Philippe Leuckx, Matière des soirs

 Lorsque j'eus refermé ce livre après ma première lecture, ma pensée fut tout entière condensée par cette impression : c'est le livre du chagrin. Elle fut certes influencée par le mot, employé maintes fois dans les poèmes, aussi par ce que je sais, comme le savent ceux qui suivent peu ou prou les publications de Philippe Leuckx sur les réseaux.

À vrai dire, j'ai eu cette sensation dès les premières pages et ce mot, chagrin, s'imposait par une sorte de noblesse, en cela qu'il dépasse une tristesse plus ou moins sans objet, c'est à dire une affliction à la fois plus sourde (peut-être plus faible en apparence à force de durer) et plus irrémédiable. Cette Matière des soirs, accompagnée des justes et somptueuses photographies de Philippe Colmant, est une traversée de la douleur énoncée avec retenue.

Dans la maison
je cherche la présence
comme l'on monte les marches
sans trouver son rythme
la solitude est vive dans le bois
des rampes
les chambres closes
parfois un rideau bouge un peu
mais c'est aussi illusoire
que ces bribes reconnues
au loin dans une pièce
dialogues morts nés
alors que la rue se ferme
comme une éponge
et que le jour tourne
sur lui-même
sans répit

Philippe Leuckx, Matière des soirs, Éditions Le Coudrier (24 Grand' Place, 1435 Mont-Saint-Guibert, Belgique)  2023, 66 pages, 18 €.

On aura compris qu'un deuil est à l’œuvre et il serait indécent d'en vouloir  décoder précisément les émergences dans les poèmes. Ce chagrin essentiel est celui qui dit la solitude de l'être, dépossédé de qui fut part de sa vie, et plus largement, qui dit toute solitude de l'être humain dans l'inévitable déréliction,

Paysage grêlé de tombes et de visages
absents
On ne peut taire l'effroi des mères
devant le vide
Parfois un père regarde au loin un arbre
l'intimant à vivre
debout

Car il s'agit de demeurer, et quand on est poète, homme traversé par les mots, il faut encore de ces douleurs en faire un miel doux-amer, avouer qu'on ne dit rien / de définitif, mais qu'on persiste à dire. L'errance cette école de patience, écrit Philippe Leuckx et je ne peux m'empêcher de songer à un autre Philippe (Jaccottet) : Sois tranquille, cela viendra ! Tu te rapproches, // tu brûles ! Car le mot qui sera à la fin // du poème, plus que le premier sera proche // de ta mort, qui ne s'arrête pas en chemin.(in L'effraie, Gallimard, 1953).

Le chagrin du poète n'est pas prétexte à une lamentation auto-centrée, c'est un chagrin vivant, d'autant plus douloureux sans doute, qui affronte le monde et tente une consolation dans les mots. À ce propos, on pourra noter les différents pronoms employés, le je, plus ancré dans la souffrance immédiate, je ne sais où aller / ou si peu, le on qui met à distance, on égrène les fêtes // les manques les beautés, le tu forcément à distance aussi mais cherchant prise, Tu te déprends de la solitude / dans l'aire de l'été.

Hors de ces tentatives d'analyse des poèmes, ou plutôt pour ne pas les souiller, il en est que l'on souhaite livrer dans leur simple miracle :

Sous la lumière confinée
ce tulle de solitude
l'enfant de sa fenêtre
scrute le dehors
et sa main prouesse
de lenteur
soulève la ville

Cependant, malgré la peine, la présence au monde résiste : Oui, les saules près du pré / et l'abreuvoir qui tonitrue / à chaque mufle ou encore : Des visages dans les vignes / signes de vie / au raisin qui se prépare

Dans l'épaisseur de nos vies
mailles strates veinules réseaux
le sang irrigue la petite espérance
désolée au logis informe dérisoire
et le cœur sonde à tout va
vers la lumière

La lumière est bien présente dans le livre, un désir de lumière le plus souvent, comme antidote à l'immense tristesse, ou insuffisante mais nommée, comme pour ne pas oublier qu'elle est possible. On laisse venir cette pauvre / lumière / cueillie entre les murs / un jour de canicule

Mais plutôt que de gloser pauvrement, laissons la parole au poète qui dit si simplement les choses, ajoutant ainsi à leur force :

on se dicte des fables démesurées
on a les mains trop grandes
pour ce si peu à cueillir
dans l'ombre

 

Présentation de l’auteur

Philippe Leuckx

Philippe Leuckx est écrivain et critique. Après des études de lettres et de philosophie, il consacre son mémoire de licence à Marcel Proust avant d'enseigner au Collège Saint-Vincent à Soignies.

Poète, critique, il collabore à de nombreuses revues littéraires francophones (Belgique, France, Suisse, Luxembourg) et italiennes.

Bibliographie

Poésie

a) livres, plaquettes

  • Une ombreuse solitude, 1994, L'arbre à paroles.
  • Poèmes d'entre-nuits, 1995, Le Milieu du jour (F).
  • Comme une épaule d'ombres, 1996, L'arbre à paroles.
  • Le fraudeur de poèmes, 1996, Tétras Lyre.
  • Et déjà mon regard remue la cendre, 1996, Clapàs. Préface de Philippe Mathy(F).
  • Une sangle froide au cœur, 1997, L'arbre à paroles.
  • Une espèce de tourment ?, 1998, L'arbre à paroles.
  • Nous aurons, 1998, Clapàs. Préface de Marcel Hennart (F).
  • Puisque Lisbonne s'écrit en mots de sang, 1998, Encres Vives (F).
  • Un obscur remuement, 1999, La Bartavelle (F).
  • Un bref séjour à Nad Privozem, 2000, Encres Vives (F).
  • La main compte ses larmes, 2000, Clapàs. Préface de Frédéric Kiesel (F).
  • Le fleuve et le chagrin, 2000, Tétras Lyre.
  • Poèmes de la quiétude et du désœuvrement, 2000, L'arbre à paroles.
  • La ville enfouie, 2001, Encres Vives (F).
  • Celui qui souffre, 2001, Clapàs. Préface de Georges Cathalo (F).
  • Poèmes pour, 2001, La Porte (F).
  • Touché cœur, 2002, L'arbre à paroles.
  • Sans l'armure des larmes, 2003, Tétras Lyre.
  • Faubourg d'herbes flottantes, 2003, La Porte (F).
  • Te voilà revenu, 2004, Les Pierres. Préface de Pierre Dailly.
  • Rome cœur continu, 2004, La Porte (F).
  • Errances dans un Bruxelles étrange, 2004, Encres Vives (F).
  • La rue pavée, 2006, Le Coudrier. Présentation de Jean-Michel Aubevert.
  • En écoutant Paolo Schettini, 2006, Encres Vives (F).
  • Résonances (en collaboration), 2006, Memor.
  • Photomancies (en collaboration), 2006, Le Coudrier.
  • L'aile du matin, 2007, La Porte (F).
  • Un dé de fatigue, 2007, Tétras Lyre.
  • Étymologie du cœur, 2008, Encres Vives (F).
  • Rome rumeurs nomades, 2008, Le Coudrier. Postface de Walter Geerts.
  • Résistances aux guerres (en collaboration), 2008, CGAL.
  • Périphéries, 2008, Encres Vives (F).
  • Terre commune (en collaboration), 2009, L'arbre à paroles.
  • Le cœur se hausse jusqu'au fruit, suivi de Intérieurs, 2010, Les Déjeuners sur l'herbe.
  • Le beau livre des visages, 2010, Bookleg no 67, Maelström.
  • Selon le fleuve et la lumière, 2010, Le Coudrier.
  • Passages,(en collaboration), 2010, L'arbre à paroles.
  • Piqués des vers, 2010, Espace Nord no 300.
  • Rome à la place de ton nom, 2011, Bleu d'encre.
  • De l'autre côté, (en collaboration), 2011, L'arbre à paroles.
  • Dans la maison wien, 2011, Encre Vives (F).
  • D'enfances, 2012, Le Coudrier.
  • Métissage, (en collaboration), 2012, L'arbre à paroles.
  • Un piéton à Barcelone, 2012, Encres Vives (F).
  • Au plus près, 2012, Ed. du Cygne (F).
  • Déambulations romaines,(en collaboration), 2012, Ed. Didier Devillez.
  • Quelques mains de poèmes, 2012, L'arbre à paroles.
  • Dix fragments de terre commune, 2013, La Porte (F).
  • Momento nudo, (en collaboration), 2013, L'arbre à paroles.
  • D'où le poème surgit, 2014, La Porte (F).
  • Lumière nomade, 2014, Ed. M.E.O.
  • Carnets de Ranggen , 2015, Le Coudrier.
  • L'imparfait nous mène, 2015, Bleu d'encre.
  • Etranger, ose contempler, 2015, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Les ruelles montent vers la nuit, 2016, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • D'obscures rumeurs, 2017, Ed. Petra, coll. Pierres écrites/ L'oiseau des runes (F).
  • Ce long sillage du coeur, 2018, Ed. la tête à l'envers (F).
  • Une chèvre ligure à Ischia, 2018, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Maisons habitées, 2018, Bleu d'encre.
  • Le mendiant sans tain, 2019, Le Coudrier.
  • Doigts tachés d'ombre, 2020, Editions du Cygne (F).
  • Poèmes du chagrin, 2020, Le Coudrier.
  • Solitude d'une sente, 2020, Les Chants de Jane n°24.
  • Nuit close , 2021, Bleu d'encre.
  • Prendre mot, 2021, Dancot-Pinchart
  • Rien n'est perdu Tout est perdu, 2021, Les Lieux Dits (F).
  • Le rouge-gorge, 2021, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • Frères de mots, 2022, Le Coudrier, en collaboration avec Philippe Colmant.

