Autour des Editions La Porte : Estelle Fenzy, Valérie Canat de Chizy et Marie-Noëlle Agneau, Michèle Nosbaum

Estelle Fenzy, Mon corps c’est ta maison 

9 courts poèmes en deux parties constituent le recueil : Filles légères et Mon corps c’est ta maison ; cette deuxième partie, donne le titre au recueil. Des mots pour dévoiler la sensualité de la vie quand elle accueille la démesure, que l’insolence du désir habite en notre existence et que l’âme se met à nu, le corps est maison, abri ou terre de refuge. Une poésie qui fait écho aux vers de R G Cadou quand en la maison d’Hélène les oiseaux faisaient leurs nids. En ce corps de « terre insolente » « les oiseaux n’ont pas besoin de nid », tout est offrande. D’une ode à l’autre, la femme en son règne végétal, féconde et l’amour et la poésie.

Estelle Fenzy, Mon corps c’est ta maison, La Porte, 2018.

Extrait

Jours de liesse et nuits heureuses
semés de lampes sombres
Dans l’obscurité s’écrivent l’amour, les poèmes.

 

 

 

 

Valérie Canat de Chizy et Marie- Noëlle Agniau, Le poème correspondant 

 

Qui de l’une ou de l’autre écrit ? Peu importe, les poèmes se succèdent en une ondulation poétique et végétale ; en écho les mots de l’une et de l’autre.

Des poèmes comme des tableaux impressionnistes, par petites touches des paysages intérieurs pour dire la vie qui s’écoule, qui fait son nid en des saisons d’ombre et de lumière. Au fil de l’eau, les poèmes nous emportent et se répondent, un mot ou deux de l’une et naît le poème de l’autre. On retrouve comme pour les duos poétiques d’Arlette Chaumorcel et Jean-Claude Coiffard, une même connivence poétique entre deux poètes dont l’écriture proche constitue l’unité du recueil.

Ecouter l’autre, lire l’autre et se promener dans ses paysages intimes puis écrire pour laisser aussi ses empreintes et entrevoir l’espace qui l’habite ; déployer ses souvenirs, être l’arbre, le sable, la feuille, la mer, le soleil…

Valérie Canat de Chizy et Marie- Noëlle AgniauLe poème correspondant, La Porte, 2017.

Extraits (poèmes de l’une et de l’autre…)

 

Si tu es lettre que je guette                                                            La lettre dans la boîte

bien solide sur mes jambes                                                           porte plus que des mots

 

sache qu’elles tremblent                                                                sans l’ouvrir à distance

comme ombre dans le vent                                                             je devine sa présence

 

Quand paraît ton nom                                                                    porteuse de pépites

si tu es quelqu’un d’autre                                                              grains de lumière

 

sache que je veux des livres réels                                                  c’est de cela

avec des pages réelles                                                                   dont je dois me nourrir

et des mains réelles pour les tenir.

                                                                                                       le papier est neutre

Si tu n’es rien                                                                                 mais empreint de bonté.

je peux rêver

 

et faire craquer dans mes dents

l’aigre-doux d’une voyelle.

 

 

 

 

Michèle Nosbaum, Poèmes

La poésie de Michèle Nosbaum est ode à la nature, à la douceur, au temps qui passe ; c’est une poésie qui appelle à la méditation, elle nous emporte sur des « chemins de traverse », elle est portée par une « mélancolie discrète » que la lumière ne cesse d’éclairer. Les mots comme des flammes jaillissent au cœur de la nuit, une poésie qui « célèbre la fragilité de l’instant ».

 

Extrait

 

 Il faut allumer le feu
Avant de promettre 
La lumière
Penser chaque note
Pour donner l’accord parfait.
La chorégraphie du paysage
Les ailes qui l’écrivent
Et ces petits pas
Qui rythment le temps
Entre ciel et terre.