Laurent Robert, Leçon, Ithaque

Leçon

 

J'écris poèmes dérisoires

Pour être sûr d'avoir ouvrage

À mon actif non pas notable

Mais existant pour une heure ou

Des siècles tels Claude Guichard

Pierre Mathieu Nicolas Favre

Poètes privés d'illusions

Ciseleurs sans avenir autre

Que fils ou fille à qui apprendre

Bonne leçon de vanité

Lecteur improbable des temps

Futurs se bâtissant morale

Pour soi seul connaissance au gré

Des vers lentement agencés

J'écris poèmes dérisoires

Car je préfère être oublié

Poète que père ou amant

Un jour mes mots sortiront d'un

Tiroir pour l'ennui ou la joie

Postérité de jeunes filles

Hâves d'érudits rétrogrades

 

Ithaque

 

Dans un colloque discourant

Sur de locales écritures

Je pense à l’étudiante grecque

Incapable de suivre mon

Verbiage non loin du dernier

Rang et de l’assoupissement

Elle seule au fond est vivante

Avec le bon sommeil qui gagne

Ses paupières alanguit sa

Poitrine sous le chemisier

Un sursaut est venu peut-être

Au nom d’Ithaque prononcé

Ithaque sur Haine et sur Trouille

Styx coulant dans ce noir pays

Sombre bouillon d’heure quelconque

Fatal potage des ratés

Au nom d’Ithaque elle s’éveille

Ni aveugle ni grec Homère

S’appelle Franz Moreau poète

Un tantinet découragé

Toute lumière toute vie

Elle n'entend ni ne voit goutte

Elle ne ressent pas Hypnos

Lui toucher doucement l’épaule