La ponctuation, du point final au point d’infini : entretien avec Eric Poindron.

Conteur, créateur de contes, poète, auteur de plus d'une quarantaine de livres, éditeur, collectionneur, scénariste, metteur en scène, Eric Poindron, en plus de tout ceci,  invente des signes de ponctuation ! Il est vrai que pour exprimer la palette immense de ce qu'il perçoit à travers le prisme de ces multiples approches et talents, il faut sans aucun doute élargir la gamme de ces caractères qui participent pleinement à l'élaboration sémantique des textes. C'est donc à lui que nous avons posé ces quelques questions, auxquelles il a si gentiment accepté de répondre.

Éric Poindron, comment définirais-tu la ponctuation ?
Répondre à une question aussi vertigineuse est un travail d’équilibriste. Avec modestie, je crois que la ponctuation est une affaire de morale. La morale que nous nous devons. Comme une oscillation entre le souffle et la raison ou la dignité et la musique de l’esprit. Jadis, il existait une expression qui disait : « donner un soufflet à Ronsard » et qui signifie « faire une faute contre la langue » ou maltraiter la langue. L’expression a disparu et c’est peut-être tant mieux car il faudrait aujourd’hui presque l’utiliser à chaque coin de phrase tant la langue est rudoyée.
La ponctuation, ce sont à peine quelques petits signes mystérieux et misérables, un peu comme les pièces d’échec, inertes, et de bois, qui ne demandent qu’à prendre vie. Les échecs sont une science combinatoire et, du reste, une succession bien ordonnée et donnant naissance à un coup de maître est appelé « un prix de beauté ». Il en est ainsi et aussi avec la ponctuation qu’il faudrait surnommer « la discrète ».
La ponctuation est une rivière délicate, comme cet instant qui coule « un tout petit enclos de garde-barrière, couvrant une maisonnette de jardinier, treillageant le mur de la rustique auberge. », comme l'écrit printanière et si joliment Colette. Là est l'enjeu ; l’équilibre ; chacun peut essayer de s’y frotter.  C’est une épreuve de funambulisme.
Qui, comme Pierre Reverdy, peut prétendre écrire une confession parfaite : « En ce temps-là, le charbon était devenu aussi précieux et rare que des pépites d’or et j’écrivais dans un grenier où la neige en tombant par les interstices du toit, devenait bleue. »

Eric Poindron, Jack et la ponctuation, Les lectures de Chantalou.

La ponctuation, tout comme la typographie ou l'orthotypographie, est ma « grande affaire », mon obsession ou l’une de mes obsessions. J’ai toujours aimé les coulisses et la ponctuation est une affaire de coulisse. George Brummel, dit « Beau Brummel » énonçait que l’élégance était l’art de ne pas se faire remarquer. La ponctuation c’est peut-être ça : l’élégance qui ne se fait pas remarquer. Le regretté Gilles Lapouge, styliste incomparable et discret, disait que c’était le « style ». Travailler avec Gilles Lapouge et le voir corriger un texte était une épreuve de rigueur et d’enchantement. Une manière de gentilhomme de « ne pas y toucher ». Gilles déplaçait ou ôtait parfait une simple virgule et une phrase qui semblait toute laconique prenait son envol ou le droit chemin.
 Peut-on dire que la ponctuation joue le même rôle, produit les mêmes effets, dans la prose et dans la poésie ?
Nous savons que depuis l’admirable Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertand, texte poétique en prose qui influença Baudelaire, que les cartes ont été rebattues et que la poésie se fond dans la prose chez le prosateur exigeant.
Tout d’abord, qu’est-ce que la prose et qu’est-ce que la poésie ? J’ai toujours cru qu’un grand prosateur était avant tout ou en même temps un poète.
J’avais dit un jour à Pierre Michon « Toi qui es un poète tout entier et en majesté pourquoi n'écris-tu pas de poésie ? » et Pierre m’avait répondu : « J’écris de la poésie, en quelque sorte, tu vois bien. C’est parce que j’aime indistinctement les chiens et les loups, comme tu le fais. »
La poésie est sans enjeu, c’est pourquoi elle peut devenir un laboratoire d’expérimentation. Aussi chacun y va de son petit établi de manitou ou de chimiste. Les réussites sont plus ou moins lumineuses mais qu’importe puisque la poésie est une expérience, un chemin, une destination, et non un diplôme ou une date d’arrivée et climatisée.
Les fantômes de l'enfance, les « oiseaux Pihis » et apollinariens, l'âme de Lord Byron, la Mitteleuropa & la poésie de Borges, toutes ces sciences inexactes. Ou quelque chose comme ça.
Une anecdote : Au début de sa carrière d'écrivain, Pierre Loti commençait souvent sa phrase par des points de suspension ; ce que lui reprochait son éditeur. « Non, Ça ne se fait pas », se lamentait ce dernier. Ce qui n'empêcha nullement Loti d'entrer à l'Académie française.
Une autre anecdote, célèbre cette fois : Baudelaire corrigeant les épreuves de Les Fleurs du mal et précisant à la fin d’un vers (Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,) « Je tiens absolument à cette virgule. »
Une dernière anecdote, esthétique cette fois : Jules Denis écrit dans sa Grammaire typographique que « Le tiret, par son allure, a quelque chose d’élégant. […] Il n’a pas, comme sa congénère la parenthèse, le profil bedonnant qui vous arrête au passage. ».
Quels sont les poètes qui pour toi ont joué ou jouent avec la ponctuation de manière significative, ceux pour lesquels l’emploi de la ponctuation est déterminant, qui se sont appropriés ces signes pour les faire entrer dans le fonctionnement poétique de la langue ?
Le modèle c’est Apollinaire qui décide de sacrifier toute la ponctuation dans Alcools et donne naissance à un nouveau texte, à une modernité, et invente ainsi une nouvelle ponctuation. Avec Apollinaire, la messe est dite. Et chantée. Jamais un jour sans Apollinaire.
J’ai à ce propos une histoire émouvante. Nous avons vendu avec ma compagne, voilà quelques années, une édition originale de Calligrammes d’Apollinaire chez Artcurial. Tirage de tête, avec envoi à son ami René X – le nom de famille était à peine lisible –, gravure originale de Picasso et, surtout, correction d'un adjectif sur le livre de la main d'Apollinaire. La main et l’encre du poète sur son livre avant de le tendre à l’ami. La main dans la main du poète, donc.

Eric Poindron, Comment vivre en poète, préface de Chalélie Couture, Le Castor Astral, 2019, 137 pages, 15 €.

