Giovanna Iorio et la magie des voix

ACQUA PIOVANA

 

Oggi non avevo voglia
di essere me
allora ho camminato
a lungo dietro a
ombrelli aperti
ho cercato un tetto
un canale rotto
oggi sono stata
un secchio
d’acqua piovana. 

EAU DE PLUIE

 

Aujourd’hui je ne souhaitais pas
être moi-même
alors j’ai longtemps
marché derrière des
parapluies déployés
j’ai cherché un toit
une gouttière brisée
aujourd’hui j’ai été
un seau
d’eau de pluie.

 

Traduction Marilyne Bertoncini

                        1.

Ti guardo mentre ti spogli 
E il vuoto si riempie di foglie
Te ne stai silenzioso in mezzo alla luce
Osservi il mio stupore muto.

Je te regarde quand tu te dépouilles
Et le vide se remplit de feuilles
Tu te tiens en silence dans la lumière
Tu observes ma muette stupeur.

                        2.

Oggi curo i tuoi rami
Anche quello spezzato
Che ha dentro ancora la linfa.
Lo avvolgo in una benda
Come un arto malato
Ecco la tua mano, nell'aria, ferita.

Aujourd'hui je soigne tes branches
Même la cassée
Où coule encore la sève.
Je l'entoure d'un bandage
Comme un bras malade
Voici ta main, dans l'air, blessée.

 

 

                        3.

Oggi abbraccio un albero
E il sole  sulla  corteccia
Tra pochi istanti il nero
Scomparirà. La luce farà breccia.

 

Aujourd'hui, j'embrasse un arbre
Et le soleil sur l'écorce
Sous peu le noir
Disparaîtra. La lumière gagnera.

                        4.

Eri sveglio anche tu.
Ti ho sentito respirare.
Avevi la luna  tra i rami
Come una lanterna accesa
E nidi vuoti da cullare
Per tutta la notte.

Tu étais toi aussi réveillé.
Je t'ai entendu respirer.
Tu portais la lune entre tes branches
Comme une lanterne allumée
Et des nids vides à bercer
Pour toute la nuit.

                        5.

Sogniamolo insieme il mare.
Se vuoi salgo in cima al tuo ramo
Più alto. Si vede da lassù
In fondo brillare? E se ancora
Fosse lontano, scenderò
Proverò a darti la mano.
A camminare nella tua ombra.
Avanzare.

 

Nous rêvons ensemble de mer.
Si tu veux je monte au sommet de tes branches
tout en haut. De là-haut, est-ce qu'on voit
briller le fond ? Et si c'était encore
loin, je descendrai
J'essaierai de te serrer la main.
De marcher dans ton ombre.
D'avancer.

                       

                        6.

Somiglia alla meraviglia del cielo
Il tuo intreccio complicato
Di rami storti e nidi vuoti
Il silenzio è tornato
Si sente in alto solo un respiro
Il tuo pensiero alato.

On dirait la merveille du ciel
L'entrelacement complexe
De branches tortes et de nids vides
Le silence est revenu
On n'entend en haut qu'un souffle
Ta pensée ailée.

 

                    7.

Tra varchi di foglie secche
Si vede un cielo malato
E una nuvola bianca come la neve
S'appoggia già lieve
A un ramo piegato
L'inverno passa ogni giorno
A farti un saluto
Un vecchio amico.

A travers les brèches de feuilles sèches
On voit un ciel malade
Et un nuage blanc comme neige
S'appuie déjà doucement
A une branche pliée
L'hiver passe chaque jour
Te saluer comme
Un vieil ami.

    

                        8.

Voglio abitare una casa che ti somigli
Le stanze verticali le foglie
Il letto nel ramo più cavo
Una coperta che sussurri parole
Felici di giovani tigli

E voglio ospitare creature
Anche quelle randagie e raminghe
I rapaci e le fiere
Tenerle tutte con me per un poco
Giocare prima di andare a dormire
Osare qualche fiamma
Accendere perfino un piccolo fuoco
Che non bruci. Solo un fuoco che brilli.

Je veux habiter une maison qui te ressemble
Les pièces verticales le feuilles
Le lit dans la branche la plus creuse
Une couverture murmurant des mots
Heureux de jeunes tilleuls

Et  je veux abriter des créatures
Même errantes et perdues
Les rapaces les bêtes sauvages
Les garder un peu avec moi
Jouer avant de dormir
Oser quelque flamme
Allumer même un petit feu
Qui ne brûle pas. Qui brille seulement.