b) en revues

  • Paume tournée vers le temps, janvier 1995, Arpa n°56 (F).
  • Heure de fronde lente, 1997, Estuaires n°31 (L).
  • Heure de fronde lente, printemps 1998, Ecriture n°51 (S).
  • Heure de fronde lente, été 1998, Courant d'ombres n°5 (F).
  • Le ramasseur d'ombres, 1998, Multiples n°55 (F).
  • Quelques grelots de fête, février 1999, Sources n°22.
  • Une paix trop friable, 2001, Pollen d'azur n°13.
  • Dans l'ampleur heureuse, 2002, Pollen d'azur n°17.
  • Une ombreuse solitude, frammenti, nov-déc. 2002, Issimo n°34 (Palermo), traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Nos demeures et nos mains, 2003, Pollen d'azur n°21.
  • Poèmes, été 2004, Le Fram n°11.
  • Les 16 élégies de ruine, 2004, Multiples n°64 (F).
  • La ville enfouie, frammenti, mars-avril 2005, Issimo no 42, traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Elégie du nomade, 2006, Bleu d'encre n°16.
  • Heure proche, 2007, Bleu d'encre n°17.
  • Rome nuit close, automne 2007, Traversées no 48.
  • Un cœur nomade, extraits, septembre 2009, Autre Sud no 46.
  • Piéton de Rome, frammenti, octobre 2010, Issimo no 67, traduction en italien par Bruno Rombi.

Critique

  • Jacques Vandenschrick,1998, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Mimy Kinet, 2000, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Michel Lambiotte, 2001, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Claude Donnay, 2002, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Sallenave : une mémorialiste des vies ordinaires, décembre 2002, Francophonie Vivante n°4.
  • André Romus, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Paul Roland, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Retour à Léautaud?, extraits de Journal de dilection, mars 2004, Francophonie Vivante n°3.
  • Anne Bonhomme, 2004, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Frédéric Kiesel : La recherche du mot juste, juillet 2004, La Revue Générale n°6-7.
  • Ecrire est égal au sang qui manque in Dominique Grandmont, septembre 2005, Autre Sud n°30 (F).
  • Echelle I de Dominique Grandmont, mars 2006, Francophonie Vivante n°1.
  • Relire Curvers : Tempo di Roma, juin 2006, Francophonie Vivante n°2.
  • Philippe Besson chez nous, septembre 2007, Francophonie Vivante n°3.
  • Hubert Mingarelli ou le traité de tendresse, mars 2008, Francophonie Vivante n°1.
  • Bertrand Visage et l'atmosphère du Sud, mars-avril 2008, Reflets Wallonie-Bruxelles.
  • Rose-Marie François et ses Carnets de voyage, septembre 2008, Francophonie Vivante n°3.
  • Annie Ernaux. Les Années", octobre 2008, La Revue générale n°10.
  • Petit abécédaire. De Belamri à Zrika : huit auteurs entre langue et filiation. Assia Djebar, Tahar Ben Jelloun, Mohamed Choukri, Abdellah Taia, Wassyla Tamzali, Rabah Belamri, Rachid Mimouni, Abdallah Zrika, décembre 2011, Francophonie Vivante n°4.
  • Pavese ou le métier de lire le monde-poème, février 2018, Rumeurs n°4.
  • Le cœur même des victimes, étude sur Simenon, Cahiers Simenon n°31, février 2019, pp.50-56.
  • Les entrelus de Philippe Leuckx, Aux hautes marges, Le Coudrier, 2021.

Narration

  • Célina D, 1er trimestre 2004, Le Spantole no 335.
  • Proses romaines, 2005, Pollen d'azur n°25.
  • Variations oulipiennes sur les trois glorieuses, 2007, Français 2000.
  • Rendez-vous en Sardaigne, hiver 2007, Bleu d'encre n°18.
  • Difficile de quitter Rome, 2e trimestre 2008, Le Spantole n°352.

Prix et bourses

  •  Bourse d'écriture 1994 de la Communauté française
  • Prix Pyramide 2000 de la Province de Liège
  • Bourse de résidence d'écrivain à l'Academia Belgica de Rome en 2003, 2005, 2007
  • Prix Emma-Martin 2011 de poésie pour Selon le fleuve et la lumière, décerné par l'Association des écrivains belges de langue française.
  • Prix Gros Sel 2012 - Prix du jury pour Au plus près.
  • Prix Robert Goffin 2014 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Maurice et Gisèle Gauchez-Philippot 2015 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Charles Plisnier 2018 pour L'imparfait nous mène (Ed. Bleu d'encre).

Autres lectures

Philippe Leuckx, Lumière nomade

« Rome, me disait un ami érudit, est un grand estomac qui peut tout digérer, parce que son suc profond est baroque. » Philippe Leuckx aussi, à sa manière, est un érudit. Lecteur prolifique, cinéphile, [...]

Philippe Leuckx, Prendre mot

Quelque chose se finit. Le soir est là. C’est le moment de Philippe Leuckx. Celui qui rythme musicalement nombre des poèmes de ce recueil. Un cœur endeuillé déplore « l’absence », [...]

Philippe Leuckx, Matière des soirs

 Lorsque j'eus refermé ce livre après ma première lecture, ma pensée fut tout entière condensée par cette impression : c'est le livre du chagrin. Elle fut certes influencée par le mot, employé maintes fois [...]




Philippe Leuckx, Christophe Pineau-Thierry, 12 poèmes inédits

Foudre et fulgurance
tout fut signe
dès le premier regard
la beauté de tes yeux
l'accueil de ta voix
nous parlions la même langue
et nos poèmes avaient
le même goût de vivre
j’ai l’impression
de te connaître
de longtemps
nous avons la même main
pour cueillir le don
et le désir de nous comprendre
loin en nous

∗∗∗

face à l’adversité
qui s’empare de chacun

avec toi pour ami
je m’engage sur la voie

je sens ta présence
parmi ces étoiles

qui à mes côtés
brillent pour éclairer

ce magnifique chemin
qui s’offre à nous

∗∗∗

Ta belle voix douce
rameute les étoiles
vers le cœur

tu cherches à mieux
voir je t’accompagne
en pleine lumière

j’ai besoin de ta main
pour écrire le soutien
et retenir tes mots

∗∗∗

quand le sort s’acharne
que les combats s’engagent

avec l’épée de nos mots
nous écrivons le chemin

avec pour seule lumière
le sens de nos vies

∗∗∗

Je recueille tes mots
à l’aune de l’amitié

le chemin est lent
devant

parfois un peu de gêne
m’égare

les amis osent-ils
tout se dire ?

ta vie en tout cas
m'importe

∗∗∗

les mots ont aussi à nous dire
les joies de nos présents

quand l’horizon s’éclaire
accompagné par les anges

et que nos vies filent si pressées
de retrouver l’origine du monde

∗∗∗

Si mes mots peuvent
être ce velours pour toi
et si la confiance
dont tu m’honores
ne prend aucune ride
je vais devant
les yeux fermés
cœur ouvert
pour sabrer la voie
du renouveau
demande moi l’impossible
je serai là
sans défaut

∗∗∗

l’impossible est un chemin
emprunté par les heureux

les oiseaux nos regards
qui portent au plus loin

les bienfaits de l’amour
et l’espoir du lendemain

c’est le chemin des amis
qui voyagent en confiance

pour rire ensemble de la vie
et écrire ce qui rassemble

∗∗∗

Oui nous nous ressemblons
et nous rassemblons
pour l’autre
ces mots
baumes peut-être
quand le tourment
torpille le cœur
nos mots pour que l’autre
vive mieux
se soulage de vivre

∗∗∗

ces mots qui viennent de loin
de cet autre qui me ressemble

installé sur une terre brûlante
bercé par le chant des cigales

j’invite le gris-bleu de ton ciel
veillant sur les contrées du nord

à rafraîchir mon âme errante
et ainsi apaiser ses tourments

∗∗∗

Te rappelles-tu
ce n’est pas si loin
puisque c’est proche
en nos cœurs
nous avons décidé
l'un et l’autre
d'emprunter le chemin
d'unir nos mains
aux mots de l’entente
j'ai trouvé des réponses
grâce à toi
je t’ai assuré
de ma fidèle présence
et toi de même
tu t’es engagé
et je suis heureux
de te ménager la voie

∗∗∗

au cœur de nos mots
émerge le projet

d’une quête
d’une vie apaisée

de découvrir le sens
de nos rêves cachés

Présentation de l’auteur

Philippe Leuckx

Philippe Leuckx est écrivain et critique. Après des études de lettres et de philosophie, il consacre son mémoire de licence à Marcel Proust avant d'enseigner au Collège Saint-Vincent à Soignies.

