Jean Antonini : Un mot, un brin d’herbe… et autres haïkus
Un mot un brin d’herbe
cent brins d’herbe un mot
Un mot un brin d’herbe
Dans l’ombre du saule
le troupeau bien rassemblé
Pas folles les vaches
Entre les feuilles
plonger d’une branche à l’autre
j’ai été moineau
Comme un martinet
délesté de tout objet
de tout langage
« Nous ne voulons pas
d’étrangers chez nous » disent-ils
― Cris des martinets
Un peu d’eau des arbres
un camion jaune sur une route
la Terre
Déjeuner d’été
Un vanesse vient nous tenir compagnie
sur le saladier
Des radiations
il ignorait ce que cachait ce mot
― cancer des os
Au milieu d’un pré
un sac en plastique blanc
rempli d’herbe
Au cimetière
une femme téléphone
« Quand rentres-tu ? »
La présidente
du syndicat des mésanges
à la fenêtre
Aiguilles des pins
Saisir des bouts de nuage
avec les dents
Vingtième jour du mois
Même en comptant les heures
noyé dans le temps
Pluie sur le Rhône
Toute cette eau toute cette eau verte
sous le ciel gris
Je
suis retraité
songe-t-il en tirant les rideaux
― Matin brumeux
Toi aussi, apprends
la patience de l’araignée
― Monde en expansion
Quand il s’envole
le corbeau ne sait pas où
il va se poser
Avant le rendez-vous
on essaye de compter nos
battements de cœur