Pierre Zabalia, Il pleut un ciel en écharpe

Il pleut un ciel en écharpe :
mouise des langues marécageuses ou
firmament de combat mais
lequel, de multitude
pommelée mais

dans le piétinement d’un ciel
ventousé à
la douleur –

Il pleut des infinis
à l’heure
des trombes et des
frissons, ô
adagio –

∗∗∗

C’est ainsi que je fusionne
avec la laiteuse
incomplétude du jour
avec

un paysage en suspens,
tel nul orietiur
dans la bouche
des beautés immobiles,

c’est ainsi que je m’enfonce
avec la blanche et
apathique chanson
du cyprès, dans
le bouillonnement de personne –

∗∗∗

Dimanche raclé, dimanche
blanchi comme un cerisier perdu –

Un pépiement ou plutôt un toujours aux abois,
jouxte la non-présence de tout –

Cerisier des rêveries infirmes, ô
dans la blanche dépossession des silences,

je t’enchâsse, je te trouve âpre et blanc, je
te murmure une quelconque scintillation,

une quelconque démesure et
une cloche tinte dans l’à-peu-près des lointains-

∗∗∗

L’innocence grandit au jour languide
et avril au merle estourbi rêve comme moi
mais je repasse, mais je traînasse
au jardin-Mandelstam,

au fond du sans-dieu,
au fond d’
un bleu
reverdi par les multiples

distillations, dislocations
de l’âme, dans
chaque atrocité –

∗∗∗

Il y a au fond du ciel
une barcarolle qui somnole
dans sa casemate de vent, il y a
une présence à l’envers comme

un être ébouriffé d’angoisse,
il y a une ébauche de parler
dans les grenailles d’amour,
quelque part envolées,

quelque part enchemisées
dans l’éternelle incurie, il
y a une brisure, il y a

un poème qui flotte
et qui ravine sur les
mamelles du temps –

Présentation de l’auteur

Pierre Zabalia

Pierre Zabalia est natif de l’Aude, il vit et travaille en Seine-et-Marne.

Bibliographie 

L’auteur a publié plusieurs textes en revues (Petite, Le jardin d’Essai, Sapriphage, Moebius, Arpa, Lichen, Recours au Poème, Traversées, Poésie/Première, etc.). Il a fait partie du comité de lecture de la revue Artère. Il a participé à plusieurs installations et expositions ainsi qu’à des lectures de ses textes. Un recueil de poèmes intitulé “Jardin sans fond” a été édité aux éditions Caractères, ainsi qu’un deuxième recueil intitulé “Dans une lenteur” aux éditions Hello. Un roman ayant pour titre “J’étais poète de profession” a été édité aux éditions 5 sens.

Autres lectures




Pierre Zabalia, Cinq poèmes

1                                                           

alors on prend un poème

pour aller jusqu'à l'horizon,

alors la fin du monde

s'acquitte de mon corps: cette

tiédeur, cette lenteur, on

 

s'y apprivoise, on recommence

et le temps n'est plus cet après-midi

perdu entre ici et toujours mais

une ligne de résonance

piquante et bleue

 

on reste encore dans

l'auberge du néant, dans ce

repos plus souple que le

soleil partout,

 

alors, on se dissout

dans le paysage: on

ne sait plus rien

 

2                                                              

à l’heure atone, dans le déversoir,

à l’heure fumée d’eau, dans

le calme noir, à l’heure- brouillard

de femme, dans ce nulle part

 

déverse sans plus attendre, déverse

sur l’ombre de toi-même, pluie

de mars, pluie dans l’air de mars

dans les ravins de l’âme,

 

dans la poursuite d’un

morceau d’âme – il y a

désir dans le ressac

 

dans le jour abandonné :

c’est une pluie, douleur de personne,

à l’image de l’arbre aux yeux fermés

 

3                                                                                   

Bruissante et tournoyante

la luciole des enfers -

Je ne sais où donner de la tête

dans l'émoi continuel,

je ne sais comment bleuit l'angoisse

dans la forêt d'outre-moi.

 

Je ne sais

à qui parle le jour piquant

de mes entrailles,

je ne sais où

s'enracine ma délivrance, ô

la ténèbre sous ma peau.

 

Bruissante

était la frondaison de l'être – lune.

Qui joue au maître et

qui joue à esclave

dans la pulpe des âmes froissées ?

 

4

Peupliers immobiles

comme le chiendent

de ma désespérance -

 

Peupliers chevillés

à l'hiver et au mots des tendresses :

immense et déglingué,

le chemin des

poésies

luit, il luit le chemin

du jour ancien,

 

le chemin

vertical que

j'emprunte tristement -

 

5                                                                               

Ébouriffé à la pointe du mal,

trébuchant comme

un mal propre

sur une vision – syncope :

j'en viens à radoter

quand se lézarde

mon âme -

 

Y a -t-il

autour de moi

une vision – vision

hermaphrodite, un horizon

noirci, un sérum

terrible et cruellement enfant ?

 

Et la morsure

dans ce qui me tient lieu

de secret et le givre et

l'hyperbole de mon tourment – le

saxifrage perdu de

mon âme.

 

Présentation de l’auteur

Pierre Zabalia

Pierre Zabalia est natif de l’Aude, il vit et travaille en Seine-et-Marne.

Bibliographie 

L’auteur a publié plusieurs textes en revues (Petite, Le jardin d’Essai, Sapriphage, Moebius, Arpa, Lichen, Recours au Poème, Traversées, Poésie/Première, etc.). Il a fait partie du comité de lecture de la revue Artère. Il a participé à plusieurs installations et expositions ainsi qu’à des lectures de ses textes. Un recueil de poèmes intitulé “Jardin sans fond” a été édité aux éditions Caractères, ainsi qu’un deuxième recueil intitulé “Dans une lenteur” aux éditions Hello. Un roman ayant pour titre “J’étais poète de profession” a été édité aux éditions 5 sens.

Autres lectures