Patrick Quillier, Voix éclatées, extraits

en ce temps-là la guerre était en terre
l’europe dilacérée labourait
ses plaines et y plantait des boisseaux d’hommes
malheureux tous ces morts tels des épis
cueillis verts malheureux tous ces morts
aux moissons innommables de l’histoire
malheureux tous ces morts pour six arpents
de terre malheureux tous ces morts pour
satisfaire morgue et cupidité
des chefs malheureux tous ces morts en guerre
déraisonnable injuste malheureux
tous ces morts car cette chair de la terre
où leur face est tombée n’est la cité
que d’une divinité fantomale
malheureux tous ces morts aux funérailles
sacrilèges malheureux tous ces morts
que mensonge et folie ont abattus
dans la chair d’une terre aimée perdue
dans les replis d’un sol dernier et sale
malheureux tous ces morts à ces caveaux
indignes cette glèbe saturée
de sang supplicié de chairs éclatées
d’os mitraillés émiettés malheureux
tous ces morts dans cette chair de la terre
suppliciée mitraillée dilacérée
malheureux tous ces morts embrassés par
l’horreur d’un hosanna de fer de feu
de gaz malheureux tous ces morts étreints
par les démons qu’ont déchaînés des hommes
qui étaient chefs en chefs qui étaient fous
furieux en chefs oui fous furieux en chefs
dans l’absurde abandon aux symbolismes
d'état qui pullulent et manipulent
malheureux tous ces morts gibier sans fin
aux chasses sans pitié de la bêtise
mariée à l’hypocrite couardise
à la plus obscène des convoitises
au cynisme se camouflant en « crise »
à l’arrogant dégoûtant égo(t)ïsme

 

*

 

LES MISES AU POINT DE VICTORIN BÈS

 

Victorin Bès, le 9 novembre mille
neuf cent quinze : « Soyez bien fiers de nous
vous tous de l’arrière qui lisez ce
communiqué :

 “Le moral des Poilus
est admirable, ils meurent le sourire
aux lèvres et ne crient jamais maman
en mourant les entrailles broyées, mais
ils hurlent Vive la France !

Ah, crapules
de journalistes qui entretenez
le moral de l’arrière ainsi, venez
vivre une heure seulement au moment
où se radinent crapouillots, torpilles,
etc.

 

        La Patrie qui nous fait
tuer, notre mère ? Allons donc ! Ma mère,
c’est ma maman qui chaque nuit pleure et
tremble sur mon sort. Ma patrie, c’est ce
que j’ai de plus cher au monde et qui m’aime,
c’est maman, c’est papa. Maman. Papa.»

 

*

 