Poète, critique, il collabore à de nombreuses revues littéraires francophones (Belgique, France, Suisse, Luxembourg) et italiennes.

Bibliographie

Poésie

a) livres, plaquettes

  • Une ombreuse solitude, 1994, L'arbre à paroles.
  • Poèmes d'entre-nuits, 1995, Le Milieu du jour (F).
  • Comme une épaule d'ombres, 1996, L'arbre à paroles.
  • Le fraudeur de poèmes, 1996, Tétras Lyre.
  • Et déjà mon regard remue la cendre, 1996, Clapàs. Préface de Philippe Mathy(F).
  • Une sangle froide au cœur, 1997, L'arbre à paroles.
  • Une espèce de tourment ?, 1998, L'arbre à paroles.
  • Nous aurons, 1998, Clapàs. Préface de Marcel Hennart (F).
  • Puisque Lisbonne s'écrit en mots de sang, 1998, Encres Vives (F).
  • Un obscur remuement, 1999, La Bartavelle (F).
  • Un bref séjour à Nad Privozem, 2000, Encres Vives (F).
  • La main compte ses larmes, 2000, Clapàs. Préface de Frédéric Kiesel (F).
  • Le fleuve et le chagrin, 2000, Tétras Lyre.
  • Poèmes de la quiétude et du désœuvrement, 2000, L'arbre à paroles.
  • La ville enfouie, 2001, Encres Vives (F).
  • Celui qui souffre, 2001, Clapàs. Préface de Georges Cathalo (F).
  • Poèmes pour, 2001, La Porte (F).
  • Touché cœur, 2002, L'arbre à paroles.
  • Sans l'armure des larmes, 2003, Tétras Lyre.
  • Faubourg d'herbes flottantes, 2003, La Porte (F).
  • Te voilà revenu, 2004, Les Pierres. Préface de Pierre Dailly.
  • Rome cœur continu, 2004, La Porte (F).
  • Errances dans un Bruxelles étrange, 2004, Encres Vives (F).
  • La rue pavée, 2006, Le Coudrier. Présentation de Jean-Michel Aubevert.
  • En écoutant Paolo Schettini, 2006, Encres Vives (F).
  • Résonances (en collaboration), 2006, Memor.
  • Photomancies (en collaboration), 2006, Le Coudrier.
  • L'aile du matin, 2007, La Porte (F).
  • Un dé de fatigue, 2007, Tétras Lyre.
  • Étymologie du cœur, 2008, Encres Vives (F).
  • Rome rumeurs nomades, 2008, Le Coudrier. Postface de Walter Geerts.
  • Résistances aux guerres (en collaboration), 2008, CGAL.
  • Périphéries, 2008, Encres Vives (F).
  • Terre commune (en collaboration), 2009, L'arbre à paroles.
  • Le cœur se hausse jusqu'au fruit, suivi de Intérieurs, 2010, Les Déjeuners sur l'herbe.
  • Le beau livre des visages, 2010, Bookleg no 67, Maelström.
  • Selon le fleuve et la lumière, 2010, Le Coudrier.
  • Passages,(en collaboration), 2010, L'arbre à paroles.
  • Piqués des vers, 2010, Espace Nord no 300.
  • Rome à la place de ton nom, 2011, Bleu d'encre.
  • De l'autre côté, (en collaboration), 2011, L'arbre à paroles.
  • Dans la maison wien, 2011, Encre Vives (F).
  • D'enfances, 2012, Le Coudrier.
  • Métissage, (en collaboration), 2012, L'arbre à paroles.
  • Un piéton à Barcelone, 2012, Encres Vives (F).
  • Au plus près, 2012, Ed. du Cygne (F).
  • Déambulations romaines,(en collaboration), 2012, Ed. Didier Devillez.
  • Quelques mains de poèmes, 2012, L'arbre à paroles.
  • Dix fragments de terre commune, 2013, La Porte (F).
  • Momento nudo, (en collaboration), 2013, L'arbre à paroles.
  • D'où le poème surgit, 2014, La Porte (F).
  • Lumière nomade, 2014, Ed. M.E.O.
  • Carnets de Ranggen , 2015, Le Coudrier.
  • L'imparfait nous mène, 2015, Bleu d'encre.
  • Etranger, ose contempler, 2015, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Les ruelles montent vers la nuit, 2016, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • D'obscures rumeurs, 2017, Ed. Petra, coll. Pierres écrites/ L'oiseau des runes (F).
  • Ce long sillage du coeur, 2018, Ed. la tête à l'envers (F).
  • Une chèvre ligure à Ischia, 2018, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Maisons habitées, 2018, Bleu d'encre.
  • Le mendiant sans tain, 2019, Le Coudrier.
  • Doigts tachés d'ombre, 2020, Editions du Cygne (F).
  • Poèmes du chagrin, 2020, Le Coudrier.
  • Solitude d'une sente, 2020, Les Chants de Jane n°24.
  • Nuit close , 2021, Bleu d'encre.
  • Prendre mot, 2021, Dancot-Pinchart
  • Rien n'est perdu Tout est perdu, 2021, Les Lieux Dits (F).
  • Le rouge-gorge, 2021, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • Frères de mots, 2022, Le Coudrier, en collaboration avec Philippe Colmant.

b) en revues

  • Paume tournée vers le temps, janvier 1995, Arpa n°56 (F).
  • Heure de fronde lente, 1997, Estuaires n°31 (L).
  • Heure de fronde lente, printemps 1998, Ecriture n°51 (S).
  • Heure de fronde lente, été 1998, Courant d'ombres n°5 (F).
  • Le ramasseur d'ombres, 1998, Multiples n°55 (F).
  • Quelques grelots de fête, février 1999, Sources n°22.
  • Une paix trop friable, 2001, Pollen d'azur n°13.
  • Dans l'ampleur heureuse, 2002, Pollen d'azur n°17.
  • Une ombreuse solitude, frammenti, nov-déc. 2002, Issimo n°34 (Palermo), traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Nos demeures et nos mains, 2003, Pollen d'azur n°21.
  • Poèmes, été 2004, Le Fram n°11.
  • Les 16 élégies de ruine, 2004, Multiples n°64 (F).
  • La ville enfouie, frammenti, mars-avril 2005, Issimo no 42, traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Elégie du nomade, 2006, Bleu d'encre n°16.
  • Heure proche, 2007, Bleu d'encre n°17.
  • Rome nuit close, automne 2007, Traversées no 48.
  • Un cœur nomade, extraits, septembre 2009, Autre Sud no 46.
  • Piéton de Rome, frammenti, octobre 2010, Issimo no 67, traduction en italien par Bruno Rombi.