Apollinaire avait écrit : « Souci de la beauté et non de la Gloire » et au moment d’offrir le livre, il raye « la beauté » qu’il remplace par « l’être parfait ». Dans le bureau d’Artcurial, devant l’expert en gant blanc, ma compagne m’a demandé si j’étais bien certain de vouloir vendre le livre. J’ai hésité, un peu, à peine quelques secondes et lui ai répondu : « Oui, ça fera un nouvel heureux ».  Jeu de mains, jeux de poètes. Attention, un poète peut toujours en cacher un autre, point d’exclamation qui était autrefois appelé « point d’admiration » !
J’ai cité Reverdy mais je pourrai aussi évoquer mon cher André Hardellet que je lis presque chaque jour. « Il se leva, s'approcha de la fenêtre couverte de buée. De la rue, elle devait produire un halo rose et Masson se rappelait, au temps de sa misère, l'hiver, la fascination exercée par ces lumières qui signifiaient un repas, un feu, une nuit à couvert - ces vies frôlées mais jamais surprises dans leur déroulement secret derrière les murs et les vitres troubles. », écrit-il comme par magie dans Le Seuil du jardin.
J’échange aussi avec mon ami précieux Jérôme Leroy, poète tout aussi précieux – lisez par exemple son Nager vers la Norvège à la Table Ronde, lisez toute sa poésie – avec qui nous avons de longues conversations sur les poètes oubliés, sur le choix des majuscules et bien sûr, sur la ponctuation qui doit se faire discrète comme l’amitié qui ne devrait jamais être à prouver.
Ce matin encore, j’avais une très longue conversation avec CharlElie Couture, poète-chanteur, poète-rock, poète-poète et « Renaissance man » à propos de la lettre capitale qu’il souhaitait, à raison, imposer à certains noms commun (Vérité, par exemple mais pas seulement) afin d’en accentuer l’énergie et pourquoi pas la métaphysique – mœurs que, du reste, utilisait les moines de jadis. Et CharlElie, qui est aussi un poète oral, qu’il chante ou qu’il déclame, m’expliquait à quel point cette capitale fortifiait son texte.
J’aimerais aussi saluer Nicolas Bouvier qui n’était aucunement un « écrivain voyageur » mais seulement un écrivain et un tout aussi grand poète qui maniait à l’oral savamment la langue comme s’il avait imaginé une ponctuation propre et envoutante lorsqu’il racontait.
Enfin, je suis très sensible aux « blancs » ou aux espaces chez mon cher Pascal Quignard
(« Prendre la parole, dire je, poser le temps sont la même chose. [...] ») et encore davantage à ses récurrences d’astérisques qui chez lui deviennent ponctuation, respiration, réflexion, œuvre ouverte. Pascal se promène à travers certains siècles comme s’il était chez lui puisqu’il est chez lui et l’astérisque est sa complice dans ces voyages d’outre-temps.
L’astérisque est pour moi un véritable « signe ponctuation » que j’ai utilisé dans de nombreux livres et notamment dans Le Fou & la licorne ou Le Voyageur inachevé.
Tu as inventé des signes de ponctuation. Peux-tu nous les présenter, nous les montrer ?
J’ai inventé des signes de ponctuation et j’en invente encore mais souvent, ils sont invisibles ou moraux. Ils sont bien présents pourtant, afin de me donner un cap ou une direction, un peu comme Umberto Eco nous explique dans Apostille au Nom de la rose qu’il a inventé des moines et des existences de moines qui n’ont pas pris corps dans son récit mais qu’il lui fallait inventer pour donner vie à son récit et imaginer ainsi le bon fonctionnement de son abbaye. En somme, mes inventions, c’est un contrat avec moi.
J’ai inventé ainsi le « Point libellule » qui doit rendre légère une phrase, le point Delta – ∂ ou ∆ – qui vient sacraliser une phrase géographique, océanique ou borgesienne. Sans oublier les points de soupir, de mélancolie ou de nostalgie.
Il reste à inventer le « point melliflu » quand la phrase est généreuse comme le miel en conscience, le « point arcquencin » qui donnerait à la phrase la lumière et l’éclat de l’arc-en-ciel, le point adamantin ou le « point conjectural » lorsqu’un propos est fondé sur des suppositions, ce qui est le propre de l’écriture – ¿–
Qu’est-ce qui a motivé ces inventions ? Qu’est-ce que ces nouveaux signes apportent au texte, qu’il soit poétique ou en prose ?
Dans sa préface à L’Autre, le même, Borges écrit « Curieuse destinée, que celle de l’écrivain. À ses débuts, il est baroque, vaniteusement baroque et au fil des ans il peut atteindre, si les astres sont favorables, non pas la simplicité, ce qui n’est rien, mais une complexité modeste et secrète. »
En somme la motivation est ici. Il s’agit d’explorer ou de s’approcher du précipice de la phrase. Il faut « échafauder » et quand l’échafaudage s’écroule, il faut recommencer. Ou simplifier.
Quant aux nouveaux signes, ou signes imaginés, je crois qu’ils n’apportent rien au texte mais ça m’amuse de m’amuser.

Eric Poindron, Crayonner le noir, Les lectures de Chantalou.

Souvenons-nous que la ponctuation n’est qu’une convention et qu’autrefois les Moines copistes ponctuaient à leur jolie ou loufoque manière. Durant le Moyen Âge, il n’était pas rare que l’on mette un Z au lieu d’un S au pluriel de certains mots. Toutefois cette orthographe étonnante était due uniquement aux copistes qui trouvaient que, pour leurs manuscrits, les lettres à queue étaient d’un effet plus agréable que les lettres courtes. Alors, les moines substituaient volontiers les premières aux secondes, surtout à la fin des phraseZ. C’est une simplification, bien sûr.
Puis les imprimeurs ont pris la main, parfois au désarroi ou à l’ire des auteurs.
Aurais-tu des exemples de l’emploi de ces signes que tu as inventés ?
J'ai retrouvé un poème inédit de Jorge Luis Borges (point conjectural) ¿
Traduit pour la première fois en 1987
Et retraduit par mes soins  (point melliflu)
– Je vous l'offrirai demain
dans une autre traduction –
Il y est question d'instruments de mesures rares
De ponctuations inconnus (point arcquencin)
De sciences inexactes
D'une inconnue à plusieurs inconnus aussi
Et du temps qui joue au plus malin
Je vous l'offrirai demain
Quelle en sera la traduction
Pour ne pas le perdre
Mais pour qu'il ne soit pas reconnu
je l'ai recopié sans signature
Sur un mur secret du monastère de Ségriès (point Delta)
À Moustiers-Sainte-Marie, Haute-Provence
Au coeur des lavandes
Cette cachotterie est ma boite clandestin / mon « livre feint »
Un secret se cache en pleine lumière comme le sait Jean Cocteau (point Delta)
Quand vous entrez dans le monastère il faut prendre à droite
Suivre le chemin qui bifurque ¿
Via Borgesiana  ∆
Puis se débrouiller ¿
Il faut toujours semer des indices et des sables ≈ (point océanique)
Ubiquistes ∆
Pour l'heure, je suis le seul à savoir où il se cache
Avec Borges ∆
Qui nous fait croire qu'il sait presque tout
Allez savoir avec Borges ∆ ¿
Il est une autre histoire qui m’enchante, c’est celle d’un petit diable qui joua bien des tours aux textes, à la ponctuation et même à la typographie.
L’imaginaire monastique a su inventer, par – ou avec – facétie, un démon particulier, appelé Titivillus, et parfois « Tytyvillus », « Tutivillus », « Tutuvillus », afin d’excuser les erreurs et les fautes des moines calligrapheZ.
La répétitivité de la tâche des moines copistes occasionnait des erreurs et les mots étaient mutilés, déplacés, mal orthographiés ou tout simplement absents, et il fallait rappeler aux moines leur pêché d’inattention.
Ainsi ces derniers faisaient porter la responsabilité́ de leurs erreurs à ce petit diable, et se dédouanaient en écrivant au dos de leur copie : « Titivillus m’a fait faire cette faute. » ou « Ce n'est pas moi, c'est Titivillus ! »
Il apparaît la première fois dans le Tractatus de penitentia, écrit vers 1285 par John de Galles qui ajoute : « Quacque die mille / Vicibus sarcinat ille. » Chaque jour, Titivillus devait trouver assez d’erreurs pour remplir son sac mille fois ; erreurs que le démon apportait au diable. Chaque erreur, comme un péché, était dûment enregistrée dans un livre face au nom du moine qui l’avait commise, afin qu’il soit énoncé le jour du Jugement dernier.
Et les moines de s’exclamer avant la moindre faute : « Puisse Titivillus ne pas remplir trop sa besace ! »
Même s’il disparaît peu à peu à la Renaissance, Titivillus demeurera longtemps dans l’imaginaire collectif puisque Shakespeare l’évoque dans le deuxième acte de son "Henri IV" et qu’au siècle dernier, le très sérieux dictionnaire de référence "The Oxford English Dictionary", mentionnait encore son nom dans une note de bas de page.
Est-ce que certains signes de ponctuation sont encore à inventer, selon toi ?
Avant d’inventer encore et encore, il est des combats qu'il ne faudrait jamais perdre ; celui en faveur du point-virgule en est un.
Ambigu pour certains, archaïque pour d'autres et cher à Pierre Michon, le point-virgule est pourtant un compagnon précieux. Chimérique ou à l'intuition musicale, ce signe discret est l'allié de la description ou du souvenir ; il est discret comme un effacement ; une dignité ou un repli sur soi. Le point est un sabre au clair qui tranche le propos quand le point-virgule est un effleurement ; une grâce à peine masquée.
Et s'il venait à disparaître, il nous faudrait alors remettre en vigueur le point de soupir ; une coquetterie délicate et typographique à imaginer ; comme un soupir – comme en musique ou un pont vénitien – car nous ne sommes jamais à un soupir près ; ou prêts.
Et si nous inventions le point de champagne °°° ?¿ Etc cætera.
J’aurais aimé que L’esperluette, &, qui fut autrefois la vingt-septième lettre de l’alphabet, fut une ponctuation. & tout comme la feuille Aldine ❦ qui demeure ma coquetterie.
Vers la fin du XVe siècle, Alde Manuce, imprimeur, libraire, éditeur, vénitien, et humaniste imagine les poinçons de la feuille de vigne. ❦ Il fixe ainsi un motif souvent aléatoire que l’on réalisait à la main. Ainsi naît la feuille aldine, une feuille typographique élégante & délicate parée de sarments ondulés de différentes tailles.
La feuille aldine sera déclinée à l'envi par les typographes et vivra ses belles heures au siècle de l’Humanisme.
Si vous êtes un humaniste, faites confiance à la feuille aldine, ce petit coeur qui sait battre au gré des mots vivants et des pages. ❦
« Et cetera desunt » est une locution adverbiale nous venant du latin médiéval qui signifie « et les autres choses manquent » ou « et le reste est omis » ; car, ainsi que nous le savons, et comme nous le redoutons, ni le livre, ni la vie, ne sauraient être exhaustifs. ❦
Et l'histoire de la  ponctuation, insaisissable, demeure à écrire encore, ainsi une lanterne sourde, vacillante et d'infortune ∆
Il nous faut inventer chaque jour de nouvelles ponctuations, métaphysiques, des points de miracle et des points d'ange. Aussi chaque jour J'écris des bouts d'extase en me bagarrant avec la ponctuation – et garde mes ratures pour moi ; et hop, au coffre qui est un modeste coffre de bois.