                        9.

Vorrei che mi raccontassi qualcosa
Provo a poggiare l'orecchio sul tronco
questo nodo che hai in gola
ti tiene legata la voce?

Tu che hai visto ogni alba e tramonto
Cosa ti ha lasciato la luce che muore?
Un suono? Un colore?
Posso trasformare la luce
in parole?

Ma sento ribollire la linfa.
Ridi, rispondi, t'adire?
Né l'uno né l'altro
Un ramo in diniego nel vento.
Nel tuo silenzio nascondi
i segreti più veri.

Je voudrais que tu me dises quelque chose
Je tente de poser l'oreille sur le tronc
Ce noeud que tu as dans la gorge
Te noue la voix ?

Toi qui as vu toutes les aubes et les couchants
Que t'as laissé la lumière qui meurt ?
Un son ? Une couleur ?
Je peux transformer la lumière
en parole ?

Mais je sens bouillonner la sève.
Tu ris, tu réponds, tu te fâches
Ni l'un ni l'autre
Une branche le nie dans le vent.
Dans ton silence tu caches
Les secrets les plus vrais.

                        10.

Guardo le tue venature
Le macchie porpora pronte a brillare
Quando il sole ti viene a sfiorare.
Non c'è dolore nelle foglie cadute
Solo una leggera rassegnazione
Che resta a fluttuare nell'aria
Per ore, o forse per tutta la vita.

Lasciano un segno lieve
sono sull'asfalto una forma
appena intuita.
Come la storia sulla nostra pelle
Che il tempo traccia a matita.

 

J'observe tes veines
Les taches pourpres prêtes à briller
Quand t'effleure le soleil.
Pas de douleur dans les feuilles tombées
Seule une légère résignation
Qui fluctue et reste dans l'air
Pendant des heures, ou peut-être toute la vie.

Elles laissent un signe léger.
Sur l’asphalte c’est une forme
qu’on devine à peine.
Comme l’histoire sur notre peau
tracée au crayon par le temps.

 

Présentation de l’auteur

Giovanna Iorio

Giovanna Iorio vive a Londra. Ha pubblicato diverse raccolte di poesia; le più recenti "Ora rischiara" (EscaMontage, 2019) e Poesie d’amore per un albero (Albeggi,2017), Succede nei paesi  (Fara 2017) La neve è altrove (Fara, 2017)  rosa opere finaliste al Premio Camaiore 2017), Haiku dell’Inquietudine (Fusibilia,2016), Frammenti di un profilo (Pellicano, 2015, Premio Sassari e Premio Civetta-Minerva ). Molte delle sue poesie si trovano in antologia: Cuore di preda (CFR),  SignorNò (SEAM), Ifigenia siamo noi (L’Arca Felice). Ha scritto una raccolta di racconti (Dormiveglia, Fara, 2018) e sempre con Fara ha pubblicato Succede nei paesi (ottobre 2017).

Altre pubblicazioni includono storie per bambini (Cento storie per quando è troppo tardi, Feltrinelli 2013, Cento storie per quando è veramente troppo tardi, Feltrinelli 2014, Le storie invisibili -Radiolibriamoci web). Per il Cantiere di Rai 3 e Radiolibriamoci web ha scritto radiodrammi (Con le musiche originali del Notturno Concertante e la voce di Dario Albertini. Collabora con le riviste: Roma&RomaDiarioRomanoErodoto 108 e L’EstroVerso.  

Tra le attività la creazione di Little Free Library Italia e Poetry Sound Library.

 

∗∗∗

 

Giovanna Iorio vit à Londres. Elle a publié plusieurs recueils de poésie; les plus récents "Ora rischiara" (EscaMontage, 2019) et Poèmes d'amour pour un arbre (Albeggi, 2017), Succede nei paesi (Fara 2017), La neve è altrove (Fara, 2017) finaliste au Camaiore Award 2017 ), Haiku dell'Inquietudine (Fusibilia, 2016), Frammenti di un profilo (Pellicano, 2015, Sassari Award et Civetta-Minerva Award). Beaucoup de ses poèmes se trouvent dans l'anthologie: Cuore di preda (CFR), SignorNò (SEAM), Iphigenia siamo noi (The Happy Ark). Elle a écrit un recueil de nouvelles (Dormiveglia, Fara, 2018) et toujours avec Fara  a publié Succede in paese (octobre 2017).