Critique

  • Jacques Vandenschrick,1998, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Mimy Kinet, 2000, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Michel Lambiotte, 2001, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Claude Donnay, 2002, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Sallenave : une mémorialiste des vies ordinaires, décembre 2002, Francophonie Vivante n°4.
  • André Romus, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Paul Roland, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Retour à Léautaud?, extraits de Journal de dilection, mars 2004, Francophonie Vivante n°3.
  • Anne Bonhomme, 2004, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Frédéric Kiesel : La recherche du mot juste, juillet 2004, La Revue Générale n°6-7.
  • Ecrire est égal au sang qui manque in Dominique Grandmont, septembre 2005, Autre Sud n°30 (F).
  • Echelle I de Dominique Grandmont, mars 2006, Francophonie Vivante n°1.
  • Relire Curvers : Tempo di Roma, juin 2006, Francophonie Vivante n°2.
  • Philippe Besson chez nous, septembre 2007, Francophonie Vivante n°3.
  • Hubert Mingarelli ou le traité de tendresse, mars 2008, Francophonie Vivante n°1.
  • Bertrand Visage et l'atmosphère du Sud, mars-avril 2008, Reflets Wallonie-Bruxelles.
  • Rose-Marie François et ses Carnets de voyage, septembre 2008, Francophonie Vivante n°3.
  • Annie Ernaux. Les Années", octobre 2008, La Revue générale n°10.
  • Petit abécédaire. De Belamri à Zrika : huit auteurs entre langue et filiation. Assia Djebar, Tahar Ben Jelloun, Mohamed Choukri, Abdellah Taia, Wassyla Tamzali, Rabah Belamri, Rachid Mimouni, Abdallah Zrika, décembre 2011, Francophonie Vivante n°4.
  • Pavese ou le métier de lire le monde-poème, février 2018, Rumeurs n°4.
  • Le cœur même des victimes, étude sur Simenon, Cahiers Simenon n°31, février 2019, pp.50-56.
  • Les entrelus de Philippe Leuckx, Aux hautes marges, Le Coudrier, 2021.

Narration

  • Célina D, 1er trimestre 2004, Le Spantole no 335.
  • Proses romaines, 2005, Pollen d'azur n°25.
  • Variations oulipiennes sur les trois glorieuses, 2007, Français 2000.
  • Rendez-vous en Sardaigne, hiver 2007, Bleu d'encre n°18.
  • Difficile de quitter Rome, 2e trimestre 2008, Le Spantole n°352.

Prix et bourses

  •  Bourse d'écriture 1994 de la Communauté française
  • Prix Pyramide 2000 de la Province de Liège
  • Bourse de résidence d'écrivain à l'Academia Belgica de Rome en 2003, 2005, 2007
  • Prix Emma-Martin 2011 de poésie pour Selon le fleuve et la lumière, décerné par l'Association des écrivains belges de langue française.
  • Prix Gros Sel 2012 - Prix du jury pour Au plus près.
  • Prix Robert Goffin 2014 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Maurice et Gisèle Gauchez-Philippot 2015 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Charles Plisnier 2018 pour L'imparfait nous mène (Ed. Bleu d'encre).

Autres lectures

Philippe Leuckx, Lumière nomade

« Rome, me disait un ami érudit, est un grand estomac qui peut tout digérer, parce que son suc profond est baroque. » Philippe Leuckx aussi, à sa manière, est un érudit. Lecteur prolifique, cinéphile, [...]

Philippe Leuckx, Prendre mot

Quelque chose se finit. Le soir est là. C’est le moment de Philippe Leuckx. Celui qui rythme musicalement nombre des poèmes de ce recueil. Un cœur endeuillé déplore « l’absence », [...]

Philippe Leuckx, Matière des soirs

 Lorsque j'eus refermé ce livre après ma première lecture, ma pensée fut tout entière condensée par cette impression : c'est le livre du chagrin. Elle fut certes influencée par le mot, employé maintes fois [...]

Présentation de l’auteur

Christophe Pineau-Thierry

Né en Anjou, longtemps entre Paris et l’Aube, Christophe Pineau-Thierry réside aujourd’hui dans le Midi de la France.

Sophrologue et formateur, il s’intéresse aux différents modes d’expression artistique (arts plastiques, arts vivants, littérature…). Il a contribué pendant dix ans à l’organisation de nombreux concerts et expositions artistiques dans les églises et granges de villages de l’Aube.

Lui-même peint, écrit et photographie depuis l’adolescence, en quête de cet espace invisible, entre représentation et imaginaire, entre les touches de couleur ou les mots.

Christophe Pineau-Thierry a publié des poèmes dans les revues ARPA, Le Journal des poètes, Lichen, Poésie/première et Recours au poème, ainsi que les recueils Le regard du jour et Nos matins intérieurs aux Editions du Cygne.

Autres lectures

Christophe Pineau-Thierry, Nos matins intérieurs

Il y a quelque chose d'infiniment doux dans ces beaux poèmes d'enfance et de réflexion. La voix, toute simple, énumère les beautés des relations, les amours,ces matins victorieux des « croisements de lumière ». [...]




Philippe Leuckx, Ce fragile chemin des choses, extraits

 

La lumière arrache aux murs

leurs derniers lambeaux de fête

la maison se désole

de n'être que ruines

quand le coeur continue

de battre en dépit des naufrages

∗∗∗

 

Tu entres rue verte

dans le petit couloir

de sa maison

ombreux et calme

silencieux

depuis ce janvier 79

la mémoire seule

restitue l'air dense

sa présence

au coin du feu de Louvain

∗∗∗

 

Le poème peut porter
à plus de clarté
le coeur
s'il cède un peu

∗∗∗

 

J'ai attendu longtemps

avant de poser des mots

sur les berges du livre

comme une main attentive

à ne pas bousculer

l'ordre des choses

le temps de la lumière

la vie des souffles

Je venais boire

à la source

la beauté

les ombres du recours

∗∗∗

 

La brume énonce le jour.

Le ciel s'évince sans un cri.

Parfois la peur gomme la parole.

On se retient à une rambarde.

On se fait plus petit que la lumière.

∗∗∗

 

Tu tournes certains jours

autour des mots

comme dans une chambre

froide

où il n'y aurait plus

que des ombres

quelques traces aimées

inanimées

et vagues

∗∗∗

 

Parfois, le mur tourne.

La vie recluse s'éclaire d'un geste.

Il faut tout écrire du peu

qui nous bouscule.

Dans la foulée des jours

le coeur s'écharde

floué.

 

(Extraits de "Ce fragile chemin des choses, 2021, inédit)




Philippe Leuckx, Lumière nomade (extraits)

Un ensemble de poèmes parus en mai 2014.

 

1

Avec le soir, avec l'air et les parfums du soir, sur les collines, dans les parcs, on sent le poids des choses, de cette journée qui a cueilli juste un peu de vent au milieu même de la chaleur.
On est là, la ville sous les yeux, les rumeurs qui montent.
On ne sait presque plus le bonheur d'être au plus près des autres.
La fatigue vient comme l'ombre, nous occupe jusqu'à la fraîcheur.
Rome est sous la paume, proche comme un corps.

 

 

2

Vers le soir, vers les ombres, quand le bleu se défait sous les premières lampes et que la lumière recule encore aux lisières, quand nous nous terrons sous le grand arbre de la cour, dans une attente comme une prière d'épaules, avec la grande nappe de ciel sombre qui nous sonde, avec un cœur qui commence à s'épancher dans le noir survenu, ce soir des confidences avec les astres, ce soir à compter les grains éclairés au-dessus, sans espérer rien d'autre que le sable et le sommeil.

 

 

3

Les briques sont encore chaudes. Tout dort. Entre les barres, des espaces noirs. Beaucoup promènent leur solitude derrière des vitres sombres. Sinon, des soirs habituels, avec des rectangles jaunes, éparpillés, des lueurs, des ombres. Que savons-nous des silhouettes qui se déplacent comme des calligraphies. On imagine seulement des repas qui se prolongent, des fins de journée et la fatigue avec.
Parfois, les bruits sont de larges soupçons qui guettent dans le noir et font sursauter.
Parfois.
En passant la main sur le corps des choses, la vie bouge. Remue.

 

 

4

Les immeubles prennent l'ombre et d'impossibles enfants continuent de marquer dans la poussière les nœuds de leur vie.
Parfois, un chat les déroute ou une moto trop vite lancée vers le soir.
Mais peu savent les secrets dans le sable. Peu savent cette lumière d'entre, qui fête la fin du jour et dans laquelle nous disparaissons sans laisser d'autre sable que la semelle taillée dans le vif des jours.

 

 

5

Nous nous retrouvons adossés au soleil qui décline, lourds d'une journée qui fut d'été et d'éclats, nous avons promené nos carcasses efflanquées
au flux des rues et des ruelles, happant les ombres, maraudant plus qu'il n'en faut , mordant la lumière à pleine bouche, sûrs que le jour est notre
source.
Dans la nuit qui vient à plus de densité, nous n'avons plus que du silence
en poche et le ciel peut baratter le noir infiniment.
 

Présentation de l’auteur

Philippe Leuckx

Philippe Leuckx est écrivain et critique. Après des études de lettres et de philosophie, il consacre son mémoire de licence à Marcel Proust avant d'enseigner au Collège Saint-Vincent à Soignies.

Poète, critique, il collabore à de nombreuses revues littéraires francophones (Belgique, France, Suisse, Luxembourg) et italiennes.