Image de Une : © Laurent Méliz 

Présentation de l’auteur

Éric Poindron

Éric Poindron est un éditeur (après avoir créé les éditions du Coq à l’Ane, il dirige la collection « Curiosa & cætera » au Castor Astral et la collection « Le chant des possibles » aux éditions invenit et intervient comme conseiller éditorial pour d’autres maison.

Auteur « hors normes, échappant aux canons conventionnels de la modernité, du contemporain et de l’actualité littéraire », d’après le sitePoezibao.

Poète, il est l’auteur de Comme un bal de fantômes, élu meilleur recueil de poésie 2017 par La Cause Littéraire. En 2019, il a reçu le prix Topor de l’éditeur et poète pour l’ensemble de son travail. En 2020, il est lauréat du prix Nerval de poésie.

crédit : Laurent Méliz

Auteur

  • Riccardo Freda, un pirate à la Caméra, avec Riccardo Freda, Actes Sud, 1995.
  • L'Almanach joyeux de la Champagne, collectif, Coq à l'Âne, 1997.
  • Paul Fort comme un poète, Coq à l'Âne, 1998.
  • Mystères et diableries en Champagne-Ardenne, Coq à l’Âne, 1999.
  • Mes enfants, quel cirque !, Coq à l'Âne, 2000.
  • Belles étoiles, Avec Stevenson dans les Cévennes, Flammarion, 2001.
  • Les Contes rémois, une biographie de Louis de Chevigné, Coq à l'Âne.
  • Sur les traces du géant, avec Jean-Loup Welcomme, Flammarion, 2003.
  • Mystères, diableries et merveilles en Champagne-Ardenne et dans le reste du monde, Coq à l'Âne, 2003.
  • Chefs, saveurs Champagne, avec Ragnar Fridriksson, Passion Food, 2006.
  • Le Champagne, dix façons de le préparer, L’Épure, 2008.
  • Le Whisky, dix façons de le préparer, L’Épure, 2008.
  • La Vodka, dix façons de la préparer, L’Épure, 2008.
  • De l'égarement à travers les livres, Le Castor Astral, 2011.
  • Ces livres qui n'existent pas, du Malin Plaisir, 2012.
  • Le Collectionneur de providence ou Petit traité de crânophilie, éditions Les Venterniers, 2013.
  • Pathologies & Facéties littéraires, éditions Les Venterniers, 2014.
  • Marginalia & Curiosités, éditions Les Venterniers, 2015.
  • Gilles Lapouge en toute liberté, avec Gilles Lapouge, Le Passeur, 2015.
  • Paris-Littérature by night, éditions Les Venterniers, 2016.
  • Nuit(s), folie, fantômes & quelques masques, éditions Les Venterniers, 2016.
  • L'Étrange Questionnaire d'Eric Poindron... ou le livre qu'il vous faudra en partie écrire ; ou dessiner, éditions Les Venterniers, 2016 ; réed. Le Castor Astral, 2017.
  • Bleu comme un orage à-mer, éditions Les Venterniers, 2016.
  • Le Cabinet des flots et des curiosités, éditions Les Venterniers, 2016.
  • Lettre aux fantômes, les miens, les vôtres & les leur(re)s, Le Réalgar, 2017.
  • Comme un bal de fantômes, Le Castor Astral, 2018.
  • 36 choses à faire avant de mourir, Pré Carré éditeur, 2018.
  • L'Ombre de la girafe, un voyage au long cou, Bleu Autour, 2018.
  • Apostille & Excursus à la girafe, Au long cou, 2019.
  • Comment vivre en Poète, 300 questions au lecteur et à celui qui écrit, Le Castor astral, 2019.
  • Le Fou et la Licorne, postface de Pierre Michon, Germes de barbarie, 2020.
  • Petit train, éditions du Petit Flou, 2020.
  • Brueghel. Des secret dans la neige, Invenit, 2020.
  • Le Voyageur inachevé, Le Castor astral, 2020.

Ouvrages collectifs

  • Talleyrand chez nous, un quatuor rémois de Jean-Paul Machetel, éd. du Coq à l'Ane, 2004.
  • Le Grand Livre de Dumas, sous la direction de Charles Dantzig : scénario de La Fille de d'Artagnan, Les Belles Lettres, 2003.
  • Abécédaire Ichtyophile, collectif, Éd. GB & CO, 2015.
  • Dehors / recueil sans abri, Éd. Janus, 2016.
  • Éloge et défense de la langue française, Éd. Unicité, 2016.
  • Merci Paris, collectif, Éd. Tallandier, 2017.
  • L’Eau entre nos doigts, anthologie, Éd. Henry, 2018.
  • L'Homme livre, Éd. librairie indépendante, 2018.
  • Pour avoir vu un soir la beauté passée, 60 poètes d'aujourd'hui, collectif, Le Castor astral, 2019.
  • L'Almanach du tastevin, collectif, éd. D'en bas, 2019.
  • CharlÉlie Couture / Passage, Portrait du peintre à regards multiples, Éd. Musée Paul Valéry, 2019.
  • Voix vives de Méditerranée, Anthologie Sète, Éd. Bruno Doucey, 2019.
  • Le Système poétique des éléments, Invenit, 2019.
  • Nous, avec le poème comme seul courage, 84 poètes d'aujourd'hui, Le Castor astral, 2019.
  • Le Cabinet des merveilles, Invenit, 2020.
  • Le Désir en nous comme un défi au monde, 94 poètes d'aujourd'hui, Le Castor astral, 2020.Texte manifeste pour No Passaran !, éditions La Dragonne.
  • Texte pour Chemins d'étoiles (Le Bestiaire du voyageur, éditions Transboréal.
  • Texte « William Thierry, éditeur, imprimeur & singulier » in Les Éditions à l'écart, Hommage à William Thierry, Société des amis de la Bibliothèque de Reims, 2009.
  • Vieille marchande d'almanachs, revue Charogne n° 1.
  • Texte « Le Grand Jeu c'est nous » pour Autour du Grand Jeu, artistes et écrivains autour du Grand Jeu, éditions Domaine d'Art contemporain, 2003.
  • Participation au livre Les 807, les éditions du transat, 2010.
  • Texte dans Vents Contraires, le Livre collectif du Théâtre du Rond-Point, de Collectif, sous la direction de Jean-Daniel Magnin et Jean-Michel Ribes, Le Castor astral, coll. « Curiosa & cætera », 2012.
  • Écriture et coordination de Mes enfants quelle cirque !, Le Coq à l'âne.
  • Écriture et coordination Paul Fort comme un poète, Le Coq à l'âne.
  • Textes et coordination de contes et légendes pour Marne pays d'histoires, conseil général de la Marne.
  • Coordination de Le Dictionnaire Jean de La Fontaine, de Paul Fontimpe, Le Coq à l'âne.
  • Coordination et appareil critique de Talleyrand chez nous, un quatuor rémois de Jean-Paul Machetel, Le Coq à l'âne.

Préfaces et postfaces

  • Contes de Champagne et au champagne, de Henri Richardot (préf.), Le Coq à l'âne.
  • Murmure en pays Camisard, de Sergio Cozzi (préf.), éditions Géorama.
  • Supplément au Voyage de Bougainville, de Denis Diderot (préf.), éditions Pocket.
  • Le Ratafia de Champagne, de Sandra Rota (préf.), Le Coq à l'âne.
  • Au château de l'étrange, de Claude Seignolle (préf.), Le Castor astral, coll. « Curiosa & cætera ».
  • Dictionnaire des idées reçues, de Gustave Flaubert (postface), Le Castor astral, coll. « Les inattendus ».
  • 76 clochards célestes ou presque (préf.), Le Castor astral, coll. « Curiosa & cætera ».
  • Le Blues roumain, anthologie poétique dirigé par Radu Bata (préf.), éditions Unicité.

