Florence Noël, Assise dans la chute immobile des heures

Ce nouvel opus de Florence Noël, introduit par un poème de Roberto Juarroz, s’offre au lecteur avec la fraîcheur des jardins ou des prairies secoués par la pluie.

En accord profond avec les cycles de la nature, l’auteur déploie une palette de correspondances fulgurantes qui courent sur quatre parties dont les titres – reprises de vers des poèmes – composent déjà un poème : I- en ton jardin dormir / est un acte frémissant II- périt le vif / par ces jours endeuillés d’or III- sédimenter / n’est pas se taire IV- ce sont là jours assis dans la puissance de l’éveil. Poème qui pourrait condenser la philosophie, la présence au monde de l’auteur : la mort fait partie de la vie, le silence, loin de l’agitation médiatico-consumériste, est acte de naissance de la pensée. Un certain nombre d’occurrences  – notamment mort, joie, enfance, silence - inscrivent le livre dans un temps « immobile » alors qu’il bruit du plus infime mouvement : petitement / j’arpente ses heures pentues et dans un éventail de couleurs où le vert le dispute à l’or, le blanc voire le blême à l’ombre, dans une révérence joyeuse des corps : je sais je suis / cette pellicule sur l’eau / aux jours de grandes chaleurs et les corps haletant(s) de bruissements inventorient le monde par-delà la sphère de leur parole.

Florence Noël, Assise dans la chute immobile des heures, illustrations de Gwen Guégan, Bleu d’Encre Editions, 2021- 117p, 12 euros.

Est-ce la conscience de l’humaine finitude qui exalte la joie chez Florence Noël, une joie sensuelle qui l’arrime aux saisons ? ce qui est fait est fait / et défait disparu // je serai le mouvement / d’une joie intégrale / point d’orgue vif / brodé sur un mouchoir d’adieu. Joie d’où jaillit l’écriture, souple, expressive : je peux / être la pulpe du rire / sa cascade chaotique / ses rugissements / jouissifs / sa faim d’ogresse, cette joie déjà présente dans les précédents livres, véritable fil conducteur, qui prend sans doute source dans la patiente ouvrage /de ce qui nous aime / par devers nous.  L’écriture ici coïncide avec la vie, laquelle s’enfante dans le presque [me] taire. Livre profond, qui interpelle la beauté, recèle d’espérance en révélant la capacité qui nous est donnée d’avancer.

Présentation de l’auteur

Florence Noël

Florence Noël est une poète Belge, née en 1973. Elle  a une formation en Histoire, en Orientalisme, et en théologie et en didactique. En marge de diverses activités professionnelles, elle s’investit depuis plus de vingt ans à promouvoir la poésie francophone sur le web et en revue. Autrice de poésie et de nouvelles, son travail d’écriture se nourrit régulièrement de collaborations avec d’autres artistes.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Bibliographie

  • Branche d’acacia brassée par le vent (huit mouvements), Le chat polaire, février 2020 
  • Solombre, Taillis Pré, 2019
  • L’Étrangère, Bleu d’Encre, 2017
  • Vu des couloirs scéniques, illustré par Sylvie Durbec, Ce qui reste, 2016
  • Pavane pour une nebbia, Encres Vives, collection Encres blanches, 2015
  • Huit soleils sur la table de la nuit, avec Stéphane Méliade, éditions du Coq, 200
  • 14 poèmes sur 14 photographies de chardons de l’artiste et photographe Pierre Gaudu pour l’exposition Instants du Noir, au centre culturel Le belvédère à Saint-Martin d’Uriage, en janvier 2010

Poèmes choisis

Autres lectures