D'autres publications incluent des histoires pour enfants (Cent histoires pour quand il est trop tard, Feltrinelli 2013, Cent histoires pour quand il est vraiment trop tard, Feltrinelli 2014, Les histoires invisibles -Radiolibriamoci web). Pour Cantiere di Rai 3 et Radiolibriamoci web, elle  a écrit des pièces radiophoniques (Avec la musique originale de Notturno Concertante et la voix de Dario Albertini.  Elle collabore également avec les magazines: Roma & Roma, DiarioRomano, Erodoto 108 et L’EstroVerso.

 

Parmi ses activités, on compte la création de Little Free Library Italy et de Poetry Sound Library.

Autres lectures

Giovanna Iorio et la magie des voix

 Poète et artiste sonore résidant à Londres, Giovanna Ioro  est la créatrice et l'animatrice de la World Poetry Sound Map , projet auquel nous sommes associés ((voir en page de une et pour [...]

Giovanna Iorio : l’effacement des distances

Préface d’ Elio Grasso - traduction de Marilyne Bertoncini On pourrait parler des éventuelles différences entre exotisme et ésotérisme, c’est possible, sans affoler nos esprits déjà mis à rude épreuve, ou du moins [...]




Giovanna Iorio et la magie des voix

 Poète et artiste sonore résidant à Londres, Giovanna Ioro  est la créatrice et l'animatrice de la World Poetry Sound Map , projet auquel nous sommes associés ((voir en page de une et pour envoyer des enregistrements, la page contact de la revue)). Elle a déjà exposé son travail en Angleterre et en Italie. « Voice Portraits » s'inscrit dans l'ensemble de ses démarches originales et variées, toujours en lien avec la poésie, comme le projet collectif "Lettres d'amour à un arbre". 

Il s'agit avec "Voice Portraits" d'une collection de voix de poètes transformés en spectrogrammes pour lesquels elle a sélectionné des poètes passés et contemporains, transformant leurs voix en une vibrante et colorée galerie de portraits : chaque voix a suscité une peinture unique pour une riche expérience esthétique multi-sensorielle sur la voix humaine. 

Chaque voix est unique, et les portraits de voix révélent leur beauté dans chaque poème, déclare l'artiste  dont le travail nous permet aussi de visualiser de façon synesthésique cette beauté telle qu'elle la perçoit avec une sensibilité fort originale. C'est une démarche que nous comprenons, et qui a amené l'équipe de Recours au Poème à ouvrir une page Soundcloud afin de faire entendre les poèmes traduits en "V.O" - Avant de commencer l'entretien, voici le spectrogramme de la voix de l'artiste que je lui ai demandé de nous donner, accompagné du poème que vous "entendez/voyez" : 

ACQUA PIOVANA

 

Oggi non avevo voglia
di essere me
allora ho camminato
a lungo dietro a
ombrelli aperti
ho cercato un tetto
un canale rotto
oggi sono stata
un secchio
d’acqua piovana. 

EAU DE PLUIE

 

Aujourd’hui je ne souhaitais pas
être moi-même
alors j’ai longtemps
marché derrière des
parapluies déployés
j’ai cherché un toit
une gouttière brisée
aujourd’hui j’ai été
un seau
d’eau de pluie.

traduction : Marilyne Bertoncini

Parle-moi de la formation artistique et intellectuelle qui t'a amenée à cette démarche – peu d'artistes s'intéressent à la voix de façon aussi prégnante et « matérielle » . Peux-tu me dire quels événements, souvenirs, voix... sont à l'origine de ta fascination ?
J'ai toujours donné beaucoup d'importance à la voix parce que je trouve que le son de chacune est absolument unique, inimitable. La voix, c'est aussi le souffle, l'âme. Chaque fois que s'éteint une voix, il me semble qu'on perd un univers. Quand je me suis installée à Londres, j'ai cherché des cours d’ Art Sonore,  parce que j'avais en tête de conserver des voix et des sons. J'ai commencé une collection, je suis devenue  collecteuse de voix. En Italie,  j'avais écrit un bref récit, pour le projet « Red Valentina » intitulé « Le collectionneur de voix », qui parle d'un homme mystérieux auquel les gens confient leur voix comme s'il s'agissait de leur âme...
Peux-tu nous en dire plus sur ce projet « Red Valentina »?
Quand je vivais à Rome, j’écrivais des récits surréalistes dans la rue – je me promenais avec une machine à écrire Olivetti, assez spéciale, antique et rouge avec des touches parlantes. Parfois, j’écrivais dans des bars, et je m’amusais à créer une histoire en m’inspirant d’un consommateur ou un passant qui attirait mon attention, et dont je « volais » des bribes de phrases et de conversation. C’est ainsi qu’est née la rubrique « Red Valentina » dont chaque récit était publié sur Roma&Roma, un site auquel j’ai collaboré pendant des années avec des récits situés à Rome (« Les Histoires invisibles », Demi-sommeil etcoetera.