Scénariste

  • Co-scénariste de Animal's Gang, avec Riccardo Freda et Jean-Philippe Stefani, production Little Bear et Bertrand Tavernier.
  • Idée originale (avec Riccardo Freda) et co-scénariste de La Fille de d'Artagnan de Bertrand Tavernier.

Éditeur

Le Castor astral

Directeur de collection, collection « Curiosa & Cætera ».

  • Petite encyclopédie du cannabis, Nicolas Millet, 2010.
  • Le Paradisier, roman flottant, Frédéric Clément, 2010.
  • Brefs, Georges Kolebka, 2011.
  • Au Château de l'étrange, de Claude Seignolle, préface de Éric Poindron, 2011.
  • Valpéri. Mémoires d'un gentilhomme du siècle dernier, Paul de Molènes, préface de Norbert Gaulard, 2011.
  • De l'égarement à travers les livres, Eric Poindron, 2011.
  • Paris macabre, Histoires étranges & merveilleuses, Rodolphe Trouilleux, 2012.
  • Petits et Méchants, Jean-Pierre Cagnat — Prix de l'Humour noir Grandville, 2012.
  • Vents contraires, le livre collectif du théâtre du Rond-Point, collectif, sous la direction de Jean-Daniel Magnin et Jean-Michel Ribes, 2012.
  • Le Fracas des nuages, Lambert Schlechter, 2013.
  • Paris Fantastique, Histoires bizarres & incroyables, Rodolphe Trouilleux, 2014.
  • Petite encyclopédie des vampires, Moquet & Pétitin, 2014.
  • Haïkus de mes comptoirs, Jean-Marie Gourio, 2014.
  • La Chambre turque, Sapho, 2015.
  • 76 clochards célestes ou presque, Thomas Vinau, 2016.
  • Comme un bal de fantômes, Éric Poindron, 2017
  • L’Étrange Questionnaire d’Éric Poindron / ou le livre qu'il vous faudra en partie écrire ou dessiner, Éric Poindron, 2017.
  • Des étoiles et des chiens, Thomas Vinau, 2017.
  • La Mécanique du ciel, CharlÉlie Couture, 2019.
  • Comment vivre en poète. 300 questions au lecteur et à celui qui écrit, Éric Poindron, 2019.
  • Le Bazar de l'hôtel de vie, Christian Laborde, 2020.
  • Le Voyageur inachevé, Éric Poindron, 2020.

Éditions Invenit

Directeur de collection, collection « Le chant des possibles ».

  • N'aie pas peur, Jamais, Baptiste Beaulieu, 2020.
  • Éparpillés, Cali, 2020.
  • J'irai chanter sur vos tombes – Vian et le déserteur, Marc Dufaud, 2020.

Conseiller éditorial

  • Merci Paris, collectif, Tallandier, 2017.
  • J'ai soif ! Soif ! Soif ! mais soif !, Jean-Marie Gourio, Le Cherche midi, 2018.
  • Un Milliard d'années, Lucas Le Gall, Le Cherche midi, 2020.
  • New York Memories, CharlÉlie Couture, Le Cherche midi, 2020.

Cabinets de curiosités

Éric Poindron possède un cabinet de curiosités « en mouvement perpétuel », qu'il conçoit comme une expérience esthétique, visuelle et plastiqueet étudie et répertorie les cabinets de curiosité. Il organise des expositions sur ce thème et construit des cabinets de curiosité provisoires pour l'Espace Andrée-Chedid d'Issy-les-Moulineaux, dans le cadre de l'opération « La science se livre », et pour la mairie du 5e arrondissement durant le festival Quartier du livre.

Il anime au quotidien un cabinet de curiosités en ligne.

Expositions

  • « Le cabinet de curiosités à la girafe », dans le cadre de « La science se livre », espace culturel Andrée-Chedid, Issy-Les-Moulineaux, samedi 2 au samedi 23 février 2019.
  • « Cabinet de curiosités / univers poétiques & fantastiques », mairie du Ve arrondissement, Paris, du 15 au 22 mai 2019.

Poèmes choisis

Autres lectures

Eric Poindron, Comme un bal de fantômes

Éric Poindron, qui a dirigé les éditions Le Coq à l'âne avant de créer la collection "Curiosa &caetera" au Castor Astral est journaliste littéraire et auteur de nombreux écrits comme L'étrange questionnaire, De [...]

Comment vivre en poète, lettre à Éric Poindron

En manière d'introduction, cette lettre-mail qui explique la genèse du dialogue entre Éric Poindron et l'auteur.   Louvigné-du-Désert le 24 novembre 2020 Bonjour Maryline, En accord avec mon ami Eric, je te joins [...]




Comment vivre en poète, lettre à Éric Poindron

En manière d'introduction, cette lettre-mail qui explique la genèse du dialogue entre Éric Poindron et l'auteur.

 

Louvigné-du-Désert le 24 novembre 2020

Bonjour Maryline,

En accord avec mon ami Eric, je te joins ce texte : Dialogue avec Eric Poindron (ou Lettre à Eric Poindron, tu jugeras, à l'occasion, du meilleur titre à lui donner). J'espère qu'il te plaira.
Il s'agit d'un jeu de questions/réponses entre l'auteur et moi. Au crayon à papier, comme c'est mon habitude, j'ai directement écrit sur le livre que je lisais. Il s'agissait de son ouvrage (inclassable mais poétique sûrement) Comment vivre en poète paru en février 2019 au Castor Astral.
A la réécriture, je me suis astreint, pour un maximum de sincérité, à reprendre le plus possible le premier jet très impulsif. On y trouve donc nombre d'imperfections, mais je l'assume, et pour Eric Poindron, et pour toi, et pour la nécessité du ressenti, si j'ose dire.
Techniquement, le livre de Poindron est tout fait de citations d'auteurs entre guillemets, de réflexions en police grasse, ou majuscule, ou plus habituelle Times New ROMAN… J'ai ajouté une note de départ expliquant tout cela. Pas facile à suivre peut-être. J'espère que le lecteur s'y retrouvera.
J'ajouterai qu'il n'y avait aucun projet de publication dans l'écriture de cet échange. Juste l'envie d'un partage avec le poète.
Par la suite, l'ayant joint au téléphone, nous avons ensemble évoqué cette éventualité de publier dans ta revue en ligne.
Tu en jugeras.
Dans l'amitié des mots.

Serge Prioul

Vaucluse 18 octobre 2019 - Louvigné-du-Désert 1 janvier 2020

Salut Eric,

Je te connais peu ; j'ai seulement remarqué un type pas comme les autres - poètes - la sincérité de ta présence quelquefois sur Facebook, et ça me faisait du bien.

Alors quand j'ai trouvé ce livre dans le rayon poésie - encore trop modeste à mon goût ! - de la librairie Le Bleuet à Banon, je l'ai acheté sans hésiter (Du coup, double effet du plaisir, j'en ai même déposé deux des miens !).

Comme la poésie, ce livre convie des poètes à prendre place en ces pages, écris-tu.

L'invitation était trop belle : le crayon à papier, léger ; du genre à effleurer sans effeuiller, sans affirmer surtout. Je t'ai photocopié deux pages de mes notes directement sur ton texte, juste pour montrer l'effleurage - et c'est illisible ! Alors, il m'a fallu tous ces mois pour reprendre mes petites réflexions (pardonne-moi d'avoir été si long - je suis très mauvais écrivain !)

Non pas que je ne croie pas en la valeur de mon texte, de ma critique, mais souvent j'écris péniblement, et j'avais l'impression de ne rien dire d'intérêt, de m'être attelé à trop gros, de m'être attaqué à… le siège m'épuisait.
Pourtant je n'ai quasiment pas changé les mots couchés lors de cette lecture d'octobre. Et je te les restitue tels quels.

Je le répète, ce n'est guère une critique, plutôt un dialogue avec un ami poète dont j'aime lire les textes. Sans doute un peu ce que tu espérais en écrivant.

Eric Poindron, Commet vivre en poète, préface de Chalélie Couture, Le Castor Astral, 2019, 137 pages, 15 €.

