Paul Lithopedion Saada, Poésies

 

ARACHNÉE

La reine est Arachnée

L’araignée arrachée

Des centaines de fois

De sa toile de soie.

Descend-elle des étoiles ?

 

LA NAUSÉE

Je caressais mon cœur par mon thorax ouvert

Quand elle a émergé pour mes doigts attraper.

Refusant que ma main soit gardée prisonnière

Je dus couper mes doigts et nourrir la nausée.

Dans sa bouche avide je les ai vus sombrer

Puis entendus se rompre sous ses crocs, mâchés

Mais je n’ai senti le feu de la douleur que

Lorsqu’elle s’est blottie près du cœur, près des yeux.

Alors qu’elle hibernait, j’ai pu la déloger

En risquant de nouveau ma main dans mes entrailles.

Pour enfin m’en défaire et la cuire au Soleil

J’ai sorti mes boyaux comme d’un coffre à jouets.

 

MURMURATIONS

Crampe au cœur

Casse le sommeil.

Tu te réveilles.

Tu te réveilles et tu le regrettes déjà.

Tu regrettes déjà ce retour d'exil

Chez toi et ton corps qui te supporte encore.

Pourquoi s'entête-t-il ?

À se ranger, docile, à tes balbutiements ?

Tu te lèves.

Tu te lèves pour vomir.

Vomir un loooooong silence qui remplirait les lignes

Mieux que n'importe quel liquide.

Il est trop tôt pour pleurer.

Tu pleures.

C'est doux

On dirait des ailes.

On dit que la peur les attire,

Les fait tomber du ciel en nuées prodigieuses,

Plonger droit sur la cible, aussi fort que possible

Pour que ça rentre.

 

MA LANGUE ME GÊNE

Ma langue me gêne

Elle m'étouffe

Elle est de trop.

Si je pouvais la laisser dégorger

Tiède

Sur un support propre

Je ne la porterais que pour dormir

Ou pour lécher la fièvre d'une peau,

Lui apprendre à s'étirer,

Se tordre, s’aplatir,

Trouver le meilleur passage

Où mouvoir ses anneaux.

Avancer

Libre et vorace.

 

J'EN AI VÉCU DES VIES

J'en ai vécu des vies

 À tes côtés : la tienne,

La mienne et puis la nôtre.

À échanger nos mains

À se parler de tout

À peu de chose près.

À coup sûr le cœur s'ouvre

Jusqu'à parfois remplir

La gorge de complaintes

Mais il reste toujours

Quelques mots vers la fin,

Tout au fond de la boîte.

Ceux qu'on ne dira pas

Et qu'on cède au silence.

Une part pour la mort

Qu'on lui sert de bon gré

Pour qu'une fois encore

Elle nous laisse ensemble.

 

Présentation de l’auteur

Paul Lithopedion Saada

Je suis Lithopedion, musicien né à Paris en 1992.

J'ai débuté comme bassiste dans différents groupes avant d'oser me lancer dans l'écriture de mes propres chansons puis poèmes. Très inspiré par des thèmes tels que la mélancolie, la peur, la corruption de la chair et de l'esprit, ma poésie se veut brutale et sans concession.

Mon pseudonyme est un emprunt au lexique médical pour désigner ici les trois facettes d'une même allégorie : le visage du mal-être, la confusion de ce mal-être avec son hôte, l'élan créatif qui en naît.

« moi - en moi - en son nom ».

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