Le 17 mars 1917,
à l’hôpital militaire du Grand
Palais, on procède à la tentative
d’une greffe osseuse sur deux soldats
mutilés. Lorsque la lueur oblique
du couchant traverse les carreaux de
leur porte-fenêtre et vient caresser
sur leurs lits de douleur leur deux visages,
le plus âgé remonte sa chemise,
découvrant son nombril et sa poitrine,
peau frémissante et glabre, à la chaleur
douce d’un soleil déjà printanier.
Ses jambes sont bandées, et là opère,
il y met tout le poids de son espoir,
une silencieuse chimie de vie.
Le plus jeune s’est accoudé, non sans
peine, au rebord d’un lit articulé,
d’où il laisse pendre, pliée, sa jambe
droite, elle aussi bandée, du pied jusqu’au
dessus du genou. La tête posée
à la renverse sur un gros coussin,
il laisse la lumière scintiller
sur son profil perdu, l’air épuisé,
les traits sereins pourtant. Sa main pianote
une valse-musette sur sa cuisse
droite (la gauche n’est plus qu’un moignon),
comme pour anesthésier la douleur,
comme pour encourager les cellules
du greffon à se lancer dans la danse,
à s’entrelacer, s’épouser, s’étreindre,
se féconder. Dans sa tête pourtant
la musique est mélancolique et tourne
à l’obsession dans un mode aigre-doux.
L’odeur de pharmacie les enveloppe
tous deux, qui se sentent flotter très loin,
très haut, très allégés, au creux de limbes
qui les ramènent tendres à l’enfance.
Faible chaleur du soir, fine lumière
en aura transparente sur leurs fronts,
effluves lents et lisses des produits
qui font dans l’air flux et reflux de souffles
s’immisçant dans le silence, l’esprit
des deux greffés réinvestit leurs corps
avec délicatesse, avec prudence,
comme si une paix pouvait venir
en armistice singulier avant
la paix qui soulagerait les armées,
la vraie paix générale, universelle,
la paix qu’ils n’ont jamais cessé d’aimer.
Qu’adviendra-t-il de ces deux-là, cobayes
consentants et reconnaissants de la
faculté acculée à progresser
devant tant de souffrance et tant d’horreur ?
Nous laisserons ici l’issue ouverte.
Nous resterons devant cette photo
que la faculté des deux à fait prendre
dans le soleil du soir, pour ses archives.
Nous resterons devant cette photo,
paralysés par la fraternité
qui nous unit à ces deux mutilés,
fragiles survivants d’une curée
dont nous ne savons toujours pas jauger
l’impact irrémédiable sur le monde.
Tôt ou tard ils mourront et nous mourrons,
précédés par des millions d’agonies
brutales ou interminables, des
morts données par l’homme et par son génie
destructeur qui invente toujours plus
d’armes de destruction universelle.
Tôt ou tard ils mourront et nous mourrons,
c’est ce que dit comme toute photo
cette photo d’archive, et cependant
plus que d’autres photos ce cliché-là
semble suspendre un bref moment le flux
irrépressible qui nous bouleverse
et nous entraîne à la mort tard ou tôt.
Nous sommes tous greffés sur la photo.
Nous frémissons du friselis de la
lumière chaude du couchant, sentons
les pas de la valse-musette des
cellules sur la piste des chimies
mystérieuses de la vie, flottons
en compagnie de ces deux-là, aux limbes
d’une enfance perdue qui nous revient.
Et telle la couronne d’un corymbe
une atmosphère d’émotions sans fin
unit morts et vivants en communion.

 

*

 

CHANSON DE CRAONNE

 

« Nous allons chanter la Chanson de Craonne,
village détruit au Chemin des Dames.
Nivelle a tout fait pour tout niveler.
Volant nos vies, pas ce chant inviolé.

Elle est d’abord la Chanson de Lorette,
aux derniers jours d’été, l’an I de guerre,
à la bataille d’Ablain-Saint-Nazaire,
complainte des combattants trop honnêtes.

Complainte des combattants passifs, tristes, 
ensuite elle est la Chanson de Champagne,
servie sur ce plateau par des zutistes
à l’automne II des rases campagnes.

La voilà bientôt Chanson de Verdun,
dans l’hiver avide où au fort de Vaux
en 1916 on risque sa peau
depuis février au jour vingt-et-un.

En terre occupée par les Allemands,
elle est publiée par leur propagande
afin de saper le moral flanchant
des gars incités à sauver leur viande.

C’est dans l’été de l’an III de géhenne
que sous le nom de Chanson du soldat
elle est placée parmi les addenda
du canard La Gazette des Ardennes.

Dans le carnet du soldat François Court,
elle est notée d’une écriture nette,
« chanson créée le 10 avril 17
sur le plateau de Craonne, adieu l’amour. »

« Sur le plateau de Craonne », une syllabe 
le village détruit, comme un carabe
sous un soulier, porte un nom qu’on prononce
crâne, fort crânement, coup de semonce !

Dans la chanson, il faut dire Cra-onne
si l’on veut respecter la mélodie.
Et c’est ainsi que la colère tonne,
dans son déguisement de parodie.

De parodie d’une valse à guinguette
jouée dans l’insouciance des dimanche,
lorsque, l’esprit libre et les coudées franches,
les amoureux partout sont en goguette.

Du 16 avril au 15 mai 17
le Général Nivelle a nivelé.
« Je les grignote », a dit Joffre, pas bête.
Vie volée, oui, mais chanson inviolée.