Voilà donc ce regard sur… du "lecteur moyen" que je suis qui n'apporte pas de réponses aux questions ; l'impression plutôt d'y accoler une nouvelle question, siamoise !
Et des réponses à double sens (tu l'auras compris) comme doit être la poésie, comme j'essaie en tout cas de l'écrire. A quoi bon écrire un vers s'il n'a qu'un seul sens de lecture ? Travail de poète, donc ! - tu vois j'avance comme en mathématique : argumentant la démonstration. Et pour moi-même.
Comme la poésie, ce livre convie des poètes à prendre place en ces pages, tu l'écris donc à la page 34. Je n'avais pas attendu d'être arrivé là pour griffonner régulièrement mes notes à la suite des passages qui me parlaient. Parfois ils laissaient un blanc sur la page, comme pour proposer une suite, parfois il fallait se contenter d'un bout de marge et d'un commentaire laconique, et c'est bien ainsi !
A 17 ans, fauché comme un fils d'ouvrier, j'ai volé à un libraire le Baudelaire de la Pléiade. Comme sur ton livre, j'ai écrit contre chaque poème. Ce que je comprenais, ce que je ne comprenais pas aussi, et c'est régal à relire ces notes intimes du garçon qui découvre ! Le Baudelaire m'accompagne toujours, il est là près de moi, sur le siège du camping-car. Le tien le rejoindra sûrement. Belle compagnie !
Et tout cela restera entre nous. En noir et blanc. Comme les photos de mes amis du Trás-os-Montes. Existe-t-il ce « lecteur moyen » ? Lire et en parler me semble toujours assez exceptionnel. On ne te parlera pas de ton livre m’avait dit Sylvie Durbec, lorsqu’elle m’avait mis le pied à l’étrier de l’édition.
Bonne lecture, donc ! Essaie de m'y comprendre… Si tant est que…  J'ai moins écrit dans la dernière partie ; il ne faut pas abuser ! Et j'y reviendrai souvent : quel outil pour mes ateliers d'écriture ! Toujours, cette envie de jouer avec toi, au jeu de l'écriture - et rien là de plus sérieux.
L'amitié comme en plus.

Comment vivre en poète

 Eric Poindron1

 

" On sent bien qu'il existe une obscurité inhérente à la poésie, mais on imagine un peu vite que le poète doit la rechercher alors qu'il doit la dissiper. "

 Roger Caillois

  Vivre en poète, c'est se sentir comme un électron libre propulsé en dehors des limites de son chant d'attraction. A la fois joyeux et désespéré, à la fois isolé et confondu à l'Univers… (page 13)

Vivre en poète, c'est profiter d'une page blanche - ou presque - dans un livre intitulé "Comment vivre en poète" et avoir envie d'y mettre ses propres mots. A peine, comme cela, au crayon à papier qui glisse aussi simplement qu'on l'efface.

 

Celle que j'aime dort encore
je suis sur la terrasse dans le calme des coqs
je bois du thé noir
… (page 15)

Dire qu'il est cinq heures dans un pays qui fait monter les marches* aux coqs qui se la ramènent un peu trop tôt. Que celle que j'aime dort aussi et que j'ai près de moi mon vieux Baudelaire dans la Pléiade, épais volume volé à un libraire ce qui lui gâcha la journée, mais pas la vie, la mienne.

*Expression populaire d'autrefois pour dire : envoyer quelqu'un au tribunal.

 

Le poète vit à Paris, qui est une ville de poètes, mais pas seulement. Il peut aussi vivre en province puisqu'il est possible de vivre en poète partout.

Le poète peut exercer un métier qui ne compte pas. Ou jouer aux échecs. Ou ramasser des champignons.
… (page 17)

Mon fils enseigne les échecs, fait du vélo, ramasse des champignons. Les fait sécher. Comme nous les mots, tout seuls. Samedi, j'irai avec lui en forêt de Rennes. A Rennes, la Maison de la Poésie est le long du canal. On dit toujours que c'est un coin de campagne dans la ville. 

Quelquefois le poète lit les livres qu'il achète mais ce n'est pas une obligation. Quelquefois le poète lit deux pages puis se met à écrire… (page 18)

Ce genre de page où on nous a laissé bien peu de place pour les notes - et à gauche, où c'est pas facile. Mais on se dit qu'on va le racheter ce livre, pour l'offrir. A une amie poète ; parce qu'on a une amie poète, et qu'on lui offre souvent des mots.


Je crois aux poètes du Grand Dehors et du Grand Vide. Quand le vent souffle large. Le Souffle et l'écho du souffle…

L'assassinat de la poésie est commis sans conscience, mais en toute conscience, par les tristes crapules qui la décortiquent à la vilaine manière d'une autopsie. (Page 20)

Est-ce la page pour dire que je taille la pierre et qu'il en sort souvent un poème ? Même quand je me tape sur les doigts - mais ce n'est pas souvent.

Celui qui vit en poète, c'est celui qui fait, qui dit, qui lit, qui luit. Qui pille, puis éparpille. (page 23)

Et puis, de ci, de là, quelques petites traces dans la marge. Touches à tout. 

 Vivre en poète, c'est peut-être / être toujours quelque part au milieu de nulle part égaré au cœur des chahuts et des chaos ; être seulement ici ou là, là où je ne m'attends jamais. … (page 25)

Je marque cette page avec un marque-pages de la librairie Le Bleuet à Banon. J'ai croisé cette route, ce village de Provence dont je ne savais rien, surtout pas qu'y vivaient, que s'y débattaient tous ces poètes dans cette "plus grande librairie de France", m'a-t-on dit. Alors moi, comme cela, j'ai déposé deux volumes, d'un de mes deux livres, comme cela… 

Comment vivre en poète, c'est peut-être / cette réponse de Jean-Claude Pirotte : "Lorsque les gens me demandent si je suis écrivain, je fais le mort."

Quant à l'édition d'un texte, ça vaut à peine un paraphe. Là n'est pas l'enjeu. Une fois la première phrase passée, il n'y a plus de morale. (page 26)

"Ecris, écris" dit Jacques Josse "le reste… !" Et il regarde le ciel, comme il regarde la mer.

(page 27) La page d'avant ou celle d'avant, je lis les mots de Reverdy, sur la neige bleue du toit fendu. De mon camping-car où je vis en poète, il n'y a pas de toit fendu, et c'est heureux. Juste des rideaux-volets qui ferment presque bien par où un matin de grand soleil, dans la boîte presque noire, je voyais les gens du dehors marcher sur la tête.
Alors parfois, je les ouvres en grand, ces volets, sur la Lune.

L'écritoire est un vaste pays en silence.
Qu'ai-je fait de l'hiver ? (page 29)

Tu verrais la taille de ma table d'écriture. Entre le bol, le lait, le miel, le testeur de diabète, la page blanche - ou pas.
Tu chercherais la place de ton livre - ou pas.

On n'écrit pas de la poésie parce qu'on ne peut pas faire autrement, mais parce qu'on ne sait pas faire autrement.

Ecrire sur une pierre trouvée, c'est lui offrir des yeux et le don du regard.
On a vu des poètes écrire sur des galets, et les pierres se mettre à sourire. (page 30)

Si c'est de la poésie, c'est pour tout le monde ; et si ce n'est pas pour tout le monde, alors ce n'est pas de la poésie. (page 31)

Pour la pierre, si tu savais… !
Mais tu sais. Sur le chantier, Thierry Metz. Tu sais !  

Tu vois, ami,
Apprendre à lire un paysage ne détruit absolument pas le paysage. Il faut apprendre à regarder pour rien ; et regarder le paysage comme une succession de strates ne tue pas la poésie.


Tu vois, ami,
Si on écrit quelque chose, il faut raconter les à-côtés.
On ne gagne pas ses galons parce qu'on découvre quelque chose de sensationnel. Tout est déjà écrit : il faut seulement trouver une petite place. (page 32)

Ami, cette envie de te répondre. Bon, c'est déjà fait. Et puis, j'aime pas écrire sur la page de gauche. Je sais, tu me feras sur la page de droite, une petite place plus confortable. 

Comme la poésie, ce livre convie des poètes à prendre place en ces pages.
Ce livre pose des questions mais n'apporte pas de réponses.

Souvenez-vous aussi qu'il n'existe ni bonnes ni mauvaises réponses, et qu'à la question posée "pourquoi écrivez-vous ?", la réponse la plus brève du poète Saint John Perse sera toujours celle de l'essence : " Pour mieux vivre." (page 34) 

Je t'envoie, Eric, "Le questionnaire Vagamundo" de mon premier livre - enfin, l'avant-dernier !  

Le questionnaire Vagamundo

Depuis quand écrivez-vous ?
Depuis que le vin ne m’écrit plus.

