John Keats : La poésie de la terre ne meurt jamais
Contemporain de Byron, Wordsworth et Coleridge, poètes majeurs de son époque, le Britannique John Keats (1795-1821) n’a pas eu le temps de déployer tout son talent. Décédé à l’âge de 26 ans, il est l’auteur de longs poèmes narratifs et surtout d’odes qui ont assis sa réputation. A l’occasion du bicentenaire de sa disparition, les éditions POESIS nous proposent des extraits de sa correspondance ainsi qu’un choix de poèmes (traductions de Thierry Gillyboeuf et Cécile A.Holdban) la plupart axés sur une forme de célébration de la nature.
« La poésie de la nature ne meurt jamais ». C’est le premier vers d’un poème intitulé « La sauterelle et le grillon » que John Keats écrit en 1816. Il y parle de « pré frais fauché » où se repose la sauterelle, du grillon dont le chant « par une soirée d’hiver solitaire » monte du poêle. Tout l’art de Keats s’exprime dans des poème de quatorze vers à la gloire de la nature et de ses habitants les plus minuscules.
Ce qui ne l’empêche pas, parallèlement, de s’émerveiller d’une nature « majuscule » quand, par exemple, il se rend à Windermere dans le Lake district ou dans les Highlands d’Ecosse. En juillet 1818, il écrit ainsi à son ami Benjamin Bailey. « Je ne me serais pas consenti ces quatre mois de randonnée dans les Highlands, si je n’avais pas pensé que cela me fournirait davantage d’expérience, me débarrasserait de davantage de préjugés, m’habituerait à davantage d’épreuves, identifierait de plus beaux paysages, me chargerait de montagnes plus majestueuses et renforcerait davantage la portée de ma poésie, qu’en restant chez moi au milieu des livres, quand bien même j’aurais Homère à portée de main ».
Le jeune Keats avait mis la poésie au cœur de son existence. Et il dit comment il la conçoit dans une autre lettre à son ami Bailey.
John Keats, La poésie de la terre ne meurt jamais, POESIS, 125 pages, 16 euros
« La poésie devrait être quelque chose de grand et discret, qui pénètre dans votre âme, et la surprend ou l’émerveille non par elle-même, mais par son sujet. Qu’elles sont belles, les fleurs qui restent en retrait ! Elles perdraient toute leur beauté si elles prenaient la grand-route d’assaut en s’écriant : « Admirez-moi, je suis une violette ! Adorez-moi, je suis une primevère ! ». Des propos qui signent véritablement son art poétique et sa manière d’habiter poétiquement le monde.
Si Keats dit son amour de la nature, il le dit moins quand il s’agit de parler des hommes. Il a pour eux peu de considération, « tout en affirmant, malgré tout, qu’il aime la nature humaine », note Frédéric Brun dans l’avant-propos de ce livre. Keats était, avant tout, en proie au doute et les jugements sévères portés sur ses textes par les journalistes de l’époque l’atteignaient donc profondément. Mais on connaît la notoriété posthume dont bénéficiera le poète britannique. Il est aujourd’hui traduit dans le monde entier.