Dès le 2 mai, la grève des attaques
saisit les gars envoyés au plateau,
la Chanson de Cra-onneau bec, c’est beau !
comme autrefois la révolte des jacques.

Comme aujourd’hui celle des camarades
russes exaspérés d’être spoliés.
Et les troufions rendent leurs tabliers
au niveleur en chef qui pétarade.

Pétarade et réprime à tour de bras,
quand le 15 mai, il est limogé.
Pétain survient alors, très fier-à-bras
d’un côté, mais de l’autre très futé.

Il continue ainsi la répression :
30 000 mutins sont concernés,
plus de 3 400 condamnés,
500 à mort, 50 exécutions.

Mais il caresse dans le sens du poil
les Poilus révoltés, pour apaiser
leurs esprits choqués par le sépulcral
silence des potes exécutés.

On améliore leur popote, on donne
plus souvent des permissions plus longues.
Ils rentrent dans le rang. Mais la diphtongue
dans le cœur, de la Chanson de Cra-onne.

Chanson du soldat, Chanson de Lorette,
Chanson de Verdun, Chanson de l’Argonne,
de Vauquois, de Cra-onne, de Péronne,
Sebdul-Bahr, Charny, Perroy, L’Épinette

Dans tous les lieux, hélas, multipliés,
où des humains se transforment en crânes
par milliers, une syllabe pour Craonne,
et c’est aussi une chanson de macabré.

Chant inviolé, chanson des vies volées
au nivellement de qui furibonde
dans tous les Chemins des Dames du monde,
Cra-onne, crânes nous t’avons chanté ! »

 

 




Patrick Quillier : Voix éclatées, 14–18

Chantent les témoins, chantent les martyrs

À l’heure des commémorations officielles de la Grande Guerre le poète et traducteur Patrick Quillier((Patrick Quillier, poète, est aussi professeur de Littérature générale et comparée à l'Université de Nice-Sophia Antipolis. Traducteur et éditeur de Fernando Pessoa en Pléiade, il a également traduit des poète d’expression portugaise et hongroise contemporains. ))nous offre une immense œuvre lyrique, véritable opéra spirituel qui donne la parole aux morts de 14/18,  inscrits pour une grande part d’entre eux au « monument commémoratif » d’Aiglun  et de Sigale, deux communes de la vallée de l’Estéron dans les Alpes maritimes. Son œuvre s’inspire de leurs écrits, des lettres envoyées ou des confidences des carnets de combats, plus intimes, plus libres.

Se joignent à eux les voix de « grands témoins », Jean Giono, Ernst Jünger, Joë Bousquet, Wilfred Owen et bien d’autres noms de soldats- écrivains ou poètes. Trois personnages fictifs introduits par l’auteur, les frères Lhomme, Adam Nicolas, Achille et Ulysse, exaltent cette épopée de tonalités plus romanesques et oniriques((Adam Nicolas Lhomme est l’avatar du personnage de Nick Adams dans l’Adieu aux Armes, d’Hemingway, Ulysse et Achille Lhomme réécrivent à leur manière deux passages d’Homère : le chant XI de l’Odyssée et les vers 455 à 617 du chant XVIII de l’Iliade)). Un ensemble qui n’oublie personne, qui rejoint chacun dans son histoire, à « l’emplacement que lui a ménagé le hasard des circonstances »((Gabriel Mwènè Okoundji, préface de l’ouvrage, p 8)).

Toutes ces voix mêlées, connues, moins connues ou anonymes, chacune inédite dans ce qu’elle livre d’émotion, s’éclairent mutuellement, se rejoignent en une vibration unique. Un véritable chant de vie porté par la symphonie des instruments de fortune fabriqués sur le front avec des restes de guerre, caisses de munitions ou autres débris de bois. Le violoncelle de Maurice Maréchal, le violon de René Moreau ou encore de Lucien Durosoir entraînent dans leur sillage « tout un orchestre spectral aux sons puissants » (p 292).