Quand écrivez-vous ?
Le matin quand un grand cœur bat dans l’aube et le silence.

Ecrivez-vous ?
Comme je caresse les pierres,
De ma grosse main de tailleur de pierre.

Vous ?
Même pluriel, n’est pas une fin
Puisqu’il reste ils
Et surtout elles

?
J’ai toujours aimé poser la question : Quoi ?

 

***************

Ensuite, ici et là dans :

QUESTIONS SANS REPONSES
SENTIER D'ECRITURE 

Des pages à noter où rien n'est noté.
Trop de place, peut-être.

 

En si peu de mots, quel poème
allez-vous écrire dans les rares blancs d'un ticket
de métro, d'un titre de transport - amoureux ? -
et à qui ? (page 51)

J'ai souvent écrit sur les tickets de bar (il n'y a pas de métro à Fougères)
Mon éditeur a tout refusé, ce devait être très mauvais
Il y avait encore trop de place.

  Comme ce poète Celan qui cherchait un "Tu à qui parler", j'ai un "je" qui traîne ;

 ai-je le droit de dire je
dans une histoire de poèmes ?
(page 53)

Je. Tu. Qu'importe ! Parfois je te dis-tu. A d'autres c'est à moi, ce tu.

 

pourquoi celui qui n'écrit pas peut-il vivre en poète ?
(page 62)

Je voyage en camping-car ; je dois faire de la poésie avec des chevaux fiscaux.

 

" Quelle humanité dans l'œuvre qui n'aura pas collaboré avec le hasard. "
(page 62)

Voilà le genre de phrase hasardeuse née des rencontres avec la page de droite.

 

Alors, quel poisson êtes-vous ?
(page 63)

Un chevesne, qu'en pays Gallo, on appelle un dard, du fait de ses nombreuses arêtes sans doute.

 

 Pour Marie-Claire Bancquart, le poème est "comme une série de "désobéissances" à la langue commune."

Quelles sont vos désobéissances ?
(page 68)

Je m'en fais des obligations mais ne sais pas si j'en ferai fortune.

 

" Lucarne. Par cette lucarne - la seule dans la ville - on assiste aux travaux secrets de la nuit."

André Hardellet
(page 69)

Comme je n'aime guère le bleu, si fatigué, si usité, j'allume une chandelle jaune pour voir la nuit.

 

Qui est ce lecteur, cet ami inconnu, à venir ?
(page 69)

Il faudrait trois points d'interrogation à cette phrase.


en typographie étourdie - ou fantôme -,
un "blanc" mal placé, comme un ange qui passerait,
est peut-être une " coquille vide " ?
(page 73)

 

Ici, pas de note ; juste un trait en marge pour dire aimer (il y en a beaucoup tout au long de ton livre, ami). Mes traits souvent sont circulaires, comme en mathématiques, les vecteurs d'un cercle.

 

FAUT-IL entretenir des correspondances
avec d'autres poètes,
ET POURQUOI faudrait-il
établir des correspondances entre poètes ?
(page 77)

La page m'a-t-elle laissé la place pour répondre ?
Devait arriver cette question.
Et avec elle, celle que je me pose : dois-je t'écrire ? T'envoyer mes notes ?
Mes questions ? Mes non-réponses ? A quoi bon ?
Et puis, je me dis qu'il faut vivre en poète. Dangereusement !

 

Quel télégramme écririez-vous à un poète admiré ?
(page 78)

Ça ne doit pas être facile (!) (?) / Stop

Quel télégramme écririez-vous à l'être aimé ?
(page 78)

Ça n'a pas été facile (!) (?)/ Stop

 

… Et puis le soir descend, il fait rouge et jaune, le jaune de la nuit…
(page 79)

Je souligne ta "nuit jaune"
Enfin jaune !
T'en a pas marre, toi, de tout ce bleu dans les poèmes ? A croire qu'il n'y a qu'une couleur !
La nuit surtout !

  

On peut être écrivain à temps partiel et poète à plein temps. Même celui qui n'écrit pas. Quant à l'édition d'un texte, ça vaut à peine un paraphe.
(page 81)

Oh, comme c'est mon cas ! A part, peut-être pour la dernière proposition : le plaisir de voir mes textes publiés ! Je ne "cracherai pas dans" le livre/soupe.

 

J'ai enlevé le masque et me suis vu dans le miroir…
J'étais l'enfant d'il y a tant d'années…
Je n'avais pas du tout changé…

                                                           Fernando Pessoa   
                                                                                   (page 82)

 

Récemment, j'ai rêvé que j'étais le fils de Jacques Chirac (il venait de décéder).
Prévenez-moi quand mourra Pessoa.

 

Je déplace des cailloux, je les glisse dans mes poches puis les abandonne, plus loin,
ailleurs sur le chemin, comme un autre rien. Ce n'est pas un dérangement, mais une
manière délicate de désordonner les géographies.
                                                          (page 83)


C'est curieux : je maçonne avec des pierres partout récupérées. Des moellons de granites de couleurs, des marbres ramassés ici ou là, des schistes, des basaltes… Ainsi je voyage en bâtissant et en perdant les géologues.

 

… Ne pas comprendre c'est aussi la poésie.
(page 83)

 Avec force conviction (ce qui m'est inhabituel), j'ai rayé ton mot "aussi", l'ai remplacé par "d'abord" !

 

Racontez-moi où et quand vous avez planté votre dernier arbre.
(page 83)

J'espère bien qu'il en parlera lui-même !

  

Que faites-vous pour promouvoir
votre maison d'édition et la poésie ?
(page 84)

J'écris aux poètes pour dire que je les aime.

  

Il est des combats qu'il ne faudrait jamais
perdre : celui en faveur du point-virgule en
est un. Ambigu pour certains ; archaïque
pour d'autres, le point-virgule est pourtant
un ami précieux
(page 92)

Le point-virgule, indispensable ; même à celui qui écrit sans ponctuation.
La poésie a besoin d'invisibles.

  

Pourquoi la poésie ne peut-elle être
qu'une aventure collective ?
(page 102)

Parce qu'on nait jamais seul à écrire
(cela a sûrement déjà été dit !)

 

Quels sont les différents supports sur lequel
il est possible de laisser des traces poétiques ?
(page 102)

Adolescent, j'aimais bien écrire sur les emballages du Tabac Bleu que je fumais. Je me prenais pour François Villon qui ne fumait sans doute pas - faute de tabac ! C'était mes parchemins.

 

Un été ailleurs / histoire de déserts / blancs ou
brûlant / Le poète se fait voyageur et raconte ses
déserts / Au loin les mots / le poète prend un globe
terrestre et la parole. Loin ou non des tartares…
(page 103)

 

(et si un jour j'écrivais un livre où je placerai ça en épigraphe !)

Pourquoi la photographie
peut-elle être la complice du poète ?
(page 104)

 Les autres poètes (les vrais (!) (?) parfois de travers,
regardent
mon recueil de 32 poèmes et 9 photos.
Ou bien, est-ce 10 photos et 31 poèmes.

 

 ON EST PRIE
De ne pas emmerder le Monde
S.V.P.

Etait le mot imprimé que Guillaume Apollinaire punaisait sur la porte de son bureau comme un mot d'ordre.
(page 105)

 

Pas de bureau ! J'écris sous l'escalier. Il y avait là, autrefois, un lit.
Ma mère y est née, en novembre 1920.

 

"Vous voulez dire "il pleut", écrivez : "il pleut" ; vous voulez
dire "j'ai mal", dites : "j'ai mal"."
(page 108)

Vous découvrirez, alors qu'il pleut vraiment, que vraiment vous avez mal.

 

quelle conversation entretenez-vous
avec un simple caillou ?
(page 109)

Caillou, ça s'écrit presque comme recueil, et je suis justement en train d'écrire un mur.

 

Quelles sont vos collections ?
(page 109)

De cailloux, justement !

 

Que vous racontent les oiseaux ?
(page 110)

 En faisant des mots croisés, ma femme a appris que la cigale "crie-crie" ;
ça n'a pas arrangé sa confiance dans les gens du midi.

 Plus tard en vérifiant, je n'ai pas trouvé ce terme dans la liste des cris d'animaux ;
ça n'a pas arrangé ma confiance dans ceux qui inventent les mots croisés.