Bibliographie

Poésie

a) livres, plaquettes

  • Une ombreuse solitude, 1994, L'arbre à paroles.
  • Poèmes d'entre-nuits, 1995, Le Milieu du jour (F).
  • Comme une épaule d'ombres, 1996, L'arbre à paroles.
  • Le fraudeur de poèmes, 1996, Tétras Lyre.
  • Et déjà mon regard remue la cendre, 1996, Clapàs. Préface de Philippe Mathy(F).
  • Une sangle froide au cœur, 1997, L'arbre à paroles.
  • Une espèce de tourment ?, 1998, L'arbre à paroles.
  • Nous aurons, 1998, Clapàs. Préface de Marcel Hennart (F).
  • Puisque Lisbonne s'écrit en mots de sang, 1998, Encres Vives (F).
  • Un obscur remuement, 1999, La Bartavelle (F).
  • Un bref séjour à Nad Privozem, 2000, Encres Vives (F).
  • La main compte ses larmes, 2000, Clapàs. Préface de Frédéric Kiesel (F).
  • Le fleuve et le chagrin, 2000, Tétras Lyre.
  • Poèmes de la quiétude et du désœuvrement, 2000, L'arbre à paroles.
  • La ville enfouie, 2001, Encres Vives (F).
  • Celui qui souffre, 2001, Clapàs. Préface de Georges Cathalo (F).
  • Poèmes pour, 2001, La Porte (F).
  • Touché cœur, 2002, L'arbre à paroles.
  • Sans l'armure des larmes, 2003, Tétras Lyre.
  • Faubourg d'herbes flottantes, 2003, La Porte (F).
  • Te voilà revenu, 2004, Les Pierres. Préface de Pierre Dailly.
  • Rome cœur continu, 2004, La Porte (F).
  • Errances dans un Bruxelles étrange, 2004, Encres Vives (F).
  • La rue pavée, 2006, Le Coudrier. Présentation de Jean-Michel Aubevert.
  • En écoutant Paolo Schettini, 2006, Encres Vives (F).
  • Résonances (en collaboration), 2006, Memor.
  • Photomancies (en collaboration), 2006, Le Coudrier.
  • L'aile du matin, 2007, La Porte (F).
  • Un dé de fatigue, 2007, Tétras Lyre.
  • Étymologie du cœur, 2008, Encres Vives (F).
  • Rome rumeurs nomades, 2008, Le Coudrier. Postface de Walter Geerts.
  • Résistances aux guerres (en collaboration), 2008, CGAL.
  • Périphéries, 2008, Encres Vives (F).
  • Terre commune (en collaboration), 2009, L'arbre à paroles.
  • Le cœur se hausse jusqu'au fruit, suivi de Intérieurs, 2010, Les Déjeuners sur l'herbe.
  • Le beau livre des visages, 2010, Bookleg no 67, Maelström.
  • Selon le fleuve et la lumière, 2010, Le Coudrier.
  • Passages,(en collaboration), 2010, L'arbre à paroles.
  • Piqués des vers, 2010, Espace Nord no 300.
  • Rome à la place de ton nom, 2011, Bleu d'encre.
  • De l'autre côté, (en collaboration), 2011, L'arbre à paroles.
  • Dans la maison wien, 2011, Encre Vives (F).
  • D'enfances, 2012, Le Coudrier.
  • Métissage, (en collaboration), 2012, L'arbre à paroles.
  • Un piéton à Barcelone, 2012, Encres Vives (F).
  • Au plus près, 2012, Ed. du Cygne (F).
  • Déambulations romaines,(en collaboration), 2012, Ed. Didier Devillez.
  • Quelques mains de poèmes, 2012, L'arbre à paroles.
  • Dix fragments de terre commune, 2013, La Porte (F).
  • Momento nudo, (en collaboration), 2013, L'arbre à paroles.
  • D'où le poème surgit, 2014, La Porte (F).
  • Lumière nomade, 2014, Ed. M.E.O.
  • Carnets de Ranggen , 2015, Le Coudrier.
  • L'imparfait nous mène, 2015, Bleu d'encre.
  • Etranger, ose contempler, 2015, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Les ruelles montent vers la nuit, 2016, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • D'obscures rumeurs, 2017, Ed. Petra, coll. Pierres écrites/ L'oiseau des runes (F).
  • Ce long sillage du coeur, 2018, Ed. la tête à l'envers (F).
  • Une chèvre ligure à Ischia, 2018, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Maisons habitées, 2018, Bleu d'encre.
  • Le mendiant sans tain, 2019, Le Coudrier.
  • Doigts tachés d'ombre, 2020, Editions du Cygne (F).
  • Poèmes du chagrin, 2020, Le Coudrier.
  • Solitude d'une sente, 2020, Les Chants de Jane n°24.
  • Nuit close , 2021, Bleu d'encre.
  • Prendre mot, 2021, Dancot-Pinchart
  • Rien n'est perdu Tout est perdu, 2021, Les Lieux Dits (F).
  • Le rouge-gorge, 2021, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • Frères de mots, 2022, Le Coudrier, en collaboration avec Philippe Colmant.

b) en revues

  • Paume tournée vers le temps, janvier 1995, Arpa n°56 (F).
  • Heure de fronde lente, 1997, Estuaires n°31 (L).
  • Heure de fronde lente, printemps 1998, Ecriture n°51 (S).
  • Heure de fronde lente, été 1998, Courant d'ombres n°5 (F).
  • Le ramasseur d'ombres, 1998, Multiples n°55 (F).
  • Quelques grelots de fête, février 1999, Sources n°22.
  • Une paix trop friable, 2001, Pollen d'azur n°13.
  • Dans l'ampleur heureuse, 2002, Pollen d'azur n°17.
  • Une ombreuse solitude, frammenti, nov-déc. 2002, Issimo n°34 (Palermo), traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Nos demeures et nos mains, 2003, Pollen d'azur n°21.
  • Poèmes, été 2004, Le Fram n°11.
  • Les 16 élégies de ruine, 2004, Multiples n°64 (F).
  • La ville enfouie, frammenti, mars-avril 2005, Issimo no 42, traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Elégie du nomade, 2006, Bleu d'encre n°16.
  • Heure proche, 2007, Bleu d'encre n°17.
  • Rome nuit close, automne 2007, Traversées no 48.
  • Un cœur nomade, extraits, septembre 2009, Autre Sud no 46.
  • Piéton de Rome, frammenti, octobre 2010, Issimo no 67, traduction en italien par Bruno Rombi.

Critique

  • Jacques Vandenschrick,1998, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Mimy Kinet, 2000, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Michel Lambiotte, 2001, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Claude Donnay, 2002, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Sallenave : une mémorialiste des vies ordinaires, décembre 2002, Francophonie Vivante n°4.
  • André Romus, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Paul Roland, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Retour à Léautaud?, extraits de Journal de dilection, mars 2004, Francophonie Vivante n°3.
  • Anne Bonhomme, 2004, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Frédéric Kiesel : La recherche du mot juste, juillet 2004, La Revue Générale n°6-7.
  • Ecrire est égal au sang qui manque in Dominique Grandmont, septembre 2005, Autre Sud n°30 (F).
  • Echelle I de Dominique Grandmont, mars 2006, Francophonie Vivante n°1.
  • Relire Curvers : Tempo di Roma, juin 2006, Francophonie Vivante n°2.
  • Philippe Besson chez nous, septembre 2007, Francophonie Vivante n°3.
  • Hubert Mingarelli ou le traité de tendresse, mars 2008, Francophonie Vivante n°1.
  • Bertrand Visage et l'atmosphère du Sud, mars-avril 2008, Reflets Wallonie-Bruxelles.
  • Rose-Marie François et ses Carnets de voyage, septembre 2008, Francophonie Vivante n°3.
  • Annie Ernaux. Les Années", octobre 2008, La Revue générale n°10.
  • Petit abécédaire. De Belamri à Zrika : huit auteurs entre langue et filiation. Assia Djebar, Tahar Ben Jelloun, Mohamed Choukri, Abdellah Taia, Wassyla Tamzali, Rabah Belamri, Rachid Mimouni, Abdallah Zrika, décembre 2011, Francophonie Vivante n°4.
  • Pavese ou le métier de lire le monde-poème, février 2018, Rumeurs n°4.
  • Le cœur même des victimes, étude sur Simenon, Cahiers Simenon n°31, février 2019, pp.50-56.
  • Les entrelus de Philippe Leuckx, Aux hautes marges, Le Coudrier, 2021.

Narration

  • Célina D, 1er trimestre 2004, Le Spantole no 335.
  • Proses romaines, 2005, Pollen d'azur n°25.
  • Variations oulipiennes sur les trois glorieuses, 2007, Français 2000.
  • Rendez-vous en Sardaigne, hiver 2007, Bleu d'encre n°18.
  • Difficile de quitter Rome, 2e trimestre 2008, Le Spantole n°352.