Patrick Quillier, Voix éclatées (de 14 à 18), préface de Gabriel Mwènè Okoundji, collection Paul Froment, Fédérop, 408 p., 25€, paru le 5 juin 2018

Les résonances de toutes ces voix nous emmènent en une longue marche sur la ligne des tranchées, dans le cœur ému des soldats, dans les petits riens d’un quotidien si peu ordinaire, mais encore au milieu de l’incessant va-et-vient des brancardiers, infirmières, médecins et chercheurs (Marie Curie) « qui guettent l’infime acharnement des vies à se maintenir » (p 45). Un ensemble mémoriel saisissant, troublant. D’autant plus que cette marche est scandée par les décasyllabes qu’adapte le poète pour libérer les voix convoquées et les mouler harmonieusement dans le poème. Les voix volent tant bien que mal sur la « scansion déhanchée de vers de dix pieds »((Gabriel Mwènè Okoundjip, p 7)).  Il s’est agi, nous explique l’auteur, « de les faire résonner ces voix dans l’espace mental configuré par les contraintes rythmiques du décasyllabe, un décasyllabe plus secoué, voire cahoteux que ne l’aurait permis une écriture soumise aux règles contraignantes de la tradition, en somme un décasyllabe éclaté lui aussi » (p 401).

C’est sur ce rythme que se disent avec force la cruauté et la fraternité qui s’entrelacent dans la complainte des bruits de la guerre venus du ciel et des cris des hommes. Cette complainte nous endeuille et nous indigne.

Pourtant l’énergie poétique de cette écriture nous emporte très près d’un réel mis à nu, tout près de ce qui brûle l’âme et nous attache au désespoir d’une terre qui colle, englue, ensevelit l’homme avant de l’avoir fait mourir, chaque « corps agonisant étant l’agonie anticipée » de chacun.

Les scènes récurrentes de corps hurlants, profanés, éclatés dans leur intimité ne nous épargnent pas. « Triste spectacle d’humanité souffrante, hébétée, brute » qui serait inaudible, bien trop aveuglant si le rythme cadencé et litanique et le souffle évocateur des mots ne venaient nous le faire entendre comme la « fondation sacrée de la communauté humaine » (p 92).

Ainsi le charnier que traverse Adam Nicolas Lhomme (en une expérience extrême) devient un paysage écrit et écrivant. Le champ des morts est aussi le champ « aux papiers », « un grand fleuve de papiers versés en libation perpétuelle » (p.184).

 

[…] «  Et près de chaque cadavre ou de chaque

monceau de cadavres, l’on aperçoit,

semés ça et là, toutes sortes de

papiers », […] (p 166)

 

Les livres déchirés, les cartes postales de toutes sortes, les photos de famille et confidences privées se mêlent aux chairs suppliciées, abandonnées, les recouvrent come un linceul. Et peut-être même qu’en certains endroits de ce long poème, le pouvoir des mots vient parfumer les corps moribonds noircis de vagues de mouches.

Adam Nicolas Lhomme dialogue avec ses frères morts. Il frissonne, saisi par d’étranges voix, par « le son d’un murmure ou d’une rumeur d’être vivants » (p167). Les yeux levés au ciel, remplis de larmes il « entend en lui le requiem lent et sourd qui déplore tous ces hommes » (p184)

Le poète donne sa voix à ses personnages, parle au travers d’eux, fait s’écouler de leur bouche les mots venus du fond de leur âme. Il entend la vérité de leur mobilisation et la force de leurs espérances et rêveries qui chassent loin la vision des souvenirs sanglants.  C’est ainsi que Louis Joseph Fortuné « […] soupire une dernière fois la tête/bourdonnante de tous les bruits de sa /vallée du timbre rugueux de la voix/de son père des chants si bien ornés/ de sa mère des douces inflexions/[…] » (p 116-117).

