l’ampleur ».
La vie, une vie qui oscille entre l’obscur et le soleil car jamais ne cesse la quête de la lumière ; par-delà la nuit, par- delà les volets clos : « dans un rai / d’éternité absolue », passent et la lumière et l’amour alors, la nuit n’aura pas le dernier mot, l’espoir vaincra le désespoir ; les mots et la poésie pour consoler le dépossédé pour éclairer la nuit du Desdichado.
(Ce recueil a été finaliste en 2024 pour la quatrième édition du prix de poésie Léon Paul Fargue )
Éric Dubois, Nul ne sait l’ampleur, éditions unicité, 2024, 45p 12€.
Extrait (p.27-28)
Ce sera une nuit
comme une autre
mais ce sera la dernière
les yeux remplis d’étoiles
Ce sera une nuit
comme une autre
mais ce sera la seule l’unique
solde de tout compte
Ce sera une nuit
comme une autre
dans les draps blessés
dans le sang glacé
Ce sera une nuit
comme une autre
plus belle encore
et plus jolie
Ce sera une nuit
comme une autre
comme une dernière
colère une ultime prière
Ce sera une nuit
comme une autre
mais que l’on n’oubliera pas
dans le bruit des pas
Par-delà soi
par les autres qui se souviendront
de vous traçant ainsi la nuit
avec des fils de soie