.

C'est une activité très technique : quel matériel et formation requiert-elle ?
Les Portraits de voix sont le résultat de plusieurs passages. Je transforme d'abord les voix des poètes en spectrogrammes. Le « portrait d'une voix » est créé à partir de la trace sonore de quelques minutes avec laquelle j'ai élaboré un spectrogramme – c'est-à-dire, l'équivalent de l'empreinte digitale d'une voix : un graphique qui permet d’en visualiser les couleurs et la chaleur. Ensuite, je m'amuse à « immerger » les voix dans des filtres qui  en révèlent leurs nuances et la forme. Les couleurs sont le résultat d'un algorithme complexe qui étudie les tons et les nuances .Puis viennent les choix esthétiques et la réélaboration. Par exemple : chaque voix entre dans une sorte de chambre noire, dans laquelle j'immerge les sons. Chaque fois, le résultat est spectaculaire. Il ne s'agit pas vraiment d'une chambre noire, mais mon  émotion très semblable à celle qu'on éprouve quand les couleurs et les formes émergent du bain sur le papier. J'éprouve un grand bonheur à faire des portraits de voix. Comme si l'âme d'une personne se matérialisait sous mes yeux . J'ai l'intention de faire le portrait de tous les poètes du passé que j'aime, pour voir la forme et la couleur de leur voix.

.

.

voix de Berthold Brecht (à écouter sur le site de Poetry Sound Library Map)

Pourrais-tu décrire en mots l'un des spectrogrammes que tu préfères ?
Dans la collection,  il y a la voix de T.S. Eliot, un poète que j'aime beaucoup. Le spectrogramme de sa voix, selon moi, est stupéfiant : la voix se transforme en un paysage mauve qui fascine parce qu'il est à la fois mystérieux et familier. Un lecteur de « La Terre vaine » ne peut que reconnaître « the violet hour »
At the violet hour, the evening hour that strives
Homeward, and brings the sailor home from sea,
The typist home at teatime, clears her breakfast, lights
Her stove, and lays out food in tins.
Se perdre dans la couleur mauve de la voix de T.S Eliot est une expérience unique que j'ai retranscrite visuellement.
Sur quel support sont transférés les spectrogrammes que tu exposes ? Et quel est le destin de ces portraits ?
A Londres, pour l'exposition, je les ai imprimés sur divers matériaux : papier, bois et plastique. A Salernes, les oeuvres ne sont pas encadrées et  sont beaucoup plus grandes (50x50cm) :  PVC forex s'est révélé le matériau idéal pour ce type de travail.
J'essaie de les montrer : c'est la deuxième exposition (Giovanna Iorio, Voice Portraits, spectograms, London, Sun 2 Dec - Sun 5 Jan) en Angleterre, en Italie, il y a en janvier l'exposition de Salerno. Et au printemps une nouvelle exposition en Angleterre intégrera des voix de poètes contemporains.

.

.

voix de Pier Paolo Pasolini (à écouter sur le site )

Quels sont tes autres centres d'intérêt: tu nous a parlé de ton activité d’ « écrivain de rue », nous avons diffusé ton projet poétique et collectif de lettres à un arbres, nous publierons tes poésies...
J'aime les arbres, et au printemps, avec le retour des fleurs et des feuilles, je voudrais projeter les vidéos des installations collectives de « Love poems for a tree », à l'occasion du solstice de printemps. L'une des rimes récurrentes dans ma poésie est « voce/luce » - en présence de la voix, il y a souvent aussi la lumière...
 
 
 

                        1.

Ti guardo mentre ti spogli 
E il vuoto si riempie di foglie
Te ne stai silenzioso in mezzo alla luce
Osservi il mio stupore muto.

Je te regarde quand tu te dépouilles
Et le vide se remplit de feuilles
Tu te tiens en silence dans la lumière
Tu observes ma muette stupeur.

                        2.

Oggi curo i tuoi rami
Anche quello spezzato
Che ha dentro ancora la linfa.
Lo avvolgo in una benda
Come un arto malato
Ecco la tua mano, nell'aria, ferita.