 

Les contes, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît.
(page 111)

 Si ton poème ne raconte pas une histoire, ce n'en est pas…

 

Quelle neige êtes-vous ?
(page 112)

Celle de "Tombe et que n'ai-je"

 

Paris, Lyon, Barcelone, Cuba, Saint-Pétersbourg,
comme ce chanteur et voyageur espagnol, poète
aussi, qui confie : "Je suis entre les villes et j'ai
organisé ma vie de sorte
à ne pas savoir d'où je suis."

Pont entre deux rives, fesses entre deux bancs,
cœur entre deux aubes, carreaux brisés entre deux
bises ;

 

D'où êtes-vous ?
(page 113)

"Autour de Negrões
Les villages se nomment
Lamachã
Lavradas
Coimbra da Miõ
Carvalhelhos où coule
Une des plus grandes sources du Portugal
…"

 Extrait de Carnets du Barroso

 

Alors, que cherchons-nous dans le grenier ?
(page 114)

Sûrement la vieille machine à écrire.

 

*************************************************************************************

 

Sur quoi allez-vous écrire un livre ?
(page 118)

Le livre se chargera bien d'écrire sur moi.

 

Voyageur cultivant l'oisiveté avec rigueur et acuité, Hudson
avait pour ambition, entre autres, d'étudier la métaphysique.
Toutefois, la culture du bonheur l'occupant à temps plein,
il n'étudia jamais la métaphysique.
(page 126)

Vivre pour vivre
Le reste est littérature.

 

Note

  1. Pour lecture facile :
    En police Times New Roman normale : texte original d'Eric Poindron
    En police Times New Roman italiques : réponses de Serge Prioul
    En police Times New Roman gras : notes d'explications Serge Prioul
    En plus gros caractères : texte d'Eric Poindron - 2ème partie du livre

 

Présentation de l’auteur

Éric Poindron

Éric Poindron est un éditeur (après avoir créé les éditions du Coq à l’Ane, il dirige la collection « Curiosa & cætera » au Castor Astral et la collection « Le chant des possibles » aux éditions invenit et intervient comme conseiller éditorial pour d’autres maison.

Auteur « hors normes, échappant aux canons conventionnels de la modernité, du contemporain et de l’actualité littéraire », d’après le sitePoezibao.

Poète, il est l’auteur de Comme un bal de fantômes, élu meilleur recueil de poésie 2017 par La Cause Littéraire. En 2019, il a reçu le prix Topor de l’éditeur et poète pour l’ensemble de son travail. En 2020, il est lauréat du prix Nerval de poésie.

crédit : Laurent Méliz

Auteur

  • Riccardo Freda, un pirate à la Caméra, avec Riccardo Freda, Actes Sud, 1995.
  • L'Almanach joyeux de la Champagne, collectif, Coq à l'Âne, 1997.
  • Paul Fort comme un poète, Coq à l'Âne, 1998.
  • Mystères et diableries en Champagne-Ardenne, Coq à l’Âne, 1999.
  • Mes enfants, quel cirque !, Coq à l'Âne, 2000.
  • Belles étoiles, Avec Stevenson dans les Cévennes, Flammarion, 2001.
  • Les Contes rémois, une biographie de Louis de Chevigné, Coq à l'Âne.
  • Sur les traces du géant, avec Jean-Loup Welcomme, Flammarion, 2003.
  • Mystères, diableries et merveilles en Champagne-Ardenne et dans le reste du monde, Coq à l'Âne, 2003.
  • Chefs, saveurs Champagne, avec Ragnar Fridriksson, Passion Food, 2006.
  • Le Champagne, dix façons de le préparer, L’Épure, 2008.
  • Le Whisky, dix façons de le préparer, L’Épure, 2008.
  • La Vodka, dix façons de la préparer, L’Épure, 2008.
  • De l'égarement à travers les livres, Le Castor Astral, 2011.
  • Ces livres qui n'existent pas, du Malin Plaisir, 2012.
  • Le Collectionneur de providence ou Petit traité de crânophilie, éditions Les Venterniers, 2013.
  • Pathologies & Facéties littéraires, éditions Les Venterniers, 2014.
  • Marginalia & Curiosités, éditions Les Venterniers, 2015.
  • Gilles Lapouge en toute liberté, avec Gilles Lapouge, Le Passeur, 2015.
  • Paris-Littérature by night, éditions Les Venterniers, 2016.
  • Nuit(s), folie, fantômes & quelques masques, éditions Les Venterniers, 2016.
  • L'Étrange Questionnaire d'Eric Poindron... ou le livre qu'il vous faudra en partie écrire ; ou dessiner, éditions Les Venterniers, 2016 ; réed. Le Castor Astral, 2017.
  • Bleu comme un orage à-mer, éditions Les Venterniers, 2016.
  • Le Cabinet des flots et des curiosités, éditions Les Venterniers, 2016.
  • Lettre aux fantômes, les miens, les vôtres & les leur(re)s, Le Réalgar, 2017.
  • Comme un bal de fantômes, Le Castor Astral, 2018.
  • 36 choses à faire avant de mourir, Pré Carré éditeur, 2018.
  • L'Ombre de la girafe, un voyage au long cou, Bleu Autour, 2018.
  • Apostille & Excursus à la girafe, Au long cou, 2019.
  • Comment vivre en Poète, 300 questions au lecteur et à celui qui écrit, Le Castor astral, 2019.
  • Le Fou et la Licorne, postface de Pierre Michon, Germes de barbarie, 2020.
  • Petit train, éditions du Petit Flou, 2020.
  • Brueghel. Des secret dans la neige, Invenit, 2020.
  • Le Voyageur inachevé, Le Castor astral, 2020.

Ouvrages collectifs

  • Talleyrand chez nous, un quatuor rémois de Jean-Paul Machetel, éd. du Coq à l'Ane, 2004.
  • Le Grand Livre de Dumas, sous la direction de Charles Dantzig : scénario de La Fille de d'Artagnan, Les Belles Lettres, 2003.
  • Abécédaire Ichtyophile, collectif, Éd. GB & CO, 2015.
  • Dehors / recueil sans abri, Éd. Janus, 2016.
  • Éloge et défense de la langue française, Éd. Unicité, 2016.
  • Merci Paris, collectif, Éd. Tallandier, 2017.
  • L’Eau entre nos doigts, anthologie, Éd. Henry, 2018.
  • L'Homme livre, Éd. librairie indépendante, 2018.
  • Pour avoir vu un soir la beauté passée, 60 poètes d'aujourd'hui, collectif, Le Castor astral, 2019.
  • L'Almanach du tastevin, collectif, éd. D'en bas, 2019.
  • CharlÉlie Couture / Passage, Portrait du peintre à regards multiples, Éd. Musée Paul Valéry, 2019.
  • Voix vives de Méditerranée, Anthologie Sète, Éd. Bruno Doucey, 2019.
  • Le Système poétique des éléments, Invenit, 2019.
  • Nous, avec le poème comme seul courage, 84 poètes d'aujourd'hui, Le Castor astral, 2019.
  • Le Cabinet des merveilles, Invenit, 2020.
  • Le Désir en nous comme un défi au monde, 94 poètes d'aujourd'hui, Le Castor astral, 2020.Texte manifeste pour No Passaran !, éditions La Dragonne.
  • Texte pour Chemins d'étoiles (Le Bestiaire du voyageur, éditions Transboréal.
  • Texte « William Thierry, éditeur, imprimeur & singulier » in Les Éditions à l'écart, Hommage à William Thierry, Société des amis de la Bibliothèque de Reims, 2009.
  • Vieille marchande d'almanachs, revue Charogne n° 1.
  • Texte « Le Grand Jeu c'est nous » pour Autour du Grand Jeu, artistes et écrivains autour du Grand Jeu, éditions Domaine d'Art contemporain, 2003.
  • Participation au livre Les 807, les éditions du transat, 2010.
  • Texte dans Vents Contraires, le Livre collectif du Théâtre du Rond-Point, de Collectif, sous la direction de Jean-Daniel Magnin et Jean-Michel Ribes, Le Castor astral, coll. « Curiosa & cætera », 2012.
  • Écriture et coordination de Mes enfants quelle cirque !, Le Coq à l'âne.
  • Écriture et coordination Paul Fort comme un poète, Le Coq à l'âne.
  • Textes et coordination de contes et légendes pour Marne pays d'histoires, conseil général de la Marne.
  • Coordination de Le Dictionnaire Jean de La Fontaine, de Paul Fontimpe, Le Coq à l'âne.
  • Coordination et appareil critique de Talleyrand chez nous, un quatuor rémois de Jean-Paul Machetel, Le Coq à l'âne.