Prix et bourses

  •  Bourse d'écriture 1994 de la Communauté française
  • Prix Pyramide 2000 de la Province de Liège
  • Bourse de résidence d'écrivain à l'Academia Belgica de Rome en 2003, 2005, 2007
  • Prix Emma-Martin 2011 de poésie pour Selon le fleuve et la lumière, décerné par l'Association des écrivains belges de langue française.
  • Prix Gros Sel 2012 - Prix du jury pour Au plus près.
  • Prix Robert Goffin 2014 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Maurice et Gisèle Gauchez-Philippot 2015 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Charles Plisnier 2018 pour L'imparfait nous mène (Ed. Bleu d'encre).

Autres lectures

Philippe Leuckx, Lumière nomade

« Rome, me disait un ami érudit, est un grand estomac qui peut tout digérer, parce que son suc profond est baroque. » Philippe Leuckx aussi, à sa manière, est un érudit. Lecteur prolifique, cinéphile, [...]

Philippe Leuckx, Prendre mot

Quelque chose se finit. Le soir est là. C’est le moment de Philippe Leuckx. Celui qui rythme musicalement nombre des poèmes de ce recueil. Un cœur endeuillé déplore « l’absence », [...]

Philippe Leuckx, Matière des soirs

 Lorsque j'eus refermé ce livre après ma première lecture, ma pensée fut tout entière condensée par cette impression : c'est le livre du chagrin. Elle fut certes influencée par le mot, employé maintes fois [...]




Philippe Leuckx, Prendre mot

Quelque chose se finit. Le soir est là. C’est le moment de Philippe Leuckx. Celui qui rythme musicalement nombre des poèmes de ce recueil.

Un cœur endeuillé déplore « l’absence », qui a partie liée avec la « solitude » - le mot revient en litanie, à plusieurs reprises, pointant la basse continue de cette élégie de la vie esseulée. Avec ses jeux d’ombre et de lumière, au moins autant symboliques que réels :

La lumière remue le cœur.

Philippe Leuckx, Prendre mot, éditions Dancot-Pinchart, 41 pages, 2021.

Dans le recueil, le chant monte du deuil et du chagrin. La perte de l’être aimé est implicitement suggérée dans la visite au cimetière, comme en sourdine. Pas de pathos, pas de grande pose. Une lyrique douce se diffuse dans un paysage plus rêvé qu’authentique. La rue d’une ville aux « espaces vides », des terrasses, un décor de caténaires. Le paysage y semble menacé de dissolution. Il s’atténue en évanescences suscitées par de micro-événements météorologiques, brume, givre, neige, pluie qui le déréalisent et se transposent en variations affectives.

Les poèmes, petites proses ou vers, saisissent et laissent leur trace dans le lecteur en images essentielles. La première, le « balcon sur ma vie » ou cette autre : « Un voile. Une dentelle d’âme ». Autant de formulations du « peu », du « presque rien » qui manifestent cette attention du poète aux choses les plus banales, les plus petites de l’ordre de la brindille, « Si le peu pouvait délivrer quelque voie ». Elles suscitent une écriture du tressaillement :

C’est une petite musique qui vacille et tremble.
C’est la chambre de l’autre où n’entre que le silence. 

 

La mémoire est convoquée avec ses fondus et ses aplats. Celle de l’enfance, cette matrice si importante dans l’œuvre de ce poète. Celle du temps d’avant, tels ces vers :

 

Si j’interroge le vent sur l’amour
le sang brille et la réponse
me poisse le cœur.

 

C’est à cette écriture si subtilement suggestive que se reconnaît la voix de Philippe Leuckx. Une musique et une pluie qui font par moments un clin d’œil à la Verlaine : « il pleut au cœur ». L’expression se fait minimale, dépouillée, à l’image d’une certaine paix ; ainsi le présent du monde est-il donné à nouveau dans le regard sur de petites choses sans importance, sur les oiseaux, sur les arbres.

Avec un art de la mesure le recueil déploie son cheminement qui va de la vie empêchée exprimée dans « cette ferveur refusée/un parfum interdit » à un peu de la substance regagnée des choses. De l’ombre vespérale à une certaine lumière retrouvée, grâce aux mots du langage poétique traçant « leur gerbe fulgurante ». Et passe du Je du début du poème enfermé sur sa peine au On/Nous des derniers textes. « Prendre mot », l’injonction nue, impersonnelle du titre à l’infinitif, répétée deux fois dans le recueil semble pointer une direction du côté du langage qu’il importe de suivre sans tarder. Comme si là était ce qui sauve.

Car la traversée des mots du poème semble avoir eu ce pouvoir de transmuer ce qui s’éprouve de douloureux en élan de sortie de soi :

 

Quelqu’un se ramasse en un plan de son paletot. Il pourrait s’agir de toi, de lui, de toute figure en détresse.

 

Dans l’évocation de ce geste minuscule, remonter son col de veste, se lit le passage d’une expérience subjective de la perte à notre dimension pleinement humaine qui exhausse la solitude. Voici un recueil qui résonne superbement au plus profond de nous.

                                                                                                        

Présentation de l’auteur

Philippe Leuckx

Philippe Leuckx est écrivain et critique. Après des études de lettres et de philosophie, il consacre son mémoire de licence à Marcel Proust avant d'enseigner au Collège Saint-Vincent à Soignies.

Poète, critique, il collabore à de nombreuses revues littéraires francophones (Belgique, France, Suisse, Luxembourg) et italiennes.

Bibliographie

Poésie

a) livres, plaquettes

  • Une ombreuse solitude, 1994, L'arbre à paroles.
  • Poèmes d'entre-nuits, 1995, Le Milieu du jour (F).
  • Comme une épaule d'ombres, 1996, L'arbre à paroles.
  • Le fraudeur de poèmes, 1996, Tétras Lyre.
  • Et déjà mon regard remue la cendre, 1996, Clapàs. Préface de Philippe Mathy(F).
  • Une sangle froide au cœur, 1997, L'arbre à paroles.
  • Une espèce de tourment ?, 1998, L'arbre à paroles.
  • Nous aurons, 1998, Clapàs. Préface de Marcel Hennart (F).
  • Puisque Lisbonne s'écrit en mots de sang, 1998, Encres Vives (F).
  • Un obscur remuement, 1999, La Bartavelle (F).
  • Un bref séjour à Nad Privozem, 2000, Encres Vives (F).
  • La main compte ses larmes, 2000, Clapàs. Préface de Frédéric Kiesel (F).
  • Le fleuve et le chagrin, 2000, Tétras Lyre.
  • Poèmes de la quiétude et du désœuvrement, 2000, L'arbre à paroles.
  • La ville enfouie, 2001, Encres Vives (F).
  • Celui qui souffre, 2001, Clapàs. Préface de Georges Cathalo (F).
  • Poèmes pour, 2001, La Porte (F).
  • Touché cœur, 2002, L'arbre à paroles.
  • Sans l'armure des larmes, 2003, Tétras Lyre.
  • Faubourg d'herbes flottantes, 2003, La Porte (F).
  • Te voilà revenu, 2004, Les Pierres. Préface de Pierre Dailly.
  • Rome cœur continu, 2004, La Porte (F).
  • Errances dans un Bruxelles étrange, 2004, Encres Vives (F).
  • La rue pavée, 2006, Le Coudrier. Présentation de Jean-Michel Aubevert.
  • En écoutant Paolo Schettini, 2006, Encres Vives (F).
  • Résonances (en collaboration), 2006, Memor.
  • Photomancies (en collaboration), 2006, Le Coudrier.
  • L'aile du matin, 2007, La Porte (F).
  • Un dé de fatigue, 2007, Tétras Lyre.
  • Étymologie du cœur, 2008, Encres Vives (F).
  • Rome rumeurs nomades, 2008, Le Coudrier. Postface de Walter Geerts.
  • Résistances aux guerres (en collaboration), 2008, CGAL.
  • Périphéries, 2008, Encres Vives (F).
  • Terre commune (en collaboration), 2009, L'arbre à paroles.
  • Le cœur se hausse jusqu'au fruit, suivi de Intérieurs, 2010, Les Déjeuners sur l'herbe.
  • Le beau livre des visages, 2010, Bookleg no 67, Maelström.
  • Selon le fleuve et la lumière, 2010, Le Coudrier.
  • Passages,(en collaboration), 2010, L'arbre à paroles.
  • Piqués des vers, 2010, Espace Nord no 300.
  • Rome à la place de ton nom, 2011, Bleu d'encre.
  • De l'autre côté, (en collaboration), 2011, L'arbre à paroles.
  • Dans la maison wien, 2011, Encre Vives (F).
  • D'enfances, 2012, Le Coudrier.
  • Métissage, (en collaboration), 2012, L'arbre à paroles.
  • Un piéton à Barcelone, 2012, Encres Vives (F).
  • Au plus près, 2012, Ed. du Cygne (F).
  • Déambulations romaines,(en collaboration), 2012, Ed. Didier Devillez.
  • Quelques mains de poèmes, 2012, L'arbre à paroles.
  • Dix fragments de terre commune, 2013, La Porte (F).
  • Momento nudo, (en collaboration), 2013, L'arbre à paroles.
  • D'où le poème surgit, 2014, La Porte (F).
  • Lumière nomade, 2014, Ed. M.E.O.
  • Carnets de Ranggen , 2015, Le Coudrier.
  • L'imparfait nous mène, 2015, Bleu d'encre.
  • Etranger, ose contempler, 2015, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Les ruelles montent vers la nuit, 2016, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • D'obscures rumeurs, 2017, Ed. Petra, coll. Pierres écrites/ L'oiseau des runes (F).
  • Ce long sillage du coeur, 2018, Ed. la tête à l'envers (F).
  • Une chèvre ligure à Ischia, 2018, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Maisons habitées, 2018, Bleu d'encre.
  • Le mendiant sans tain, 2019, Le Coudrier.
  • Doigts tachés d'ombre, 2020, Editions du Cygne (F).
  • Poèmes du chagrin, 2020, Le Coudrier.
  • Solitude d'une sente, 2020, Les Chants de Jane n°24.
  • Nuit close , 2021, Bleu d'encre.
  • Prendre mot, 2021, Dancot-Pinchart
  • Rien n'est perdu Tout est perdu, 2021, Les Lieux Dits (F).
  • Le rouge-gorge, 2021, Ed. Henry, coll. La main aux poètes (F).
  • Frères de mots, 2022, Le Coudrier, en collaboration avec Philippe Colmant.

