La minute lecture : Margaret Atwood, Circé, Poèmes d’argile
Dans ce recueil à l’écriture saisissante, Margaret Atwood renverse les rôles, les points de vue et donne du personnage de Circé un émouvant portrait.
Du mythe, on se souvient de la sorcière, des compagnons d’Ulysse métamorphosés en porcs, symbole de la domination des Dieux sur les hommes, mais aussi d’une femme sur les hommes.
L’autrice change le visage de la magicienne : la voilà désunie, s’éloignant d’elle-même, cherchant à échapper aux mirages, aux mensonges. En quête de vérité. Elle nie toute responsabilité dans les métamorphoses, déclare amour et fragilité, désire, souffre, jalouse Pénélope (au fond plus sorcière qu’elle), se dévoue à Ulysse jusque dans l’écriture de ses mémoires, le sert, se fait femme d’argile, réduite à son seul ventre. Elle s’adresse au guerrier que l’on découvre amant brutal, bestial, prenant terre et chair, possédant et quittant sans regrets. Lui aussi est transformé sous la plume de l’autrice, et comment ! Mais l’épreuve de la passion aura offert à cette attachante Circé un autre pouvoir : celui des mots, avec lesquels s’écrivent les prophéties et les histoires « sans pitié ».
Margaret Atwood, Circé, Poèmes d’argile, traduction de Christine Évain, éditions Bruno Doucey, 2021.
En attendant de commander ce très beau recueil chez ton libraire, tu peux en écouter un extrait ici :