Aujourd'hui je soigne tes branches
Même la cassée
Où coule encore la sève.
Je l'entoure d'un bandage
Comme un bras malade
Voici ta main, dans l'air, blessée.

 

 

                        3.

Oggi abbraccio un albero
E il sole  sulla  corteccia
Tra pochi istanti il nero
Scomparirà. La luce farà breccia.

 

Aujourd'hui, j'embrasse un arbre
Et le soleil sur l'écorce
Sous peu le noir
Disparaîtra. La lumière gagnera.

                        4.

Eri sveglio anche tu.
Ti ho sentito respirare.
Avevi la luna  tra i rami
Come una lanterna accesa
E nidi vuoti da cullare
Per tutta la notte.

Tu étais toi aussi réveillé.
Je t'ai entendu respirer.
Tu portais la lune entre tes branches
Comme une lanterne allumée
Et des nids vides à bercer
Pour toute la nuit.

                        5.

Sogniamolo insieme il mare.
Se vuoi salgo in cima al tuo ramo
Più alto. Si vede da lassù
In fondo brillare? E se ancora
Fosse lontano, scenderò
Proverò a darti la mano.
A camminare nella tua ombra.
Avanzare.

 

Nous rêvons ensemble de mer.
Si tu veux je monte au sommet de tes branches
tout en haut. De là-haut, est-ce qu'on voit
briller le fond ? Et si c'était encore
loin, je descendrai
J'essaierai de te serrer la main.
De marcher dans ton ombre.
D'avancer.

                       

                        6.

Somiglia alla meraviglia del cielo
Il tuo intreccio complicato
Di rami storti e nidi vuoti
Il silenzio è tornato
Si sente in alto solo un respiro
Il tuo pensiero alato.

On dirait la merveille du ciel
L'entrelacement complexe
De branches tortes et de nids vides
Le silence est revenu
On n'entend en haut qu'un souffle
Ta pensée ailée.

 

                    7.

Tra varchi di foglie secche
Si vede un cielo malato
E una nuvola bianca come la neve
S'appoggia già lieve
A un ramo piegato
L'inverno passa ogni giorno
A farti un saluto
Un vecchio amico.

A travers les brèches de feuilles sèches
On voit un ciel malade
Et un nuage blanc comme neige
S'appuie déjà doucement
A une branche pliée
L'hiver passe chaque jour
Te saluer comme
Un vieil ami.

    

                        8.

Voglio abitare una casa che ti somigli
Le stanze verticali le foglie
Il letto nel ramo più cavo
Una coperta che sussurri parole
Felici di giovani tigli

E voglio ospitare creature
Anche quelle randagie e raminghe
I rapaci e le fiere
Tenerle tutte con me per un poco
Giocare prima di andare a dormire
Osare qualche fiamma
Accendere perfino un piccolo fuoco
Che non bruci. Solo un fuoco che brilli.

Je veux habiter une maison qui te ressemble
Les pièces verticales le feuilles
Le lit dans la branche la plus creuse
Une couverture murmurant des mots
Heureux de jeunes tilleuls

Et  je veux abriter des créatures
Même errantes et perdues
Les rapaces les bêtes sauvages
Les garder un peu avec moi
Jouer avant de dormir
Oser quelque flamme
Allumer même un petit feu
Qui ne brûle pas. Qui brille seulement.

                        9.

Vorrei che mi raccontassi qualcosa
Provo a poggiare l'orecchio sul tronco
questo nodo che hai in gola
ti tiene legata la voce?

Tu che hai visto ogni alba e tramonto
Cosa ti ha lasciato la luce che muore?
Un suono? Un colore?
Posso trasformare la luce
in parole?

Ma sento ribollire la linfa.
Ridi, rispondi, t'adire?
Né l'uno né l'altro
Un ramo in diniego nel vento.
Nel tuo silenzio nascondi
i segreti più veri.

Je voudrais que tu me dises quelque chose
Je tente de poser l'oreille sur le tronc
Ce noeud que tu as dans la gorge
Te noue la voix ?

Toi qui as vu toutes les aubes et les couchants
Que t'as laissé la lumière qui meurt ?
Un son ? Une couleur ?
Je peux transformer la lumière
en parole ?

Mais je sens bouillonner la sève.
Tu ris, tu réponds, tu te fâches
Ni l'un ni l'autre
Une branche le nie dans le vent.
Dans ton silence tu caches
Les secrets les plus vrais.

                        10.