b) en revues

  • Paume tournée vers le temps, janvier 1995, Arpa n°56 (F).
  • Heure de fronde lente, 1997, Estuaires n°31 (L).
  • Heure de fronde lente, printemps 1998, Ecriture n°51 (S).
  • Heure de fronde lente, été 1998, Courant d'ombres n°5 (F).
  • Le ramasseur d'ombres, 1998, Multiples n°55 (F).
  • Quelques grelots de fête, février 1999, Sources n°22.
  • Une paix trop friable, 2001, Pollen d'azur n°13.
  • Dans l'ampleur heureuse, 2002, Pollen d'azur n°17.
  • Une ombreuse solitude, frammenti, nov-déc. 2002, Issimo n°34 (Palermo), traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Nos demeures et nos mains, 2003, Pollen d'azur n°21.
  • Poèmes, été 2004, Le Fram n°11.
  • Les 16 élégies de ruine, 2004, Multiples n°64 (F).
  • La ville enfouie, frammenti, mars-avril 2005, Issimo no 42, traduction en italien par Bruno Rombi.
  • Elégie du nomade, 2006, Bleu d'encre n°16.
  • Heure proche, 2007, Bleu d'encre n°17.
  • Rome nuit close, automne 2007, Traversées no 48.
  • Un cœur nomade, extraits, septembre 2009, Autre Sud no 46.
  • Piéton de Rome, frammenti, octobre 2010, Issimo no 67, traduction en italien par Bruno Rombi.

Critique

  • Jacques Vandenschrick,1998, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Mimy Kinet, 2000, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Michel Lambiotte, 2001, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Claude Donnay, 2002, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Sallenave : une mémorialiste des vies ordinaires, décembre 2002, Francophonie Vivante n°4.
  • André Romus, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Paul Roland, 2003, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Retour à Léautaud?, extraits de Journal de dilection, mars 2004, Francophonie Vivante n°3.
  • Anne Bonhomme, 2004, Service du Livre Luxembourgeois.
  • Frédéric Kiesel : La recherche du mot juste, juillet 2004, La Revue Générale n°6-7.
  • Ecrire est égal au sang qui manque in Dominique Grandmont, septembre 2005, Autre Sud n°30 (F).
  • Echelle I de Dominique Grandmont, mars 2006, Francophonie Vivante n°1.
  • Relire Curvers : Tempo di Roma, juin 2006, Francophonie Vivante n°2.
  • Philippe Besson chez nous, septembre 2007, Francophonie Vivante n°3.
  • Hubert Mingarelli ou le traité de tendresse, mars 2008, Francophonie Vivante n°1.
  • Bertrand Visage et l'atmosphère du Sud, mars-avril 2008, Reflets Wallonie-Bruxelles.
  • Rose-Marie François et ses Carnets de voyage, septembre 2008, Francophonie Vivante n°3.
  • Annie Ernaux. Les Années", octobre 2008, La Revue générale n°10.
  • Petit abécédaire. De Belamri à Zrika : huit auteurs entre langue et filiation. Assia Djebar, Tahar Ben Jelloun, Mohamed Choukri, Abdellah Taia, Wassyla Tamzali, Rabah Belamri, Rachid Mimouni, Abdallah Zrika, décembre 2011, Francophonie Vivante n°4.
  • Pavese ou le métier de lire le monde-poème, février 2018, Rumeurs n°4.
  • Le cœur même des victimes, étude sur Simenon, Cahiers Simenon n°31, février 2019, pp.50-56.
  • Les entrelus de Philippe Leuckx, Aux hautes marges, Le Coudrier, 2021.

Narration

  • Célina D, 1er trimestre 2004, Le Spantole no 335.
  • Proses romaines, 2005, Pollen d'azur n°25.
  • Variations oulipiennes sur les trois glorieuses, 2007, Français 2000.
  • Rendez-vous en Sardaigne, hiver 2007, Bleu d'encre n°18.
  • Difficile de quitter Rome, 2e trimestre 2008, Le Spantole n°352.

Prix et bourses

  •  Bourse d'écriture 1994 de la Communauté française
  • Prix Pyramide 2000 de la Province de Liège
  • Bourse de résidence d'écrivain à l'Academia Belgica de Rome en 2003, 2005, 2007
  • Prix Emma-Martin 2011 de poésie pour Selon le fleuve et la lumière, décerné par l'Association des écrivains belges de langue française.
  • Prix Gros Sel 2012 - Prix du jury pour Au plus près.
  • Prix Robert Goffin 2014 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Maurice et Gisèle Gauchez-Philippot 2015 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Charles Plisnier 2018 pour L'imparfait nous mène (Ed. Bleu d'encre).

Autres lectures

Philippe Leuckx, Lumière nomade

« Rome, me disait un ami érudit, est un grand estomac qui peut tout digérer, parce que son suc profond est baroque. » Philippe Leuckx aussi, à sa manière, est un érudit. Lecteur prolifique, cinéphile, [...]

Philippe Leuckx, Prendre mot

Quelque chose se finit. Le soir est là. C’est le moment de Philippe Leuckx. Celui qui rythme musicalement nombre des poèmes de ce recueil. Un cœur endeuillé déplore « l’absence », [...]

Philippe Leuckx, Matière des soirs

 Lorsque j'eus refermé ce livre après ma première lecture, ma pensée fut tout entière condensée par cette impression : c'est le livre du chagrin. Elle fut certes influencée par le mot, employé maintes fois [...]




Philippe Leuckx, Comme un devoir d’offrande

1

Reclus, l'enfant veille, absorbé par le sombre. Le cagibi ombreux est un pur refuge. il y voit parfois rayonner les rémiges de son âme comme autant de particules vivent. Aura-t-il seulement rêvé? Ou semé de mots le doute né du noir?

L'enfant veille en moi, sa troupe de syllabes toute prête à servir. Les mots n'ont jamais peur du noir ni les rythmes du battement régulier que l'obscurité douce rend plus vifs.

 

2

Dans son enceinte de paille, l'enfant, secret, veille au menu des plus petites choses. L'aire souffle. La grange ordonne le monde. C'est un univers de particules qui s'élèvent comme des mots. Il observe sans regarder. il pense surtout au silence qui s'émiette sous lui, autour de lui, dans l'embrasement du jaune.

L'heure est sans nom pour qui serre l'heure en gros blocs compacts.

Elle freine l'esprit. Elle arrête les petites mains qui gigotent.

La paille sent l'offrande d'un champ. Il se souvient aussi qu'à courir dans la moisson close, au sein des éteules, lui étrille les petites jambes.

Pour l'heure, dans son enceinte, il pense.

 

3

On ne voit pas la rue ni la grange ni l'enfant qui a goûté au ciel sans déplacer ses étoiles.

Le plus sombre de son temps, il creuse en lui des espaces.

