Martine Audet, Des lames entières, extraits
un morceau neuf
c’est trop de ciel
mais la douleur
- ces fleurs si simples
dans l’incendie
cherche ma main
∗
Ce n’est pas le sud le nord
ni l’élastique sombre des préparations. Je prends la tête avec un
tel charme, toute l’étrange raison du monde. Je prends la tête si
sérieuse. J’emploie les mots bâches, ceux qui couvrent mes
inexistences. Je reste longtemps à regarder.
∗
Ce n’est pas le jour la nuit
ni la femme à circuler dans les lettres. Je prends de belles mains
libres, toute la blessure du dedans. Je prends la main si leste. Je
franchis n’importe quelle montagne et un semblant de mort. Je
sais la façon d’être triste.
∗
Ce n’est pas le oui le non
ni l’arrangement des certitudes. Je prends la simple étoile, toute
encre en train de se faire. Je prends l’étoile si nette. Je choisis les
rameaux du sommeil, les côtés aussi le centre. Je fuis plusieurs
désastres.
∗
Ce n’est pas le haut le bas
ni l’éclipse des saisons. Je prends l’œil nécessaire, toute la voûte des
larmes. Je prends l’œil en ses ténèbres. Je cours parmi les bêtes,
l’encensoir des glissements. Je résiste aux sols et aux vœux.
∗
étoile fissure
ou cette joie
des os lavés
- l’or vide du ciel
les corps
parfois
nous les ouvrons
Poèmes extraits de Des lames entières, dans La Société des cendres suivi de Des lames entières, éditions du Noroît, 2019.