Guardo le tue venature
Le macchie porpora pronte a brillare
Quando il sole ti viene a sfiorare.
Non c'è dolore nelle foglie cadute
Solo una leggera rassegnazione
Che resta a fluttuare nell'aria
Per ore, o forse per tutta la vita.

Lasciano un segno lieve
sono sull'asfalto una forma
appena intuita.
Come la storia sulla nostra pelle
Che il tempo traccia a matita.

 

J'observe tes veines
Les taches pourpres prêtes à briller
Quand t'effleure le soleil.
Pas de douleur dans les feuilles tombées
Seule une légère résignation
Qui fluctue et reste dans l'air
Pendant des heures, ou peut-être toute la vie.

Elles laissent un signe léger.
Sur l’asphalte c’est une forme
qu’on devine à peine.
Comme l’histoire sur notre peau
tracée au crayon par le temps.

 

traduction ; Marilyne Bertoncini

Présentation de l’auteur

Giovanna Iorio

Giovanna Iorio vive a Londra. Ha pubblicato diverse raccolte di poesia; le più recenti "Ora rischiara" (EscaMontage, 2019) e Poesie d’amore per un albero (Albeggi,2017), Succede nei paesi  (Fara 2017) La neve è altrove (Fara, 2017)  rosa opere finaliste al Premio Camaiore 2017), Haiku dell’Inquietudine (Fusibilia,2016), Frammenti di un profilo (Pellicano, 2015, Premio Sassari e Premio Civetta-Minerva ). Molte delle sue poesie si trovano in antologia: Cuore di preda (CFR),  SignorNò (SEAM), Ifigenia siamo noi (L’Arca Felice). Ha scritto una raccolta di racconti (Dormiveglia, Fara, 2018) e sempre con Fara ha pubblicato Succede nei paesi (ottobre 2017).

Altre pubblicazioni includono storie per bambini (Cento storie per quando è troppo tardi, Feltrinelli 2013, Cento storie per quando è veramente troppo tardi, Feltrinelli 2014, Le storie invisibili -Radiolibriamoci web). Per il Cantiere di Rai 3 e Radiolibriamoci web ha scritto radiodrammi (Con le musiche originali del Notturno Concertante e la voce di Dario Albertini. Collabora con le riviste: Roma&RomaDiarioRomanoErodoto 108 e L’EstroVerso.  

Tra le attività la creazione di Little Free Library Italia e Poetry Sound Library.

 

∗∗∗

 

Giovanna Iorio vit à Londres. Elle a publié plusieurs recueils de poésie; les plus récents "Ora rischiara" (EscaMontage, 2019) et Poèmes d'amour pour un arbre (Albeggi, 2017), Succede nei paesi (Fara 2017), La neve è altrove (Fara, 2017) finaliste au Camaiore Award 2017 ), Haiku dell'Inquietudine (Fusibilia, 2016), Frammenti di un profilo (Pellicano, 2015, Sassari Award et Civetta-Minerva Award). Beaucoup de ses poèmes se trouvent dans l'anthologie: Cuore di preda (CFR), SignorNò (SEAM), Iphigenia siamo noi (The Happy Ark). Elle a écrit un recueil de nouvelles (Dormiveglia, Fara, 2018) et toujours avec Fara  a publié Succede in paese (octobre 2017).

D'autres publications incluent des histoires pour enfants (Cent histoires pour quand il est trop tard, Feltrinelli 2013, Cent histoires pour quand il est vraiment trop tard, Feltrinelli 2014, Les histoires invisibles -Radiolibriamoci web). Pour Cantiere di Rai 3 et Radiolibriamoci web, elle  a écrit des pièces radiophoniques (Avec la musique originale de Notturno Concertante et la voix de Dario Albertini.  Elle collabore également avec les magazines: Roma & Roma, DiarioRomano, Erodoto 108 et L’EstroVerso.

 

Parmi ses activités, on compte la création de Little Free Library Italy et de Poetry Sound Library.

Autres lectures

Giovanna Iorio et la magie des voix

 Poète et artiste sonore résidant à Londres, Giovanna Ioro  est la créatrice et l'animatrice de la World Poetry Sound Map , projet auquel nous sommes associés ((voir en page de une et pour [...]

Giovanna Iorio : l’effacement des distances

Préface d’ Elio Grasso - traduction de Marilyne Bertoncini On pourrait parler des éventuelles différences entre exotisme et ésotérisme, c’est possible, sans affoler nos esprits déjà mis à rude épreuve, ou du moins [...]