Préfaces et postfaces

  • Contes de Champagne et au champagne, de Henri Richardot (préf.), Le Coq à l'âne.
  • Murmure en pays Camisard, de Sergio Cozzi (préf.), éditions Géorama.
  • Supplément au Voyage de Bougainville, de Denis Diderot (préf.), éditions Pocket.
  • Le Ratafia de Champagne, de Sandra Rota (préf.), Le Coq à l'âne.
  • Au château de l'étrange, de Claude Seignolle (préf.), Le Castor astral, coll. « Curiosa & cætera ».
  • Dictionnaire des idées reçues, de Gustave Flaubert (postface), Le Castor astral, coll. « Les inattendus ».
  • 76 clochards célestes ou presque (préf.), Le Castor astral, coll. « Curiosa & cætera ».
  • Le Blues roumain, anthologie poétique dirigé par Radu Bata (préf.), éditions Unicité.

Scénariste

  • Co-scénariste de Animal's Gang, avec Riccardo Freda et Jean-Philippe Stefani, production Little Bear et Bertrand Tavernier.
  • Idée originale (avec Riccardo Freda) et co-scénariste de La Fille de d'Artagnan de Bertrand Tavernier.

Éditeur

Le Castor astral

Directeur de collection, collection « Curiosa & Cætera ».

  • Petite encyclopédie du cannabis, Nicolas Millet, 2010.
  • Le Paradisier, roman flottant, Frédéric Clément, 2010.
  • Brefs, Georges Kolebka, 2011.
  • Au Château de l'étrange, de Claude Seignolle, préface de Éric Poindron, 2011.
  • Valpéri. Mémoires d'un gentilhomme du siècle dernier, Paul de Molènes, préface de Norbert Gaulard, 2011.
  • De l'égarement à travers les livres, Eric Poindron, 2011.
  • Paris macabre, Histoires étranges & merveilleuses, Rodolphe Trouilleux, 2012.
  • Petits et Méchants, Jean-Pierre Cagnat — Prix de l'Humour noir Grandville, 2012.
  • Vents contraires, le livre collectif du théâtre du Rond-Point, collectif, sous la direction de Jean-Daniel Magnin et Jean-Michel Ribes, 2012.
  • Le Fracas des nuages, Lambert Schlechter, 2013.
  • Paris Fantastique, Histoires bizarres & incroyables, Rodolphe Trouilleux, 2014.
  • Petite encyclopédie des vampires, Moquet & Pétitin, 2014.
  • Haïkus de mes comptoirs, Jean-Marie Gourio, 2014.
  • La Chambre turque, Sapho, 2015.
  • 76 clochards célestes ou presque, Thomas Vinau, 2016.
  • Comme un bal de fantômes, Éric Poindron, 2017
  • L’Étrange Questionnaire d’Éric Poindron / ou le livre qu'il vous faudra en partie écrire ou dessiner, Éric Poindron, 2017.
  • Des étoiles et des chiens, Thomas Vinau, 2017.
  • La Mécanique du ciel, CharlÉlie Couture, 2019.
  • Comment vivre en poète. 300 questions au lecteur et à celui qui écrit, Éric Poindron, 2019.
  • Le Bazar de l'hôtel de vie, Christian Laborde, 2020.
  • Le Voyageur inachevé, Éric Poindron, 2020.

Éditions Invenit

Directeur de collection, collection « Le chant des possibles ».

  • N'aie pas peur, Jamais, Baptiste Beaulieu, 2020.
  • Éparpillés, Cali, 2020.
  • J'irai chanter sur vos tombes – Vian et le déserteur, Marc Dufaud, 2020.

Conseiller éditorial

  • Merci Paris, collectif, Tallandier, 2017.
  • J'ai soif ! Soif ! Soif ! mais soif !, Jean-Marie Gourio, Le Cherche midi, 2018.
  • Un Milliard d'années, Lucas Le Gall, Le Cherche midi, 2020.
  • New York Memories, CharlÉlie Couture, Le Cherche midi, 2020.

Cabinets de curiosités

Éric Poindron possède un cabinet de curiosités « en mouvement perpétuel », qu'il conçoit comme une expérience esthétique, visuelle et plastiqueet étudie et répertorie les cabinets de curiosité. Il organise des expositions sur ce thème et construit des cabinets de curiosité provisoires pour l'Espace Andrée-Chedid d'Issy-les-Moulineaux, dans le cadre de l'opération « La science se livre », et pour la mairie du 5e arrondissement durant le festival Quartier du livre.

Il anime au quotidien un cabinet de curiosités en ligne.

Expositions

  • « Le cabinet de curiosités à la girafe », dans le cadre de « La science se livre », espace culturel Andrée-Chedid, Issy-Les-Moulineaux, samedi 2 au samedi 23 février 2019.
  • « Cabinet de curiosités / univers poétiques & fantastiques », mairie du Ve arrondissement, Paris, du 15 au 22 mai 2019.

Poèmes choisis

Autres lectures

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Eric Poindron, Comme un bal de fantômes

Éric Poindron, qui a dirigé les éditions Le Coq à l'âne avant de créer la collection "Curiosa &caetera" au Castor Astral est journaliste littéraire et auteur de nombreux écrits comme L'étrange questionnaire, De l'égarement dans les livres, Ricardo Frera, un pirate à caméra.

Ce texte intitulé Comme un bal de fantômes se présente comme une ballade littéraire ou une sorte d'inventaire à la Prévert qui recense à la fois les choses aimées, traversées, rencontrées. Par certains côtés, il évoque un peu les "Notes de chevet" de la poétesse japonaise Sei Shônagon où il s'agit de fixer le vertige de l'instant. Le texte file et se déroule aussi comme un voyage en transsibérien où l'on prend le temps de rêver ou de s'égarer à travers des villes réelles ou imaginaires, comme un remède à la mélancolie peut-être : "Un jour et toutes les nuits, habiter dans les trains qui filent comme des comètes". Il se présente aussi comme une sorte de canevas entremêlé de multiples citations où références bibliophiliques et de sensations vécues, comme si l'existence jamais ne pouvait se départir du littéraire, car pour le poète "les mots ont bien toujours le dernier mot".

Eric POINDRON, Comme un bal de fantômes, Castor Astral, collection "Curiosa & Caetera" , 2017 , 256 pages, 17€.

Tous ces fantômes que l'auteur ne cesse de d'invoquer représentent peut-être à la fois les disparus rencontrés et aimés mais aussi ces compagnons littéraires qui ont su guider ses pas qu'ils soient illustres ou pas. Il se réfère en premier lieu à Reverdy pour qui " Rien ne vaut d'être dit en poésie que l'indicible". Au Japon, cet indicible se nomme le Yügen, presque le mystère ineffable. Pour Eric Poindron, à l'instar de l'enfance, l'écriture toute entière est Yügen :

Souvenez vous de cet instant Yügen, qui ne se raconte pas, que vous n'avez jamais su décrire, qui ne peut être en capture, le rayon de soleil, l'amour qui musarde, la glace qui fond, le frisson sans raison un frémissement dans un arbre comme une chanson ancienne, l'extase devant la paysage. Et pourtant il fallait en conserver le souvenir, la justesse l'incandescence, le magnifique l'unicité, oui, ce moment ainsi juste et inouï, Le vivre et s'en souvenir, et se "promettre de ne jamais l'oublier."

La poésie est ici toute entière Yügen et ceci nous paraît être un des passages les plus réussis du livre car parfois la multiplicité des citations qui reviennent hanter le texte comme de furtives présences viennent parasiter ou disons évincer un peu la parole singulière de l'auteur.Toutefois ce recueil aussi frémissant, délicat et sensible que les ailes de papillons qui en ornent la couverture, propose un style original qui mélange tous les genres en un savant dosage. En ce sens il reste inclassable et donc novateur à la façon d'un palimpseste. Il y a différentes strates ou niveaux de lecture proposés : à la fois ballade nostalgique, promenade dans les souvenirs, voyages, notes de lecture.

Ainsi ce "bal de fantômes "apparaît plus, en définitive, comme une vibrante ode à la vie et à la littérature qu'il ne cesse de célébrer, en une étrange danse à la fois nostalgique et joyeuse d'où ne sont pas exclus un peu de dérision, d'humour et beaucoup de tendresse pour "tous les gens qui se perdent, les inspirés que l'on ne connaitra jamais". Car il s'agit bien ici de cheminer dans l'inconnu avec beaucoup d'érudition mais aussi de tendresse. Un beau recueil qui, en son envol frémissant, ne peut laisser indifférent, et nous propose un voyage à la fois littéraire et sensoriel.