Il tisse sous le pis des vaches la paille dont il se reposera quand le rêve passe le mur de sa chambre.

Il va sur le chemin des morts égayer quelque tombe avec le buis des mots et la langue traversière.

Il ne sait presque rien sauf dans les plis des blés la ferveur des moissons.

Jamais il ne s'aère plus que du seul bruit du vent lorsque l'étable cogne et que les seaux en fer blanc secouent la mousse des fatigues.

Parfois, il revoit sans s'éblouir la lune des pauvres jours.

pour Françoise L. et pour Angèle P.

 

 

4

Les fêtes sur la place communale étaient portion congrue : quelques tirs à pipes, quelques balançoires sous le tilleul indémodable.

A bien tirer au fusil sur des tiges métalliques recouvertes de papier, on gagnait qui une photo dénudée de BB, couverte de ses seuls cheveux blonds (on était en 1962 ou 1963), qui un jouet en plastique qui serait bien vite rejeté.

L'enfant était malade comme un chien à vouloir faire de la balançoire plus haut et il lui fallait à chaque fois vomir tout son saoul.

La place, il est toujours question de place dans les récits d'enfance, est vide.

L'enfant est mort, il y a longtemps, devant son ancienne école; l'enfance se balance, se balance jusqu'au creux des ruelles qui partent de la place et s'enfoncent dans le passé.

pour Gil J.

 

5

Un jour de plus à mettre

Une bandelette

Autour de notre chagrin

 

6

Qui vient là soudain dans mon sang comme un poème qui ouvrirait ses mains sans faire tomber de cendres?

L'enfance s'assoupit dans une herbe fertile.

Le cœur à regret puise les mots avec une pelle toute déchiquetée qui les laisse filer.

La neige vient souvent, et la pluie, et les larmes, mouiller d'ombre la plus petite lumière.

 

7

On n'en croyait pas ses yeux, plein de larmes.

Les crues avaient empli les cœurs, et les jardins, et toutes les alertes avaient eu beau jeu, Marne, Yonne, Seine ne formaient plus en certaines zones décousues que de larges bassins d'eau qui avaient tout couvert jusqu'aux plus simples souvenirs, mêlant photos, barrières, plastiques, troncs d'arbres, jouets d'enfants désossés, pelures des rives, jaune sale des limons arrachés.

On voyait le matin, après le désastre, quelque pêcheur tentant de retrouver la rive, un enfant ramasser avec son père qui l'éloignait des rats quelques détritus à fourrer dans un sac.

Le ciel n'était plus le ciel, et la mémoire débordait de tout ce que les pauvres gens avaient perdu, murs, lisières, confort, habitudes des tracés, comme une souvenance éperdue, débondée.

 

8

On est sous tant de couches qu'on se cherche sans bras, presque sans voix. Le temps ce linge pesant a trop souvent pesé sur la pulpe des paupières. On a vécu sans doute comme d'un oubli moins pur.

Tant de noms venus nous caresser d'enfance!

Et puis les mots ont tout enfoui de ce désir qui frôle le nomade et son cours. Peu de sable sinon. Peu de sang sans couture.

On vit d'ombre, s'entend.

Quand il faudra heurter les plus sombres marches, il y aura un peu d'air pour faire fi de l'effroi, un peu de baume sur les mains du temps.

 

 

9

Lèpre

 

On est la lèpre

pour le genre sain

la crevasse

si c'est plaine

la bure pour cacher le moineau

la drôle de vérité sans demeure probe

dans l'interdit

la sombre rumeur

celle dont on coud les poches

dans l'opprobre

on migre à reculons

comme l'être

 

10

Je vais jusqu’au bord de ma tristesse

pour boire

je sais que chaque vers tisse

un peu plus

cette espèce de consolation fade comme l’herbe

je vais vers le jardin en quête d’eau

pour essayer une larme

moins vive

qui coupe moins la ride.

 

11

L’oubli comment ne pas

l’avoir éprouvé

souvent

on a quitté le bord

on a senti la marge

on s’est trompé pour soi pour vous pour l’autre

on a cru à une sourde

menace

qui ne vouait pas de coup

à cette audace de vivre

L’oubli je le ramasse

à chaque coupe de ciel

je l’éteins je l’étreins

d’un seul vers

de beau temps

sur la fenêtre

je passe le plus clair de ma tempe

à réfléchir pour rien

pour la mémoire obscure

d’une nonchalance éparse

au travers de la nuit

on m’oubliera pour sûr

je ne crains rien

dans le garni enfoui des vieux livres qu’on froisse

parfois il est un vers qui sourit qui grimace

entre deux poussières

cette seule image vit rit

au fronton de l’oubli

je ne crains rien

le sourire du vent a très souvent soufflé

sur la buée

du temps

(12 février 2018)

 

12

Pour l'ami Armand Guibert (1906-1990) :

Vers le soir vers la ville

-------------------------------------poème

 

à force d'écouter dans le noir

la lumière se frôle

"à travers les terres

habitées"

quand aux terrasses du soir

viennent boire quelques étoiles

ou quelques éteules d'une mer de blé

quand les apôtres s'enivrent

loin des solitudes

et qu'un vin âpre s'esseule

dans les jarres

à travers quelques âmes

c'est tout le peuple qui s'élève

dans le murmure des colombes

dont le gris s'agrège au sombre étal

des lampes murmurantes

et parfois l'oiseau du cœur chante

vers le désert

et appelle des vœux de pain

de partage et de ciel

(samedi 3 mars 2018)




Philippe Leuckx, Lumière nomade

« Rome, me disait un ami érudit, est un grand estomac qui peut tout digérer, parce que son suc profond est baroque. »

Philippe Leuckx aussi, à sa manière, est un érudit. Lecteur prolifique, cinéphile, chroniqueur, enseignant, et surtout poète, il déploie depuis toujours une activité culturelle rare. Rare mais jamais pesante, car Philippe mène tous ses travaux tambour battant, mû par l’enthousiasme du partage. Comme celui qui écrit ces lignes et qui a eu le bonheur d’y séjourner en sa compagnie, notre poète est un Romain de cœur, d’esprit et de foulées. Il marche abondamment dans cette ville étrange, avide d’y rencontrer partout ces « particules de beauté » que seules peut-être Rome ou Stockholm parviennent à sortir du fatras et à unifier dans la splendeur de leurs lumières respectives.

La lumière de Philippe Leuckx est bel et bien nomade. On ne doit pas seulement ce constat au beau titre de ce recueil, mais à la façon d’abord, dont ces poèmes à la prosodie simple, glissent savamment sur les rues romaines, sur les Romains eux-mêmes, sur la poussière de Rome. S’il ne fuit pas les sites de prestige, l’intime de la Ville éternelle sait aussi qu’il trouvera plutôt le génie de la cité dans la lumière biaisée des petites rues peu fréquentées par les touristes. « On quitte la ville. On en perd très vite les traces. Les rues deviennent sèches… » et voilà que ces poèmes rendent compte aussi d’une certaine misère des banlieues.

« Peu importe, écrivait pour sa part André Dhôtel, un auteur familier de Philippe Leuckx, qu'on trouve ou non l'espérance au-delà des mers.  Il faut la saisir d'abord le long de ces immeubles monotones. Alors on sera sûr qu'elle est partout répandue. » Et ledit Philippe Leuckx serait peut-être surpris que je le range parmi les écrivains du spirituel. Car de tous temps, les mystiques se méfient du sensible. Ils cherchent la lumière partout présente. Mais le paradoxe de cette quête est que la lumière ne se voit pas. Elle donne à voir. Elle vient le matin et s’estompe quelques heures plus tard. Elle témoigne de ce qu’elle n’est pas, comme le poème, dont la vocation, sous la plume généreuse de notre auteur, consiste à la fois à dire l’instant et la fugacité  qui lui est inhérente : Les jardins ont versé avec leurs fruits d’ombre, leurs arbres dépeuplés. On reste là dans une demi-lumière douce, presque fruitée tant l’air nous couvre (…) » (p. 29)

On reste là, dans ce livre aux beautés multiples, aux beautés qui, comme celles de la musique se révèlent en s’estompant… On reste là, un peu pantois, muet. Certes, la vie est difficile, mais le bonheur existe. Certes on avale la poussière, mais la lumière perpétue un don. Certes, les pages tournent, mais la poésie reste. Merci, Philippe Leuckx.

 

Lumière nomade de Philippe Leuckx a reçu conjointement avec D’être et de tête de Nicolas Grégoire le prestigieux PRIX GOFFIN en 2014. Preuve qu’un bon jury peut récompenser conjointement deux livres d’esthétiques très différentes, mais de valeur et de forces égales.