Ils s’endorment en écoutant les berceuses de leur village et contre tout désespoir chantent l’hymne des fraternités. Ainsi « l’auteur transforme t-il des anecdotes de guerre en bornes de la fraternité humaine. Il en fait l’ode d’un choeur solidaire dans la zone franche de la belle amour humaine » ((Gabriel Mwènè Okoundji, p 8))

 

[...] Alors

On fraternise avant que de hurler

à la mort, à la haine, on fraternise

avant que de frémir sous la terreur,

de toute éternité on fraternise

avant que d’étriper, de trucider,

de mitrailler, on fraternise avant

de faire de l’effroi un feu furieux […]

[…]

On fraternise en partageant la flamme

fragile et méritoire de l’amour [...] (p. 93)

 

Mais si ces voix nous parviennent avec tant de force c’est parce que le poète s’indigne, dénonce d’emblée l’absurdité et le malheur de la guerre :

 

[…]

Malheureux tous ces morts gibier sans fin

aux chasses sans pitié de la bêtise

mariée à l’hypocrite couardise

à la plus obscène des convoitises

au cynisme se camouflant en « crise »

à l’arrogant dégoûtant égo(t)ïsme […] (p. 13)

 

il s’élève contre la haine, contre la fureur nationaliste et la violence. Il pleure la barbarie inutile, le gâchis des chairs abimées, s’élève contre les fauteurs de guerre pour chanter sans fin, avec tant d’autres qui ont chanté avant, « la vie, le merveilleux souffle de vie, la peine, la révolte et l’harmonie » (p 91)

Les voix de la révolte sont encore plus incisives lorsqu’elles sont confrontées à celles du consentement au patriotisme intériorisé et incarné par un grand nombre de soldats, et dont s’est abreuvée l’image de la France. « Mourir pour la patrie sur la voix tracée par le devoir, est le sort le plus beau »   écrivent-ils à l’unisson. Une mort donnée sans regret dans le « […] bonheur de se sentir/valide, au pied, pour ainsi dire, de/ son devoir. Vraiment, rien ne me fait peur/tant que je me sens fort et comme fier//» (p 311). Cette idée exaltée par la force nationaliste que la matière n’est rien et que l’esprit est tout, beaucoup de combattants l’ont porté jusqu’au paradoxe((Ernst Jünger, La Guerre comme expérience intérieure, Christian Bourgois, 1997, p. 104.))

Les voix se répondent, se nuancent et se divisent entre l’idée du devoir, de la juste cause et la colère contre l’héroïsation de la guerre. Beaucoup se mettent à douter au fil de l’immersion dans les tranchées. Ainsi Marc Boasson se demande sans cesse dans ses lettres de guerre « quel est ce monde  englouti dans ce noir ? »

 

[…] « Ô France mon pays ensanglanté !

Les fantaisies d’imagination sont

trop puériles désormais en face

de la réalité abominable.

Qu’on en finisse avec les exercices

rhétoriques, qui sont si peu conformes

à ce que tout soldat affronte et vit ! » […] (p. 353)

 

Au fil de l’écriture de ce long poème d’une substance et d’un rythme incomparables, Patrick Quillier s’engage dans un « acte de mémoire » inédit. Si cette expression a des accents convenus et quelque peu flous, au travers de ce recueil elle prend un tout autre ton. Le poète médium et compositeur « entrouvre la porte du jardin des morts... », comme l’écrivait René Char((Char R. Œuvres complètes. Paris, Gallimard, 1983)). Il les entend, il chante leur rêve, la vie suspendue, « projetant leur voix »  méconnues ou trop rapidement ensevelies « dans l’écoute contemporaine, quitte à les transcrire ou à les transposer » (p. 402).

Et voilà que nous font frémir les forces de l’archaïque qui écrivent sur le tempo d’une désolation profonde de l’esprit la tragédie de ces temps maudits, du passé et du présent comme d’ici et d’ailleurs.

 

 

monument aux morts de Venanson - ©mbp

Présentation de l’auteur

Patrick Quillier

 

Né en 1953 à Toulouse, Patrick Quillier étudie les lettres et devient professeur de littérature comparée à l’université de Nice. Musicien et compositeur, il s’intéresse aux liens existant entre la littérature et la musique.

Il est traducteur de portugais et fait découvrir au public français la poésie d’Eugénio de Andrade et surtout, celle de Fernando Pessoa. Il coordonne l’édition de la Pléiade consacrée à ce monument des lettres portugaises.

Il est poète et publie des recueils tels Orifices du murmure, Office du murmure ou Voix éclatées (de 14 à 18).

© Olgalucia Jordan

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